CAN 2015 : quarts de finale

On connaît désormais le dernier carré de cette 30e Coupe d’Afrique des Nations. Comme prévu, il reste désormais en course deux surprises (RDC et Guinée Equatoriale) et deux grands favoris (Ghana et Côte d’Ivoire). Les quarts nous ont délivré une bonne dose de spectacle, de n’importe quoi et de remplissage. Les ingrédients indispensables à toute CAN qui se respecte. Retour sur ces quarts haut en couleurs.

Congo-RDC (2-4) : Le spectacle

N’ayons pas peur des mots, on s’est clairement fait chier durant les 45 premières minutes de ce derby congolais. Ça a franchement été pénible à suivre, parfois même insoutenable. Il faut dire qu’en vue du spectacle proposé par ces deux équipes lors du premier tour, on s’attendait quelque part à vivre un quart de finale de purge, un espèce de Suisse-Ukraine entre deux pays qui ont presque le même nom. Et puis soudain en deuxième mi-temps… il y a eu un but, un deuxième puis un troisième et ça ne s’arrêtait plus, ça devenait même complètement fou. Six buts en une mi-temps, un retournement de situation improbable, des consignes «tactiques» qui ont totalement volé en éclat, cette deuxième mi-temps fut d’une toute autre facture et dieu merci que c’était bon !
En début de seconde période, un peu contre le cours du jeu, les Diables Rouges du Congo prenaient le large en inscrivant deux buts en l’espace de cinq bonnes minutes par leurs deux «stars» Férébory Doré et Thiévy Bifouma. Deux buts qui devaient beaucoup à une défense des Léopards qui était restée aux vestiaires à la mi-temps (en train de chanter et danser sûrement). A 2-0 le Congo-Brazzaville avait le temps de voir venir, pourtant il restait 30 minutes à jouer et on avait l’impression que la RDC avait les moyens de revenir si elle se libérait et se concentrait, tant elle était supérieure à son adversaire. La réduction du score de Dieumerci Mbokani pratiquement dans la foulée, relançait rapidement la rencontre. Les Léopards se libérèrent enfin et lâchèrent les chevaux, faisant exploser la naïve défense des Diables Rouges. L’égalisation surviendra à un quart d’heure de la fin, suivie par un troisième et un quatrième but qui tombèrent comme des fruits murs. L’occasion pour le gardien vétéran Robert Kidiaba de nous ressortir sa danse du cobra. Une fois libérée la RDC et ses deux ou trois stars étaient inarrêtables, surtout pour un Congo aussi inexpérimenté.
L’homme du match :
Discret et peu précis en phase de poule, Dieumerci Mbokani a enfin justifié sa renommée internationale. En inscrivant deux des quatre réussites des Léopards, la star du Dynamo Kiev a été le grand bonhomme de ce quart de finale inédit, même s’il a inscrit les deux buts les moins importants. Tout autant que Mbokani, Bolasie, Makiadi ou Bokila ont pour une fois réalisé une grande partie. Dans l’ensemble, l’équipe dirigée par Florent Ibengué a fait preuve d’une explosivité offensive impressionnante.
Le guignol du match :
Pas vraiment de guignols à proposer dans ce quart de finale où les deux équipes ont à peu près évolué à leur niveau, même s’il y a eu passablement d’erreurs individuelles d’un côté comme de l’autre. Ce titre reviendra injustement à Claude Le Roy car ses hommes ont démontré un sens tactique et un moral assez catastrophique. On doute toutefois que le sorcier blanc aurait pu faire mieux avec une équipe aussi inexpérimentée. Ce résultat s’apparente déjà à un bel exploit, dommage l’exploit retentissant n’était pas loin. Bravo Monsieur le Guignol.

