Gillette s’en sort excel(lemment bien)

Voici le premier volet d’une mini-série sur les sports US qui s’étendra sporadiquement jusqu’à l’été 2015, CartonRouge.ch étant représenté jusque-là au pays de l’Oncle Sam. Dans leur Gillette Stadium, et même s’il ne faut pas vendre la peau douce avant de l’avoir tuée, le New England Revolution ne se faisaient pas de cheveux gris avant le match retour de la demi-finale de la Conférence Est.

Après sa défaite 4 à 2 à la maison lors du match aller, c’est bien le Colombus Crew qui devait aller faire la révolution à Foxborough pour atteindre la finale de la Conférence Est. Le problème est que, tout comme Christophe Colomb qu’il honore indirectement, le Crew était plutôt à l’Ouest. Entre maladresses offensives, égarements défensifs, et parades remarquables de Shuttleworth, il devenait difficile d’espérer rejoindre la terre ferme. La noyade fut consommée lorsque le virevoltant Nguyen profita des étourdissements adverses pour conclure peu avant l’heure du Coca…

Les Revs ont ainsi pu finir le match en roue libre, en achevant un Crew sanctionné de deux expulsions, et en économisant quelques minutes de jeu à ses trois meilleurs éléments : Nguyen, Jones, puis Gonçalves. L’ancien Thounois, Saint-Gallois et Sédunois a passé une nouvelle soirée de gala : capitaine, vainqueur et même buteur sur contre-attaque! Ceci confirme une nouvelle fois son aura, récompensée du titre de meilleur défenseur de la MLS lors de la saison précédente (sans rater une seule minute de jeu !). Il faut dire que l’environnement paraît plus propice à l’épanouissement personnel qu’à Heart of Midlothian et son douteux propriétaire Vladimir Romanov ou qu’en Valais (cf. Tintin et l’affaire des transferts interdits).

Les deux faces du burger

L’expérience d’un match de play-off de la MLS laisse quelque peu partagé. D’un côté, plus de 20’000 spectateurs, quelques internationaux plus ou moins confirmés (Jermaine Jones, Lee Nguyen, Jairo Arrieta – CRC,…), des buts, une ambiance décevante en bien à l’extérieur du stade (grillades et jeux entre les voitures étendues à perte de vue, gamins tapant le cuir sur le bitume), un match pas rasoir pour un sou… Le revers du burger est toutefois le sentiment de ne pas vivre un moment de communion intense, de n’être qu’une masse anonyme de fans du ballon rond dans un environnement qui n’est pas vraiment fait pour lui. La Nouvelle-Angleterre n’est pas encore la vieille du point de vue des émotions dégagées. Un peu comme si on avait remplacé les pubs alentours par des arcades commerciales, le quartier ouvrier par une zone commerciale terne et sans âme, et le stade fermé et bouillonnant par un grand «bowl» destiné avant tout au foot US…

C’est que le ballon rond n’arrive pas encore à faire mousser les grandes foules sportives états-uniennes. Les affluences sont comparables à celles de la NBA et de la NHL, mais celles-ci affichent davantage d’équipes et des sésames bien plus chers et difficiles à obtenir. Le Gillette Stadium est ainsi volontairement bridé à moins du tiers de sa capacité quand il ne s’agit pas de foot américain, auquel cas plus de 68’000 billets par match sont vendus en quelques heures en début de saison ! Avec 20’184 spectateurs (chiffre finalement à peine supérieur à la moyenne de la ligue), le record pour un match de play-off des Revs aura quand même été battu, mais on se retrouve quand même avec la moitié des stands au rideau baissé ; comme la panachée, ce n’est pas la panacée pour l’ambiance… Et on a beau essayer de faire appel aux souvenirs de la révolution (qui avait démarré en Nouvelle-Angleterre), l’illusion d’une longue tradition n’est pas parfaite ; car même si les Revs et le Crew font partie des clubs historiques de la MLS, cela ne remonte qu’à 96… 1996 donc ! C’était alors la renaissance d’une ligue pro nord-américaine, qui faisait suite à l’extinction de la North American Soccer League (1968-1984).
Les embouteillages autour du stade laissaient espérer la foule des grands soirs, mais tout compte fait, ils semblent prosaïquement s’expliquer par l’ahurissante absence de transports publics à destination du stade (à moins qu’il y ait un bus très bien caché et mentionné ni sur le site du club, ni sur celui du stade…). Certains fans venant de Boston, dont le centre se trouve à une trentaine de kilomètres, s’organisent apparemment entre eux pour affréter un bus…

Du taureau pour Thanksgiving

Quatre fois champions de leur conférence, mais à chaque fois vaincus en finale de la ligue (ce qui n’est pas sans rappeler le GSHC), les Revs peuvent y croire cette année (contrairement au GSHC) : ils viennent d’éliminer aisément un adversaire qui les avait battus lors des deux rencontres de la saison régulière et, surtout, ont remporté 11 de leurs 13 derniers matchs !
Les NY Red Bulls de Thierry Henry, Peguy Luyindula, Tim Cahill et consorts seront donc attendus de pied ferme pendant la période de Thanksgiving, la trêve internationale interrompant curieusement les play-off. Les Revs entendront alors bien remplacer, au festin, la traditionnelle dinde par un taureau ailé…
Extraits du match: http://matchcenter.mlssoccer.com/matchcenter/2014-11-09-new-england-revolution-vs-columbus-crew/recap

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1 Commentaire

  1. Merci pour ce reportage, j’ai passé trois ans à Boston jusqu’à tout récemment et c’est toujours sympa de se remémorer des souvenirs!

    Une petite anecdote concernant l’incroyable manque de transports publics: pour les matches de foot américain (je ne sais pas si c’est le cas pour le « soccer » il y a un train spécial au départ de Boston (compter une bonne heure de trajet). Ce qui m’avait vraiment impressionné c’est que ce train doit transporter dans les 800-1000 personnes… supporters des deux équipes! Eh oui! Mélangés! Et tout ça se passe dans une ambiance bon enfant et ça chambre un peu mais je n’y ai pas vu de bagarres (même au trajet du retour) ni de déprédation ni de caillassage de gares en chemin (bon il n’y en a pas beaucoup)… J’avais trouvé ça incroyable par rapport à ce qu’on connaît en Europe par rapport au transport de « supporters » chaque week-end!

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