Honte et déshonneur

Depuis le début de l’histoire du ski alpin, jamais l’équipe de Suisse masculine n’aura été aussi misérable dans les compétitions internationales. Devenus la risée du cirque blanc, nos descendeurs et techniciens accumulent les secondes de retard avec la régularité d’un Lionel Messi enquillant les buts. Le dernier fiasco de Val Gardena a confirmé ce navrant constat: ce simulacre d’équipe inspire une pitié teintée de honte et de désarroi; tout l’étalage de l’impuissance d’une nation de ski déchue de sa réputation et de son honneur qu’elle conchie sans même combattre.

Du côté droit de l’abréviation «SUI», les chiffres (f)ont peur. Dans les divers classements, la roulette de la souris surchaffe avant d’arriver au premier représentant helvète, relégué dans des profondeurs abyssales et impersonnelles. Le moins mauvais, Défago, se retrouve perdu à la 31e (oui, trente-et-unième) place au général tandis que les «hommes» figurent à une pathétique 9e place au classement des nations où Canadiens, Français, Suédois et Allemands font mieux que nous. Impardonnable.Depuis le début de la saison donc, nos Bronzés ne sont même pas fichus de faire du ski et évoluent davantage en mode Michel Blanc en espérant décrocher des places d’honneur sur des malentendus. On a beau remonter deux siècles en arrière, aucune trace d’un tel naufrage n’a été fait mention. Un peu comme si le Brésil était incapable de se qualifier pour la Coupe du Monde de football, le Canada infoutu de passer la phase de poule lors des Championnats du monde de hockey, l’athlétisme américain et jamaïcain non présent en finale du 100 mètres.


Des performances qui nous laissent sur le cul

Samedi dernier, Val Gardena – dans une version certes raccourcie – était au programme. La Saslong, une descente mythique où les plus belles pages du ski suisse ont été écrites (pour ne pas choquer davantage les lecteurs, nous avons volontairement omis de mentionner les termes «Lauberhorn» et «Streif»). Sans surprise, le Titanic helvétique est venu s’échouer dans l’aire d’arrivée. Vous connaissez Vitus Lüönd? Nous non plus, mais c’est pourtant lui qui a été le meilleur suisse en décrochant une minable 24e place finale. Flocon de neige qui fait descendre l’avalanche, l’insolant a eu l’outrecuidance de manifester sa joie dans une scène aussi obscène qu’indécente. Et qu’on ne vienne pas parler de descente faussée. Même lorsque les conditions météorologiques viennent donner un coup de pouce aux buses, les Suisses ne sont pas fichus d’en profiter à la manière d’un Steven Nyman.

Et maintenant, on fait quoi ?

A un tel niveau de nullité, il est indispensable qu’aucun Helvète ne puisse terminer une quelconque course, et ce, dans l’objectif d’échapper au terrible verdict du chronomètre. Au moins, avec des chutes en série, on pourra toujours accorder le bénéfice du doute, à condition de partir dans le décor avant le premier intermédiaire.
La solution la plus élémentaire est le grand ménage. Virer tous les guignols à la tête de Swiss-Ski, d’Urs Lehmann à Osi Inglin en passant par toute la clique des préparateurs physiques. Chacun peut juger comme il le veut l’excuse bidon que la moitié des cadres revient de blessure, mais comment explique-t-on qu’autant de coureurs se retrouvent en même temps sur les plots? La faute à pas de chance? Foutaises! Cette option ne serait hélas que transitoire au vu de l’incroyable manque de talent qui mine le ski suisse masculin à l’heure actuelle.
Autre solution, l’exil, plus connu sous le nom de jurisprudence Girardelli. Réussir un 100% de non-qualification dans les disciplines techniques tout en terminant régulièrement au-delà de la 30e place dans les épreuves de vitesse, ça passe toujours mieux sous les couleurs lettones ou moldaves. Seul problème, cet exil devra être forcé, et la Suisse risque à nouveau d’avoir la Cour des Droits de l’Homme aux fesses. Comme dans la vie de tous les jours, mieux vaut être seul que mal accompagné.