Tunisie-Guinée Equatoriale (1-2 après prolongation) : Le sketch

On le sentait presque un peu venir le scénario de ce match. D’un côté, une Tunisie sobre et efficace mais toujours prête à péter un plomb et de l’autre une Guinée Equatoriale pays hôte sans complexe qui bénéficie de la complicité des arbitres. Mélangez tout cela et ça donne une première mi-temps soporifique, digne de celle d’un derby congolais par exemple, et une deuxième mi-temps électrique. Cette rencontre qui restera dans les annales du football africain avait pourtant commencé de manière on ne peut plus classique, une première mi-temps ennuyante à mourir et une ouverture du score totalement logique par des Aigles de Carthage dominateurs. Ne se créant qu’une seule et unique possibilité de la rencontre, on pensait sérieusement que le Nzalang Nacional n’était pas en mesure de venir arracher une prolongation.
Eh bien non ! Dans les arrêts de jeu, l’arbitre mauricien Monsieur Seechurn trouve le moyen de siffler un pénalty inexistant en faveur de la Guinée Equatoriale. La pratique de favoriser le pays hôte est aussi vieille en Afrique que la pratique du football elle-même, il n’y a donc rien de très surprenant à cette décision. Là où ça surprend plus, ce que le Nzalang Nacional avait déjà bénéficié de son coup de pouce traditionnel lors du dernier match de poules face au Gabon. Ça commence à faire beaucoup et ça n’est pas sans rappeler par exemple la Corée en 2002. Totalement excédés par cette décision (et on les comprend), les Tunisiens vont littéralement péter un plomb. Entre roulades parterre ou tentative de molestage d’arbitre, la pelouse du stade de Bata se transforme en grand n’importe quoi. Un bazar qui profite aux hommes d’Esteban Becker qui filent vers une demi-finale totalement inespérée. Quel cinéma !

L’homme du match :
Il a inscrit le pénalty de la honte et surtout il a inscrit un chef d’œuvre sur coup-franc en prolongation. Javier Balboa, seul joueur un tantinet connu du Nzalang, est devenu un héros national. Il est vrai que son coup-franc en prolongation qui délivre tout un peuple est absolument stratosphérique. Nul doute que sans lui, la Guinée Equatoriale ne se procurerait même pas la moitié des occasions déjà peu nombreuses.
Le guignol du match :
Rajindraparsad Seechurn arbitre du match. Là par contre on a affaire à un vrai guignol. La question qui demeure vive est la suivante : A-t-il été payé sous une quelconque forme par Obiang et sa clique ou s’est-il tout simplement senti obligé de siffler ce pénalty, car c’est comme ça qu’on procède en Afrique ? La deuxième hypothèse est en fait bien pire au final…

Ghana-Guinée (3-0) : La formalité

L’issue de cette rencontre ne faisait presque aucun doute. On imaginait mal les Black Stars, en pleine montée en puissance, se faire surprendre par le Syli National qui n’avait pas gagné le moindre match dans cette CAN et qui avait juste été chanceux au tirage au sort. Les quelques doutes qui persistaient sont en plus rapidement dissipés. Après même pas cinq minutes de jeu, Christian Atsu ouvre la marque très facilement. Ce qui suit est alors franchement ennuyeux. D’un côté on a à l’œuvre des Ghanéens attentistes qui se contentent de gérer et de l’autre des Guinéens bien empruntés, incapables de construire la moindre occasion de but, une équipe qui ne sait en fait que procéder par contres.
C’est finalement sur un dégagement manqué (mais alors manqué, mon petit cousin Lucas, 4 ans a fait le même l’autre jour en jouant dans mon jardin) du défenseur de l’Entente Africaine de Guingamp Sankoh que le Ghana se met à l’abri par le néo-sélectionné Kwesi Appiah, un mec à moitié anglais prêté par Crystal Palace dans 18 clubs depuis 2012. En deuxième mi-temps deux coups de génie à se mettre sous la pupille : Un but chef-d’œuvre du remuant Christian Atsu et une sortie kamikaze de Naby Yattara sur Asamoah Gyan qui nous vaut enfin le deuxième carton rouge de la compétition. Enfin, il était temps.
L’homme du match :
Eternel espoir du football ghanéen, Christian Atsu a pour la première fois crevé l’écran. Auteur d’un doublé lui aussi (comme tous les hommes du match de ces quarts), il a probablement inscrit le plus beau but de la compétition avec celui du sud-africain Mandla Masango. Bon, ok face à lui, dans les cages, il y avait une terreur Naby Yattara, on en reparle tout de suite.
Le guignol du match :
Naby Yattara avait fait rire tout le monde face au Cameroun en encaissant un but sur corner direct. Le gardien du Syli National nous à nouveau fait rire ce dimanche puisqu’il nous a gratifié d’une sortie absolument magique à la dernière minute de jeu. Alors que Gyan Asamoah s’en va seul au but affronter le portier guinéen, celui-ci sort pied en avant à la hauteur du ventre de son adversaire. S’en suit une expulsion logique et une rixe africaine. Au ralenti on s’aperçoit alors de la sortie absolument scandaleuse du gardien qui y va franchement pour faire mal à la 93e minute (un de ses crampons déchire même le maillot de Gyan). Déjà gracié par l’arbitre en 1ère mi-temps pour une vilaine réaction sur Atsu, Yattara n’a pas volé son expulsion, ni son titre de guignol.

