Chialer comme un gros caca (allez, «comme un gros Xhaka» pour pas faire tache dans les jeux de mots de CR)

Il n’y a que peu de moments dans votre vie où vous arrivez à fondre en larmes pour des raisons aussi ineptes et absurdes. Quand on avait loupé Bioman dimanche matin parce que pour une fois on ne s’était pas réveillé spontanément à 6h du matin ? En 5ème année, quand Caroline roulait des pelles à Julien dans le car, en rentrant du camp, alors que tous les autres garçons le trouvaient idiot ? Quand on s’est fait arrêter par la police après avoir démonté une pharmacie ivre et en s’étant déféqué dans les frocs et que les fonctionnaires le découvrent en procédant à la fouille ? J’essaie de faire la liste mais rien ne me paraît aussi idiot que de fondre de cette manière, tel un marshmallow dans une fondue bourguignonne. Comme si toutes les choses les plus dures qu’on ait pu vivre dans sa vie et pour lesquelles on est resté de marbre, s’agglutinaient dans un match de ballon. Mais au final, c’est quand même à ce moment-là que le filet de morve fabrique un pont entre notre nez et notre genou, contre lequel s’appuyait notre visage… Amer.

1. Le résumé.Espagne – Suisse 2010 mais joué dans un mauvais timing. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas 1 à 0.  De manière générale, l’Argentine dominait mais la Suisse se procurait les meilleures occasions. En gros comme tous les favoris face à tous les outsiders de ces huitièmes. Sauf que là, on pensait que l’on allait être différent des autres. On l’a vraiment cru. Jusqu’à ce que ce que Di Maria nous envoie une Renault Clio (conduite par Daniel Brélaz et Valérie Damidot avec Pierre Menès dans le coffre) dans la gueule. Dzemaili a beau tirer sur le poteau, Shaqiri sur le mur, on sait très bien que c’est grillé. Et il n’y avait même pas Streller, Cabanas ni Barnetta sur le terrain pour les tirs au but, c’est ce qui s’appelle un gros regret.
2. L’homme du match.
Di Maria. Il nous a détruits. Inler. Il nous a fait rêver. Mon frère, le type le plus chouette de la terre mais qui a réussi à m’écrire un vieux «c’était quand même la meilleure prestation depuis Suisse – Roumanie en 94… j’ai pas le sentiment de défaite…». My God, nous sommes tellement suisses…
3. La buse du match.
Le Pape. Quel enculé celui-là. Dire qu’on protège la gueule à ce puceau tous les jours. J’aimerais qu’il meure pour qu’il se rende compte que Dieu n’existe pas (et ça, ça le ferait bien caquer).
4. Le tournant du match.
Sans mauvaise foi aucune, l’arbitrage général qui met la Suisse dans la bande des poissards (un petit enclot où l’on broute avec les sacrifiés Croates et des voyageurs-des-conditions-climatiques-désastreuses-chez-les-anthropophages-italiens, bien, bien loin des Brésiliens et des Français qui pourront se mettre des coups de coudes à n’en plus finir en demi). Donc jamais de jaune contre les joueurs qui démontent ceux de la Nati. Et puis est-ce que Lionel Messi a une «wild card» qui lui permet de faire ce qu’il veut tout le temps et avec un manque de fair-play à vomir ses tripes sur la tête des enfants qu’il ne salue pas ? On n’a jamais autant aimé Cristiano !
5. Le geste technique du match.
Le message oral d’un Belge après le match : «Il n’y a rien de plus proche d’un Romand qu’un Wallon (pour toutes les raisons que vous savez) et on va vous venger (dans tous les sens que vous savez)». Bon en même temps, on aurait aimé mettre à l’épreuve cette belle fraternité dans un match.

