Croche-patte : CDM, paître ou ne pas paître

Alors que quelques irréductibles gaulois, ou pas, s’apprêtent à ne pas naviguer au même rythme que la planète dans l’univers footballistique, les titres des journaux rivalisent d’ingéniosité pour remonter le moral du fan pessimiste.

Dans les colonnes des papiers-fesses de la Romandie, le psychisme du bariolé au nez rouge à croix blanche est balloté par les différents vents d’une subjectivité qui confinerait à la stupidité la plus crasse si elle n’était pas savamment orchestrée… afin d’attirer le chaland.J’aime beaucoup le métier de journaliste.
Passons sur les considérations méta-philosophiques du rôle du journaliste comme rempart contre les dérives du pouvoir en place… non, en fait, parlons-en brièvement… Il suffit de constater les cris d’orfraie des plumitifs de nos contrées lorsqu’un article, un journal ou pire, internet est censuré en Chine, en Syrie, en Tunisie ou dans n’importe quelle république bananière de la planète. C’est réjouissant, cette soudaine levée de boucliers pour la liberté de la presse… pour le droit à la désinformation… heu à l’information (putain de lapsus, again !).
Naïvement, je me dis qu’à ce stade, l’homo-journalisticus, bercé par cette liberté qui ne s’use que si l’on en use pas, biberonné par le lait maternel de la critique, enveloppé d’une déontologie innée, caressé par la finesse de ses idées, frappé par un éclair de lucidité, ne pouvait faire son métier qu’avec une objectivité qui l’honore et guidé par son désir de nous informer au plus près de sa conscience.
Surtout le journaliste sportif. Surtout.

 

Voyons un peu… Au hasard… Un sujet complètement au bol, tenez, la coupe du monde de football par exemple… Le groupe de la Suisse en particulier. 
Résumé : Le 30 mai, la vitamine orange nous apprend que «Le Honduras n’est pas au top».
Le 1er juin, la même nous rassure : «L’Equateur ne rassure pas…». 
Le 2 juin, le quotidien préféré des amoureux des belles lettres en remet une couche : «Le Honduras a décidément mal à son football». Tout va bien donc… l’optimisme est de mise puisque deux de nos adversaires sont au tapis avant même le début de la compétition.
Mieux encore, maladroits comme pas deux, Arnold Peralta (Honduras), et Segundo Castillo (Equateur) se sont blessés pendant ces matchs de préparation perdus contre ces équipes de seconde zone que sont Israël, la Turquie et le Mexique ! Heuuu, vous je sais pas, mais moi, ces deux joueurs, ils ne me disent rien… mais alors rien du tout… Probablement l’ignorance de la chose dont je vous parlais dans mon précédent billet j’imagine… Mais l’amateur éclairé, derrière son écran, à l’avenue de la Gare doit forcément bien les connaître, lui, ces deux joueurs à l’autre bout du monde. Faute de quoi, leur blessure n’aurait pas mérité un article hein ?
Peu importe d’ailleurs puisque le comprimé effervescent a fait son effet. Mon désormais fameux «fan de base» est persuadé que les deux victoires synonymes de qualification sont acquises. Et pour les indécrottables pessimistes, dès le 6 juin, toujours dans le Matin, la confirmation des blessures de Ribéry et Grenier vient à point nommé pour assurer la première place du groupe devant la France, grâce à la différence de but… Et si le 8 juin, en atomisant les fumeurs de kékés 8-0, les Français ont démontré que même sans le balafré, ils sont capables de la mettre au fond, c’est juste parce qu’ils se «sont fait plaisir», commente le journal le plus sérieux d’Europe occidentale. Pas besoin de faire attention à nos fesses donc ; L’Helvète ne risque pas de la prendre…

En effet, nous allons talquer les Sud’am’… on va laisser un point aux Frouziens par pure solidarité européenne et y aura plus qu’à attendre les huitièmes de finale… c’est si simple le foot. C’est pourquoi il attire autant de monde… peut-être. Patatras… Le 4 juin, L’Equateur tient l’Angleterre en échec, mais ce n’est peut-être pas trop grave puisque «les Equatoriens ont laissé apparaître des failles sur le plan défensif», et qu’ «ils ont aussi peiné parfois à la relance, perdant pas mal de ballons dans leur camp». On commence à subodorer les arguments de fonds de tiroirs…
Mais pas besoin de s’inquiéter pour autant ! Quoique… Le 6 juin le même orangé titre «Le Honduras, c’est du solide», après un nul contre… l’Angleterre… Cohérence quand tu nous tiens ! De deux choses l’une, ou le journaliste sportif navigue à vue ou l’Angleterre a décidé de nous saper le moral.

Écrit par Pascal Trépey

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1 Commentaire

  1. On se réjouit des titres de journaux demain matin… « La Suisse n’a pas supporté la chaleur face à des Equatoriens qui eux la supportent » ou la « Nati a eu trop chaud sur l’Equateur ».

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