Croche-patte : ça tire sur la satire

Je m’étais une nouvelle fois installé sur le promontoire de ma suffisance, au-dessus de la mêlée des moutons bêlant «Hop Schwyz» ou toute autre couleur locale, pour mieux dénoncer l’absurdité du sport d’aujourd’hui…

Je voulais fustiger ces idoles qui vivent le sport par procuration et feraient se retourner dans sa tombe les restes poussiéreux de Rabelais en personne. Un Rabelais dont la maxime «un esprit sain dans un corps sain» consiste, 5 siècles plus tard, à cultiver son esprit en lisant les titres de «20minutes» tous les jours et le corps en s’essoufflant dans bobonne une fois par mois…Je voulais railler les bonasses de la silicone vallée qui s’affichent au bras d’improbables stars filantes…

Je voulais porter les premiers coups de griffes sur le bronze immaculé de la statue d’un Cristiano Ronaldo plus ridicule que jamais…

Je voulais mettre en évidence l’imbécillité affichée, sans honte aucune, d’un Zlatan Ibrahimovic qui se vexe de ne pas être le premier des 150 plus grandes vedettes sportives suédoises…

Et soudainement, j’ai eu un doute…

La rédac’ de CartonRouge.ch ne va-t-elle pas être broyée par une vague bien-pensante ? Les habitués du Bamee Bar ne vont-ils pas être ébouillantés avec l’huile qui permet à ces somptueux plats thaïlandais d’exister ? Un lecteur de CartonRouge.ch, outré par mes propos, ne va-t-il pas m’attendre, un jour, à la sortie de mon boulot et me péter les dix doigts ? Un afficionados portugais ne va-t-il pas lancer un cocktail molotov dans ma voiture alors que j’attends que le feu passe au vert ? Un snipper du nord ne va-t-il pas me trouer le front alors qu’assis sur mon balcon je médite sur les ingrédients dont je vais enduire mes flèches?

Bref, dans le meilleur des cas, je me voyais les mains dans le plâtre, m’angoisser sur la manière de procéder pour ma branlette quotidienne… J’allais me résoudre à changer ma plume et commencer à faire mes gammes en relatant avec passion et impartialité une rencontre sportive quelconque…

Soudainement, Cabu, Charb, Wolinsky, Tignous et les autres se moquent de moi… majeurs troués soit, mais toujours dressés, ils me rappellent qu’où je vis, nous défendons comme socle de notre philosophie LA valeur absolue. Une valeur qui fait si peur depuis la nuit des temps : la Liberté d’expression. Je continuerai donc à me foutre de vous, idôles et sportifs; idolâtreurs de circonstance ou fans de la première heure. Je continuerai aussi à accorder autant de poids à ceux qui aiment mes tournures comme à ceux qui me vomissent.

En 2015, j’achète Charlie Hebdo chaque semaine. Même si c’est pour me torcher le cul avec. 

Écrit par Pascal Trépey

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