De vulgaires numéros, rien de plus

La NHL s’est comme invitée dans le monde du hockey romand vendredi soir. Faisant fi de tout sentiment humain, Genève-Servette et Fribourg-Gottéron ont échangé trois joueurs sans leur demander leur avis. Une belle illustration de la LNA 2.0.

Si, sur la glace, Chris McSorley a perdu depuis belle lurette le flair qui fit de lui un temps le meilleur entraîneur du pays, que les fans du Loup de Wall Street se rassurent : il n’a pas cédé une once de son implacable sang-froid, nécessaire pour réaliser des coups aussi fumeux que celui de vendredi soir. Le plus drôle, c’est qu’il fait des émules ! Après avoir eu la peau de la Lausanne et de sa Passion©, Big Mac a épinglé les dirigeants de Fribourg sur son tableau de chasse. Ce club pourtant traditionnel et suivi par de vrais supporters connaisseurs de hockey a lui aussi pris le chemin du sport business en prenant part à une transaction des plus spectaculaires. A quelques minutes de la clôture du marché des transferts dévolus aux joueurs portant le passeport rouge à croix blanche, McSorley a négocié un deal «à la NHL» dont il a le secret. Jérémie Kamerzin, blueliner no 1 des Aigles et encore auteur de deux points face à Bienne, s’est vu signifier qu’il porterait dès à présent les couleurs de Fribourg-Gottéron. Il sera accompagné du prometteur John Fritsche, en qui l’Ontarien n’a jamais cru malgré des qualités évidentes. En échange, les Grenat récupèrent le défenseur Romain Loeffel, talentueux ex-international qui n’en passe pas moins complètement à côté de sa saison.
Je ne vais pas lancer ici le débat pour savoir laquelle des deux équipes a réussi le meilleur coup, sportivement parlant s’entend. Ce qui est par contre purement et simplement scandaleux, c’est la manière dont la transaction a été effectuée. En écoutant ce témoignage poignant de Loeffel, interviewé à la sortir du car qui ramenait les joueurs fribourgeois au bercail, on ne peut que s’insurger de la manière dont sont aujourd’hui traités les acteurs des patinoires helvétiques. Pour faire court, on t’annonce au sortir d’un match qu’à minuit tu seras un joueur de Genève – oui, oui, la ville où tu es toujours bien accueilli – qu’on s’en tamponne de ton avis et que de toute façon ta licence a déjà été échangée. Au fait, merci pour les 8 ans passés chez nous, c’était sympa. Sinon, j’espère que t’es pas marié et que t’as pas genre un gamin qui va à l’école, parce qu’il faudrait penser à libérer l’appart assez vite, y a deux types qui arrivent demain. Comment ça t’avais une vie sociale à Fribourg ? Ah c’est con parce que tu ne seras plus vraiment le bienvenu par ici depuis que t’as signé chez les gueules élastiques. D’ailleurs si jamais des fans qui ne comprennent pas comment on a fait pour perdre à Zoug alors qu’on menait 4-1 nous attendent à St-Léonard, tu nous excuseras si on te les adresse directement. Un joueur du club ennemi qui se retrouve dans notre car, fallait quand même oser comme provocation !

Le ras-le-bol gronde

Entre évoluer avec les mœurs de son temps et américanisation à l’extrême, il y a quand même une petite différence. Les joueurs de LNA n’ont pas signé des contrats valant des millions comme de l’autre côté de l’Atlantique, où ce genre de transactions fait partie du jeu et est communément accepté. Comment la Ligue peut-elle autoriser des clubs à échanger une licence sans l’accord du joueur concerné ? Après le scandale de l’épisode Gaydoul, tu me diras qu’elle n’est pas à ça près.
Il serait néanmoins temps que les satrapes de Genève-Servette se rendent compte que le public commence à en avoir plein le dos de leur politique dénuée de toute considération pour l’être humain, dans laquelle on leur demande d’allonger des ronds pour entendre un speaker de pacotille leur ordonner de lancer une «ola» juste après avoir pris un but. Au terme du simulacre qui a servi de match mardi face à Zoug, les Aigles ont été copieusement conspués. De mémoire de supporter, on n’avait jamais vu ça aux Vernets et il va sans dire que ce n’était pas que la pitoyable prestation sportive qui était derrière tous ces sifflets.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

