Edito IX, le Dessus du Panier

Si la glace vous a refroidi du côté de Fribourg, le basket vous aurait certainement enflammé, tant Fribourg a survolé les débats cette saison, à la manière d’un rouleau compresseur. A l’image d’un canton romand qui paraît clairement comme le premier de la classe, Fribourg Olympic a donné l’exemple d’un club solide, aux ambitions sportives maîtrisées où vue à long terme (formation, relève) et gestion prudente font partie du langage. Grâce entre autres à un soutien financier de la part de nombreuses PME locales ainsi que de plus gros sponsors.

A quelques pas de la gare CFF, la salle Sainte-Croix vaut le détour tant le cadre est enthousiasmant. D’abord parce que la salle possède une certaine «allure» et aussi car le public est toujours présent près du boulevard de Pérolles. Le dernier match disputé à domicile fut un record de fréquentation en drainant pas moins de 2’750 personnes dans la salle fribourgeoise ! D’ailleurs, il est recommandé de venir assez à l’avance pour obtenir un bon emplacement.Sur le plan sportif, le coach de Fribourg avait clairement annoncé la couleur en début de saison : Damien Leyrolles affichait une claire ambition, voire détermination, tout en se préservant d’une certaine modestie et respect des adversaires. Ce qui est à souligner de la part d’un homme d’origine française, nationalité à qui l’on prête – facilement et de façon généralisée – une vantardise colonialiste presque agaçante. C’est vrai que le coach fribourgeois pouvait se reposer sur un contingent qui avait pris de la hauteur dans tous les sens du terme : six mètres de talents américains avec Dave Esterkamp, Brandon Polk et Lorenzo Orr, le retour d’un meneur en la personne d’Harold Mrazek et la présence de Pascal Perrier-David. Sans oublier, un remplaçant de luxe : Tresore Quidome venu tout droit de Lugano et connu pour être une fine gâchette aux tirs extérieurs à 3 points (bien que cette saison n’a pas été aussi fructueuse que la précédente dans cet exercice bien particulier).


Mrazek, la star de Fribourg Olympic 

C’est ce bel effectif qui a amené Fribourg à devenir champion suisse mercredi 30 mai 2007 et venir ainsi étoffer un palmarès qui se dresse ainsi : 14ème titre de champion, 6ème Coupe de Suisse et un 4ème doublé (Coupe de Suisse – Championnat). Encore mieux, grâce à la création de l’élitiste Coupe de la Ligue, FO a réalisé un triplé historique (Championnat, Coupe de Suisse et Coupe de la Ligue). Un succès collectif qui ne doit cependant pas cacher un apport individuel indéniable de Harold Mrazek, qui a apporté outre une sacrée expérience, une vigueur nécessaire. En provenance de l’ASVEL (grand club français né de la fusion de l’A.S. Villeurbanne et de l’Eveil Lyonnais, d’où ces initiales sont issues) de Pro A française, le Fribourgeois s’est mis au vert en revenant à son premier club pour deux saisons en tant que capitaine. Son retour marque l’achèvement d’une splendide carrière sportive dont le point culminant fut cette expérience française de cinq années. Sans même être amateur de basket, il suffit de voir Harold Mrazek sur les parquets pour constater que son niveau prime sur le niveau helvétique moyen et parfois même sur celui de nombreux étrangers.
Le Fribourg 2006-2007 marque le renouveau d’un club qui a tutoyé l’obstacle ces dernières saisons et a souvent dû se résoudre à endosser un second rôle peu séduisant. On se souviendra notamment que Fribourg Olympic avait échoué trois années consécutives à décrocher le championnat de LNA de 2001 à 2004. Par ailleurs, ces dernières années, Boncourt avait largement éclipsé Fribourg sur le plan médiatique et sportif et seuls Lugano, Monthey ou encore Genève étaient parvenus à contrer les ardeurs des Jurassiens.
Maintenant, si le championnat 2006-2007 a été plutôt disputé et a présenté de beaux duels dans la moitié du tableau, il faut admettre que Fribourg a exercé une suprématie presque gênante, ne laissant que des miettes aux autres équipes. Ainsi, le club a immédiatement occupé la première place du Championnat et ne l’a jamais cédée. Même si Boncourt s’est montré très surprenant en fin de saison (en pratiquant un jeu trop physique aux yeux de certains) malgré sa déroute financière, le club n’a pas pu stopper le leader. Quelque peu fragilisés, Lugano et Monthey se sont révélés de gentils adversaires plutôt que de solides rivaux. Quant aux autres acteurs, sans les réduire au seul rôle de figurants, ils ont laissés l’impression de régater à un niveau nettement en-dessous. Comme l’avait prédit un de mes confrères de cartonrouge.ch, nous avons vécu un championnat alibi avec une seule équipe sérieuse et dotée d’un effectif sans pareil. Il y a donc lieu de souhaiter pour la prochaine saison un re-équilibrage des forces et une meilleure répartition des titres. Et c’est peut-être du côté de «nouveaux» clubs tels que Birstal ou Sion-Hérens que naîtra l’obstacle. Quoique, une fois en marche, le rouleau compresseur n’a plus qu’à aplanir les difficultés. Rendez-vous cet automne !


A la saison prochaine !

En bref

D’ici là, une belle manifestation aura lieu le 28 juillet prochain à la patinoire des Vernets à Genève avec la rencontre amicale entre la France et la Suisse, avec Thabo Sefolosha dans le contingent helvétique et Tony Parker aux commandes de l’équipe tricolore. Il est encore temps d’acheter un des quelque 180 billets restants via la FNAC ou Ticketcorner.ch. Cette fois, c’est à toi de jouer amateur de basket et comme dans ton sport préféré, il faut aller vite !
Une note pour signaler que le Jurassien Randoald Dessarzin a signé un contrat avec JDA Dijon Basket de Pro A française. Direction donc le chef-lieu de la Bourgogne pour ce grand entraîneur qui a mené Boncourt – petite équipe au départ – à la gloire. Il a ensuite traversé la récente crise du club avec dignité. A l’image de Lucien Favre, voilà encore un Romand dont les qualités sont reconnues par des grands clubs. On ne peut que se réjouir de cette nouvelle, tout en souhaitant que l’Ajoulot s’habituera vite à une ville au moins 100 fois plus peuplée que le petit village de Boncourt ! Bonne chance à lui.
En guise de triste conclusion, une pensée pour la famille de M. Jean-Pierre Desarzens, Directeur de la Ligue Nationale de Basket, qui nous a récemment quitté. Un homme qui est tombé jeune dans ce milieu de la sphère orange et qui a oeuvré au développement du basketball en Suisse dans différentes fonctions, notamment auprès d’Union Neuchâtel. Décidemment, cette saloperie de maladie a eu le dernier mot et nous enlève des gens bien.

Écrit par Anthony Reymond

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