6. Le geste pourri du match.
C’est fou comme les Suisses romands qui n’aiment pas l’équipe de France, les Suisses allemands qui n’aiment pas la Mannschaft, les Français qui n’aiment pas l’Allemagne non plus, les Portugais qui espèrent voir les Espagnols perdre, etc etc, c’est toujours considéré comme un truc de mauvais goût limite xénophobe. Par contre des milliers de Brésiliens qui portent les couleurs de l’équipe opposée à l’Argentine et qui l’encouragent alors qu’ils n’en ont rien à foutre en fait de cette équipe qu’ils supportent, c’est super sympathique et amusant cette rivalité. Enfin, peut-être que la pudibonderie se trouve dans l’inverse et que les rivalités n’ont pas de hiérarchie.
7. Ce match m’a fait penser à…
Vogel et Wicky se faisant exploser contre l’Ecosse en 1996 «les jeunes apportent une promesse d’avenir», Vonlanthen en 2004 «un joueur qui promet pour l’avenir», la Suisse contre l’Ukraine en 2006 «une belle promesse d’avenir», l’Euro 2008 «la malchance ne sera pas toujours là à l’avenir», 2010 «une équipe qui aura faim demain», Euro 2012 «on n’y est pas mais quelles promesses d’avenir ce match à Wembley !»… On ne pourrait pas avoir un chouïa de présent une fois ?
8. L’anecdote.
Il y en a trop, vous en avez forcément une vous aussi vu que vous n’oublierez jamais cette journée. C’est là que se situe tout l’intérêt. Et d’abord un commentaire : oui certes, on est fier des joueurs ce soir, on est rempli de fierté par rapport à la manière dont ils se sont battus, et ils sauvent l’honneur. Mais voilà ce n’est pas tout. Parce que sortir la tête haute c’est mieux que comme des gros nazes mais c’est sortir quand même. Etre à deux doigts d’emballer une fille en soirée, cela ne rend pas plus glorieux le minable con du samedi soir qui va quand même se vider dans le lavabo en rentrant, même s’il pense à sa conquête manquée en se disant «tcheu suis trop une star aaarglh». Quand on s’essuie les doigts à la fin, ce n’est pas comme quand on s’allume une clope à coté d’une fille nue, même si on a triché.
Mais oui, à part ça, il m’est impossible de leur en vouloir, impossible de les haïr. Chacun d’eux.
9. Le tweet à la con.
J’aimerais être honnête là. J’ai des amis français que j’aime énormément et pour qui je serais prêt à perdre un bout de testicule ou peut-être ma vie (mais faudrait que ça vaille la peine). Ok, en même temps ceux-ci s’en branlent du foot. Mais quand même. Après le match, un pote s’est cru malin de zapper sur I-télé… je ne vais pas faire de discours sur la chose et je n’ai absolument pas envie de justifier les raisons qui font que certains portent ce débile de t-shirt qui raconte qu’ils supportent «n’importe quelle autre équipe qui gnagnagna…». Non car la haine gratuite, je trouve ça pitoyable. Par contre le mépris justifié, je trouve que ça se tient. Alors sans parler de ce média français supposé parler de foot après un huitième de finale de Coupe du Monde qui n’a rien à voir et qui parle des Bleus qui pourraient potentiellement battre l’Argentine en finale vu qu’ils ont battu la Suisse 5-2 et que c’est carrément trop bon signe, je préfère citer ce merveilleux tweet que ces mêmes professionnels envisagent qu’il soit pertinent d’afficher à la gueule de l’audience : «Trop bon ce Di Maria, j’aimerais trop le voir avec Matuidi».
Ah oui et pis Thomas Wiesel, humoriste… tous tes tweets… change de métier…
10. La retrospective du prochain match.
Je vous parle de quoi ? De l’Argentine qui va se faire bouffer par la Belgique ? Aucune idée. La Suisse elle est maintenant la favorite de son groupe de l’Euro face à l’Angleterre. Clairement. Petkovic, on en reparlera, ça sent pas forcément le bonheur (enfin à part sa fille), mais avec l’Euro à 24 ça devrait aller. Mais cela n’empêchera pas de prévoir des kleenex pour notre énième sortie par la grande porte contre l’Irlande du Nord en huitième. Mais bien sûr que, pendant n’importe quel match, nous serons toujours là, prêts à démonter notre télé et notre voisine à chaque seconde. Avec certitude et pour toujours. Parce que cela ne se voit pas tout de suite, mais c’est déjà le premier petit caillou qui fait qu’on construit des châteaux.

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19 Commentaires

  1. Au fond, je n’ai qu’un seul regret. Ne pas avoir eu un Gattuso pour cisailler Messi à la 118ème.
    Sérieux les gars, on est la seule équipe au monde qui ne fait pas de fautes intelligentes?
    Quitte à prendre un rouge, on est à la 118ème, ça n’a plus d’importance!
    Enfin, c’est ça le foot, même si ça fait mal de sortir de la sorte!

  2. Dan, Schär a essayé de cisaillé messi, mais il lui est passer entre les jambes comme un savon, il allait trop vite tout simplement.

  3. Schär ne doit pas cisailler, mais juste le retenir par la maillot, et c’est réglé…

    Pas plus compliqué…

    Au lieu de montrer des vidéos de Messi avant le match pour bien leur faire comprendre le danger, Ottmar aurait du montrer quelques vidéos de Luis Suarez et de son anti-jeu/anti-Ghana mais qui fait passer l’équipe…

    Fairplay quand tu nous tiens…

  4. Et ce poteau suivi d’une cuisse qui remue le couteau dans la plaie… Fais chier… on aurait presque préféré s’en prendre un deuxième que de manquer une telle occasion…

  5. Bon disons d’abord que l’Argentine n’a rien volé – c’était quand même la meilleure équipe sur le terrain, avec deux individualités exceptionnelles Messi et di Maria (pour ce dernier je me demande à quoi il carbure, mais passons). Disons ensuite que si la Suisse a fait un bon match tous n’étaient pas au niveau. Je sais que le réservoir n’est pas infini mais après les prestations de Lichtsteiner, Inler et Behrami ces derniers matchs peut être du’Hitzfeld aurait pu justifier de son colossal salaire avec une petite prise de risque… Un Lang a fait une bonne impression contrer le Honduras, Barnetta pouvait difficilement faire pire qu’Inler (franchement sa désinvolture et son manque d’engagement à certains moments étaient ahurissants). Bref essayé, pas pu, un peu de regrets mais globalement le boulot a été fait.