Didier, reviens, on a pas les mêmes à la maison !

Engager Didier Cuche comme consultant a été une idée brillante. Comme si la seule présence du Neuchâtelois allait subitement permettre à nos brêles d’apprendre à skier sans faire le chasse-neige à chaque virage. Pour éviter le ridicule absolu, Cuche doit rechausser les lattes sur-le-champ! C’est affligeant d’en arriver là, mais c’est la seule solution. La faillite de la formation – comme c’est si souvent le cas en Suisse – est consommé. Pour redevenir plus crédibles, tirons également de leur retraite Franz Heinzer, Daniel Mahrer, «Pitch» Müller et Pirmin Zurbriggen. Outre le feu de paille Carlo Janka, Beat Feuz était le seul possédant un soupçon talent parmi cette bande de branquignoles, mais le gars est fait en carton et ce n’est pas très utile lorsque tu dois défendre l’honneur suisse dans les mythiques rendez-vous de Val Gardena, Wengen et Kitzbühel.
L’héritage laissé par les nombreux coureurs qui ont marqué l’histoire de ce sport est malheureusement trop lourd à assumer pour une équipe totalement dépassée. Russi, Zurbriggen, Heinzer, Cuche; des noms qui faisaient rêver. Küng, Berthod, Viletta, Vogel; des noms qui font désormais pleurer.
P.S.: Par souci de dignité et dans le but d’éviter l’utilisation de termes particulièrement orduriers, la rédaction de CartonRouge.ch a volontairement évité de mentionner le dernier fiasco suisse lors du slalom géant d’Alta Badia.

Écrit par Mathieu Nicolet

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14 Commentaires

  1. Ma foi ce sera dur cette saison, mais ils nous ont déjà fait le coup avec quelques hivers blancs (haha), et on vient quand même de vivre 5-6 excellentes années (merci Didier, Didier et Carlo). Alors voilà, oublions ce début et réjouissons nous déjà des bons résultats de dans 2 ans qui découleront de l’inévitable coup de pied au cul qui attend cette équipe.

  2. Entière ok avec l’article… C’est malheureux mais on doit s’en remettre aux filles pour vibrer un peu cette hiver!

    En plus de Didier, il faudrait peut-etre aller rechercher Titi Morisod! C’est lui qui avait fait de cette équipe de Suisse une grande équipe et c’est lui qui a monté une équipe de France de vitesse!

    Par contre, le choix de la photo sur la première page, ne serait-ce pas la chute monstrueuse d’Albrecht?!? Si oui, c’est vraiment douteux comme choix de photo…

  3. D’accord avec l’article. On en vient même à tourner la tête quand un représentant de notre pays s’apprête à s’élancer dans le portillon de départ. Ou alors, ça devient le moment opportun pour un petit tour aux toilettes.

    Je pense que cette année, nous ne serons plus toute la famille, entassé dans le chalet de ma grand-mère, à regarder sur un petit écran, la descente du Lauberhorn. Oh bien sûr, on ne voyait pas grand chose, mais l’ambiance était au rendez-vous!

    21 décembre 2012? La fin du monde…pour nos skieurs à croix blanche!

  4. Votre article est tout simplement une honte de la photo à la fin. Descendre de la sorte des sportifs de hauts niveaux qui nous ont tant fait vibrer ces dernières années.
    Janka: champion olympique, champion du monde, vainqueur du général.
    Défago: champion olympique, doublé Wengen-Kitzbuel.
    Albrecht: talent confirmé, malheureusement bléssé « mortellement » à Kitzbuel

    Vous serez les mêmes à acclamer l’équipe suisse de ski, d’ici quelques temps. Des vrais amoureux du sport soutiennent leurs coureurs dans les très bons et sutout les mauvais moments. Votre article n’apporte rien, tout le monde est capable d’écrire un torchon pareil.

    La photo d’Albrecht en première page illustre bien votre mentalité.

