Halliche au pays des merveilles

Après quatre tentatives avortées, l’Algérie tient finalement sa revanche germanique pour venir enfin venger l’affront de Gijón et son pathétique match RFA-Autriche. Ayant tout juste saccagé les plans d’attaques crimeo-russes, les Algériens vont-ils faire flamber la poudrière allemande ou n’est-ce qu’un mirage. Attention, show devant.

1. Le résumé. Après quelques déblayages nord-sahariens en série, les joueurs russes prirent rapidement l’emprise sur les Fennecs grâce à une désopilante tête de Kokorin. Peu saignants (à part peut-être Feghouli et son bandeau à la McEnroe), les Algériens mirent une bonne demi-heure à s’en remettre, tout en essuyant quelques frayeurs à la suite de slaloms spéciaux de l’habile Shatov dans une défense africaine en papier. Dès la reprise, une tempête de sable orchestrée par Samedov manqua de justesse sa cible mais eut le mérite de secouer les coéquipiers de Medjani. Et pile à l’heure de jeu, l’attaquant du Sporting Slimani vint rappeler à Capello qu’il devra partir urgemment à la recherche d’un Buffon russe s’il espère faire des merveilles avec la Sbornaya pour leur chère CM 2018. La messe était dite, les Russes, trop orthodoxes, restèrent assez silencieux après l’égalisation de Slimani et l’Algérie alla prier Allah. Logique après tout.
2. L’homme du match.
Alors que les Algériens brouillons s’égaraient dans le souk mis en place maladroitement par Halilhodzic, l’imprononçable Abdelmoumene Djabou alla chiper d’un râteau à l’envers un ballon fortement hypothéqué dans les pieds nickelés de Kozlov. Le coup franc qui s’en suivit rentrera certainement dans l’histoire du foot algérien ainsi que dans les annales des assurances incendies de la Métropole.  D’ailleurs, comme disait Emiliano Zapata «Mieux vaut mourir Djabou que de vivre à genoux».
3. La buse du match.
Akinfeev avait promis qu’on ne l’y reprendrait plus après son tour de main faces aux désespérants Coréens. Toutefois, le gardien du CSKA s’est à nouveau couvert de gloire en partant à la chasse aux mouches sur le coup de tête gagnant de Slimani. Certes, le laser débile manipulé par un mononeuronal supporter algérien (amis du pléonasme, bonsoir) pour gêner Akinfeev n’a forcément pas aidé le gardien russe, mais était-ce une raison de sortir dans le vide, en vert et contre tous ?  

4. Le tournant du match.
Le magistral loupé de Samedov ou plutôt le superbe arrêt de M’Bolhi qui sortit de sa cage tel un ours affamé à la vue d’un alléchant fennec (à moins que ce soit le contraire). Si l’attaquant russe avait concrétisé son occasion durant cette fameuse 47ème minute, le 2-0 aurait certainement été insurmontable pour la bande à Vahid. Oui, mais si…
5. Le geste technique du match.
La magnifique but de la tête de Kokarin sur le non moins superbe centre de Kombarov. Si vous aviez mieux à faire hier soir, imaginez que l’attaquant russe a mis sa tête là où le ballon de Shaqiri avait fini sur son premier but contre le Honduras. Et, tout ça également après 6 minutes de jeu où des hommes en rouge marquent contre des armoires en blanc… coïncidence, vraiment ? 
6. Le geste pourri du match.
Le débardeur rouge pétant de Capello recouvrant un vieux maillot bleu, recyclé de la Squadra Azzurra. Il manquait qu’une cravate jaune et on aurait dit qu’il sortait droit de l’école de cirque de Dimitri. Notez que Wilmots pourrait être intéressé à revêtir cette chasuble afin d’éviter un nouveau clash de couleur avec le maillot adverse. Un seul vainqueur ce soir: eBay. 
7. Ce match m’a fait penser à…
A la Cage aux Folles. Avec les nombreux ceinturages virils, les lasers verdoyants pour mettre de l’ambiance sur ce cabaret vert géant et les nombreuses femmes à barbes dans les gradins agités de Curitiba, il ne manquait plus qu’Albin et Renato et on s’y serait presque cru. 
8. L’anecdote.
En 619 matchs en tant que coach d’une équipe de club ou nationale, Fabio Capello en a perdu que 88, soit 14%. Une statistique qui n’aura pas convaincu toute la Twittosphere….pour preuve : «Si Capello annonce sa démission ce soir, cette Coupe du Monde aura au moins servi à quelque chose !» 
9. Les tweets à la con.
#CM14 : – Ca sent roussi là pour l’Algérie, tu penses pas ?
– Euh non, là  l’odeur du brulé, c’est ta bagnole qui flambe  #ManuelVals
#CM2014 : ont part bruler la Tour Haiffel, car les Ruces sè des batar  #SOSRacistes 
10. La rétrospective du prochain match.
Suite à leur déconvenue face aux désertiques Algériens, Capello part prudent dans la campagne éliminatoire pour l’Euro 2016. Le tacticien italien met en place un dispositif dit du «Torino 1983» incluant 7 défenseurs et 3 milieux défensifs pour faire exploser le Liechtenstein. Akinfeev bien remis de son bref passage au goulag de Vladivostok inscrit le seul but du match sur un long dégagement dans le temps additionnel.
Les hommes de Vahid s’effondrent en 8ème de finale face aux Germains qui sont encore tout vexés que ces outrecuidants d’Algériens se soient octroyés le surnom de Fennecs. Car pour eux qui connaissent l’histoire de l’ancien Reich, Rommel reste le seul et unique renard des déserts. Thomas Müller profite pour marquer son cinquième buts du tournoi et célèbre comme il se doit: il a un rictus de la narine droite. Le buteur allemand regagne ensuite son camp tout en bottant les fesses de Boateng qui tentait d’égayer son équipe d’un petit pas de danse ghanéen.