Jour gris, jour maudit…

Cette magnifique équipe du Lausanne-Sport a donc raté son rendez-vous avec son public et la promotion tant attendue dans sa Pontaise. Ce n’est évidemment que partie remise mais dimanche après-midi, la déception était immense tant sur la pelouse que dans les tribunes. Récit d’une journée grise…

Le Lausanne-Sport domine tellement le championnat que la question n’est désormais plus de savoir s’il sera promu, mais quand et comment. C’est ainsi que suite à leur victoire à Schaffhouse jeudi soir, les Vaudois se voyaient offrir une première balle de match à domicile, dans une Pontaise que l’on espérait beaucoup plus remplie (on y reviendra). Une victoire face au modeste Chiasso et le grand retour en Super League serait alors assuré. Mais, on n’est pas dans le canton de Vaud pour rien, il devait y avoir un «mais»…

Trop de signes indiens

En ouvrant mes volets dimanche sur le coup des 14 heures du matin, je sentais bien que la journée n’allait pas prendre la tournure espérée. Le ciel était en effet gris et pluvieux, ce qui n’augure rien de bon avec le LS. Superstition ou pas, force est de constater que tous les derniers grands succès du club vaudois ont été acquis sous un soleil radieux : la cultissime finale de Coupe contre St-Gall en 1998, celle plus facile et moins mythique – mais tout de même largement bandante – face à GC en 99, la promotion en Challenge League face à Carouge en 2005 et, enfin, la dernière promotion en 2011 à Bienne. Bref, à chacun de ces superbes moments de la récente histoire du Lausanne-Sport, la météo était idyllique et la température estivale. Comme un symbole.
Au contraire, à chaque fois que le club des Plaines-du-Loup avait une échéance importante à disputer et que le soleil n’était pas au rendez-vous, il a foiré. En vrac, on notera : le match retour face à la Lazio sous une pluie battante en 1998, le funeste Lausanne – Servette une année plus tard, la finale de Coupe perdue aux tirs au but contre Zurich en 2000, la déculottée 6-0 contre Bâle en 2010… A cette triste liste s’ajoute désormais cette promotion ratée du 1er mai 2016. Toutefois, soyons honnêtes, la déception de dimanche était incomparable à celle ressentie lors des «traumatismes» susmentionnés. Enfin, le seul et vrai traumatisme, celui qu’on ne digérera probablement jamais, ça reste le 2-5 contre nos meilleurs ennemis, on est bien d’accord.

Honteux !

Bref, il faisait froid et il pleuvait en cette Fête du travail, et il faut croire que c’était une excuse suffisamment bonne pour la plupart des Vaudois pour préférer le confort de leur canapé à un déplacement à la Pontaise afin de soutenir le futur champion de LNB. Ainsi donc, et c’est assurément la plus grande déception de la journée, il n’y avait que 5’860 spectateurs présents au Stade Olympique dimanche après-midi. Oui, 5’860 misérables spectateurs alors que le club numéro 1 du canton dispute le match le plus important de ces trois dernières années ; alors que 80% de ses joueurs sont vaudois et/ou issus de son centre de formation ; alors que l’équipe a proposé un jeu alléchant journée après journée ; alors qu’il y a une chance unique de fêter une promotion à domicile dans une Pontaise qui sera bientôt en ruine ; bref, 5’860 spectateurs… C’est triste, nul, honteux, pathétique. Moins de 6’000 personnes pour fêter une promotion à la maison avec une équipe du cru sur le terrain, ça fait clairement tache et c’est tout sauf encourageant pour la suite. La question mérite d’être posée : comment mobiliser les Vaudois ?
La Tribune Sud, qui avait été ouverte pour l’occasion, faisait d’ailleurs peine à voir avec ses 500 pelés disséminés ici ou là. Je suis peut-être un peu rêveur mais, comme Xavier Margairaz dans les colonnes de Foot Vaud, j’aurais espéré voir entre 10 et 12’000 spectateurs dimanche après-midi. Parce que cette équipe le mérite. Parce qu’une promotion reste un événement rare, unique, historique. Parce que le football est plus que jamais à la mode. Parce qu’à part l’inénarrable Carnaval de Lausanne et son flot de beaufs, il n’y avait pas d’autres ««événements»» en ce dimanche 1er mai. Mais voilà, il faut croire qu’il en faut plus pour faire mousser et déplacer les Lausannois qui se disent fans de foot, eux se ruent dans les bars pour regarder des City – PSG ou Atlético – Barça, eux qui ne ratent pas un match de Premier League ou n’hésitent pas à dépenser 120 francs pour s’acheter le dernier maillot du Real Madrid. Bref, il faut se rendre à l’évidence : une équipe qui joue la promotion avec des gars du coin, ce n’est pas assez intéressant pour les footeux de la région… «Ouais mais bon, il y a United – Leicester sur Canal+, c’est tellement génial. Et puis bon, ça va trop cailler à la Pontaise.» A noter aussi que le 24 Heures, censé être un journal local et soutien du club, a aussi bien vendu l’événement qu’une brocante à Goumoens-le-Jux… 