  5. tres bon article. La Fédé et les skieurs doivent rendre des comptes. Que qq vienne m’expliquer comment un skieur ‘pro’ (Murisier) peut aller disputer un ‘petit’ match de foot et aller se briquer le genoux et foutre sa carriere en l’air. Quand je me prepare pour un marathon, je vais pas faire un 200 metres a fond les quilles pas chaud et a moins 20 dehors….mais n’est pas pro qui veut.
    Et apres ca, qu’on vienne encre nous fermer des pistes a Veysonnaz pour ces clowns sous prétexte d’en faire des champions.

    et pour les pleurnichards de cet article / photo, c’est vrai continuons a etre vraiment bien Suisse dans nos réactions face a la médiocrité: petit pays, petite mentalite, petit gagnant….oups…perdant.

  6. Si tant de footballeur pro se briquent les genous (y compris a l’entrainement), faut croire que ça peut arriver aussi à des skieurs. les cuisses sont musclées, pas le genou.

    Et oui je suis un petit pleurnichard qui est estomaqué qu’on ai mis la photo de la chute quasi-mortelle d’un des plus grand espoirs du ski suisse « juste par sarcasme ».

  7. Albrecht peut se plaindre…mais si vraiment ça devient trop difficile pour lui, il peut aussi aller rendre visite à Beltrametti…pour se remonter le moral!

  8. Albrecht est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Mais à un moment donné, il faut se rendre à l’évidence, et même si c’est dur de voir son rêve brisé en un instant, il faut prendre les mesures nécessaires et arrêter les frais.
    Son entourage est autant responsable que lui.
    Ce qui m’embête le plus, c’est que tant avec Albrecht, Berthod, Zurbriggen, Janka, Feuz, et même Plachy, si on revient quelques années en arrière, il y a toujours eu d’immenses potentiels dans notre pays. Malheureusement, rare sont ceux qui sortent la tête de l’eau. (et qui tiennent sur la durée)
    Quand on voit nos voisins autrichiens qui nous sortent des petits jeunes qui trustent les podiums à chaque saison, je me dis que chez nous, il y a quand même un sacré problème!

  9. @ gabu.
    Tu fais expres ou bien ?
    Si tu te prépares pour ta saison PROFESSSIONELLE de ski, tu trouves normal de partir faire un ‘petit’ tournoi de foot avec des copains, quand on connait le risque d’accident lié a la pratique du foot.
    Peut etre une séance pour muscler les cuisses et renforcer les tendons du genoux aurait été préférable….
    quand je jouais en 2eme ligue, tu crois pourquoi qu’on nous interdisait les tournois populaires, 24h du foot …..

  10. la préparation dure plusieurs mois. je ne pense pas que durant ce temps on puisse interdire à un skieur de faire une petite partie de foot.
    Sinon on l’interdit de sortir seul de sa chambre, on vient le chercher avec un fauteuil roulant et il ne se lève que pour s’entrainer sous la conduite de son coach.

  11. Pour compléter ce que dut gabu, même Michael Schumacher, durant sa période où il courait pour Ferrari, jouait des matchs officiels avec le Fc Aubonne ou le FC Echichens. Même Jean Todt ne pouvait le lui interdire. Et les enjeux financiers qui en résultaient en cas de blessure auraient été incomparables…

    Sinon faut aussi pas oublier que la Suisse a perdu ses trois leaders d’un coup (Feuz, Cuche et Janka). Aucune nation, même l’Autriche, ferait peine à voir si ça lui arrivait.

  12. Je rejoins CC quand à la séléction de ses sports.
    On prends pas des risques avec un sport que l’on sait traumatisant (le foot donc). En effet, c’est le sport qui coûte le plus cher à l’assurance accident en suisse donc faut pas s’étonner que des accidents arrivent. Et les médecin de l’équipe suisse là-dedans? et les préparateurs physiques? J’ai l’impression que l’on a que des blessés chez nous. Torsion du genoux par-ci, torsion du genoux par-là? problème mental partout.
    Bref, on est une nation du ski et de se retrouver avec une équipe masculine pareil ca me fait vraiment mal. On a gaspillé des entraineur comme Morisod, on foutu en l’air des athlètes comme Berthod probablement a cause d’exercices inadaptés et j’en passe et des meilleurs

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