Bol-russia

Le Borussia Dortmund a pu compter sur une réussite insolente pour battre le VfL Wolfsburg et prendre une sérieuse option sur un ticket direct pour la prochaine Ligue des Champions. Les retrouvailles entre les deux clubs dans dix jours en demi-finale de DFB-Pokal pour le match le plus important de ce 2e tour promettent déjà beaucoup.

On ne va pas se mentir : cette saison, le Bayern Munich était intouchable et, sur la longueur du championnat, le Borussia Dortmund n’avait pas les armes pour rivaliser avec le rouleau compresseur bavarois. Toutefois, on repense avec une pointe de nostalgie au début de saison lorsque le BVB, il est vrai aidé par un calendrier favorable, tenait tête au Rekordmeister en haut du classement : après onze journées, unser Borussia n’accusait qu’une longueur de retard sur le FC Knast avec un meilleur goal-average et une attaque plus prolifique. C’est lors de la douzième journée que la saison des Pöhler a basculé, à Wolfsburg. Alors qu’il menait au score et maîtrisait son sujet, le BVB avait perdu le pilier de sa défense Neven Subotic sur blessure puis encaissé deux buts après la pause. Le début de la fin car, dans la foulée, Mats Hummels et Marcel Schmelzer se blessaient avec la Nationalmannschaft puis, avec une défense décimée, le Borussia sombrait à domicile contre le Bayern. Rideau, championnat plié. Il y avait donc de la revanche dans l’air avec la venue au Westfalenstadion de ces maudits Wölfe qui nous avaient fait si mal à l’aller et contre lesquels nous n’avions plus gagné depuis deux saisons. De la revanche mais aussi une volonté de marquer son territoire dix jours avant la demi-finale de Pokal qui verra les deux clubs se retrouver au Westfalenstadion.

Anniversaires et carnet noir

Le public est assez éclectique dans le U-Bahn qui nous mène au stade : les fans avec des bières et des maillots jaunes côtoient des chevaliers avec capes et épées ainsi que des jeunes filles en fleur. En effet, dans les Westfalenhallen qui jouxtent le stade, avaient lieu une convention médiévale et un pèlerinage commémorant le premier anniversaire du… concert de Justin Bieber qui avait eu lieu ici même un an auparavant (authentique). On a fortement hésité entre les trois mais on a fini, surprise, par choisir le match de football. On s’est dit qu’il n’y avait pas besoin de venir aussi loin pour les deux autres activités : si on avait été attiré par le retour au Moyen-Âge, il y avait match à la Pontaise ce week-end alors que si l’on avait voulu jouer les groupies adolescentes, la Coupe Davis à Palexpo aurait été parfaite.
Ce Topspiel débute sous le sceau de l’émotion. En effet, le 2 avril dernier est décédé Alfred Niepieklo, figure légendaire du club, dernier survivant de la mythique ligne d’attaque des «drei Alfredos» composée d’Alfred Niepieklo, Alfred Kelbassa et Alfred Preissler (366 buts pour le BVB à eux trois), grands artisans des deux premiers titres du club en 1956 et 1957. Ce même 2 avril, le Westfalenstadion a fêté son quarantième anniversaire. C’est en effet le 2 avril 1974 qu’un Dortmund-Schalke inaugurait ce qui deviendra le meilleur stade de la planète, à l’époque financé par l’état fédéral en vue de la Coupe du Monde 1974 alors même que le Borussia végétait en deuxième division. Pour commémorer cet anniversaire, un t-shirt marqué Heimat a été imprimé, je m’empresse évidemment de l’acquérir : j’aime bien ce mot, Heimat, et je me réjouis déjà d’exhiber ce t-shirt lors de certaines votations fédérales…

A la rue

Si le BVB se procure la première occasion avec un tir de Reus détourné par le gardien Grün, le reste de la première mi-temps dortmundoise est à ranger au musée des horreurs. Les Schwarzgelben n’arrivent pas à aligner deux passes de suite, jouent sans rythme et multiplient les erreurs individuelles. Olic rate l’immanquable sur un caviar de Perisic, Langerak sauve une tentative d’autogoal d’Hummels alors qu’un coup de tête de Naldo passe juste au-dessus. C’est donc en toute logique que Wolfsburg va ouvrir le score par ce diable d’Ivica Olic qui est le plus prompt à reprendre un renvoi de Mitch Langerak après un coup de tête de Junior Malanda sur un centre de Ricardo Rodriguez, le seul des trois Suisses du VfL aligné samedi. Rien d’autre ne sera marqué avant la pause, un véritable hold-up dortmundois car un score de 0-3 à la mi-temps eût été plus conforme à la physionomie du match, on songe notamment à cette incroyable occasion d’Olic qui touche deux fois le dessous de la latte en 35 centièmes de secondes. La chance avait choisi son camp.

Métamorphosés

Avec deux changements effectués dès la mi-temps, c’est une formation dortmundoise métamorphosée qui va revenir sur le terrain. Le match a changé d’âme et c’est désormais le BVB qui dicte le rythme. Il faudra cependant une fois encore de la réussite pour l’égalisation inscrite par le… dos de Robert Lewandowski sur un corner de Marco Reus. Porté par l’ambiance fantastique du Gelbe Wand, tu sais ce virage qui mesure deux fois la hauteur du chétif kop d’Anfield, le Borussia veut aller chercher la victoire, comme toujours lorsqu’il attaque face à ses fans déchaînés. Mkhitaryan et Reus échouent de peu mais on sent la victoire à portée de main. Il faudra toutefois un nouveau coup de pouce de la chance pour forcer le destin, sous la forme d’un ballon anodin relâché par le remplaçant de Diego Benaglio, Max Grün. Marco Reus en profite pour faire exploser le stade, avec au passage un très bon point pour l’arbitre qui a justement laissé jouer là où beaucoup auraient sifflé une faute pour la forme. La réussite était donc bien dortmundoise pour prendre cette revanche sur Wolfsburg et assurer quasiment un ticket direct pour la Ligue des Champions. Les Wölfe eux devront batailler avec Leverkusen et Mönchengladbach pour aller chercher une quatrième place synonyme de tour préliminaire de la C1.