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18 Commentaires

  1. Loin de moi défendre la politique de Genève. De toute façon, leur club a vendu son âme depuis bien longtemps et la plupart de leur fan ne connaissait rien au hockey y a dix ans… Oui, c’est l’éternelle rengaine, mais cela reste véridique: Genève n’a aucune culture du hockey.

    Mais n’oublions pas que pour réaliser ces transactions, il faut deux clubs.

    Jusqu’à preuve du contraire, Fribourg n’était pas contraint d’accepter…

    En tant que fan de Gottéron depuis belle lurette, j’ai le sentiment que cette saison marque une sale transition. Une belle claque pourrait bien nous attendre en play-offs et ca ne serait pas immérité. L’équipe n’a pas d’âme et on se gargarise que les résultats sont « pas si mal » vu notre classement, tout en fermant les yeux sur le fait que nous avons que 10 points d’avance sur la barre!

    Triste évolution en tout cas! Gare au retour de bâton messieurs!!

  2. Est-ce que l’abruti qui signe cet article réalise bien que n’en déplaise, MacSorley ne fait pas la pluie et le beau temps dans le hockey Suisse et que ce deal n’a pas pu se faire sans une participation (responsabilité) à 50% coté Fribourg ?

    Il n’y a aucun élément qui permet d’affirmer que MacSorley en est l’instigateur. Par contre on sait que la Direction Fribourgeoise n’a rien dit non plus à Loeffel jusqu’a la dernière minute.

    Quant au « prometteur » Fritsche, on parle bien de celui dont Davos non plus n’a pas voulu après un test ? Kamerzin est certes l’auteur de 2pts mais il s’est également retrouvé 7ème défenseur, voir surnuméraire.

    Un article qui fleur bon le politiquement correct pour s’insurger contre ces pratiques moi je veux bien, mais en faire porter la responsabilité à MacSorley en ajoutant encore une petite touche bileuse pour avancer que c’est un mauvais deal (ceci juste après avoir écrit ne pas vouloir se prononcer sur les gagnants/perdants du deal) c’est pas nécessaire.

    « la ville où tu es toujours bien accueill »

    MDR, quand on connait certains chants haineux sur les mères des joueurs, les arrosages à la bière et j’en passe, fallait quand même oser.

    Remballe tes rejets bileux, Fribourg est tout autant « responsable » de ce deal éthiquement un peu douteux.

  3. Loeffel aussi paraissait surpris et déçu
    à la radio,mais que c’était le hockey
    et que si il voulait continuer à griffer la glace
    pas le choix quoi!
    Pis Kossmann qui n’y voit rien de tellement
    surprenant ou incorrect, à la radio toujours.

    Je suis d’assez loin le hockey mais cette histoire est sujet à contreverse.

    Gottéron n’a de loin pas encore fété son 1er titre en avril prochain!
    A moins de trouver une cohésion une âme
    et une envie de tout déchirer d’ici les playoffs,
    après faut il encore pouvoir et le vouloir.

    On verra bien!

  4. @Pekki

    McSorley et Kossman ont entraîné ensemble assez longtemps pour pouvoir dire qu’ils ont une vision similaire du hockey et de son buisness… Genève ou Fribourg, les deux entraîneurs caressent l’espoir de pouvoir tout faire comme aux Etas-Unis… Au secours!

    Gaydoul, transferts puants, machine à fric à la Praille, speaker et kiss cam abrutissante… La panoplie complète du club de NHL créé pour fournir le divertissement qu’un américain moyen attend dans son samedi soir… Chez nous on apelle ça « nous prendre pour des truffes » !

