J’ai toujours aimé Karagounis (oui, c’est l’article sur Suisse – Honduras)

On la sentait mal cette Coupe du Monde pour les Européens. L’Italie une fois loin avec plein d’autres, ça flairait bien plus que le sapin sec, ça sentait la pive sèche arrosée d’alcool à 90%. Et puis, la veille, ces énormes et imprévisibles Grecs nous ont rappelé que tout était possible. Et on s’est dit que peut-être ça allait aller…

1. Le résumé.Tout puait comme quand on rentre dans un sous-marin russe parti depuis six mois au large en étant une jeune fille de 18 ans déguisée en lapin rose. Manaus et sa chaleur de sauna, l’humidité, l’anniversaire de 4 ans jour pour jour du drame en Afrique du Sud, les joueurs qui dégueulaient leurs « ce groupe vit bien », le fait qu’aucune équipe européenne n’avait battu deux fois un pays d’Amérique latine dans la compétition, le fait que les Suisses jouaient comme des nazes…
Et puis, le match devait venir. Celui où l’on n’y croit plus, après l’un des pires fiascos de la Suisse en Coupe du Monde. Et puis, en fait, il y a des nuages et le soleil ne tape pas tant que ça sur la gueule des joueurs. Et puis, en fait, Benaglio n’a pas une aussi mauvaise mine dans les couloirs du stade qu’avant de jouer contre la France. Et puis, Shaqiri annihile le traumatisme du 0-0 au bout de six minutes de jeu…
Il s’en suit des frayeurs (parfois) et des excitées (beaucoup) qui font se rappeler que l’effectif de cette équipe n’est pas si nul. 3 à 0, ce n’est pas un fleuve mais une bonne rivière. Et surtout, summum du besoin de fierté, il n’a pas été nécessaire de prier les Français de nous sauver la tête. S’en sortir tout seul ça fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de bien.
2. L’homme du match.
Serait-il possible de relever le défi de ne pas élire le joueur suisse qui a marqué un triplé ? Oui car il y en a d’autres. D’abord il y a Drmic qui a été juste sur beaucoup d’occasions et sans qui deux des trois buts n’existeraient pas. Ensuite, Rodriguez qui est réellement le maillon fort de cette équipe, ce soir plutôt défensivement. Et puis l’arbitre, qui tout argentin qu’il est n’a pas joué au jeu de sortir un carton contre Djourou, le privant du match potentiel contre « son » Argentine.
3. La buse du match.
Le mec du Teletext qui avait rendez-vous avec une étudiante en Géosciences ce soir qui, elle, n’aime pas le foot car cette violence nationaliste l’agace et à qui il fait croire qu’il aimerait adopter des bébés pandas par amour de la vie dans le but d’espérer insérer une partie de son corps à l’intérieur de celle-ci. Présageant du désastre de ce soir, il avait préparé son texte pour se tirer en avance: « COUP DE FROID A MANAUS ! Une Suisse sans idée et sans fond de jeu sort de la compétition par la petite porte ». Non de… comme je suis heureux de ne pas lire ça ce soir (la fille lui a posé un lapin en même temps).
4. Le tournant du match.
Le coup de pied dans les narines de vendredi passé ? Pourquoi pas. Il y a un moment où quand on veut montrer que l’on n’est pas si pitoyable, on fait en sorte de le faire.

5. Le geste technique du match.
Inler qui retrouve son disque dur où il est enregistré comment on se comporte sur un terrain quand on est capitaine. Hitzfeld qui, oh my God, fait des changements adéquats. C’est peut-être lui qui a le plus emmagasiné d’expérience en grande compétition.
6. Le geste pourri du match.
Au milieu du Bamee ce soir, un être humain a hurlé « Mehmedi ! Dès que j’ai une fille elle sera à toi je serai ton beau-père! »… Mon Dieu, j’espère que ce n’est pas moi…
7. Ce match m’a fait penser à…
Un gros bon moment qui se détache de Suisse – Honduras d’il y a quatre ans. Imaginez la scène: vous êtes chez votre cousine Clitorine qui vous propose de voir un film. Vous êtes super poli et un peu lâche (c’est-à-dire Suisse romand) et donc vous lui répondez : « Ah ben oui Clitorine, avec plaisir un bon film, il est 14h30 et il fait 30 degré dehors, je serais très heureux de regarder un film sur ta télé a tube cathodique! » Sur ce, Clitorine insère dans son magnétoscope (oui car cousine Clitorine est une sacrée grosse naze) la VHS de Dirty Dancing. L’angoisse matérialisée par de l’eau salée suintant sur votre front se manifeste. Et soudain, miracle, le petit Kevin-Kenobi (son frêre) a enregistré Die Hard et Infirmières coquines sur la bluette de son insipide soeur. Vous vous retrouvez donc à regarder John McClane démonter la gueule à des terroristes allemands et des employées médicales soigner les cancers des testicules avec la bouche au lieu de voir une andouille des années 80 danser dans une salle de giron vaudois. La vie peut être belle parfois.
8. L’anecdote.
Celle où tous les Vaudois qui appellent les flics à 22h03 quand des Portuguais klaxonnent dans la rue se sont dit qu’ils avaient super envie de prendre leur voiture pour aller klaxonner (et qui après disaient aux policiers « mais on n’a pas le droit de vivre ou bien?! »)
9. Le tweet à la con.
« Well done! That’s fucking nice from sweden! But where is Ibra? » @Bryan (employé chez Nestlé qui vit en Suisse depuis 15 ans).
10. La retrospective du prochain match.
Bon soyons réalistes. Aucune équipe ne s’est relevée de Manaus. On attendra encore les géniaux Ricains et les Portugais, mais à priori toutes les équipes qui ont joué là-bas se sont foirées le match suivant. En plus, l’Argentine semble avoir repris conscience qu’il fallait jouer au ballon à un moment dans une Coupe du Monde. Et la Suisse vit parfois des errements défensifs calamiteux dont même Schaffhouse profiterait. Il n’empêche, le public, les spectateurs, les joueurs iront avec le sourire se faire démonter par Messi et ses potes. Ils viendront vivre peut-être leur dernière expérience de Coupe du Monde avant longtemps contre un ogre qui jouera quasiment à domicile et qui est très heureux d’affronter ce petit pays de foot. Il n’empêche… hier j’ai vu Karagounis, 37 ans, négocier avec l’arbitre, tirer sur la latte, donner une vague de courage à son équipe de nazes patentés. Et on ne s’attendait pas à un huitième Grèce – Costa-Rica. Bref, j’ai toujours aimé Karagounis…

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9 Commentaires

  1. Géant, y compris le « tweet à la con ». Vamos, Robin Chessex, on t’attend de pied ferme sur l’Argentine !

    (Et ne nous dis pas que quelque part, au fond de toi, tu n’espères pas un Karagounis bis sur ce huitième)

  2. C’est rigolo, on vous tank 5-2, pas de retour, vous vous qualifiez, là y’a un article 🙂 Pas des masses d’auto-critique en Suisse, hein…Bref, bien joué les gars d’avoir trouvé les ressources mentales et bonne chance pour la suite!

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