CAN 2015 : on fait les présentations (2/2)

Après avoir écumé les groupes A et B, on s’attaque aux groupes C et D. Etant donné que les deux premiers groupes sont d’un niveau apparemment tout pourri, les deux derniers sont eux hyper-relevés. Bon on dit ça, mais le dernier vainqueur de la CAN présent dans ces deux groupes est à chercher du côté du Cameroun et c’était en 2002… En fait ces deux groupes sont composés des éternels losers.

Groupe C : Fennecs – Bafana-Bafana – Black Stars et Lions de la Téranga

Ah ! Le groupe de la mort version alpha ! On n’aurait certainement pas dit ça il y a une année en arrière. Mais depuis la belle Coupe du Monde disputée par l’Algérie cet été, les Fennecs font officiellement partie des grands favoris au titre avec fanfare et tout. Alignant une formation pratiquement identique à celle qui a impressionné l’été dernier, les Algériens ont une belle carte à jouer. Profitant elle aussi d’une diaspora importante (comme le Cap-Vert par exemple mais aussi dans une moindre mesure la Tunisie), l’équipe entrainée par Christian Gourcuff a de forts accents français. Il faudra suivre de plus près des joueurs comme Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi, Islam Slimani et Riyad Mahrez qui pourraient être les grandes stars de cette CAN et mener leur pays au titre après une longue traversée du désert. Meilleure équipe des qualifs, les Fennecs devront cependant se méfier du climat qui règnera à Mongomo en pleine jungle tropical. Bon on en a fait des tonnes sur Manaus et on s’est bien rendu compte qu’en fait ça ne changeait pas grand-chose.
Les Bafana-Bafana reprennent eux aussi du poil de la bête. Après une décennie plutôt morose, les Sudafs se sont enfin qualifiés pour une compétition de manière plutôt convaincante (sans la moindre défaite) et ont laissé sur le carreau le Nigéria. Et pourtant, l’Afrique du Sud a connu un drame cet automne, puisque son portier titulaire Senzo Meyiwa s’est fait descendre dans son township, pourtant assurément Oscar Pistorius ne trainait pas dans le coin. Pour le reste, l’entraineur des Bafana-Bafana Ephraim Mashaba a quand même pris le risque de laisser en Europe Thulani Serero, qui crève l’écran avec l’Ajax en ce moment, sous prétexte qu’il n’est pas si bon ! Autre curiosité, le seul blanc de l’équipe Dean Furman a été récemment nommé capitaine de l’équipe, bon pourquoi pas après tout. L’effectif du pays des vuvuzelas sera en réalité composé de joueurs évoluant principalement au pays. Etant donné qu’il possède un des meilleurs championnats du continent, on se dit qu’avec un collectif est bien rôdé, l’Afrique du Sud peut parvenir à un résultat intéressant cette année. C’est juste pas de bol d’être tombé dans un groupe aussi relevé on dira.
Le Ghana est un éternel loser du foot africain. Figurant toujours parmi les favoris, les Black Stars arrivent toujours à se brouter quelque part entre les quarts et la finale. Effectivement, sur le papier l’équipe coachée par Avram Grant (ex Chelsea) est sans doute parmi les trois meilleures du continent. Le ménage a tout de même entrepris depuis cet été, puisque on s’est enfin débarrassé d’un coup de balai de Michael Essien, mais aussi des deux rebelles du Brésil Prince Boateng et Muntari. Fini donc les vieilles gloires qui n’auront rien gagné avec leur pays. En revanche, Asamoah Gyan est lui toujours bien présent, à 29 ans il sera le capitaine emblématique de sa sélection qu’il compte enfin amener au titre, ce qui n’est plus arrivé depuis 1982 où ils alignaient ce jeune prometteur Abédi Pelé.
Depuis quelques années, le Sénégal est devenu le roi de la broute. Pas qualifié il y a deux ans, éliminé au premier tour en 2012, pas qualifié il y a 5 ans non plus… Ça commence à bien faire pour un pays qui se veut l’un des meilleurs d’Afrique. Autant dire que depuis la formidable génération de 2002 et de Robert Metsu (RIP), les Lions de la Téranga enchaînent les tuiles et les contre-performances. Sur le papier, ils alignent pourtant une équipe séduisante avec des joueurs jouant des premiers rôles dans des championnats relevés comme l’Angleterre, la France ou l’Espagne. On citera parmi les stars de cette équipe Mame Diouf, Papiss Cissé ou encore Sadio Mané. Si ces noms ne vous disent rien, c’est assez normal, il faut dire qu’au Sénégal on a un réservoir de 10-15 noms qu’on recycle à outrance… Dommage que cette équipe qui a fière allure soit tombée dans un groupe duquel il sera bien difficile de s’extirper.
Le pronostic CR : 1. Ghana ; 2. Algérie ; 3. Afrique du Sud ; 4. Sénégal

