En attendant d’éventuels Nordiques II

En Europe, on a tendance à «refaire les matchs», après qu’ils aient été joués. Ce qui est bien avec le sport nord-américain, c’est qu’on peut aussi le faire avant. Grâce aux milliards de statistiques proposées. Exemple avec un match de LHJMQ.

Un vendredi de lendemain d’hier, quoi de mieux que d’aller à la patinoire pour se rafraîchir les idées? En plus, au Canada ou aux Etats-Unis, pas de risque de voir vos petits nains cérébraux être maltraités par les vivas de la foule en délire. Alors ni une ni deux, on est allés au mythique Colisée Pepsi de la ville de Québec pour aller voir la meilleure ligue junior de la planète (ou presque). Situé dans la banlieue défavorisée mais non moins pleine de charme de Limoilou, le vénérable Colisée reste un lieu mythique, où les affrontements fratricides entre le Canadien et les Nordiques résonnent encore dans ses travées désuètes où le temps semble s’être arrêté. Le lieu même qui a accueilli la célèbre rencontre entre la sélection de la NHL et l’URSS, un match mémorable de 1987 où se sont affrontés les Bykov, Khomutov, Kamensky, Makarov, Gretzky, Lemieux, Coffey, Messier, Leetch et autres McInnis.

Avant la rencontre, en salle de presse, la Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec fait bien les choses. Vingt-trois pages de statistiques sont disponibles pour un championnat dont le niveau est égal voire inférieur à un bon GCK Lions-Bâle des familles. Oui oui, vingt-trois! Pour cette rencontre opposant les Remparts de Québec au terrible Titan d’Acadie-Bathurst, on serait presque tentés de ne pas jouer la rencontre tellement on était saoulés de stats avant le premier lâcher de puck.
Le truc, c’est d’arriver à tout comprendre sur les feuilles de stats. Qu’Anthony Duclair – repêché au 2e tour par les Rangers de New York en passant – ait marqué sept buts et offert quatre assists en onze matchs, c’est assez facile à capter. Qu’il ait un plus/minus de –3 avant la partie, soit. Trois buts et quatre passes en power-play, OK. Mais c’est quoi le bordel qu’il reste sur la moitié de la feuille? Le type a fait un «GG», un «IG» et deux «UA». C’est sympa, mais on s’en fout, non? Et ce n’est  que le début de ce qu’on nous offre à l’analyse ! Là, on avait déjà envie de commander un hot-dog spécial salle de presse à 1.50$. Mais après, on a franchement hésité à partir à la Budweiser.
Jusque à présent, les Remparts ont gagné une fois, perdu une fois et se sont inclinés à une reprise… lorsqu’ils jouaient le dimanche. Par contre, le mercredi (une victoire), c’est mieux. En revanche, le vendredi (deux défaites et une supplémentaire en prolongation), c’est clairement de la marde en asti. Les Québécois ont marqué neuf buts lors de la première période, neuf aussi en deuxième et seulement huit en troisième. Super! Par contre, ils n’ont effectué que 50 tirs cadrés lors de l’ultime tiers depuis le début de saison, alors qu’ils ont subi 91 envois adverses. Important, non?

Et ce n’est que l’apéro! Quand les Remparts laissent leurs adversaires plus tirer au but, ils ont perdu cinq fois, mais gagné deux fois quand même. Par contre, quand Québec dominait après un tiers-temps, ils ont gagné deux fois et perdu deux fois en prolongation. Le truc, c’est qu’en sachant que les Remparts ont gagné deux fois après avoir mené de deux buts, mais quand même perdu deux fois, on fait quoi la prochaine fois? Un match à handicap? Le truc qui est sûr, c’est que la troupe de Philippe Boucher gagne statistiquement quand il marque quatre buts en un match. Le tas de papier npous apprend également que, généralement, les Remparts perdent quand ils en encaissent onze. Etonnant, non?
C’est juste un aperçu de ce que l’on peut analyser sur la partie à venir, en fait. Mais venons-en à quelque chose d’un peu plus pointu et allons regarder ce qu’il se passe sur l’entier de la Ligue. Bon, le meilleur compteur, c’est un certain Christopher Clapperton de l’Armada de Blainville-Boisbriand. Facile. Le plus pénalisé est Dillon Donnelly, des Remparts. Tranquille. Mais après, on peut quand même savoir que Raphaël Lafontaine (Titan de l’Acadie-Bathurst) est le plus performant aux engagements (57.9%), que Mathie Laverdure (Phoenix de Sherbrooke) a réussi à prendre cinq pénalités majeures en 11 parties ou qu’Anthony DeLuca (Océanic de Rimouski) a tiré 48 fois au but depuis début septembre.

