Alors, on sent monter la pres-Sion ?

En quittant la Pontaise à la 86e minute de jeu, Raimondo Ponte pensait bien voir son FC Sion conserver huit points d’avance sur le Lausanne-Sport. Hélas pour lui, quelques secondes plus tard, une inspiration géniale du duo Yannis Tafer – Ante Vukusic permettait au LS d’arracher la victoire contre Lucerne et de ramener l’écart à six points. L’espoir demeure.

Dans mon week-end lausanno-lausannois, cela aurait été un peu lâche de ma part de relater uniquement le succès exaltant du LHC contre le ZSC et de me défiler pour le texte sur le quotidien un peu moins enthousiasmant du LS. Pourtant, ce Lausanne – Lucerne, j’ai failli ne pas le voir. Je me préparais pour descendre à la Pontaise en regardant distraitement le TJ de la RTS qui nous narrait la performance grandiose de l’Olympique des marchands de choucroute à Aarau quand j’entends « Sion conserve neuf points d’avance sur Lausanne, qui joue tout à l’heure à 13h45 à Zurich ». Ah bon ? C’est déjà assez dur d’attirer du public à la Pontaise, surtout un dimanche de retour inopiné de l’hiver, sans que le premier média romand ne cache l’existence des matchs qui s’y jouent. Les mecs, ils ont trois minutes d’intervention quotidienne à préparer et ils arrivent encore à se planter presque tous les jours. Existe-t-il un autre métier sur cette planète où l’on peut faire preuve d’autant d’amateurisme, d’incompétence et d’approximation, sans jamais la moindre remise en question ni sanction ?

Première mi-temps à oublier

Comme cela fait longtemps que je n’accorde plus une once de crédibilité à « notre » télévision, je me rends tout de même à la Pontaise pour m’apercevoir qu’il y a bien un match, avec une équipe ressemblant furieusement au Lausanne-Sport censé être au Letzigrund quelque deux cent cinquante kilomètres plus loin. Note, je serais allé au Letzi ou n’importe où ailleurs qu’aux Plaines-du-Loup balayées par une sorte de grêle glaciale, je n’aurai manqué aucun instant d’anthologie du football en première période. Car il ne s’est rien passé ou presque avant la pause. La seule incursion lausannoise dans la surface adverse se termine par un hors-jeu. Lucerne domine, il y a quelques ballons délicats devant Barroca, deux frappes non cadrées de Wiss et Bozanic mais une seule grosse occasion, lorsque Yassin Mikari élimine le portier lausannois mais ne parvient pas à redresser la course du ballon. 

Grazie Raimondo !

Le coup de gueule de Marco Simone (ah non, pardon, d’Henri Atamaniuk) à la pause a dû porter car le LS revient animé de bien meilleures intentions. Dans les cinq minutes après le thé, les Lausannois portent quatre fois le danger devant Zibung, c’est déjà quatre de plus que dans les quarante-cinq premières ! La première vraie occasion intervient sur un corner mais Sonnerat ne parvient pas à cadrer son coup de tête. Malheureusement, après un quart d’heure intéressant, le match retombe dans une certaine monotonie, avec toutefois une nouvelle occasion lausannoise sur un tir dévié de Vukusic qui passe juste à côté.

Présent juste derrière nous en Tribune Nord, flanqué de l’entraîneur d’Yverdon Vittorio Bevilacqua, Raimondo Ponte a dû être rassuré par ce qu’il voyait. A tel point qu’il quitte les travées du vénérable Stade Olympique à la 86e, convaincu que son FC Sion conservait huit confortables longueurs d’avance sur le LS. Relation de cause à effet ou pas, le temps qu’il parvienne aux grillages qui délimitent l’enceinte du stade, l’écart n’était plus que de six points. Car le match avait basculé sur un magnifique débordement de Yannis Tafer ponctué d’un centre au cordeau pour Ante Vukusic qui concluait de la tête en vrai chasseur de buts qu’il semble être, celui qui manque tant au LS depuis si longtemps. Toutefois, connaissant la science lausannoise de la gestion des fins de match, on s’est gardé d’exulter trop tôt et on a tremblé jusqu’au dernier corner d’Adrian Winter. Mais, cette fois-ci, le LS a tenu bon et s’offre un succès précieux et pas complètement immérité : chaque formation a eu sa mi-temps de domination brouillonne, les Vaudois auront eu le mérite de redresser le tir après une première période sans consistance et de proposer la seule action de classe du match. Suffisant contre un Lucerne minimaliste qui devra montrer tout autre chose s’il veut aller chercher sa qualification pour la finale de la Coupe mercredi à Saint-Jacques contre le FC Bâle.  

Attention, on arrive !

