Croche-patte : passions ? Passons !

Maintenant que les passions se sont évaporées dans l’éphémère tranquillité de soirées humides et qu’au brouhaha indescriptible des hurlements de joie et des sanglots des pleureuses bariolées s’est substitué le crépitement incessant des gouttes sur le store banne, entre deux rhums, mon esprit revient sur quelques très très très mais alors très fortes paroles prononcées à l’occasion de la dernière foire à bestiaux entre Manaus et Rio.

Le football est un sport au même titre que le hornuss, le ping-pong ou la pétanque mais vous connaissez beaucoup de sports vous, qui attisent à ce point les passions que d’anciennes étoiles filantes, des Fédérations ou des Présidents de pays se permettent d’y mettre leur grain de sel et de faire d’une minuscule histoire de rectangle vert, une affaire galactique ? Affaire dont je ne serais pas surpris outre mesure qu’elle nous mène au bord de la troisième guerre mondiale, bien plus sûrement que les chamailleries des jusqu’au-boutistes israéliens ou du Hamas… paix aux modérés… mais je m’égare…Pour en revenir à nos moutons qui tondent la laine sur le dos du fan de base, tenez, par exemple, Romario qui n’a que 48 ans et semble déjà bien atteint… Dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux, l’ex-star brésilienne du football, n’y va pas par quatre chemins lorsqu’il affirme que «Marin et Del Nero devraient se trouver en prison» – rien que cela – en faisant allusion au président de la Confédération brésilienne de football, José Maria Marin, et son numéro 2, Marco Polo del Nero. Et le Nostradamus de Copacabana en rajoute : «Ce sera la Coupe de la honte», assène-t-il encore, après avoir déjà demandé à plusieurs reprises, sans succès, une intervention politique du gouvernement brésilien dans le football national. Comme si, entre les millions de chômeurs, la misère des favelas et la prostitution ou le meurtre des enfants sans famille, le gouvernement brésilien n’avait que cela à foutre.
De son côté, histoire de ne pas être en reste dans les peccadilles, la Fédération brésilienne de football avait entamé des démarches afin que la Commission de discipline retire le carton jaune infligé par l’arbitre du match Brésil-Colombie à Thiago Silva !!! Ben oui, le pauvre ; il allait être suspendu pour la demi-finale contre l’Allemagne. Après coup, on comprend mieux les préoccupations de ces pingouins grabataires dont je me demande ce qu’ils attendent pour réclamer l’annulation des sept buts de la Mannschaft.
Cela dit, cela ne vaut pas Jose Mujica, le Président uruguayen. Selon les photos, on imagine moins ce type dans un palais ou dans la ferme de sa femme qu’assis dans un bistrot du gros de Vaud, à 9h du mat’ devant une seconde pomme, ou dans un bar de Palerme, ou encore en guest star de l’émission «ça se discute», dont le thème serait : «Papa ? Mon frère m’a dit que maman lui avait dit qu’il couchait mieux que toi. Et je confirme».

Probablement envahi par l’ennui de son rôle dans un pays sans chômeurs, ni favelas, ni prostitution enfantine, Jose a non seulement commencé par défendre le vampire Suarez en déclarant n’avoir vu aucune faute de son compatriote dont il était sûr qu’il n’avait mordu personne, mais il en a rajouté une louche en qualifiant de «fasciste» la sanction infligée au joueur et en traitant les dirigeants de la FIFA de «bande de vieux fils de putes». Classe le mec. Et après les aveux de son joueur fétiche, il a l’air un peu con, maintenant, le PRESIDENT DE L’URUGUAY. Juste un peu…
Mais que dire alors des réactions brésiliennes suite à la finale perdue en 1950 contre ces même uruguayens. Au musée du football de Sao Paulo, on passe par une salle noire où défile, en boucle, le but de l’Uruguayen Ghiggia et l’image d’une spectatrice qui pleure. Des trois pans de murs qui cernent l’écran s’évaporent des battements de cœur. Ceux des 200’000 supporters du Maracana, dont la vitesse de battement varie à mesure que se déroule l’action fatale. Shakespeare au secours ! De plus, pour expectorer cette catastrophe nationale, le Brésil changea de maillot et ne joua plus un match pendant deux ans. Ohhh la bonne idée… Je me réjouis de voir leur nouveau maillot, à l’équipe de 2014…
Quant au bien désigné dramaturge, Nelson Rodrigues, il a osé affirmer que la République brésilienne n’a jamais été en guerre sur son territoire et son moment de tristesse nationale est un match de football. Soit. Alors que les journaux de l’époque titraient en toute simplicité : «Ce match, c’est notre Hiroshima». Les Japonais apprécieront.
Vite un troisième p’tit rhum pour oublier tout ça.

