Heimsieg in Freiburg

Freiburg, cela représente le déplacement le plus court de notre saison de Bundesliga mais dimanche c’était déjà presque trop long pour assister à un pâle Freiburg–Dortmund. On ne retiendra que le temps idyllique, l’ambiance passionnée, le but de Sebastian Kehl et les trois points.

Parfois, les hasards du calendrier font bien les choses et c’était triplement le cas de ce Freiburg–Dortmund dominical. Premièrement, après une série de déplacements dans le nord de l’Allemagne et l’Europe, unser Borussia retrouvait une destination un peu plus méridionale. Et contrairement aux derniers Freiburg–Dortmund, tous placés en fin d’automne, le Dreisamtstadion, situé au pied des premiers contreforts de la Forêt Noire, n’est pas baigné par le brouillard, la neige ou une pluie glaciale mais inondé par un généreux soleil printanier. Sonntagspiel et voiture obligent, je n’ai malheureusement pas pu honorer quelques sympathiques Biergarten ensoleillés comme ils l’auraient mérité mais mon camarade de route s’est engagé à boire pour moi et s’est attelé à cette tâche avec un zèle remarquable. Cela fait toujours plaisir de pouvoir compter sur les amis.

Deuxièmement, la programmation du match le dimanche m’a permis de pleinement profiter du meilleur repas de soutien du week-end, je peux bien sûr parler de celui du FC Bercher vendredi et non de la choucroute confidentielle qui émoustille tant Le Matin bien qu’elle n’arrive pas à attirer plus de monde pour aller se saouler au chaud que pour assister à un match misérable au froid, alors que n’importe quel repas de soutien dans le Gros-de-Vaud attire trois fois plus monde qu’un match de l’équipe fanion locale.
Troisièmement, cette rencontre m’aura au moins permis de vibrer pour un succès de mon équipe favorite à Fribourg cette semaine. Historiquement, j’aurai dû m’enflammer pour la victoire du LHC qualificative pour les play-off à Saint-Léonard mais la passion ne se commande pas et, en ce moment, malgré le comportement remarquable de l’équipe, mon encéphalogramme pour le jouet de Weibel et Quennec demeure désespérément plat ; c’est donc d’un œil distrait et lointain que j’ai suivi ce succès historique. Triste, comme j’ai récemment eu l’occasion de le déclarer sur la RTS. Laquelle a tout de même dépêché cinq personnes pour m’interroger pendant trois heures dans mon bureau transformé en studio d’enregistrement, pour ne garder au final qu’une minute au montage. Et après, on s’étonne du coût de la redevance…    

Freiburg en péril

Disons deux mots du SC Freiburg. Révélations du dernier championnat avec une étonnante cinquième place après avoir rêvé de Ligue des Champions jusqu’à l’ultime journée, les Breisgauer connaissent des lendemains qui déchantent. Affaibli par quelques départs non compensés (Makiadi, Rosenthal, Flum, Caligiuri et surtout Kruse), Freiburg découvre à quel point la hiérarchie est mouvante en Bundesliga et retrouve des places en fin de classement plus en rapport avec son budget lilliputien. A l’équipe euphorique de la saison dernière à qui tout réussissait a succédé une formation plombée par un manque de réussite et d’efficacité. Toutefois, à Freiburg, on est conscient des limites du contingent et l’on garde la tête froide : porté aux nues au printemps dernier, l’entraîneur Christian Streich n’est pas devenu le dernier des incompétents en quelques mois et il conserve la pleine confiance de ses dirigeants. Ce SCF-là est d’ailleurs loin d’être moribond : il est, avec Leverkusen, la seule formation à avoir piqué des points au Bayern Munich en Buli cette saison, il faut simplement que, comme dirait Frank Ribéry, la routourne tourne. De toute façon, tant que le club devra composer avec un stade certes chaleureux mais vétuste, minuscule et peu rentable, le maintien dans l’élite tiendra du miracle permanent, en s’appuyant notamment sur l’un des meilleurs secteur juniors du pays. Il faudra encore faire le gros dos pendant quelques saisons car l’emplacement de la future enceinte de 35’000 places en gestation vient tout juste d’être choisi.

 

Le cap de la cinquantaine

Avec les blessures de Marvin Ducksch, Robert Lewandowski et Marco Reus, le BVB vient de dépasser le cap des cinquante blessures cette saison. Et pour faciliter les choses, les défections touchent généralement simultanément des joueurs évoluant aux mêmes postes. Après les pénuries de latéraux, de milieux défensifs et de défenseurs centraux, c’est au tour de la pointe de l’attaque d’être décimée : on se réjouit déjà du télescopage qui laissera les deux gardiens titulaires sur le flanc. Au-delà des absences, le BVB fonctionne sur courant alternatif cette saison et on se rend rapidement compte que le Borussia est dans un mauvais jour. Enfin, on le devine parce que le Gästeblock, c’est très sympa, surtout que le peuple jaune (et vert fluo pour le tricot Weidenfeller de ton serviteur) est venu en masse et que l’ambiance est bouillante. Mais, quand tu te retrouves derrières les drapeaux des ultras, tu n’aperçois plus que quelques portions congrues du terrain. On distingue toutefois que Christian Streich a troqué son habituel 4-2-3-1 pour un 4-4-2. Si le BVB reste sur sept victoires de rang contre Freiburg, lors de tous ces derniers déplacements sur les rives de la Dreisam, il avait été fortement chahuté en début de partie par le pressing fribourgeois. Cette fois-ci, en revanche, les Breisgauer débutent de manière beaucoup plus posée et la rencontre démarre sur un rythme de sénateur.  