Il y a deux ans, le FC Sion avait sorti une affiche avec un express valaisan dépassant une brouette à vapeur vaudoise pour expliquer avec quelle facilité « attention, on arrive ! » il allait rattraper et dépasser le LS dans la course au maintien. On connaît la suite : les Vaudois s’étaient sauvés sans difficultés et c’est le FC -36 points qui avait dû passer par les barrages contre Aarau pour assurer sa place dans l’élite. Deux ans plus tard, c’est une relégation directe qui est en jeu et les rôles sont inversés : le chassé vaudois devient chasseur. A priori, avec son budget et son effectif pharaoniques, le FC Sion ne devrait pas lutter dans la même catégorie que le LS mais une gestion sportive calamiteuse conduit l’express valaisan perpétuellement au bord du déraillement et ne le met pas à l’abri d’une mauvaise surprise dont pourrait profiter la brouette vaudoise pour obtenir un maintien inespéré. Inespéré car depuis le mois de septembre ou presque, tout le monde annonce la relégation du LS comme inéluctable.
Finalement, après être restés si longtemps au royaume des morts, les hommes de Marco Simone n’ont donc plus grand-chose à perdre, beaucoup moins que le FC Constantin, à l’heure d’aborder le sprint final. Les affiches du week-end prochain (Zurich – Lausanne et Sion – St. Gall, ne viens pas à la Pontaise dimanche 30 mars même si la RTS t’annonce un LS – Sion) sont a priori plutôt favorables aux cosmopolites des Alpes. Mais si, par bonheur, l’écart de six points entre Valaisans et Vaudois pouvait rester en l’état, voire même diminuer, alors le derby du dimanche 6 avril prochain deviendrait une vraie finale pour le maintien. Et que ce soit contre Sion en 2012 ou Servette en 2013, ces derbies de la peur ont toujours plutôt bien réussi au LS grâce à Jocelyn Roux dont le rôle pourrait être repris avec succès par Ante Vukusic. Alors que tout semblait irrémédiablement perdu pour le LS il y a trois semaines au soir de la défaite contre Aarau, une frêle lueur d’espoir subsiste, à l’image du timide rayon de soleil apparu dimanche en fin de rencontre sur la Pontaise. Et l’espoir fait vivre, dit-on.  
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

FC Lausanne-Sport – FC Lucerne 1-0 (0-0)

Pontaise, 2’450 spectateurs.
Arbitres : M. Erlachner, assisté de MM. Zgraggen et Brosi.
But : 87e Vukusic (1-0).
Lausanne : Barroca; Banana (67e De Pierro), Mevlja, Sonnerat ; Chakhsi, Ravet, Ekeng, Tafer, Facchinetti (73e Zambrella) ; Dessarzin (55e Feindouno), Vukusic.
Lucerne : Zibung ; Hochstrasser, Affolter, Puljic, Aliti; Wiss (76e Thiesson), Freuler; Winter, Bozanic (56e Renggli), Mikari; Lezcano (56e Rangelov).
Cartons jaunes : 19e Tafer, 21e Banana, 33e Bozanic, 63e Puljic, 79e Aliti. 
Notes : Lausanne sans Fickentscher, Castella, Gabri, Feltscher, Ozcan (blessés) ni Coly (non convoqué), Lucerne sans Stahel, Kryeziu (suspendus), Neziraj, Sarr ni Bento (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Pas sûr que Lausanne soit « moins malade » que Sion, comme semble le penser Alain Joseph. Vu le niveau du LS pendant 80 minutes dimanche, c’est plutôt du kif-kif. Et remonter six points en étant kif-kif c’est délicat. Surtout quand on est dernier.

    J’y crois pas une seconde à ce maintien. Mais je demande qu’à être surpris. C’est vrai que cette année 2014 est pas non plus aussi à gerber que ça.

  2. Le LS est à sa place… On sait depuis le début de ce championnat (avant même) qu’ils devront lutter jusqu’au bout pour le maintient. Lausanne n’est pas malade. Mal en point(s) oui, malade non. Enrhumé tout au plus.

    Pour Sion, c’est plus compliqué… CC (qui avait dit qu’il assumerait si son équipe était mauvaise puisque c’est lui qui a fait tous les transferts!!!), prétends plus ou moins chaque année que son équipe est la meilleur jamais réunie en Valais… Que cette année, c’est la bonne, on va faire le titre. Ou au moins gagner la Coupe. Si possible en ne jouant aucune équipe de Super League avant la finale. Mais c’est une autre histoire…

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour cette saison, l’objectif de la qualification en Coupe d’Europe est loin… Très très loin.

    Donc la pression est sur le FC Sion pour cette fin de saison. Et elle sera forte! Très forte. De plus, on voit bien que la pression, les joueurs de CC ne la supportent pas bien du tout. Donc oui, Sion est malade. Pas encore mourant, mais pas loin des soins intensifs. Et si St-Gall vient faire trois points de week-end en terre valaisanne, ça risque de ne pas s’arranger tellement… Franchement, à l’heure actuelle, il vaut mieux être supporter du LS que du FC Sion.

    Et je sais de quoi je cause… Je suis neutre sur ce coup.

    Mais franchement, ils ont quoi à perdre les vaudois sur ces deux prochains week-ends??

    Quand aux sédunois, eu égard aux ambitions et promesses de leur gourou ( à ce niveau, on ne peut même plus parler d’un président…), ils ont plus grand chose à gagner…

    Le LS a profité la saison passée du début catastrophique du SFC. Sans oublié que finalement même si c’était mieux sur la fin, les genevois n’ont pas fini bien fort.

    Cette saison, ils pourraient bien profiter de la gestion cataclysmique de CC. Et finalement, ce ne serait que justice. Et probablement bénéfique aussi pour le FC Sion qui pourrait enfin se débarrasser de CC. Et prouver par la même occasion qu’un FC Sion sain est possible en valais. Sans CC. Et peut-être même en Super League. Si Thoune peut, Sion peut aussi…

  3. Le truc c’est que Sion et Lausanne sont exactement dans la même situation aujourd’hui, mais pas pour les mêmes raisons. Nous on a Christian Constantin depuis des années, vous vous avez fait un début saison pour le moins pas terrible… Cette saison c’est un championnat à deux équipes pour le foot romand.Triste, surtout si Vaduz en vient à monter en SL.

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