Dieu que la victoire est jolie !

Cette chronique commence par un conseil : vous, dirigeants de club en mal de parties amicales, vous, bande de potes qui cherchez un cadeau original pour l’un d’entre vous qui se marie, fête ses 40, ses 50 ou ses 60 ans, vous gérant de centre de requérants d’asile qui voulez occuper vos pensionnaires, engagez le FC Sion, autrement appelé le «Grand Magic Circus et ses animaux tristes».

Y figurent des espèces redoutables qui donneront le frisson aux dames et aux enfants, genre le «Maradona des Carpates» ou l’«Australien volant», un président bavard à grosse voiture, un entraîneur con comme une porte de grange et enfin des joueurs sympas, gentils, pas bégueules pour un sou et prêts à tout pour faire plaisir. On a donc compris que samedi soir, Lausanne-Sport, plus désolante équipe de l’année, lamentable corbillard de sans-contrat et d’éternels espoirs de pas loin de trente ans, est venue à bout du «Grand Magic Circus et de ses animaux tristes». Ces derniers ont pourtant failli tout gâcher. En un quart d’heure, Herea, le «Maradona des Carpates» et Christofi, dit la «chèvre de la mer Egée», ont mis deux occasions dans les nuées, sombres et brumeuses à cette heure.
En face, Lausanne jouait un football honnête. Ravet et Tafer en faisaient un peu plus que d’habitude, ce qui ne veut pas dire que c’était mieux, Khelifi un peu moins, ce qui s’est à peine remarqué. C’est d’ailleurs ce dernier qui rata la plus belle occasion, à 6 mètres du but. Et puis arriva ce qui devait arriver : Chakhsi, dont on dira qu’il a l’intelligence tactique d’un monocellulaire, fit à un attaquant valaisan ce que ce dernier cherchait. Penalty. Mon ami Christophe, radical de Fully et supporter de trente ans du FC Sion, m’offrit le premier verre de consolation qui ne me consola de rien en me promettant qu’il y en aurait d’autres…

Vint la seconde mi-temps. Roussey, plus désolant entraîneur de l’année, imposteur patenté, fit ce qu’il faisait lorsqu’il était à Lausanne en remplaçant un attaquant par un défenseur. Et selon la loi physique découverte par les Shadocks qui dit que si tu recules, les autres avancent, son équipe recula en même temps que Lausanne avança. Mieux, ce qui lui arrive en général n’arriva pas : au lieu de prendre un deuxième goal, Lausanne en mit trois, plutôt beaux à voir.
Dans le cimetière brumeux de la Pontaise, eut lieu alors un vrai réveil des morts, de ceux qu’on voit parfois dans les cimetières écossais début décembre : Facchinetti se prit pour un ailier gauche, Tafer pour un vrai joueur de foot et Mevlja pour un très bon défenseur. Les pépés de la tribune nord ont commencé à danser la samba. C’était énergique, gai, comme du foot. Faut dire qu’à 25 minutes de la fin, Simone eut l’exquise inspiration de faire entrer sur le terrain Pascal Feindouno, génial intermittent du football, luxueux pigiste qui en marchant donna des balles de goal, fit valser les défenseurs et tout ça en souriant.
Sion n’en vit littéralement plus une, comme égaré sur un terrain trop grand. Faire la liste des naufragés serait fastidieux. Comment des joueurs comme Vidosic peuvent-ils jouer sans classe, sans esprit et même sans supporters (à la notable exception de celui qui avait composé ce très spirituel panneau «LS en Ligue B ; en voiture Simone», drôle, non ?) ? On ne sait pas et on laisse Roussey à des emmerdements dont il est sans doute la cause. A la fin, selon un rituel immuable, CC fila aux vestiaires en remontant le col de son manteau. Mon ami Christophe, radical de Fully, descendit de la tribune pour engueuler copieusement les siens. En français avec accent. Pas sûr qu’ils aient tout compris et finalement heureusement pour eux…
La bouteille de la victoire fut pour moi. La première… parce qu’il y en a eu d’autres. Et longtemps, longtemps, dans le fond de cette nuit brumeuse et lugubre, des catacombes de la Pontaise, ont retenti les chants si longtemps retenus des gagnants. Ça faisait si longtemps. Dieu que la victoire est jolie !
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lausanne-Sport – Sion 3-1 (0-1)

La Pontaise, 3’150 spectateurs.
Arbitre : Klossner.
Buts : 45e Herea (penalty) 0-1. 68e Tafer 1-1. 82e Coly 2-1. 89e Banana 3-1.
Lausanne-Sport : Fickentscher (7e Signori); Banana, Mevlja, Ozcan; Chakhsi, Tafer, Yang Yang (70e Katz), Khelifi (66e Feindouno), Facchinetti; Ravet, Coly.
Sion : Vanins; Kololli, Lacroix, Ferati, Bühler; Ndoye, Perrier; Yartey (85e Cissé), Herea (65e Léo), Vidosic; Christofi (59e Pa Modou).
Cartons jaunes : 30e Herea. 36e Lacroix. 45e Chakhsi. 72e Léo.
Notes : Lausanne sans Avanzini, Gabri, Meoli, Pimenta, Zambrella ni Sonnerat (blessés), Sion sans Rüfli, Kouassi (suspendus), Vanczak ni Basha (blessés).

Écrit par Michel Zendali

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. J’ai bien ri à la lecture de cet article et suis content avant tout pour Alain Joseph… qui lui, devrait avoir pris la « biture » du siècle pour fêter l’événement !

  2. Excellent l’article, merci! Tout comme la tête de Roussey lors de l’interview sur la TSR. Cette victoire met un peu de baume au cœur du vieux supporter de LS que je suis. Mais je n’oublie pas que comme nos adversaires du jour, le LS de cette saison est une équipe de canassons extrêmement mal dirigés qui seront probablement relégués en CHL en fin de saison. Nous sommes toujours favori pour la course du pire relégué de l’histoire.

  3. Esperons que constantin a aussi participé a l entrainement de dimanche matin je lui donne un conseil il devrait augmenter le salaire de ces joueurs ils seraient plus motivés !!!! Mais qu est ce qu on rigole presque envie de m inscrire à la choucroute 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.