Le coup de pouce de l’arbitre

Néanmoins, devant l’inanité du jeu dortmundois, Freiburg va s’enhardir et prendre le match, le 500e de son histoire en Bundesliga, en main. Mais, comme souvent cette saison, si cela circule bien jusqu’à vingt mètres du but, cela manque cruellement de percussion et de précision en phase terminale. Admir Mehmedi ne réalise pas une mauvaise saison et se montre bien plus concerné qu’en équipe nationale quelques jours plus tôt mais il est quand même un peu léger comme attaquant numéro 1 d’un club de Buli. La domination fribourgeoise ne débouche donc que sur quelques escarmouches. La seule vraie alerte pour le BVB interviendra peu avant la mi-temps lorsque Sokratis ramasse Zulechner qui partait seul au goal. L’arbitre a eu quelques doutes sur la faute et n’ose pas prendre ses responsabilités, se contentant de couper la poire en deux avec un coup-franc et un carton jaune pour le défenseur dortmundois, s’attirant l’ire des deux entraîneurs les plus véhéments de Bundesliga. Dortmund était donc plutôt chanceux d’atteindre la pause sur une parité, tant au score qu’au nombre de joueurs sur le terrain.

Le chef d’œuvre de Kehl

Jürgen Klopp avait manifestement des choses à dire après cette triste première mi-temps car les Pöhler reviennent sur la pelouse plusieurs minutes après leurs adversaires. Le message a dû passer car on entrevoit un Borussia plus conquérant, avec deux premières occasions pour Julian Schieber. Ce n’est donc pas totalement contre le cours du jeu que le BVB va ouvrir le score sur un but venu de nulle part, un lob magnifique des vingt-cinq mètres de Sebastian Kehl. Cela fait tellement longtemps qu’il évolue à Dortmund qu’on a l’impression que le capitaine emblématique au Borussia n’a jamais connu d’autres clubs mais on n’oubliera pas qu’avant de débarquer dans la Ruhr, c’est à Freiburg qu’il s’était révélé. C’était entre 2000 et 2002.
On pensait que ce but allait lancer le BVB mais non : celui-ci s’est remis à ronronner sous le soleil de Breisgau et est resté sous la menace fribourgeoise jusqu’au bout après qu’Hofmann, Mkhitaryan et Aubameyang eurent raté l’immanquable en contre. Mais à part un solo d’Admir Mehmedi ponctué d’une frappe de Gelson Fernandes en direction des sapins de la Forêt Noire, Freiburg ne se créera guère d’occasions d’égaliser.   

Le record de Jürgen Klopp

Au final, ce succès peu convaincant permet au BVB de renforcer sa deuxième place au classement, un peu malgré lui, surtout grâce à l’effondrement de la concurrence. Et permet à Jürgen Klopp de distancer Ottmar Hitfzeld au nombre de victoires en Bundesliga à la tête du Borussia : 113 contre 111. Et il avait fallu 207 matchs à Gottmar pour atteindre ses 111 succès contre seulement 192 à Kloppo. Il ne reste plus qu’une petite formalité à accomplir à l’actuel entraîneur dortmundois pour surpasser son illustre prédécesseur dans la Légende du club : gagner la Ligue des Champions. Le nombre de blessés et la qualité du jeu présenté à Freiburg ne nous poussent pas à un optimisme béat pour que cela arrive en mai prochain…

Freiburg lui a disputé un match assez allégorique de sa saison, sans démériter mais en repartant les mains vides. Par manque de chance, de réalisme, de percussion mais aussi de talent. Il va falloir que les Breisgauer parviennent à rapidement tourner le commutateur du mode «défaite honorable» à celui de «victoire à l’arraché», sous peine de quitter la Bundesliga en fin de saison. Ce qui serait fort dommage : on y tient à notre Heimspiel (et –Sieg) in Freiburg, ne serait-ce que, pour une fois dans la saison, en voyant l’armada de cars au sortir du stade qui s’apprêtent à rejoindre la Ruhr cinq cent kilomètres plus loin, pour pouvoir se dire qu’on sera à la maison avant tout les autres supporters dortmundois. Du moins pour celui d’entre nous qui ne s’est pas arrêté aux Brandons de Payerne sur le chemin du retour, je ne réponds pas pour mon camarade.

SC Freiburg – Borussia Dortmund 0-1 (0-0)

Mage Solar Stadion, 24’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Gagelmann.
But : 58e Kehl (0-1).
Freiburg: Baumann; Sorg, Krmas, Ginter, Günter; Schmid, Schuster (76e Coquelin), Fernandes, Darida (66e Kerk); Zulechner (70e Klaus), Mehmedi.
Dortmund: Weidenfeller ; Piszczek, Papastathopoulos, Hummels, Schmelzer; Kehl, Sahin (63e Kirch); Aubameyang, Mkhitaryan (93e Friedrich), Grosskreutz; Schieber (74e Hofmann).
Cartons jaunes: 24e Fernandes, 33e Mkhitaryan, 43e Papastathopoulos.
Notes: Freiburg sans Freis, Hedenstad, Pilar ni Terrazzino (blessés), Dortmund sans Subotic, Blaszczykowski, Gündogan, Bender, Ducksch, Reus ni Lewandowski (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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