  5. Comme bien des gens, je juge cette transaction mercantile à la sauce US peu ragoûtante et tout à fait condamnable. Par contre, je ne cautionne nullement la subjectivité crasse de ce papier. Rien ne nous dit que la méchante cheville ouvrière de cet échange est (exclusivement) celle décrite par l’auteur de l’article dont la partialité n’a d’égal qu’une vision hockeyistique « légèrement » biaisée…

  6. C’est amusant de voir que c’est moins choquant quand ce sont les joueurs qui sont demandeurs de genre de transactions pour répondre à des sollicitations de transfert plus lucratives pour leur porte-monnaie. Les exemples sont légions, à ça ne choque personne. Les relations de travail sont toujours bi-latérales, ce qu’un employé peut, un employeur le peut aussi. Et vice-versa .

  7. @Jacques, je vous défie de nous donner un exemple d’un joueur qui aurait été transféré dans un autre club du jour au lendemain A L’INSU de son entraîneur ? Et le jour où ça arrivera(pour autant que ce jour arrive), croyez bien que l’entraîneur/directoire du club lésé ne risquera pas de se dire que ça fait partie du jeu parce que eux auront le choix de dire NON et de réclamer un dédommagement, ce qui n’est pas franchement le cas des trois joueurs échangés!

  8. Rigatori,

    PH nous apprend aujourd’hui que Kossmann est l’instigateur de cet échange. (Ce qui ne change rien à la responsabilité des DEUX clubs).

    Un commentaire après ton rejet bileu anti MacSorley ?

  9. Comment faire un article sur lequel on est tous, ou presque, d’accord sur le fond avec une forme autant merdique.

    Pas de bol, pour une fois le grand méchant Mc Sorley n’est pas responsable de la misère humaine.

    Quant à parler de l’accueil à Genève, c’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité.

    Bref, c’est ce genre d’article qui me fait revenir de moins en moins souvent. Pas drôle, avec du fiel gratuit mal placé. La gueule élastique espère retrouver en po le HC Freiburg Gotteron qu’on rigole un peu.

  10. Que penser d’un (ou plusieurs) joueurs qui jouent misérablement parce qu’ils n’apprécient plus leur coach ? Jusqu’à un point où ce dernier se fait virer. Et lui ne peut plus coacher le lendemain de son licenciement au contraire de ces joueurs qui vont continuer à « travailler ».

    Certes c’est dur, mais encore une fois, les joueurs, même si ça fait 8 ans qu’il évoluent dans un club, n’hésitent pas longtemps à quitter le « club de leur coeur » si les conditions offertes sont meilleures ailleurs !

    @ Johnmi : peut-être êtes-vous un peu jeune pour vous en rappeler, mais un certain Lars Leuenberger, ex-coach du SCB, ancien joueur de Gottéron avait prolongé son contrat avec Fribourg avant d’annoncer, 2 semaines plus tard, qu’il jouerait à Berne avec qui il avait signé un contrat !

    Les joueurs font la pluie et le beau temps et il était temps que leurs patrons reprennent la main et leur montrent qui est le payeur.

    Même si la manière laisse à désirer, je ne plaindrai pas ces joueurs.

  11. @Pekki, Mark et 2-3 autres vous changez les McSorley par Kossmann dans l’article comme ça ça ira mieux. Pour le fond ça change rien.. Pas besoin de traiter l’auteur d’abruti..

  12. C’est bien à l’instigation de Kosmann que le deal a eu lieu. Il y a plusieurs temps qu’il avait Loeffel dans le viseur. Il venait de le mettre an tribune à Rappi et lui faisait de moins en moins confiance. Lu plus beau c’est que Loeffel n’aurait même pas pu répondre aux soi-disants fans mécontents qui attendaient le car au retour vu qu’il s’est fait débarquer comme un chien au relais du Grauholz pour immédiatement rejoindre le car de Servette qui partait à Davos selon la presse.
    Bonne chance à Genève pour ton futur Romain!

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