Croche-pattes : les dieux sont odieux

Les Dieux des médias sont tombés sur la tête ! Mais fichtre, que s’est-il donc passé au sein de la rédac’ du Matin pour que les plumitifs larbins de la pensée industrielle et de la titraille éléphantesque se croient autorisés à critiquer les sportifs et leurs satellites ?

Quelles limites, que dis-je, quelles chaînes de montagnes les Hannibal de la salle de rédac’ ont-ils franchies ?

Les cheveux légers en bataille, assis devant la table en verre, un double espresso posé devant moi dont la fumée qui se dégage de la tasse trouble les blancheurs alpines qui «horizonnent» ma vue, j’ouvre la page du matin dimanche dont je sais pertinemment que la version web ne me permet de lire qu’une partie de l’article. Probablement une idée de géant du sévice marketing pour attirer le chaland. Et pour qui connaît le service en question, c’est peu dire que c’est là leur plus belle trouvaille professionnelle.

Bref, le titre que j’ai devant mes mirettes à la rubrique sport m’interpelle, me secoue, finit de me sortir des torpeurs nocturnes auxquelles je m’abandonne avec de plus en plus de délectation: «Stars du sport, pour qui se prennent-ils» ? Brrrrrr j’en frémis d’avance. Une telle impertinence à l’égard des pourvoyeurs du fond de commerce de la vitamine orange, ça fait bigrement peur. En corps 50 et en gras en plus !

Poussé par ma curiosité naturelle, je décide de zyeuter l’article dans lequel je lis mais n’apprends pas que le messie de Tourbillon se prend pour Napoléon, que le viking du PSG se prend pour Jésus et que la momie de la FIFA exige d’être traitée comme un empereur. Poussé par je ne sais quelle ferveur satirique, l’auteur de l’article ose même assimiler les saillies psychanalytiques de nos agités du bulbe à des «symptômes de mégalomanie».

 

Notre écrivain public donne même la parole à un théologien qui désapprouve (sans blaaaaaague) une telle vénération à l’égard de vulgaires humanoïdes : «L’homme, de tout temps, s’est inventé de faux dieux. L’histoire se répète». Pour le finasseur que je suis, il y a comme un message en ne mettant pas la majuscule à «dieux». Pour l’athée que je suis, il y a comme un pléonasme à parler de «faux dieux».

Quoiqu’il en soit, à ce stade, je reste coi. Les journalistes sportifs du Matin dimanche se mettraient-ils à surfer sur les pentes glissantes de L’Everest de la pensée divergente ? Evidemment, échanger quelques chargeurs de kalachnikov contre 7’000’000 d’exemplaires tirés et 200’000 nouveaux abonnés, ça doit les faire rêver. Tout ça, alors que dans le même temps un million de personnes descendaient dans la rue pour la victoire de la Côte-d’Ivoire à la CAN… que les élèves de Glaris étaient mis en congé pour la victoire de Patrick Küng… et que Zlatan avait sa statue de cire au musée Grévin…

Décidément, ce mois de février est celui du renversement de toutes les valeurs !

Écrit par Pascal Trépey

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