Bouffés

On savait déjà que le football suisse ne vivait pas une période faste ces temps. Alors quand on voit le FC Bâle se rendre à Santiago Bernabeu, on n’en est pas à espérer grand chose. Un peu comme une comédie avec Didier Bourdon : ça fait longtemps qu’on ne s’attend plus à rien et on a bien raison. Mais pour le coup, la comédie n’était pas loin d’être sur le terrain.

Pour certains, il y a plein de points communs entre le FC Bâle et le Real Madrid, des équipes caressées par les arbitres dans leur championnat respectif, les plus gros budgets nationaux, le club des footix suisses contre le club des footix mondiaux… Mais aussi deux équipes à la peine contextuellement. Mais un Real pas en forme face à Bâle, ça reste quand même un char d’assaut rouillé contre un Solex. Et d’ailleurs, le FC Bâle a sans doute, cette année, l’effectif le plus faible qu’il ait présenté en Europe depuis longtemps. Une défaite bien tassée s’annonçait donc, offrant la possibilité de faire vos paiements devant votre télévision.Il n’a pas fallu longtemps (6 minutes) pour retrouver le Streller des grands jours qui fait sept touches de balles avant de perdre le ballon devant le but. Ça y est, c’était parti.

La loi des 15 minutes

C’est en général le temps qu’il faut à une équipe suisse pour sombrer. Et c’est Suchy qui alluma la mèche à la 14ème par sa déviation du bras, une gaffe aussi idiote qu’un hérisson qui ferait traverser l’autoroute à des enfants. Et là on sait à quoi va ressembler la longue heure et quart qui va suivre, un festival de panique désordonné et humiliant. Voilà c’est parti pour le coup de pied dans la fourmilière.
Dans le stade, on siffle Casillas. C’est amusant quand on pense au chariot de mecs qui donnent des envies de tartage de gueule qu’on peut trouver au Real avec Ramos, Benzema, Marcelo et Pepe (liste non exhaustive).
De l’autre côté du terrain, Vaslik fait ce qu’il peut pour empêcher aux Madrilènes d’engendrer un nouveau bébé mais comme n’importe quel préservatif qu’on rince douze fois pour faire des économies, il finit par craquer. Bale, Cristiano et James se contentent d’expulser leur semence goalistique dans le but du gardien tchèque qui en ramasse plein le visage.
Evidemment une défense consternante avec quasiment cinq défenseurs centraux qui ne savent pas où se placer, ce n’est pas l’idéal pour affronter le tenant du titre. Et le niveau de ces joueurs se situe dans une crevasse d’incapacité. Quand un Schär est barré en équipe nationale par Djourou, cela veut tout dire.

Et on n’a même pas fini les premières 45 minutes que Bâle en est déjà à sauver l’honneur avec le superbe-but-de-rigueur-magnifiquement-fait-mais-qui-ne-sert-à-rien-et-qu’on-se-demande-toujours-pourquoi-on-n’a-pas-pensé-à-le-mettre-avant de Gonzalez que les Rhénans pourront revendre l’année prochaine afin d’acheter d’autres jeunes pour les revendre et acheter d’autres jeunes.
Dans un esprit quelque peu chagriné, on accepte comme un soulagement la pause publicitaire de la RTS, avec l’inénarrable pub pour Axe qui va vous dire que votre vraie vie c’est de la merde, celle Denim qu’on se farcit depuis dix ans, avec cet érotisme soft suisse allemand aussi excitant qu’une lunette de chiotte sur laquelle on aurait mis un soutien-gorge, celle, pleine de bons sentiments, pour un label paysan de la Coop qui me rappelle ce tracteur qui m’a bouché la route pendant 25 minutes ce matin alors qu’il avait la place de se mettre de côté, et puis la Banque Cantonale à laquelle j’aurais plutôt envie de dire que le succès, ça serait plutôt de retirer toutes mes billes de chez vous et de baiser la banquière sur le guichet (mais ça c’est la pub Denim qui m’a mis en condition), et enfin, le vieux con avec son sonotone dont on ne comprend pas pourquoi il se plaint de ne pas entendre les déplorables conversations chiantes de ses amis. Ah mince le match recommence. On est obligé de regarder ça. Au moins ce soir, on a Droz et Barea qui sont agréables à entendre et intelligents (c’est bien de le faire remarquer parfois).
Mais la purge reprend. Notre esprit est poussé à se dire que c’est quand même bien ennuyeux d’être la risée du football européen. On s’interroge également sur l’existence d’un milieu de terrain entre Streller-Gonzalez et la défense. C’est tragique de penser à ce qu’est devenu Fabian Frei. Sans doute ne voulait-il pas suivre la voie de Stocker et végéter en Bundesliga. A l’inverse, il préfère régresser en Super League.
Gonzalez s’offre une belle opportunité devant l’impérial Casillas et se fait un peu remarquer par la suite mais ça ne suffira pas à détourner une fin téléphonée comme un épisode d’Hélène et les Garçons (les filles vont boire un jus d’orange qu’elle ne vont pas payer, et Nicolas va rouler des galoches à cette petite traînée d’Hélène qui ferait mieux d’étudier au lieu de passer son temps dans une cave avec des mecs qui jouent de la musique sans talent). Malgré Embolo sur le terrain et quelques envolées intéressantes de la jeune génération, on ne va pas simuler un enthousiasme. Le cinquième but madrilène n’est même pas accueilli par un soupir. Dieu que c’est vilain. J’aurais mieux fait d’aller à Malley ou avec les Fribourgeois à Berne, je me serais senti moins seul.
Photo Pascal Muller, copyright EQ Images

Real Madrid – FC Bâle 5-1 (4-1)

Santiago Bernabeu, 70’000 spectateurs.
Arbitre : M. Skomina.
Buts : 14e Suchy (csc) 1-0. 30e Bale 2-0. 31e Ronaldo 3-0. 37e Rodriguez 4-0. 38e Gonzalez 4-1. 79e Benzema 5-1.
Real Madrid : Casillas; Nacho, Pepe, Ramos (66e Varane), Marcelo; Modric (74e Illaramendi), Rodriguez, Kroos; Bale, Ronaldo; Benzema (82e Hernandez).
FC Bâle : Vaclik; Xhaka, Schär, Samuel (64e Kakitani), Suchy, Safari; Elneny, Frei (83e Delgado); Gonzalez, Zuffi; Streller (73e Embolo).
Cartons jaunes : 55e Elneny. 60e Samuel. 85e Pepe. 91e Xhaka.
Notes : le Real sans Khedira, Carvajal et Jesé (blessés), Bâle sans Diaz (suspendu), Serey Die, Degen et Ivanov (blessés). 76e frappe de Schär sur le poteau.

A propos Robin Chessex 70 Articles
...

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. bon pas si mauvais,juste un coup de froid au début…….. si on prend le match depuis la 38 jusqu a la 94
    ça fait un a un et on loupe 2 goals tout fait………donc ca aurait pu faire 4-3 a 10 minute du therme ..donc le match aurait pu avoir une toute autre tournure sur la fin je pense meme que emboulou aurait marqé le 4 4 voir même aussi le 4 5 vous me suivez j espere bonne soirée et bon match pour ce soir

  2. L’épisode d’Hélène et les garçons, la pub Denim, Valentin Stocker (tant pis pour lui), Fabian Frei (malheureusement), le commentaire de CaptainMarvel, etc… Tout juste!

    Et effectivement, heureusement que Barea et Droz étaient là…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.