Euro 2016 : les quatre derniers larrons

C’est un peu passé inaperçu étant donné l’actualité ces derniers jours, mais les quatre matchs de barrages pour l’Euro 2016 se sont bien disputés cette dernière semaine. Des matchs qui ont pour la plupart tenu leurs promesses et qui ont offert leur lot d’émotions et de minutes de silence… Au final, la Hongrie, la Suède, l’Irlande et l’Ukraine seront de la fête européenne du football !

Norvège – Hongrie (0-1 ; 1-2)

Cette affiche mettant aux prises deux grands losers du football européen ne pouvait qu’aboutir à la qualification d’un revenant sur la scène internationale. Absents de toute compétition depuis l’Euro 2000, les Norvégiens et leur football souvent dégueulasse font pâle figure depuis plusieurs années. Le constat est encore plus amer pour la Hongrie. Finaliste d’une Coupe du Monde en 1938, meilleure équipe du monde dans les années 50, les Magyars sont devenus complètement nuls dans les années 90. Au point de ne plus se qualifier pour rien depuis 1986.
Lors du match aller à Oslo, les Magyars ont réalisé un braquage parfait. Dominés par une Norvège qui a raté des montagnes, les Hongrois ont justement joué «à la norvégienne» en faisant mouche sur une de leurs trois ruptures de la rencontre. C’est le roux inconnu de Videoton Laszlo Kleinheisler qui a inscrit le seul but de la partie. Profitant d’une faute de main du gardien Nyland, le Paul Scholes hongrois a inscrit son premier but pour sa première sélection. Pas mal, et c’est pas un but contre St-Marin ! Au retour à Budapest, les locaux ont rapidement pris l’avantage sur une superbe frappe de Tamas Priskin. Un but contre son camp de l’attaquant norvégien Markus Henriksen a définitivement scellé le destin des Vikings qui n’iront pas en France l’été prochain, au contraire de la Coupe du Monde 1998 où ils avaient atteint les huitièmes de finale (avec une victoire de prestige contre le Brésil en poules !), même si le même Henriksen marquait dans le bon but quelques minutes plus tard.
Les Norvégiens se sont montrés bien maladroits dans cette double confrontation. On retrouvera donc pour une fois les Magyars dans un grand tournoi cet été. Surtout, on retrouvera Gábor Kiraly et son mythique bas de training gris. L’ancêtre de 39 ans a d’ailleurs fêté sa 100e sélection ce week-end et est redevenu un titulaire indiscutable dans les cages (surtout après sa performance en barrage). On se réjouit de voir à l’Euro un mec qui a un look de quarantenaire célibataire un dimanche après-midi. Une seule question demeure en suspens : est-ce que le bon vieux Gábor aura le courage de porter son training fétiche par 35°C l’été prochain ? On espère bien que oui !

Bosnie-Herzégovine – Irlande (1-1 ; 0-2)

Ce duel s’annonçait extrêmement ouvert entre deux habitués des barrages qui pouvaient potentiellement offrir une opposition de style intéressante. Les coéquipiers de Džeko espéraient surfer sur la vague de leur première participation à un tournoi majeur en enchaînant sur une deuxième qualification historique. L’Irlande, tombée dans un groupe compliqué, a tout de même réussi l’exploit de battre les champions du monde en titre et montré une nouvelle fois ses qualités premières durant les éliminatoires : son fighting spirit un peu cliché mais légendaire.
Si Paris était victime d’un immonde attentat terroriste vendredi soir dernier, la ville de Zenica dans le Nord de la Bosnie était elle aussi victime d’un affreux attentat, mais à la météo. En effet, un brouillard que ne renierait pas un habitant d’Yverdon a tout simplement empêché d’y voir quelque chose en deuxième mi-temps. A ce qu’il paraît les deux équipes se seraient séparées sur un score de parité 1-1. Un résultat qui plaçait l’Irlande dans une position confortable avant de recevoir la Bosnie à Dublin. Une Bosnie qui a franchement déçu dans cette double confrontation. Nerveuse et essayant de se la jouer physique à Dublin, les hommes de Mehmet Baždarevic n’ont jamais réellement semblé être en mesure de renverser la situation. Un doublé de Jonathan Walters prive la Bosnie de sa première participation à un Euro. Bon, il faut dire que même sans ce doublé de Walters, Pjanic et compagnie n’y seraient pas arrivés. L’Irlande participera donc à son deuxième Euro d’affilée.
On espère juste qu’elle sera moins ridicule qu’il y a quatre ans où elle était complètement passée à côté. Cette qualification ridiculise jusqu’au bout l’Ecosse, seule nation des îles britanniques à ne pas s’être qualifié pour l’Euro. La Bosnie peut nourrir des regrets car elle avait sans doute les moyens de passer. Mais elle s’est évertuée à donner des coups et accepter le défi physique lors du match retour, à l’image du méchant Emir Spahic qui aurait dû être expulsé.