Groupe D : Eléphants – Syli National – Aigles et Lions Indomptables

Place au dernier groupe, le groupe de la mort version béta. Ce groupe est également celui des équipes d’Afrique de l’Ouest. On y retrouve donc l’un des grands favoris de la compétition, la Côte-d’Ivoire. En résumé, ça fait à peu près 10 ans que les Eléphants sont les grands favoris, mais ça ne donne jamais rien au final. Hervé Renard nouveau sélectionneur a décidé de se débarrasser de ce monstre qu’est Didier Drogba, peut-être un peu pour le bien de l’équipe. En revanche, Kolo Touré est lui toujours là. Sans doute que son frère Yaya, meilleur footballeur africain de l’année, aurait tiré la gueule si son frère avait été écarté du cadre des 23. Il faut dire que si défensivement les hommes d’Hervé Renard ne sont, sur le papier, pas exceptionnels, offensivement  c’est une autre histoire. Visez un peu vous-même, Wilfried Bony, Gervinho ou Seydou Doumbia, avouez que n’importe quelle équipe rêverait d’une telle puissance offensive. On en est presque sûr, la Côte-d’Ivoire va sans doute sortir de ce groupe de la mort, avant de probablement se casser les dents en demi-finale ou un truc comme ça.
Sorte de pays pestiféré depuis l’épidémie d’Ebola, la Guinée fait office de petit poucet dans ce groupe. Pourtant, les Guinéens ont eux aussi sans doute deux ou trois arguments à faire valoir, mais probablement pas assez pour sortir de ce groupe de la mort. La star du Syli National n’est autre que Kévin Constant un ancien éternel espoir du foot français passé par l’AC Milan qui passe des joueurs heureux du côté de Trabzonspor. On signale également la présence du frère de Paul Pogba, Florentin qui évolue à l’AS St. Etienne. Sinon ben il y a plein de Camara, des Keïta et un Traoré mais plus de Pascal Feindouno.
Il y a quelques années, le Mali avait encore une très grande équipe, mais il semble bien que la belle génération des Kanouté, Mahmadou Diarra et autres soit définitivement derrière. Il ne reste de la meilleure génération malienne de l’histoire que Seydou Keïta, le capitaine. Pour le reste, les Aigles ont semble-t-il quelque peu régressé. Il y a bien Cheick Diabaté qui se débrouille pas trop mal en Ligue 1, mais il est forfait pour toute la compétition. Pour preuve de cette régression, la qualification obtenue dans la douleur juste devant le Malawi. Les Aigles ne feront donc pas office de favoris dans ce groupe et pourront difficilement faire mieux que lors des deux dernières éditions où ils avaient terminé troisième. C’est probablement ce qui s’appelle avoir laissé passer sa chance.
Le Cameroun est un monstre sacré du football africain, pourtant on est légitimement en droit de se demander si les Lions sont toujours aussi indomptables que par le passé. Premièrement, après quatre ans d’absence le Cameroun renoue enfin avec la CAN, il était temps… Deuxièmement, le Cameroun a disputé une Coupe du Monde absolument pitoyable et ridicule au Brésil. Entre les histoires récurrentes de primes et les conflits internes entre joueurs, les Lions Indomptables se sont fait un mauvais coup de pub aux yeux du monde et on s’est franchement bien foutu de leur gueule. Afin de fermer le clapet de tout le monde, rien de tel qu’un cinquième titre continental et les hommes de Volker Fine en ont les moyens. Oui, car le Cameroun reste le Cameroun et possède forcément quelques joueurs de talent comme Henri Bedimo, Stéphane Mbia, Eric-Maxim Choupo-Moting pour ne citer qu’eux. Et bien sûr, ils ont une bonne dose d’expérience en Afrique, un savoir-faire, ce qui est parfois primordial.
Le pronostic CR : 1. Côte-d’Ivoire ; 2. Cameroun ; 3. Mali ; 4. Guinée

