Fennec un au revoir ! (piqué à Xavier Lizin)

L’avouerais-je, j’aurais aimé que les Fennecs, dans une geste wagnérienne, viennent à bout de la Mannschaft, qu’elle terrasse les dragons Niebelungien, qu’elle pourfende les teutoniques chevaliers. Non pas tellement parce que je n’aime pas l’équipe d’Allemagne, ni que je cultive, à l’aube d’un alzheimer vorace, les rares souvenirs dont je puisse parler sans me tromper, ni non plus que la Germanie me renvoie à mes pénibles heures de « Rochat-Lohmann » ou de « Wir sprechen deutsch », non, rien de tout cela. Juste parce que ces Algériens me plaisent, parce que Coach Vahid me branche et parce que, dans un Mondial de tacto-technicien, la fraîcheur irrévérencieuse des Africains du nord me ramenait à mes émois enfantins que seule la joie de jouer magnifiait. Las ! Tel ne fut point le cas et c’est tout à ma tristesse que je me mets à la machine pour narrer l’évènement.

1. Le résumé du match.Dans une équipe algérienne assez modifiée relativement à ses précédentes sorties, le complexe semble être un mot inexistant. À peine 9 minutes de jouées que déjà Neuer doit sortir loin de sa cage pour palier aux errances d’une défense prise de vitesse (gonflée la sortie, ceci dit). Cinq minutes plus tard, c’est M’Bohli qui se met en évidence sur une frappe de Schweinsteiger. Voilà un match qui part sur des bases formidables. D’autant que dans l’enchainement, c’est Feghouli qui donne le tournis à Boateng mais, au lieu de mettre en retrait (ç’aurait fait 1-= pour les Fennecs) il préfère se la jouer perso et se rate (Ach ! erste mal) Bref, depuis le début du match, on peut raisonnablement penser que la première grosse surprise de ce WM est en train de se dessiner. Petit à petit, le match s’équilibre et les Allemands se mettent à jouer comme l’Espagne : plein de passes, des shoots de loin mais aucune percussion ou quasi pas. Les Africains, bien regroupés, hyper disciplinés tiennent bon et peuvent s’appuyer sur une M’Bohli en toute grande forme. Tellement même que Goetze, en position idéale après que le portier eut repoussé une première frappe de Kroos (excellent, comme d’hab) est incapable de le battre à deux mètres, M’Bohli, d’une vivacité incroyable, parvenant à faire rempart de son corps. Fin de la première mi-temps : l’Allemagne domine, certes, mais stérilement une Algérie sans complexe, à l’engagement sans faille.
Schürrle a remplacé Goetze pour la deuxième période. Et cette seconde mi-temps débute sur un rythme fou, le ballon allant d’un but à l’autre. Neuer, à nouveau, sort à 40 mètres de ses buts. Décidément, la défense germanique est lente. Très. Trop. Les Français pourraient bien se régaler vendredi (Ach, zweite mal). Je doute que devant les vifs-argents que sont Valbuena, Benzema, Griezmann ou Giroud, les centraux allemands aient vraiment le temps de se retourner. Et l’absence de Hummels se fait sentir (quel magnifique défenseur que celui-là). Encore, sur une nouvelle action allemande, un arrêt fabuleux de M’Bohli qui va chercher une frappe de Lahm dans la lucarne. On sent que les Fennecs commencent à tirer sérieusement la langue mais la volonté supplée le souffle. Neuer, une fois de plus, doit sortir très lin de sa cage, la paire Mertesacker-Boateng étant de nouveau aux fraises. Aux environs de la 80ème, reprise de la tête de Müller et arrêt fantastique de Rais M’Bohli. Punaise ! c’était chaud. Les Allemands, en cette fin de seconde mi-temps, semblent vraiment proches de s’imposer mais les Algériens sont étonnants de lucidité et d’engagement. Même si les occasions sont partagées sur l’ensemble du match, les Germains, indubitablement, mènent aux points.
La prolongation n’est vieille que de deux minutes quand, sur un centre de Müller qui s’est arraché sur la gauche, Schürrle met enfin ce premier but. Suprême injure : c’est presque une Madjer ! Touchés moralement, les Fennecs le sont aussi physiquement : les crampes se multiplient et Halliche, remarquable jusque là, doit céder sa place à Boughera. Occasion d’égaliser pour Mostefa, trop sur la droite du but de Neuer. Et Slimani de s’échapper mais il est tellement « cuit » que Boateng le reprend facilement et, sur l’action à suivre, Özil, pas très heureux jusque à, plante le 2 – 0, reprenant un shoot de Schürrle repoussé sur la ligne par je ne me souviens plus qui. Les carottes sont cuites : les Fennecs ne reviendront pas. Bien que : sur l’engagement, ou presque, Djabou met le 2-1. Encore une chance pour Boughera mais Neuer est grand. Fin du match. D’un grand match qui a plus valu par son côté émotionnel et un peu débridé par instants que par la qualité de son football mais tous les ingrédients de la tragédie grecque y figuraient donc, ON NE S’EST PAS ENCRASSÉ UNE SECONDE !
2. L’homme du match.
Il y en aurait des tas à citer mais je me contenterai d’en nommer trois : M’Bohli qui, à lui seul, a retardé l’échéance et tenu son équipe dans le match. Müller, infatigable travailleur qui, lorsqu’il ne marque pas, fait marquer les autres et qui reste un poison permanent pour les défenses. Et puis, et surtout, Phiipp Lahm : transformé en milieu de terrain, il est partout, distille des trésors de passes tous azimuts, récupère un nombre de ballons incroyable, attaque, défend et, le tout, avec une correction presque jamais mise en défaut (son carton jaune pour avoir voulu arracher le slip d’un adversaire est plus que justifié).
3. La buse du match.
Ben non ! j’en trouve pô ! je ne vais pas en inventer une juste pour tenir le squelette artical imposé par le rédenchef de Redcartoon, squelette par ailleurs hautement discutable mais jamais discuté. Alors, tapant du pied par terre pour revendiquer mon droit fondamental à ma liberté scripturale, je n’entrerai pas dans un débat dialectiquement chiant à mourir pour la justifier, cette liberté. Si je vous dis qu’y pas d’ buse : y a pas d’buse. C’est clair ? Ou alors, Buse l’éclair. Ça va comme ça ?

