Euro 2016 : le tirage

Ça y est ! On connaît la composition des six groupes du prochain Euro qui s’annonce pour le moins inédit. Après une cérémonie toujours un peu pénible, surtout lorsqu’on t’inflige ce hippie capitaliste de David Guetta et qu’on te fait croire que la France est le pays de l’amour, Oliver Bierhoff, Antonin Panenka, David Trezeguet et Angelos Charisteas ont décidé du visage que prendrait le prochain tournoi continental. Bien évidemment, on se devait d’ouvrir notre gueule et de commenter ce tirage.

Tout d’abord, il faut signaler que Michel Platini était bien présent lors de ce tirage. Nous ne sommes pas dupes Michel. On sait très bien que tu étais là. Tu es sans doute rentré incognito dans le Palais des Congrès de Paris, tu as réussi à berner le dispositif de sécurité. Mais nous, tu ne nous auras pas. On t’a formellement reconnu assis au 3e rang déguisé avec des lunettes et une longue barbe rousse. Pas très discret de te faire passer pour un mec de la fédé nord-irlandaise… On sait bien que ta suspension est un peu ridicule mais il y a des règles et il faut les respecter Michel.Ensuite, on peut dire que le tirage est plutôt satisfaisant et bien équilibré, même si David Trezeguet tirait assez mal ses boules et qu’Oliver Bierhoff paraissait peu concerné. On classera les six poules en trois catégories. Les deux groupes plutôt faibles (F surtout et C), les deux groupes moyens (A et B) et enfin les deux groupes carrément relevés (D et E). Alors oui il y aura trois qualifiés dans la plupart de ces groupes, la qualification ne devrait pas être trop difficile à atteindre pour les ténors. On a cependant envie de dire attention à l’excès de confiance…

A : Le groupe « trop facile » France – Roumanie – Albanie – Suisse

Ah ! Voilà les Français sont satisfaits, ils sont tombés dans un groupe trop facile, dans lequel ils seront sûrement premiers ! Et pis quoi encore… Attention à ce genre de raccourci vite fait ! Ils avaient fait à peu près les mêmes déclarations en 2002 et 2010… Si on y regarde de plus près l’Albanie est franchement accrocheuse et sera sans doute survoltée. Lors des fausses qualifs des Bleus, les Shqips ont tout de même tenu en échec la France à Rennes (1-1) et remporté la mise en Albanie (1-0) en posant de gros problèmes à la formation de Deschamps. La Roumanie semble effectivement sur le papier assez faible, mais elle possède la meilleure défense des qualifications et jouera sans doute le 1-0 en contre, domaine dans lequel elle est plutôt pas mal. Enfin la Suisse retrouvera deux adversaires un peu spéciaux, la France et l’Albanie. Un groupe qui n’a l’air de rien mais qui pourrait s’annoncer beaucoup plus compliqué que prévu.

B : Le groupe « des tout blancs contre des tout rouges » Angleterre – Russie – Pays de Galles – Slovaquie

Jouer en « tout blanc » ou en « tout rouge » c’est pas très fun et c’est le cas de beaucoup trop d’équipes. Avec l’Angleterre et la Slovaquie en «tout blanc» et la Russie et les Pays de Galles en « tout rouge ». Ce groupe ne proposera sans doute que des affiches entre « tout blanc contre tout rouge », un vrai cauchemar. On peut au mieux espérer que la Slovaquie ou le Pays de Galles sortiront leurs deuxièmes maillots, ça fera un peu de changement. Hormis la couleur des maillots pas du tout sympathique de ce groupe, on dira que les confrontations proposées sont relativement alléchantes. Mention spéciale pour le derby britannique bien évidemment, même si par exemple Angleterre – Russie fait également son petit effet. Bref, un groupe sympathique de difficulté moyenne qui promet, sauf les maillots.

