Genève-Servette 2011-2012 : le bilan de la saison

Entre les défaites, les blessures à répétition, et la non qualification pour les play-offs, les Aigles du bout du lac ont connu une saison plutôt noire. Mais heureusement tout n’est pas à jeter et l’avenir s’annonce des plus radieux. Au tour de CartonRouge.ch de dresser un bilan de la saison 2011-2012 du Genève-Servette HC !

En ne parvenant pas à accrocher le wagon des play-offs, Genève-Servette a indéniablement manqué sa saison 2011-2012. Du coup, tout le monde se lamente et remet tout en question. Pourtant, il ne fait absolument aucun doute que Chris McSorley est toujours l’homme de la situation et exiger son départ est tout à fait ridicule. Si, il y a quelques années, on pouvait à juste titre redouter que l’accumulation de casquettes nuise à l’implication de l’Ontarien en tant que coach, le lent mais sûr développement de l’administration GSHC lui donne de plus en plus de temps pour se concentrer uniquement sur ce qui se passe sur la glace. Année après année le coach fait son job et exige de son équipe qu’elle applique un système de jeu qui, aussi décrié soit-il, a largement fait ses preuves. Cependant, si on compare les effectifs des différentes équipes de LNA, le Genève-Servette version 2011-2012 n’était, sur le papier du moins, qu’un honnête candidat à la 6-7e place. Finir sous la barre est certes décevant, mais de là à parler de saison catastrophique, il y a un pas qu’il vaut mieux ne pas franchir.Il n’empêche qu’au vu de l’excellente fin de tour qualificatif des boys de McSorley, il y a de quoi nourrir une déception certaine. Ce dernier a ainsi déclaré n’avoir «jamais vécu une saison aussi difficile». Un euphémisme pour un coach n’ayant pas hésité à affirmer posséder la meilleure équipe jamais constituée sous son règne et qui donc, en toute logique, se devait de décrocher le titre après avoir échoué deux fois en finale dans un passé récent. Du côté des journalistes, tout autre son de cloche puisque, en substance, la campagne de transferts a été ratée et l’équipe surestimée par un entraîneur-directeur sportif-actionnaire clairement plus à la hauteur de sa tâche. Ce à quoi le principal intéressé rétorque que ces journaleux n’y connaissent rien et que tout est la faute des blessés mais surtout pas de lui. Bref, un dialogue de sourd qui n’avance à rien, car la vérité est ailleurs.

Une cascade de blessés : oui, mais…

Il est évident que le GSHC a dû composer avec une impressionnante cascade de blessés et qu’un peu moins de poisse à ce niveau lui aurait certainement permis de grappiller ces deux misérables points qui lui manquaient pour accrocher la huitième place de la saison régulière. Mais peut-on simplement blâmer la Providence pour ce qui ne serait qu’un malheureux coup du sort ? Devons-nous simplement nous résoudre à multiplier les prières pour que les dieux nous soient plus cléments la saison prochaine ? Certainement pas. S’il y a indéniablement une part d’incontrôlable dans l’apparition et la non apparition de blessures, ce n’est pas non plus un scoop d’affirmer que l’on peut minimiser ce genre de désagréments par une préparation d’avant-saison adaptée. Or tout porte à croire que rien n’a été parfait à ce propos, et le niveau de jeu affligeant affiché par l’équipe en début de saison en fut symptomatique. Telle la maison qui s’écroule sur des fondations instables, une préparation manifestement ratée a fragilisé tout le groupe, ce qui a certainement eu d’importantes répercussions sur l’état physique des joueurs.
Je n’ai pas la prétention de pouvoir dire ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire durant cette préparation estivale pour que les choses tournent mieux. Par contre, j’aimerais souligner l’importance d’un domaine dont on a peu parlé et qui me semble pourtant à la base de pas mal de difficultés rencontrées par les joueurs cette saison : l’aspect psychologique. Des études en psychologie du sport ont en effet montré qu’une fragilité mentale – exprimée par le stress, une perte de confiance en soi ou encore des difficultés à se concentrer sur l’objectif – pouvait avoir des conséquences négatives sur l’aspect physique. En d’autres termes, si ça va pas dans la tête, le risque de blessure augmente.
Or, de manière très générale, on peut émettre quelques doutes sur l’efficacité avec laquelle le duo McSorley-Matte a géré la psychologie du groupe, comme en témoigne la gestion catastrophique du cas Noah Schneeberger. A l’image de joueurs qui ont trop souvent donné l’impression d’avoir perdu cette fameuse capacité à mettre une pression d’enfer lors des matches disputés à domicile, Genève-Servette n’a su que trop rarement relever un défi physique qui était pourtant devenu sa marque de fabrique. De même, les Grenat n’ont pas répondu présent pendant les moments cruciaux de la saison : lors des confrontations avec Bienne, leur principal adversaire direct, lors des deux dernières journées de la saison régulière qui devaient leur assurer une place en play-off, mais aussi bien sûr lors de la série de play-out contre Rapperswil. Bref, les Aigles ont paru inhabituellement fébriles en plusieurs circonstances et n’ont pas semblé posséder toutes les ressources psychologiques nécessaires pour franchir les écueils les plus fous. Si cette fébrilité n’explique évidemment pas à elle seule tous les pépins physiques dont ont été victimes les joueurs, elle n’a certainement pas non plus aidé au renforcement de leurs organismes.
McSorley n’a évidemment pas tort de pointer du doigt les nombreuses blessures qui ont touché ses joueurs. Néanmoins, son obstination à en faire l’unique raison de la déroute du club est aussi regrettable que l’est son refus complet de se remettre un tant soi peu en question. En plus des doutes sur la préparation estivale, il passe ainsi sous silence d’autres problèmes potentiels qui pourraient également expliquer les mauvais résultats, comme l’incapacité des joueurs non blessés – qui du coup ont eu plus de temps de jeu – à passer un cap ou les difficultés des jeunes joueurs à justifier les espoirs placés en eux.