Vous vous dites que c’est pas spécialement hyper pointu? Attendez la suite… Le portier Zachary Fucale (Mooseheads d’Halifax) a stoppé 12 pénaltys sur 13. Le meilleur rookie est Daniel Sprong (Islanders de Charlottetown), le plus prolifique de la Ligue avec cinq buts et six assists. Que l’ancien Biennois Nikolaj Ehlers (Mooseheads d’Halifax) est le néophyte qui a le plus tiré au but et le plus cadré de rondelles de la LHJMQ. Que le meilleur défenseur de la Ligue au niveau des buts gagnants est Guillaume Beaudoin (Armada de Blainville-Boisbriand), un autre rookie, avec deux réalisations au compteur. Anthony Cortese (Charlottetown Islanders) est pour sa part le meilleur défenseur en fusillade («shoot-out» dans le texte) avec un excellent deux sur deux.
Vous en voulez encore? Ok, Ok… Alors on peut vous dire que Marcus Power (Huskies de Rouyn-Noranda) a réussi au moins un assist à chaque match depuis le 20 septembre, soit sept matchs d’affilée. L’excellent Alexis Pépin (Charlottetown Islanders) a quant à lui dû rejoindre le banc des pénalités au cours des huit dernières rencontres qu’il a disputées. Mais c’est loin d’être fini. On a la chance d’apprendre également qu’Alexis Vanier (Drakkar de Baie-Comeau), Frédérick Gaudreau (Cataractes de Shawinigan), Marcus Power (Huskies de Rouyn-Noranda), Anthony Mantha (Foreurs de Val-d’Or) et Christopher Clapperton (Armada de Blainville-Boisbriand) ont tous réussi un match à cinq points en 2013-2014.
Vous croyez que c’est fini? Meuh non. Avant le début du match, il est important de savoir que les Mooseheads d’Halifax forment l’équipe la plus pénalisée du circuit (98 minutes). L’Océanic de Rimouski, lui, est la formation qui a le plus marqué au cours d’une deuxième période (cinq buts le 13 septembre). En outre, personne n’a fait plus d’arrêts que le dernier rempart des Saguenéens de Chicoutimi lors d’un troisième tiers (20 le 22 septembre). Les Islanders de Charlottetown ont pour leur part réussi l’exploit de ne tirer que deux fois au but en vingt minutes le 29 septembre dernier. Avouez que vous n’auriez pas réussi à entrer dans l’arène avant de savoir tout ça!

Ah oui, zut, les Remparts ont gagné 3-0. Mais ça, à la limite, on pouvait le deviner. Toutefois, sachant que lorsque le pourcentage de spectateurs d’origine inuit dépasse les 5% lors des soirs de pleine lune, les Remparts ne remportent que 23% de leur matchs à domicile. C’était donc loin d’être gagné pour les locaux, surtout que les précipitations ont été inférieures ou égales à 2 mm lors des 24 dernières heures. Cela dit, à chaque fois que Québec a affronté une équipe située au-delà du 48e parallèle suivant une série de 2 défaites consécutives alors que la majorité des spectateurs se trouvent sur un axe nord-sud et que Vénus entre dans la constellation du Sagittaire, l’équipe remporte la partie 3 fois sur 5! Et ça, il fallait le savoir.

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3 Commentaires

  1. Alors pour votre information, Anthony Duclair est allé une fois à Genève (GG) où il a assisté à un match en Parterre Nord (IG). Un peu confus et éméché, il y a entonné deux chants à la gloire d’Éric Cantona (UA).

    C’est pourtant pas bien compliqué.

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