Donné mort par la plupart des médias romands, Genève-Servette a égalisé dans la série l’opposant aux ZSC Lions au terme d’une partie rondement menée (5-2). Si elle réussit l’exploit de maintenir ce niveau de jeu lors de l’acte VII, la phalange genevoise peut carrément viser la qualification pour la finale !
On ne va pas revenir dans les détails sur l’affaire Alexandre Picard, dont la suspension de deux matches a été annulée en appel quelques heures avant le coup d’envoi. Il est néanmoins impossible de traiter la rencontre de mardi sans y faire un minimum référence tant cette histoire a pris de l’ampleur. S’il est évident que le Québécois a chargé Dan Fritsche à la tête – ok, j’admets qu’il a peut-être d’abord effleuré son épaule avant de lui choper la caboche à pleine vitesse – et aurait mérité une suspension sévère afin de dissuader des pires que lui de répéter ces gestes inacceptables, il eut été ridicule de s’attendre à un semblant de jugement sensé avec une telle Ligue d’incompétents. Comme l’ont souligné plusieurs chroniqueurs, les têtes pensantes du hockey helvétique se sont ridiculisées en ne sanctionnant une « charge à la tête » que de deux matches de suspension. Dans ce genre de cas de figure, c’est minimum 5 matches ou rien. Gageons que le jour où la Ligue interdira aux clubs d’avoir un déficit de 5 millions par saison, elle décidera de se doter d’un système de jugement digne de ce nom.Néanmoins, la réaction de Chris McSorley face à la suspension de Picard a également été tendancieuse. En donnant une importance démesurée à un joueur qui, il y a de cela quelques semaines encore, était dévolu à un rôle d’étranger surnuméraire, l’Ontarien a déresponsabilisé certains éléments qui évoluent largement en dessous de ce à quoi leur potentiel correspond (suivez mon regard). De plus, on peine à imaginer la pression que le no 81 avait sur les épaules en pénétrant sur la glace des Vernets lors de cet acte VI, tant l’avenir de Genève-Servette semblait dépendre de lui et de lui seul !
Le retour des absents
De manière prévisible, Picard a été plutôt discret. Il a cependant laissé la vedette à des joueurs comme Kevin Romy, Denis Hollenstein et Juraj Simek, dont le rendement laisse à désirer depuis le début des séries. Au bénéfice d’un jeu d’équipe enfin retrouvé, les Grenat ont bouclé un second tiers sur un partiel de 3-0 pour mener de quatre longueurs avant l’ultime période. Un viatique suffisant pour accrocher un septième match en dépit de quelques sueurs froides en fin de partie.
Auparavant, Genève-Servette avait balbutié son hockey au cours de 20 premières minutes insipides dont le seul éclat fut la magnifique réussite de Chris Rivera, mis en orbite par une passe en or de Ryan Shannon… Merci à lui ! Le Genevois répond comme souvent présent lors des matches importants, à l’image de sa quatrième ligne durant ces play-off.
Au final, une victoire convaincante avec un bémol tout de même : la perte de l’importantissime momentum puisque les Aigles ont laissé le 3e tiers à leurs adversaires ! Plus sérieusement, Genève-Servette a tout pour accrocher la finale à la condition de rentrer sur la glace zurichoise avec un peu plus de conviction que ce qu’il a montré lors des trois déplacements précédents. C’est en empêchant Cunti et Wick de développer leur jeu dès les premiers shifts que les Grenat trouveront la solution.
Et sinon, quoi de neuf ?
Les dirigeants du club se sont activés en coulisses en faisant tout d’abord signer Wick (mais pas le bon) pour les trois prochaines saisons, puis en lançant une pétition visant à ressusciter le dossier de la patinoire du Trèfle-Blanc. On comprend bien là l’idée de tirer profit de manière opportuniste de l’enthousiasme accompagnant une équipe toujours en course pour le titre. Un geste pathétique qui trahit l’ampleur du désespoir dans lequel se trouvent Stücki et ses sbires. Enfin, récolter quelques signatures ne mange pas de pain et, pour une fois, Genève-Servette assume le rôle de lobbyiste qui lui incombe dans ce dossier. Et comme il y aura toujours des gens assez naïfs pour croire que ça aura un impact…
Ça aurait simplement été plus utile de le faire deux ans en arrière, alors que le projet du Trèfle-Blanc était encore porteur de réalistes espoirs. Mais bon, à cette époque, le « CEO » du club préférait fanfaronner dans les médias sur le fait que la nouvelle patinoire serait opérationnelle en 2017 sans qu’un seul journaliste sportif (hors CartonRouge.ch) ait la présence d’esprit de remettre en question ces élucubrations délirantes.
Photo Pascal Muller, copyright EQ Images
Genève-Servette HC – ZSC Lions 5-2 (1-0 3-0 1-2)
Patinoire des Vernets, 7’135 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM Eichmann, Kurmann ; Arm et Küng.
Buts : 8e Rivera 1-0. 22e Berthon (Romy, Hollenstein) 2-0. 38e Hollenstein (Simek) 3-0. 39e Simek (Mercier, Romy) 4-0. 52e Blindenbacher (Keller, Shannon) 4-1. 53e Baltisberger (Bastl, Fritsche) 4-2. 60e Marti (Romy ; dans la cage vide) 5-2.
Pénalités : 3×2’ contre Genève-Servette. 3×2’ contre Zurich.
Notes : Genève-Servette sans Loeffel (blessé), Dupertuis, Kast, Krutov, Meunier, Ryser, Stafford, Tamò (surnuméraires), Savary (obligations militaires) et Leonelli (avec Viège). Zurich sans Hächler, Künzle, Tabaček et S. Zangger (surnuméraires). 40’00 : Tim Wolf remplace Lukas Flüeler dans les buts zurichois. Temps-mort : Genève-Servette à 52’31. Zurich sans gardien de 58’55 à 59’40.
Un très bon résultat pour la phalange, qu’ils continuent comme ca !