Du foot au pays du jambon

Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus parlé de Serie A sur CartonRouge.ch. Normal, le championnat est aussi passionnant qu’une saison de Formule 1, du moins en ce qui concerne le titre. On préfère donc te remémorer des vieux cartons rouges issus des anciennes Coupes du Monde et te parler des nombreux clubs tout moisis de la région. Eh bien en ce week-end pascal, petite exception puisque ton site préféré était également présent dans la ville où l’on fabrique le meilleur jambon du monde.

Une enceinte dans la tradition italienne

Comme tout le monde le sait, l’Italie demeure profondément catholique, du moins en façade. Impensable donc de jouer au foot un dimanche de Pâques. C’est pourquoi une fois n’est pas coutume, toutes les rencontres de la 34e journée se tenaient le samedi et non le dimanche. Un week-end prolongé, l’occasion idéale pour se rendre par-delà les Alpes, regarder un bon match de foot et goûter au plaisir de la gastronomie locale, à défaut de pouvoir goûter au beau temps… C’est donc à Parme que nous nous sommes rendus, histoire de découvrir le stade Ennio Tardini, lors d’une rencontre Parme – Inter définie comme LE barrage pour une place en Europa League. Celle-ci demeure un maigre lot de consolation pour des Nerazzurri et signifie un véritable exploit pour les Ducali de Parme qui fêtent leur centenaire cette année.
Une fois arrivé au stade, une constatation s’impose : le stade Ennio Tardini est sans grande surprise bel et bien vétuste. Comme une majorité des enceintes italiennes, le stade parmesan a bien vécu et offre un cadre digne d’une rencontre Lausanne – Sion. Structures en béton, sièges décolorés et tribune non couverte voire carrément fermée au public sont autant d’éléments qui rappellent que le pays du Calcio connaît réellement un déficit d’infrastructures. Certes, le stade n’est pas flambant neuf, mais il conserve un certain charme. Tout d’abord il est situé à une dizaine de minutes à pied seulement du centre-ville. Ensuite, il est malgré tout relativement plein et une ambiance bon enfant y règne, une ambiance plutôt familiale. Par contre, on plaindra les courageux spectateurs demeurés 90 minutes durant à chanter sous une pluie relativement soutenue.

Un match à deux tournants

Mais venons-en au récit de cette partie qui comportait tout de même un certain enjeu. Le début de match est dominé par les locaux qui mettent en difficulté l’équipe milanaise. A plusieurs occasions les Parmesans ont l’occasion d’ouvrir la marque, mais le portier Handanovic se montre intraitable et repousse notamment un coup de tête à bout portant du fantasque Antonio Cassano. L’Inter s’offre également quelques possibilités et notamment l’éternel Esteban Cambiasso trouve le montant droit des cages défendues par Antonio Mirante. Ce dernier devrait s’empresser de vérifier ce que sa petite amie faisait au moment du match, puisque par une partie de flipper incroyable le ballon frappait le poteau, rebondissait sur son dos et filait telle une balle liftée en corner.
Le moment charnière de cette rencontre se situe juste avant et juste après la mi-temps. Il ne fallait donc surtout pas faire comme mon voisin de siège, un vieil Italien qui a eu la bonne idée de partir 3 minutes avant la mi-temps et de revenir 2 minutes après la reprise. En effet, juste avant que l’arbitre n’envoie les 22 acteurs se doucher, Walter Samuel écrase le pied de l’idole locale Marco Parolo qui s’écroule dans la surface. C’est pénalty et personne ne proteste. Antonio Cassano, l’un des nombreux ex de cette partie, se charge de la transformation. Malheureusement pour Fantantonio, le grand portier slovène qui le connaît à merveille parvient à dévier suffisamment le cuir pour qu’il s’échoue sur le montant. Premier tournant de la partie. Au retour des vestiaires, l’attaquant de l’Inter Rodrigo Palacio s’engouffre dans la défense parmesane et se fait faucher par Gabriel Paletta. Un tacle qui mériterait en soi un carton orange. De toute manière déjà averti au préalable, le néo-Italien qui mélange habilement cheveux longs et crâne dégarni est logiquement expulsé pour un deuxième avertissement. Sur le coup franc, Hernanes parvient à trouver Rolando dénué de tout marquage au second poteau qui n’a plus qu’à croiser sa reprise de la tête dans le petit filet. Second tournant du match. On se demande encore comment une défense peut à ce point oublier de marquer un homme réputé dangereux sur coup de pied arrêté. A se demander si l’équipe parmesane n’a pas failli oublier de disputer la deuxième mi-temps…
Menés 1-0 et réduits à 10, les locaux n’ont plus grandes chances de renverser la vapeur. Pourtant peu avant l’heure de jeu, le vétéran et capitaine Alessandro Lucarelli, sans doute le meilleur des siens, fait cette fois-ci trembler la transversale d’une tête sur corner. L’ancien club de Brolin et de Zola se procure encore une ou deux possibilités d’égaliser mais c’est finalement l’Inter qui se procure les occasions les plus franches. C’est assez logiquement que le Colombien Freddy Guarin, fraîchement entré en jeu, clôt les débats d’une belle frappe et assure pratiquement l’Europe aux Nerazzurri pour l’an prochain. Il reste une image un peu surréaliste pour clore ce match. Après le coup de sifflet final, le plus si jeune Marco Andreolli qui avait passé l’entier de la seconde période à se chauffer, effectue une série de sprints sous les ordres d’un des entraineurs assistants. Le but d’une telle manœuvre demeure un total mystère. Après s’être acquitté de cette tâche, le défenseur central chauffeur de banc en est allé jeter son maillot au kop de supporters interistes ayant fait le déplacement. Un peu curieuse cette façon de fêter la victoire !