  6. Merci pour le conseil de carrière M. Chessex. Je changerai de métier que je ferais plus rire personne, pas parce que j’arrive pas à faire rire tout le monde, j’ai pas cette prétention.
    Moi j’aime bien Carton Rouge. Vous me faites souvent marrer.

    Et sans rancune, les attaques gratuites, j’en balance souvent, c’est normal d’en recevoir parfois.

  7. Mais quel dommage! On y était presque!
    Merci à cette équipe!
    Merci aux joueurs, merci à nos segundos!
    Fier de cette Suisse multiculturelle!!!

  8. N’arrive pas m’en remettre de ce match, le poteau de Dzemaili en boucle n’aide pas. Pourquoi, pourquoi? Pourquoi on a pas pu avoir cette immense émotion que l’on aurait eu en cas d’égalisation à la 121 ème minute alors que tout le monde était au fond du bac.

    Pour Ottmar aussi ça aurait eu le mérite de lui mettre du heaume au coeur dans ce moment difficile.

    J’arrive pas m’en remettre de ce match.

  9. @ alexT: Ce qu’il faut pas lire: Behrami et Inler ont été énormes hier, Lichtsteiner a fait une coupe du monde médiocre mais reste indiscutable. Barnetta et Lang sont de bons joueurs mais le premier est en bout de course et le second n’a rien prouvé hors du championnat suisse.

    Le problème est bien le réservoir dont la Suisse dispose: Drmic moyen remplacé par un Seferovic inexistant, aucun autre attaquant crédible. Hitzfeld n’avait guère d’alternatives. J’aurais aimé voir Stocker sur certaines contre-attaques mais son match face à l’Equateur l’a condamné pour cette compétition.
    Pour finir, je regrette de ne lire nulle part que Dzemaili n’a pas manqué de chance sur sa tête sur le poteau. À cette distance, avec un centre de cette qualité et en si bonne position, ça doit être but!
    Bravo à l’équipe et ayons foi en l’avenir, je suis persuadé que le football suisse est sur la bonne voie…

  10. Indigérable. Comme une fondue consommée avec du coca froid.

    C’était notre jour. C’était notre exploit. Avant qu’on fasse une fois de plus nos Suisses…

    On est et on restera des perdants magnifiques, des losers au grand cœur…

    Regrets éternels.

  11. @Thomas Wiesel

    Je vois pas d’où vient ton impression que l’attaque de Robin est gratuite . En fait, elle est assez justifiée.
    Il suffit de passer 10 min sur ton compte Twitter pour se faire une idée du niveau de ton humour….
    Peut-être qu’il passe pas avec les rédacteurs de CR….et je ne saurais conseiller aux lecteurs de CR de perdre leur temps là-dessus alors qu’un bon apéro les attend….

  12. L’avenir je n’y crois pas beaucoup. Surtout lorsqu’on préfère jouer avec 3 milieux défensifs, qu’on choisit les joueurs en fonction de critères physiques et athlétiques. Deschamps s’est réveillé et a remplacé les Diarras par des Valbuena, Cabaye et des Griezman. Et voilà le résultat. Petkovic est de la même veine que Hitzfeld. Tous derrière bien serrés et on attend notre chance sur un coup franc ou un corner. Contre le Liechtenstein comme contre l’Argentine. Le ballon on sait pas quoi en faire. A la fin on perd quand même. Moi je préfère ceux qui essaient et qui perdent 4-3 que les défaites 1-0 comme hier soir. Car l’Argentine était très prenable. Lucien Favre où est tu ?

  13. Très bel article, criant de vérité. Le coup de la clio avec Brelaz, Damidot et Menes m’a au moins remonté un peu le moral.

    Pour l’avenir, c’est dommage que Petkovic vienne foutre en l’air ces belles promesses, car franchement, même si Hitzfeld a été critiqué, ça a plus de gueule un multiple vainqueur de Champion’s league qu’un minable pas fichu de garder la Lazio dans la première moitié du championnat d’Italie… J’y crois pas du tout à ce type…

    Sinon, pour résumer le sentiment qui prédomine, je citerai une inscription vue sur un T-shirt d’un gars dans une fan-zone :
    « La Suisse
    26 cantons
    4 langues
    1 pays
    0 chance,
    Mais on sera toujours tous derrière cette équipe ! »

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