Il n’est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre !

Que voilà un adage qui s’applique à merveille aux échanges récents entre le directoire du HC Bienne… pardon, du EHC sans nom, et la base de ses fans, plus communément appelée les lapideurs par la populace de la ville la plus criminogène du pays.

Petit rappel des mé-faits :

Il y a quelques mois, en toute discrétion, le encore nommé HC Bienne invitait les représentants des fans clubs pour leur présenter le nouveau concept visuel du club, logo et tout le toutim. Sans grande réaction d’opposition selon les dires du club. Puis le 7 mai dernier tenait conférence de presse pour présenter le tout de façon très officielle et en grandes pompes.

Pour faire court et en tentant de rester objectif un minimum, voilà que d’une pierre 3 coups on veut faire passer l’abandon des couleurs historiques rouge et jaune pour un bleu et rouge très bâlois, instaurer un nouveau logo à la qualité graphique discutable et ne portant plus que le très germanophonisant « EHC », sans le nom de la ville, ainsi que se gargariser d’une affiche – au design pourtant intéressant ! – faisant référence à un film de gonzesses. Pardon mesdames, mais vous conviendrez vous-même que Dirty Dancing n’est pas à proprement parler autre chose qu’une bluette dégoulinante de confiture et sans grand intérêt si ce ne sont les abdos de Patrick Swayze, ce qui revient donc à le considérer officiellement comme un film de gonzesses. De fait, en faire mention dans une campagne de promotion pour un club de hockey sur glace, c’est quand même assez couillu. Ou pas, justement ! Je m’y perds !
Tout cela pendant que la campagne d’attribution des places dans la peut-être bientôt prête Tissot Arena fait elle aussi jaser, en l’absence de toute réelle transparence envers les abonnés de longue date et les autres, sans le moindre calendrier de priorité établi ou communiqué. Du coup tout s’imagine et ce ne sont pas les « y’en aura pour tout le monde » lâchés à la ronde qui vont rassurer tout ce petit monde, certains anciens allant même jusqu’à remettre en question leur présence dans la nouvelle enceinte. Personne ne remet en cause la notion de primauté accordée aux généreux donateurs sans qui ce club n’aurait tout simplement pas survécu, toutefois un peu de clarté n’aurait nui à personne.

Ça empire et ça contre-attaque

Création d’un comité de défense des couleurs rouge et jaune, signatures par milliers d’une pétition en ce sens, manifestations publiques, voilà les réactions saines et justifiées de fans se sentant justement mis à l’écart de leur propre club de cœur. Avec pour seule réponse première un très agaçant « de toute façon c’est nous qu’on décide » (traduction du rédacteur) indiquant très clairement l’incompréhension du directoire face à une levée de boucliers pourtant totalement prévisible. Certes, ce ne sont pas les jets de peinture rouge et jaune sur le bâtiment du secrétariat ni la destruction du nouveau logo installé à la même adresse qui feront avancer le débat de façon constructive.
Mais en fait, c’est quoi le problème ?
C’est bien là que le bât blesse. Parce que dans cette histoire de couleurs, tout le monde a un peu raison. S’insurger de principe contre un nouveau logo à Bienne est un peu risible, sachant qu’il ne s’agirait que du xème en un peu plus de 20 ans. Dont certains flirtant allègrement avec l’immonde et le gastriquement à peine tolérable. De plus, quitter enfin un logo au design très daté 90’s et dont le lien avec un fichu alcidé restera pour toute une génération le symbole même de la relégation de 1994 ne peut qu’être salué.
Mais pourquoi diable aller s’encanailler avec une boîte de pub de la capitale (si si) et pondre ce bidule bâclé aux trop grandes zones vides alors qu’un logo alternatif avait quasiment déjà pris valeur officielle, en renvoyant à l’histoire et à d’autres temps sans les trahir ?
Voilà qui nous amène à la grande question, la sacro-sainte question des couleurs… Et là, c’est tout autant le bronx que pour le logo ! Parce que les « rouge et jaune sont nos couleurs », ben ça fait à peu près depuis l’époque Gaëtan Boucher et sa pilosité faciale légendaire qu’ils ne les ont plus portées, ces couleurs. Pourtant les Biennois ont ratissé large. Rouge, blanc, noir, bleu, gris… Avec ou sans rayures façon parapluie ou chapiteau.
Je dois avoir fait le tour. Mais de jaune, point de trace depuis belle lurette. Pour voir ces teintes sur nos patinoires, il faut s’adresser à Langnau, Sierre ou Berne. A plein de monde donc. Bien assez pour qu’on n’en rajoute pas une couche et qu’on change la donne. En choisissant le bleu et le blanc.
Comme le Z.
Comme les ex-Gaydoul boys.
Comme Ambri.