Le top 10 des meilleurs noms :

Qui dit Coupe d’Afrique des Nations, dit aussi des noms exotiques parfois à coucher dehors. Juste pour se marrer Cartonrouge t’as dégoté les dix noms les plus terribles de cette édition 2015. Attention, il y a de quoi donner de l’inspiration aux futurs pères !
N°10 : Le troisième gardien algérien et son nom que personne comprend : Si Mohammed Cédric. Il y un moment donné où il faut arrêter le métissage, parce que là son nom veut rien dire.
N°9 : Il y avait le mythique Samuel Eto’o et bien faites attention, le Gabon se ramène avec un Randal Oto’o. Etant donné qu’il est défenseur remplaçant chez les Panthères, on doute qu’il suive les traces du mythe africain.
N°8 :  Dans chaque compétition, il faut toujours un nom bien chiant à prononcer pour les commentateurs. Cette année la palme revient à Reneilwe Letsholonyane, un des maîtres à jouer des Bafana-Bafana. En plus c’est un prénom de fille en tswana.
N°7 : La Guinée Equatoriale étant une ancienne colonie espagnole, on retrouve des joueurs qui possèdent des noms d’Espagnols (en plus la plupart le sont vraiment). Parmi ceux-ci on a un Charly qui joue dans le championnat de Gibraltar, un prénom très en vogue à ce qu’il paraît.
N°6 :  Le Congo c’est vraiment un réservoir de prénoms de grande classe, un régal. Un phénomène qui devrait limite être sauvegardé par l’UNESCO ou au moins l’Organisation Internationale de la Francophonie. Franchement un mec qui s’appelle Férébory Doré trop la classe !
N° 5 : On le sait, l’Afrique francophone a un faible pour les vieux prénoms sortis des années 50. Par exemple Guy-Michel Landel l’attaquant peu expérimenté de la Guinée. Avec un nom pareil, tu te demandes si ça n’est pas plutôt le nouvel entraîneur français inconnu de 62 piges.
N° 4 : L’Afrique anglophone n’est pas en reste. Certains sont tellement fans de foot qu’ils ont prénommé leur fils du nom d’un ancien joueur célèbre. C’est le cas du sud-africain Rivaldo Coetzee. A quand des Messi Jackson ou en Suisse des Shaqiri Bolomey.
N°3 : On attaque le top 3 et cette place revient au Burkinabé Prejuce Nakoulma qui devance de justesse ses coéquipiers Narcisse Bambara et Aristide Bancé (bien connu).
N°2 : La présence du Cap-Vert donne un sacré accent portugais à la CAN. Du coup, on y retrouve des noms improbables de stars brésiliennes qui se donnent des noms de footballeurs français célèbres comme Platini et Stopira. Nous on préfère le défenseur central Gegé, beaucoup plus intime, le mec avec qui tu vas boire des verres.
N°1 : La palme ne pouvait revenir qu’à un Congolais et notre choix s’est porté sur Sagesse Babélé. Pas besoin de commenter, c’est juste trop la classe. Un nom de super-héros africain.

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1 Commentaire

  1. En plus de deux excellents articles sur cette CAN, l’idée du top 10 des noms est géniale !!! Merci

    Au passage, je sais pas si la référence à la Guerre des Romands avec Jackson Bolomey est voulue, mais ça m’a aussi bien fait marrer !

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