Côte d’Ivoire-Algérie (3-1) : L’affiche

C’était la grande affiche de ces quarts, la finale avant l’heure diraient certains et son issue demeurait totalement incertaine. Pour tout dire, les Fennecs faisaient même office de légers favoris (de favorinets si vous préférez) et étaient prêts à assumer leur statut, les Africains du Nord ont légèrement dominé la rencontre dans le jeu. Ce sont néanmoins les Ivoiriens qui ouvrent la marque par le désormais incontournable Wilfried Bony aux alentours de la demi-heure. Les Algériens égalisent en seconde période par Soudani et se procurent une balle de 2-1 mais c’est finalement Bony pour la deuxième fois de la tête qui donne l’avantage aux Eléphants avant que Gervinho de retour de suspension ne parachève le travail à la last minute.
Bref, une victoire froide et simple des Eléphants au terme d’une rencontre de qualité mais sans étincelles et sans grandes émotions, une sorte de match européen en fait. Presque un peu décevant.
L’homme du match :
Transféré tout récemment à Manchester City pour une grande quantité de liasses de billets, Wilfried Bony a placé deux coups de tête qui permettent à la Côte d’Ivoire d’espérer enfin à un titre attendu depuis 1992. Un doublé qui fait de l’ancien joueur du Sparta Prague, l’héritier officiel de Didier Drogba à la pointe de l’attaque des Eléphants. C’est logiquement qu’il est donc nommé homme du match. On signalera une nouvelle fois l’excellente prestation de Max Gradel qui pourrait lui venir briguer le titre de meilleur joueur de la CAN, surtout si les Eléphants parviennent au bout.
Le guignol du match :
Dans un précédent article, les bonnes performances de Madjid Bougherra avaient été soulignées et bien on a clairement envie de prendre notre bon vieux tip-ex et d’effacer tout ce qui a été dit tant le capitaine des Fennecs s’est montré à la rue sur le premier but ivoirien. Il y aussi Nabil Bentaleb qui a eu une attitude assez détestable tout le match, mais bon si vous voulez des vrais guignols allez plutôt voir du côté de l’Ile Maurice et de ses arbitres. 

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2 Commentaires

  1. Pas de All Inclusive à Jerba pour cet arbitre mauricien !

    Sinon, niveau très faible pour ce millésime 2015. En fait, il y a une régression inquiétante du football africain : aucune culture tactique, technique approximative, jeu collectif inexistant. Les coachs blancs, sorciers / mercenaires, n’apportent pas grand chose !

  2. C’est vrai, j’ai regardé 4 matches et le niveau était à pleurer. Parfois spectaculaire pendant 30 minutes mais généralement très peu de notion tactique et le niveau des gardiens est à l’image de certains arbitres…

    Un sacre pour la Côte d’Ivoire ferait plaisir pour cette génération.

    Même si je n’ose pas imaginer la bombe à Kinshasa si la RDC va au bout…

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