Suède – Danemark (2-1 ; 2-2)

Ah un bon vieux derby du hareng ! Un combat entre ces deux peuples du Nord qui ne s’apprécient guère. A vrai dire la seule question qui semblait intéresser les gens à propos de ces barrages était la suivante : «Zlatan participera-t-il à l’Euro en France cet été ?». Tout le monde ou presque semblait espérer secrètement que Zlatan et ses dix coéquipiers anonymes allaient venir à bout du Danemark qui pourtant n’avait rien fait pour mériter ça. Sur le papier cette rencontre s’annonçait comme explosive. On se souvient de la victoire danoise à l’Euro 92 en Suède, du fameux 2-2 de 2004 que nous Italiens considérons toujours comme absolument scandaleux ou encore du match de 2007 où un fan déséquilibré était entré sur le terrain pour agresser l’arbitre, le match avait alors été arrêté. Bref, un match souvent spécial. Personnellement ça me fait toujours bien rire de penser que les Suédois considèrent les Danois comme des «mecs du Sud» fainéants et beaux parleurs. Et qu’au contraire les Danois pensent souvent que les Suédois sont des Nordiques hyper rigides et pas fun du tout, ce qui est bien entendu le cas.
Cette nouvelle édition du derby scandinave a longtemps laissé planer un faux suspense. Car la Suède était semble-t-il bien plus forte mais elle a été coupable de se relâcher par moments. Lors de la première manche, la formation aux trois couronnes largement dominatrice a fait la course en tête dès la mi-temps grâce une réalisation d’Emil Forsberg, l’ancien joueur des Colorado Avalanche. L’inévitable Zlatan double la mise sur pénalty peu après le thé et semble déjà sonner le glas des Danois. Ce n’est qu’en fin de partie que Nicolai Jörgensen inscrit le but de l’espoir, rendant le match retour à Copenhague tout de même ouvert. Trois jours plus tard, les Danois démarrent la rencontre sur les chapeaux de roues et inquiètent sérieusement le vétéran Isaksson. Mais contre le cours du jeu, Zlatan ouvre le score et clôt pratiquement les débats. Un superbe coup-franc de l’idole de la ville du foot qu’est Paris à un quart d’heure de la fin composte le billet suédois pour la France. Le reste n’est que remplissage même si Youssouf Poulsen puis Jannik Vestergaard parviennent à égaliser à 2-2. Bonne réaction mais il est trop tard.
La Suède se qualifie donc pour l’Euro. Zlatan sera de la partie en France cet été et finalement tout le monde est content. Tous les jaunes seront présents à l’Euro, sauf le Kazakhstan et ça c’est quand même plus sympa que les tout rouges danois.

Ukraine – Slovénie (2-0 ; 1-1)

La dernière confrontation de ces barrages opposait deux bonnes vieilles équipes d’Europe de l’Est et n’intéressait par conséquent pas grand monde. Un duel qui avait déjà connu un précédent à ce stade et qui s’annonçait particulièrement disputé. Pour l’Euro 2000, les Slovènes avaient créé la sensation en éliminant Shevchenko et compagnie. Recevant lors du match retour, ce qui est toujours un avantage, les hommes de Katanec pouvaient espérer faire leur retour sur la scène internationale de laquelle ils sont absents depuis un moment. Le constat est sensiblement identique pour l’Ukraine qui ne se qualifie plus sur le terrain depuis 2006 et connaît une barragite chronique. Oui une barragite, autrement dite une maladie consistant à se faire éliminer en barrage.
Le premier acte est sans histoire et l’Ukraine dominatrice inflige un net 2-0 qui aurait allègrement pu se transformer en 3-0 avec un peu plus de réussite et sans un grand Samir Handanovic. Un bon score qui ne suffit toutefois pas réellement à mettre à l’abri les Ukrainiens pour le match retour. Dans une ambiance bouillante à Maribor, la Slovénie ouvre le score par un but caca de Cesar dès les premières minutes. Le match devient alors une véritable bataille rangée. Tacles appuyés, altercations, simulations, provocations, coups de coude et coups de pute, ce match retour est un vrai match de barrage tendu comme on les aime. On se demande encore comment le méchant Bostjan Cesar averti après une minute a pu terminer la rencontre. A quelques reprises Slovènes et Ukrainiens sont proches du deuxième but de la rencontre et il faut notamment un grand Pyatov pour que l’Ukraine maintienne son avantage acquis au match aller. Les sept minutes d’arrêt de jeu sont tendues, Brečko le Slovène masqué est expulsé et sur une rupture à 5 contre 1 de la dernière minute, Yarmolenko qualifie définitivement l’Ukraine.
L’Ukraine est donc le dernier qualifié pour cet Euro 2016 et sa qualification s’est effectuée au terme d’une rencontre presque aussi tendue qu’un Turquie-Suisse (mais quand même pas). Bon alors comme par hasard l’Ukraine se retrouvera dans le chapeau 2 lors du tirage du 12 décembre prochain, dans le même que celui de la Russie…

A propos Olivier Di Lello 141 Articles
...

Commentaires Facebook

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.