CAN 2015 : les CAN Awards

Après près d’un mois de compétition, le verdict est finalement tombé : les Eléphants ont enfin remporté le titre continental qui leur échappait depuis 1992, lors d’une finale face au Ghana au terme d’une séance de pénaltys interminables. Tiens, tiens c’est curieux comme l’histoire se répète parfois.

Des demi-finales pas très marrantes :

Alors soyons honnêtes on ne s’est pas beaucoup amusés durant les quatre dernières rencontres de cette 30e édition de la CAN. Passe encore la demi-finale entre la Côte d’Ivoire et la RDC qui fut notamment en première mi-temps intéressante à suivre, mais le reste… c’était très moyen voire carrément insipide. La première demi-finale fut donc la plus intéressante à suivre entre des Eléphants super-favoris et des Léopards qui peuvent toujours étonner. Mais malgré une égalisation momentanée sur pénalty de Dieumerci Mbokani, la qualification des hommes d’Hervé Renard pour la finale n’a jamais fait l’ombre d’un doute. Même constat concernant le Ghana qu’on savait dix-sept fois supérieur (au moins) à la Guinée Equatoriale. Cette dernière ne pouvait de toute façon pas tricher une troisième fois de suite.
Finalement, ce que l’on retiendra de ces demi-finales ce sont les échauffourées dans les tribunes du stade de Malabo. Frustrés par la large défaite du Nzalang Nacional, certains petits malins nous ont donc fait une sorte de remake de Turquie-Suisse en un peu plus violent, ce qui inclut les gobelets de pisse mais également les cailloux ou les bouteilles en verre, on est en Afrique. La suite vous la connaissez, c’est une interruption d’au moins trente minutes, des supporters ghanéens réfugiés derrière les buts, une arrivée de la police à la Supercopter, des lacrimos et une évacuation de la tribune en question. Alors on ne saura jamais vraiment ce qu’il s’est exactement passé, pour la simple raison que les caméras ne filmaient évidemment pas qui s’y passait, mais on peut supposer que les fauteurs de trouble ont également dû passer un sale quart d’heure… Toujours est-il qu’après le peu glorieux Tunisie-Guinée Equatoriale, le Ghana-Guinée Equatoriale est venu encore plus ternir l’image du football africain et surtout l’image d’un pays aussi méconnu que la Guinée Equatoriale.

Il était temps que ça se termine :

Après un match pour la troisième place des plus inutiles entre la RDC et le pays hôte, on se réjouissait de déguster cette finale qui opposait sans doute les deux meilleures équipes africaines de cette dernière décennie. Une affiche qui allait couronner un des deux gros losers du foot africain de ces vingt dernières années. Toujours placés mais jamais vainqueurs, un de ces deux pays allait enfin pouvoir étoffer un peu son palmarès.
Une rencontre qui débutait sous de bons auspices. Un match heurté et accroché qui délivrait son lot d’émotions durant les vingt premières minutes, puis plus grand-chose dans la chaleur moite de Bata. Au fur et à mesure que le match avançait, on s’ennuyait de plus en plus pour finalement se rendre à l’évidence que les pénaltys allaient départager ces deux mastodontes du football africain. Des pénaltys qui, comme la tradition le veut, allaient se prolonger en un scénario improbable. Et cette question, véritable mystère de la vie, qui demeure : Mais pourquoi bon sang les séances de tir aux buts de finale de Coupe d’Afrique durent si longtemps ? Cette question vient ainsi s’ajouter à la liste des nombreuses questions philosophico-footballistiques telles que : Pourquoi l’Allemagne joue en blanc ? Pour quelles raisons les Pays-Bas comptent souvent des frères dans leur effectif ?  Pourquoi l’Angleterre est toujours nulle aux tirs aux buts ? Pourquoi la Suisse n’affronte jamais la Belgique ? Et donc pourquoi les séances de tirs au but africaines durent toujours des plombes ?
Après 22 tirs au but, le verdict est donc tombé, ce sont les Eléphants qui s’adjugent le trophée. Le héros du soir est l’ancien portier titulaire de Côte d’Ivoire Boubacar Copa Barry, devenu héros national. Retenant deux tirs ghanéens et inscrivant son pénalty décisif, le gardien de Lokeren aura donc maximisé sa titularisation en lieu et place de Sylvain Gbohouo, blessé. Une séance où le dernier rempart des Eléphants aura fait son show, notamment en étant victime de crampes durant la séance de tirs au but. Alors on ne saura jamais si ces crampes étaient véridiques ou pas, mais le manège de Copa Barry aura suffisamment porté ses fruits pour que la Côte d’Ivoire s’adjuge son deuxième titre de champion d’Afrique (après celui de 1992). Les Blacks Stars eux ont atteint pour la cinquième édition consécutive le dernier carré, mais ils courent toujours après un titre qui leur échappe depuis 1982… Même si le Ghana d’Avram Grant n’a pas démérité, surtout dans cette finale, le titre de la Côte d’Ivoire paraît logique. Une équipe qui est montée en puissance tout au long de la compétition et qui ressort invaincue du tournoi. En plus les mecs sont coachés par un entraîneur bodybuildé qui porte toujours une chemise blanche. Non, ils ne pouvaient pas perdre, mais qu’est-ce que c’est dégueulasse pour Drogba !