C : Le groupe « tout est prévisible » Allemagne – Ukraine – Pologne – Irlande du Nord

Comprenant les champions du monde en titre, deux équipes de l’Est et des néophytes, le groupe C ne laisse pas vraiment planer le doute sur son issue. On imagine bien que la Mannschaft va le remporter aisément, que la Pologne bien qu’elle ait battu l’Allemagne en qualification terminera deuxième et que l’Ukraine et l’Irlande du Nord se partageront les deux dernières places. Ces deux dernières équipes auraient peut-être pu espérer créer une surprise dans un autre groupe, mais pas face à l’Allemagne. Car face aux Allemands il n’y a jamais de surprise et la Mannschaft finit toujours par éclater les petites équipes. Ce groupe ne fait franchement pas rêver, notamment avec un énième Allemagne – Pologne et un Ukraine – Irlande du Nord le 16 juin à Lyon pour lequel on n’aimerait pas franchement avoir eu des billets par hasard (ce qui n’est évidemment pas le cas).

D : Le groupe « de la mort » Espagne – Tchéquie – Turquie – Croatie

Pas de bol pour l’Espagne ! Les doubles champions d’Europe en titre ont chopé dans leur poule à peu près tout ce qu’il ne fallait pas. Comme équipe faible, celle du chapeau 4, ce sera la Turquie qui réussit toujours bien lorsqu’elle se qualifie pour un grand tournoi (ce qui est rare). Puis il y a la Tchéquie qui méritait sans doute de figurer dans le deuxième chapeau, mais les statisticiens de l’EPFL en ont décidé autrement. Enfin, la Roja a hérité de la Croatie, sans doute une des deux équipes à éviter du chapeau 2 avec l’Italie. Un groupe qui s’annonce serré et qui n’a pas volé son statut de groupe de la mort où tout semble possible. On se réjouit de suivre l’ensemble de ces rencontres qui s’annoncent hautes en couleurs, même si toutes les équipes jouent en rouge et on vous prévient la nouvelle tenue tchèque de Puma est d’une originalité presque égale à celle éditée par Adidas pour le Pays de Galles…

E : Le groupe « de la mort 2 » Belgique – Italie – Eire – Suède

N’ayant pas réussi à déterminer lequel du groupe D ou du groupe E était le plus de la mort, le groupe E sera donc sobrement appelé le groupe de la mort 2, le retour. Une poule E qui risque bien d’être explosive. Les Diables Rouges ne sont certes pas mauvais, mais ils sont à mon avis un peu surcotés sans doute parce que « ils jouent tous en Angleterre ». Une question demeure cependant. Comment peut-on être tête de série dans un Euro lorsque l’on ne s’est plus qualifié sur le terrain pour cette même compétition depuis plus de 30 ans ? Alors bien sûr les Irlandais paraissent quand même en dessous, ils n’ont guère que leur fighting-spirit diront certains, pourtant ils savent jouer au foot et ils jouent eux aussi presque tous en Angleterre. L’Italie est capable de se faire éliminer contre n’importe qui et demeure totalement imprévisible. Et la Suède reste tout de même solide et possède un collectif intéressant, car au risque de décevoir les fans du PSG, en équipe de Suède Ibrahimovic ne dribble pas toute l’équipe adverse avant de marquer tous les buts de l’équipe de Suède. Tout ce charabia juste pour te dire que ce groupe va sans doute être chaud bouillant et pourrait révéler bien des surprises.

F : Le groupe « moche parce que c’est le dernier » Portugal – Islande – Autriche – Hongrie

Il y a une sorte de malédiction, mais il faut bien avouer que le dernier groupe d’un grand tournoi est par magie presque toujours celui qui ne fait rêver personne. A la Coupe du Monde, c’est en général le groupe H qui est toujours vilain (pensez par exemple à celui de la Coupe du Monde 2006 qui a filé des verrues à la moitié de la population ou celui de 2014 qui m’a déclenché de ces crises d’angoisse). Et bien désormais avec l’Euro à 24, le groupe F sera toujours moche et vous fera sans doute faire des crises d’eczéma. Non seulement ce groupe n’est pas très beau, mais en plus il est particulièrement faible. Le Portugal était déjà la tête de série la moins huppée et bien ajoutons y encore trois équipes qui ne se sont jamais qualifiées pour rien depuis vingt ans et qui avaient largement l’étoffe de figurer dans le chapeau 4. On ne dit pas que l’Autriche et l’Islande sont complètement nulles, par contre la Hongrie oui, mais elles n’ont aucune expérience à ce niveau et pourtant l’une de ces trois au moins sera en huitièmes de finale…