Écrit par Pascal Trépey

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4 Commentaires

  1. C’est bien écrit, bravo mais je vois pas bien où tu veux en venir…

    On en fait trop pour du sport, c’est ça? Et je dis sport car contrairement à ce que tu sembles penser, je suis sûr que les « débordements » dont tu te fais l’écho ne sont pas une exclusivité de la planète football mais si son statut de sport planétaire numéro 1 fait que ce sport en concentre une bonne partie.
    Je suis à peu près convaincu qu’on entend le même genre de choses pour du baseball aux US, pour du sumo au Japon ou encore pour du cricket en Inde.

    Maintenant tu nous sors une phrase de Romario (connu pour son QI de haut vol et écouté uniquement du fait de l’immense joueur qu’il a été et d’une coupe du monde pourrie qu’il a gagné) et une du président de l’AUF que tu trouves disproportionnée et précipitée pour étayer ton propos mais bon….. On peut en lire partout des comme ça et à l’heure des réseaux sociaux et de l’hyper connectivité, tout le monde l’ouvre sur tout, c’est comme ça..

    Après, juger les Brésiliens à l’emporte pièce sur leur émotivité footballistique par rapport à des faits tels que la finale 1950 (et encore, si tu connaissais mieux le Brésil, tu nous aurait sûrement relancé sur Argentine-Pérou de 78..), ça me semble un peu facile et gratuit.

    Bref, ton article part sûrement d’un postulat intéressant, mais je trouve que tu n’en fais pas grand chose et c’est dommage car la plume est là mais c’est pas très poussé, ni très bien amené.

    Mais ce n’est que mon humble avis.

  2. Juste un petit correctif concernant Romario car il peut paraitre, vue de Suisse, comme étant un commentaire largement disproportionne étant donne que nous n’avons pas accès comme les Brésiliens a toutes les informations.

    Mais il est clairement établi depuis longtemps que la fédération Brésilienne est gangrenée par de nombreux maux. Il faut se rappeler les accusations de fraude, corruption, blanchiment, etc dont a été accuse le précédent président de la fédération, M. Texeira, qui a du précipitamment démissionner et se réfugier a Miami pour échappé a la justice.

    Lui a succéder ensuite un proche M. Marin qui en plus d’avoir été proche durant tout ces scandales car étant le vice président depuis 2008, à l’honorable carte de visite d’avoir été un proche de la dictature militaire (dictature qui tortura l’actuel présidente) et fut grâce a ce régime le gouverneur de la plus grande ville du Brésil, Sao Paulo.

    Donc pour en revenir au commentaire de Romario, il est complètement justifié et reflète une réalité. Romario dans cette lettre ne parle pas en tant que « ex-star du football » mais comme député, et de se fait donc, il est le porte parole de la plupart des anciens footballeurs Brésilien et d’une bonne partie du peuple.

    Je vous conseille donc à ce sujet de lire les articles sur Globo.com par exemple qui sont une bonne introduction à cette problématique, sur une note beaucoup plus légère les deux très bonnes vidéos de Didier Roustan sur le Brésil sur le site de L’Equipe.fr.
    Personnellement, j’applaudis des deux mains Romario qui a dénoncé a mainte reprise la fraude et la corruption au sein de la FIFA et du Brésil. Il est cependant triste de voir que dans un pays gangrené par la corruption, même un des députés les mieux élu n’arrive à faire entendre ca voix que par le biais de media sociaux à défaut de réussir à mettre en place les différentes commissions d’enquête contre la corruption qu’il souhaiterait.

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