50’000 Borussen an der Spree ?

Je t’ai souvent vanté l’osmose, la communion et le mimétisme profonds qui unissent cette équipe du Borussia Dortmund et ses supporters. On aura constaté cette semaine que cette charmante harmonie valait pour le meilleur et pour le pire. Il régnait une atmosphère étrange avant le quart de finale de Ligue des Champions contre le Real Madrid. Depuis le début de la saison, jamais un match n’avait suscité aussi peu d’engouement auprès du peuple jaune que le déplacement à Bernabeu. Alors que d’habitude, ils s’arrachent, même pour un premier tour de Coupe à Wilhelmshaven, les billets en secteur dortmundois n’ont pas tous trouvé preneurs, loin s’en faut. Les fans clubs ont tenté de battre le rappel des troupes pour écouler les tickets en trop, en vain. Et c’est pareil pour le match retour : avant même la débâcle de l’aller, les billets pour le retour contre le Real étaient bien moins convoités que ceux pour la demi-finale de Coupe contre Wolfsburg. Ce peu d’enthousiasme s’est reporté sur les joueurs qui, ces dernières semaines en interview, parlaient beaucoup de l’éventuelle finale de Berlin, jamais de celle de Lisbonne. Et ça s’est vu sur le terrain à Madrid avec une équipe peu concernée et concentrée qui donnait l’impression, à l’exception de Jürgen Klopp et Roman Weidenfeller, de vouloir surtout se débarrasser d’un fardeau trop lourd à porter. Comment expliquer ce manque d’envie pour une compétition aussi prestigieuse que la Ligue des Champions ? Il y a sans doute une forme de défaitisme désabusé. Avec la longue liste des blessés et son niveau de jeu actuel très inconstant, le BVB n’a que peu de chances d’aller au bout cette saison en C1. Alors pourquoi laisser trop de forces dans une compétition aux antipodes des valeurs du club avec guère de chances de jouer une finale dans l’ambiance fade d’un stade largement rempli de fans «place to be» attirés par le prestige de l’événement ? Alors que d’un autre côté il y a une finale, beaucoup plus conviviale et exaltante en terme d’ambiance, qui tend les bras aux Pöhler avec la perspective de perpétuer le mythe des 50’000 Borussen an der Spree.

Vivement la Pokal

Ce raisonnement peut paraître curieux mais le sentiment était largement partagé dans les travées du Westfalenstadion. Le BVB est définitivement un club pas comme les autres : il va donc ainsi dans les dix prochains jours défier les deux équipes que beaucoup considèrent actuellement comme les meilleurs du monde, le Real Madrid et le Bayern Munich, dans une quasi indifférence générale, tous les regards étant déjà tournés vers une demi-finale contre un obscur Werksclub d’une cité anonyme plantée aux milieux des mornes plaines du Niedersachsen. A la limite, on serait assez partisans de faire tourner l’effectif contre les Merengue et le Rekordmeister, même si, vu l’état de l’infirmerie, la marge de manœuvre de Jürgen Klopp est assez limitée. Surtout que, pour l’honneur, il faudrait éviter de prendre une taule contre ces deux monstres, même si, en ce moment, à Munich, c’est difficile d’éviter la taule… Après, ce qui est sûr, c’est que si, lors de cette fameuse demi-finale de Pokal contre Wolfsburg, le BVB devait tomber dans la gueule des loups, la gueule de bois serait sévère au Westfalenstadion mardi prochain. Dans cette optique, c’est sans doute pas mal de s’être rassuré lors de cette répétition générale. On parlera donc d’un week-end fructueux et ce d’autant plus que j’ai récupéré ma voiture restée en rade dans un garage de Dortmund depuis le Derby contre Schalke. Et, au passage, merci aux deux sympathiques Valaisans qui m’ont permis de la rapatrier malgré les quelques joyeuses célébrations de victoire de la veille au Lütge Eck avec mes potes du Confoederatio Helvetica Borussia.

Borussia Dortmund – VfL Wolfsburg 2-1 (0-1)

Signal Iduna Park, 80’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Kircher.
Buts : 34e Olic (0-1), 51e Lewandowski (1-1), 77e Reus (2-1).
Dortmund: Langerak; Piszczek, Papastathopoulos, Hummels, Grosskreutz; Kehl, Sahin (46e Jojic); Aubameyang (46e Durm), Mkhitaryan (76e Kirch), Reus; Lewandowski.
Wolfsburg: Grün; Träsch (69e Ochs), Naldo, Knoche, Rodriguez; Malanda (79e Caligiuri), Luiz Gustavo; Perisic, Arnold, De Bruyne; Olic.
Cartons jaunes: 32e Träsch, 37e Sahin, 55e Jojic.
Notes: Dortmund sans Weidenfeller, Subotic, Blaszczykowski, Schmelzer, Bender ni Gündogan (blessés), Wolfsburg sans Benaglio, Klose, Medojevic, Vieirinha ni Dost (blessés). Une minute de silence est respectée en mémoire d‘Alfred Niepieklo.

Écrit par Julien Mouquin

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