Un bilan en demi-teinte :

Cette 30e édition s’est donc achevée, il va maintenant falloir attendre un ou deux mois avant de connaître le prochain organisateur de l’édition 2017. Oui, car la Libye à qui l’organisation avait été attribuée, a été jugée trop peu sure pour organiser la compétition, tu m’étonnes. Ce sera donc soit le Maroc (non on déconne mais la blague est bonne), l’Algérie, l’Egypte, le Ghana ou le Gabon qui accueilleront la prochaine édition. Bon, il y a peu de chances que le pays des pharaons l’organise étant donné le nouveau massacre qui a eu lieu ce week-end au Caire.
Ce qu’on retiendra de cette édition un peu improvisée, ça n’est pas le beau jeu. En effet, un nombre assez important de rencontres peuvent se ranger dans la catégorie des matchs hautement chiants. Des RDC-Cap Vert, des Guinée Equatoriale-Burkina ou même dans une certaine mesure la finale ne laisseront pas de grands souvenirs. On s’est globalement ennuyé. On retiendra également les gros fiascos du Gabon et du Burkina qui avaient pourtant les moyens de bien faire. Les deux surprenants Congo (RDC et République du Congo) qui ont fait du bien dans cette compétition. Sans oublier la confirmation des deux cadors, le Ghana et la Côte d’Ivoire qui ont logiquement imposé leur loi. Enfin, on retiendra la vaste blague qui a entouré la Guinée Equatoriale. Que ce soit en quarts face à la Tunisie ou en demies face au Ghana, le pays organisateur s’est couvert de ridicule et s’est offert une bien mauvaise pub. Maroc puis Guinée Equatoriale, décidément il ne faisait pas bon organiser la CAN en cette année 2015 !

Les awards :

Pour clôturer ce petit mois de compétition, rien de tel que de remettre des récompenses aux meilleurs joueurs dans leur domaine respectif. Attention certaines catégories sont du grand n’importe quoi.

Trophée du meilleur joueur :

Le titre le plus difficile à décerner sans doute, surtout que personne n’a réellement crevé l’écran. La CAF a choisi d’élire Christian Atsu, car il faut toujours choisir un perdant de la finale. Nous on a choisi Max Gradel pour ne pas faire exactement comme eux et aussi parce qu’il a été dans tous les bons coups et qu’on ne l’attendait clairement pas à ce niveau.

Trophée du meilleur défenseur :

Trophée décerné à John Boye, tantôt intraitable derrière, tantôt buteur, l’ancien défenseur de Rennes a fait forte impression. Avec lui les Black Stars n’ont pas pris le moindre but à partir de la phase à élimination directe.

Trophée du meilleur gardien :

L’Afrique n’étant pas franchement réputée pour ses gardiens, cette catégorie fait nettement office de peau de banane. On désignera Felipe Ovono, le gardien du Nzalang Nacional qui a sorti des arrêts de grande classe surtout lorsqu’on se dit qu’il évolue au Deportivo Mongomo.

Trophée du zéro devenu héros :

Il était peu apprécié et très critiqué dans son pays et pourtant, il aura fallu un seul match à Boubacar Copa Barry pour devenir le héros de cette CAN et le héros de toute une nation. Une séance de tir aux buts épique, des crampes et une attitude à la Krul ont permis au portier ivoirien de passer du statut de gros loser à celui de star forever.

Trophée du meilleur buteur :

Etant donné qu’ils sont cinq à se partager cet honneur, on désignera le congolais Thiévy Bifouma et le Tunisien Ahmed Akaïchi qui eux n’ont pas scoré sur pénalty et ont mis leur trois buts dans le jeu.

Trophée de la meilleure coupe de cheveux :

Sans aucun doute Robert Kidiaba, le gardien des Léopards qui glane également le titre de meilleur vieux et de la meilleure interprétation dansante. Bref, il bat presque tout le monde dans tous les domaines à plat de couture tellement il est génial.

Trophée des cheveux les mieux décolorés :

Les cheveux décolorés sont à l’Afrique ce que le mulet est au Valais, une véritable institution. Avec sa décoloration très technique, le Congolais Joël Kimwaki remporte haut la main cette catégorie où les joueurs de la RDC font office d’experts et où Serey Die n’est qu’un anonyme dans la foule.

Trophée du joueur le plus excité :

Ali Maaloul qui devance de justesse tous ses coéquipiers tunisiens. Il a été le plus virulent dans la chasse à l’homme de fin de match lancée à l’encontre de l’escroc mauricien Rajindraparsad Seechurn. Tellement excité que la police est à peine parvenue à le ralentir.

Trophée de la plus grande déception :

Il y a de sérieux candidats à cette élection. On nommera toutefois Pierre-Emerick Aubameyang qui a bien foiré sa CAN. En même temps il s’en fout, Pierre-Emerick a claqué un doublé ce week-end avec Borussia Dortmund.

Trophée du plus mauvais gardien :

Te prendre un but direct sur corner et te faire expulser pour une sortie kamikaze suffit à t’honorer de ce trophée, même en Afrique. C’est ce qu’a réalisé le gardien du Syli National Naby Yattara qui a tout foiré. Bon ça aurait pu être pire, il n’a pas chopé Ebola non plus.

Trophée du joueur le mieux tiré au sort :

Etant donné que la Guinée a obtenu son ticket pour les quarts suite à un tirage au sort, il était logique que l’on attribue un trophée à un joueur tiré au sort. A ce petit jeu le joueur des Etalons du Burkina Wilfried Balima a été le meilleur, même s’il n’a pas joué la moindre minute.

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1 Commentaire

  1. cela fait maintenant 3 coupes d’Afrique que je regarde avec plus ou moins d’intérêt .Chaque fois je me dis que cela va être super de voir des gars comme Yaya Toure un des meilleur à son poste en Europe. Mais quand ils sont en équipe national. C’est du grand n’importe quoi et cela surtout les équipes d’Afrique noir.
    Le jeu est bassé essentiellement sur le
    physique donc de l’engagement , il n’y a que des rush et très peu de jeu construit.je
    me dis vu se qui est présenté on est pas prêt de voir une équipe africaine championne du monde .
    dommage

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