L’homme du match

On retiendra de cette partie que Walter Gargano a bien les pieds carrés et qu’il fait, comme les animateurs télés, quand même vachement plus petit en vrai qu’à la télé. Que Jonathan Biabiany court très vite mais qu’il ne sait pas quoi faire d’un ballon de foot. Qu’Antonio Cassano ne court pas beaucoup mais qu’il manie à merveille l’art de feindre une blessure et de sprinter cinq secondes après ce qui déclenche les rires de tout un stade et même ceux du principal intéressé. Enfin, et c’est peut-être la clé du match, que Samir Handanovic est un excellent gardien.

Comme lors de chaque rencontre, il est toujours de bon ton d’élire l’homme du match. A ce petit jeu, on aurait sans doute jeté notre dévolu sur le gardien de l’Inter Samir Handanovic. Celui-ci s’étant montré décisif tout au long de la partie. On aurait éventuellement pu élire Rolando, l’arrière-central portugais de l’Inter auteur du premier but de la partie… Mais non, l’homme du match a bien été Gabriele Tarenzi. Qui est ce nouveau jeune talent italien me direz-vous ? Eh bien, c’est le mec qui a vendu le plus d’aspirateur de la marque du principal sponsor du club de Parme en 2013. Du coup, l’homme du match tout désigné avait droit à son nom sur tous les maillots des joueurs parmesans et sa photo en géant durant toute la cérémonie protocolaire. A quand un maillot de Chelsea floqué Jing-Sung Choi, meilleur assembleur de téléphones de la marque Samsung ? Cela pourrait donner des idées aux compagnies multinationales pour motiver leurs employés à produire toujours plus… Et vive le capitalisme.

Parme FC – Inter Milan 0-2 (0-0)

Stade Ennio Tardini, 16’289 spectateurs.
Arbitre : G. Rocchi.
Buts : 48e Rolando (0-1), 89e Guarin (0-2)
Parme : Mirante; Cassani, Paletta, A. Lucarelli, Molinaro (63e Schelotto puis 73e Amauri); Gargano, Marchionni, Parolo; Biabiany, Cassano, Palladino (50e Felipe).
Inter : Handanovic; Campagnaro, Samuel, Rolando; D’Ambrosio (59e Zanetti), Nagatomo, Cambiasso, Hernanes (88e Guarin), Kovacic; Palacio, Icardi (81e Botta).
Cartons jaunes : 6e Samuel, 20e Paletta, 46e Paletta, 47e A. Lucarelli, 79e Rolando, 85e Hernanes.
Carton rouge : 46e Paletta (2e carton jaune).
Notes : 44e Cassano manque un pénalty. Parme sans Pozzi (blessé), Inter sans Ranocchia (suspendu), Jonathan et Juan Jesus (blessés).

A propos Olivier Di Lello 141 Articles
...

Commentaires Facebook

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.