On s’est quand même bien marré

Heureusement, tout n’a pas été complètement négatif non plus. Malgré les détracteurs, les cinq étrangers ont fini par répondre présent et McSorley serait bien inspiré de les garder pour la saison prochaine. Côté suisse, Stephan a été indescriptible, Simek a enfin joué à son vrai niveau, Friedli s’est bien battu et Schneeberger a finalement quand même griffé un peu la glace. Et puis il faut bien dire que la saison a été passionnante pour les supporters genevois de la fin du mois d’octobre jusqu’à la toute dernière journée. On y a cru jusqu’au bout, le McSorley’s Pub était plein à tous les matches, on a bu plein de canettes : bref, on s’est bien marré ! En plus, le public a vraiment répondu présent malgré l’absence de bons résultats, ce qui a quand même cloué le bec à pas mal de Romands qui ne voient dans les fans grenat que de vulgaires supporters opportunistes. Enfin, et même si c’est vraiment dommage pour les derbys, on ne peut pas non plus parler de saison complètement ratée alors que le LHC a été encore plus ridicule que nous cette année.
Donc une déception certes, mais finalement atténuée par une vraie lueur d’espoir puisque l’équipe a enfin trouvé le moyen d’éviter à tout jamais que pareilles mésaventures se reproduisent. En effet, et malgré toute la foi et le respect que j’ai en McSorley et en son travail, la seule véritable raison de notre sauvetage a été le pèlerinage des joueurs à Chamonix juste avant la série finale contre Ambrì. La découverte d’une nouvelle Terre sainte pour le hockey est une bénédiction puisqu’il suffira désormais de s’y rendre avant chaque match pour s’assurer la victoire. En plus de tordre le cou à ces nutritionnistes de pacotille qui osaient encore affirmer, malgré l’absence de preuves scientifiques, qu’une fondue et quelques bouteilles de blanc étaient mal adaptées au régime alimentaire de sportifs de haut niveau, il ne fait plus guère de doute que le titre ne pourra pas échapper aux Aigles la saison prochaine puisque, contrairement à Davos ou Lugano, les Grenat pourront facilement se rendre en France voisine avant chaque échéance importante. C’est donc sur cette excellente nouvelle que je prends congé de vous et vous dis à l’année prochaine pour – cette fois c’est sûr – la saison du titre tant attendu !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Marc Baertschi

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3 Commentaires

  1. Bon article et juste. La horde de blessés est un facteur de cette saison moisie, mais il faudrait que mcsorley se remette un peu en question…Certain de ses choix tactiques, certains rôles dans l’équipe sont discutables.
    Après cette putain de saison de transition merdique et poisseuse, j’ai un bon sentiment pour la saison prochaine…

  2. Joli bilan !

    C’est vrai que vous avez été moins ridicules que nous… Ah ce qu’un McSorley ferait du bien à Malley ! On serait déjà en Ligue A depuis 3 ans…

  3. La saison a certes été manquée, mais qu’attendre de la prochaine avec les départs de Rubin et Trachsler, deux joueurs importants de l’effectif ? Recruter encore en Ligue B pour jouer le titre ? Comme chaque année, McSorley va devoir faire de miracles avec un effectif de bas de classement. Et quid de Salmalainen, complètement essoré par le système de Chris ?

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