4. Le tournant du match.
La reprise du jeu en prolongation. Malgré, ou en raison de,  un travail de motivation incroyable (du moins, à la télé, cela semblait être le cas) Coach Vahid a renvoyé sur le terrain une équipe fatiguée ( on l’eut été à moins) et déconcentrée. Sans cela, jamais, selon moi, le but de Schürrle n’aurait été marqué après deux minutes seulement. Ensuite….
5. Le geste technique du match.
Il y en a eu tellement qu’il est difficile d’en choisir un en particulier mais les arrêts de M’Bohli, les sorties de Neuer (il est fou, ce mec : on aurait dit Richard Sirois quand il était portier du LHC et qu’il se promenait à la ligne rouge) et le but de Schürrle (même si sa madjer est un chtipoil boleuse) méritent une mention spéciale.
6. Le geste pourri du match.
Vus allez sans doute dire que je me la joue à la retirette mais pas plus que de buse, je n’ai vu de geste pourri. Peut-être le tirage de caleçon de Lahm et encore. Rien de méchant, des adversaires qui semblaient respectueux les uns des autres, peu ou pas de simulation ridicules de piscinistes (merci Pablo Iglesias). Donc (voir ci-dessus « la Buse… », noch einmal werde Ich nicht in matière einkommen über solche ein Thema. En fait, le geste pourri du match, c’est d’essayer d’écrire en Schnöck dans Carton Rouge. Voilà. Quand on cherche bien, hein !
7. Ce match m’a fait penser à…
…c’est vrai, j’ai pensé. Ce qui prouve à tous les allergiques au foot et qui, poncifs aidant, traitent l’ensemble des habitants de la planète Ballonron (la troisième à gauche en sortant d’Alpha du Centaure) de minus habens, d’hydrocéphale mongoloïde au QI de méduse anorexique ou, plus simplement, de boffios mâtinés de débiles, que OUI, un match peut faire penser. Et même causer. Voire écrire. Et puis le foot, c’est comme les paysans : tous les deux ont détracteurs.
8. L’anecdote.
Je bavardais avec une douce amie à la belgitude avérée. Qui, dans un sourire béat, vante le résultat de son équipe nationale laquelle venait de gagner 5-0 contre un adversaire manifestement dépressif. « 5-0 », l’interrogeai-je ? « 5-0 » m’affirma-t-elle. « Mais, ajoutai-je, elle n’a gagné e match que 1-0 ». Silence déçu de mon interlocutrice. Et soudain, le flash. « Ecoute, lui dis-je, tu sais qu’après chaque but, il y a au moins cinq ralentis ? ». Nous ne nous parlons plus.
9. Le tweet à la con.
#CDM2014 : « En période de ramadan, coach Vahid s’est fait appeler Halalodzic »
10. La rétrospective du prochain match.
France – Allemagne : 3-3. France qualifiée aux tirs au but 4-3. Passke ! 1982 aussi.

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5 Commentaires

  1. Pour le geste pourri du match, on peut quand même citer la plus que foireuse et limite ridicule combinaison allemande sur coup franc…

  2. Alors là, BRAVO !!!

    Il y a longtemps que je n’avais pas ri d’aussi bon coeur, « détracteurs », « 5-0 », « Halalodzic » …

    Merci Monsieur Maréchal !

  3. En parlant des détracteurs du foot, un homme sage dont je tairai le nom m’a dit un jour « ceux qui n’aiment pas le foot sont juste des rageux qui n’ont pas compris la règle du hors-jeu ». A méditer !

    Sinon, c’est vrai que la combinaison de Muller et Kroos était vraiment ridicule. Et, s’il fallait vraiment citer une buse, j’aurais mis Boateng pour sa lenteur digne d’un défenseur lausannois à l’automne 2013

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