Un choix bien étrange donc s’il visait à se démarquer de la concurrence. Dans une certain logique, pourquoi ne pas dès lors s’aligner en bleu et rouge en accord avec le nouveau corporate design ? Et ce même si l’ami Kevin déteste les maillots rouges qu’il estime trop agressifs. Mais c’est vrai qu’il ne faudrait pas qu’on les secoue de trop près, les dirty danseuses.
Mais voilà, le bleu et le rouge, d’aussi loin que mémoire d’homme porte, ne font pas partie de l’histoire du HC Bienne, ou donc du EHC « sans nom ». Certes ça fait des articles de marchandising plus esthétiques et plus vendeurs, plus mainstream. Mais se vendront-ils, alors même que le club annonce que les fans sont autorisés à continuer de venir au match bigarrés de rouge et de jaune (sont quand même trop sympas de les « autoriser » à venir dans les couleurs qu’ils veulent…) ? Se vendront-ils alors que sous la pression publique, le HC Bienne vient d’annoncer remettre le sujet à l’ordre du jour de sa prochaine séance de direction à la fin du mois ? Trop tard pour la saison 15-16 probablement, mais signe d’une prise de conscience tardive. Ou manière de botter en touche et de jouer l’horloge, en espérant que ça se tasse tout seul.

Au départ, comme souvent, l’intention était louable.

Mettre de l’ordre dans les logos divers utilisés en même temps, même si des logos alternatifs faisant référence à l’histoire sont monnaie courante dans d’autre ligue, et surtout uniformiser et dynamiser la présence visuelle du HC Bienne est une bonne idée. Sauf que comme souvent dans les grandes boites modernes, on va chercher à l’extérieur à grand frais des idées soi-disant nouvelles sans penser à solliciter ceux qui, s’ils ne sont pas les bailleurs de fonds principaux, représentent tout de même un tiers des revenus du club, ses spectateurs.
Plutôt que de présenter des idées déjà arrêtées et d’imposer une omerta pesante, peut-être aurait-il été salutaire, depuis longtemps déjà et au début du processus, d’intégrer ces mêmes groupes d’influence aux réflexions en cours. De manière participative. Coopérative. Humaine.
En ce sens, le EHC sans nom a démontré qu’il a déjà franchi un palier supplémentaire en terme de professionnalisation, et qu’il est devenu une grande boite. Moderne. Mais parfois un peu froide, distante.

L’été de tous les dangers

Au final, alors qu’on s’acheminait vers un été pépère du côté de Bienne, tous les étrangers étant déjà sous contrat et une jolie campagne de transfert terminée très tôt, et que tout le monde se préparait tranquillement à prendre ses quartiers dans la nouvelle patinoire en se réjouissant des nouvelles infrastructures tout en versant une larme émue au souvenir d’un temps révolu, que la seule info qui manquait était la nouvelle masse d’un budget désormais placé à 13 millions, bref qu’on allait se la couler douce à l’ombre des parasols et une Feldschlösschen à la main, les Biennois auront trouvé le moyen de s’entre-déchirer, de se faire la gueule, de se foutre dessus, le tout bruyamment et sur la place publique.
Et dire qu’avec tout ça d’aucuns doutent encore de la part de Romandie du HC Bienne.

Écrit par Ludwig Seeländer Diebstahler

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1 Commentaire

  1. « Sauf que comme souvent dans les grandes boites modernes, on va chercher à l’extérieur à grand frais des idées soi-disant nouvelles sans penser à solliciter ceux qui, s’ils ne sont pas les bailleurs de fonds principaux, représentent tout de même un tiers des revenus du club, ses spectateurs. »

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