Pression, quand tu nous tiens

Malgré la pluie, malgré le froid et malgré cette affluence décevante, ça aurait été génial de fêter la promotion ce jour-là. Juste pour que la Pontaise connaisse un dernier frisson avant sa démolition. Histoire aussi de faire vibrer ce bon vieux bar de la Confrérie qu’on avait prévu de faire danser en cas de succès. Histoire également de prendre une mine «utile» (pour une fois…) et de vivre de belles émotions entre membres du Club des 30, fidèles confrères et le roi du bar Alex Schlaefli. Il n’en sera malheureusement rien, la faute à une équipe du LS trop nerveuse, à un Ming qui ne voulait apparemment pas gagner la montre Zénith promise au premier buteur et à un FC Chiasso très concerné. Des Tessinois qui ne jouaient absolument rien mais qui n’auront eu cesse de perdre du temps et de défendre en bloc, et qui semblaient très heureux d’avoir gâché la fête de leur hôte du jour. Une sorte d’Atlético Madrid du très très pauvre. Finalement, entre Le Mont, Chiasso, Wil et autre Wohlen, cette Challenge League ne nous manquera vraiment pas la saison prochaine !
Tout aura été donc de travers pour ce Lausanne-Sport sans mordant. Tout. Alors qu’on s’attendait à un bouquet final explosif, le LS a peut-être livré sa plus mauvaise prestation de la saison, ne s’offrant que deux petites occasions de toute la rencontre et balbutiant son football d’habitude si plaisant. On n’en tiendra évidemment pas rigueur à cette équipe admirable, à qui il manquait de plus son maître à jouer (Pasche) et son meilleur buteur (Pak). Aussi, force est de reconnaître que cette jeune équipe a mieux joué à l’extérieur qu’à domicile cette saison. Ce qu’on peut comprendre, tant il n’est pas toujours facile de jouer face à cette Tribune Nord et à ce public qui s’est permis de siffler son équipe à quelques reprises dimanche… Entre les Vaudois qui ne vont pas au stade par peur de prendre froid et ceux qui sifflent leurs joueurs à cause d’une passe en retrait, il n’y en a décidément point comme nous.
Quoi qu’il arrive, la promotion aura désormais moins de gueule : elle aura lieu soit samedi en cas de non-victoire de Wil contre Winterthour (ce qui ne serait vraiment pas sexy…) soit lundi en cas de succès face à Aarau. Mais, comme on a des problèmes de riche, autant que Wil gagne ce week-end et qu’on perde volontairement lundi soir, histoire de pouvoir vibrer encore un peu et fêter dignement le vendredi 13 mai lors de la réception de Schaffhouse… Ce soir-là, il fera certainement beau, il n’y aura pas de gros matchs européens à la télé et la Pontaise pourrait faire le plein, enfin, pour célébrer comme il se doit l’un des Lausanne-Sport les plus joueurs et les plus vaudois de ces 15 dernières années, on y croit ! 
De mon côté, je n’ai finalement pas regretté d’avoir dû décliner la requête des joueurs du Lausanne-Sport, eux qui voulaient venir manger et accessoirement fêter au Bamee Bar – habituellement fermé – dimanche soir : les p’tits shots n’auraient clairement pas eu la même saveur après ce match nul… Mais comme déjà dit, ce n’est que partie remise les gars !

Lausanne – Chiasso 0-0

La Pontaise, 5’860 spectateurs (pfffrrrrr).
Arbitre : M. Ovcharov.
Lausanne : Castella; Lavanchy, Monteiro, Manière, Bühler; Sessolo (29e Lotomba), Custodio, Ming; Margairaz (72e Campo), Mendez; Zeqiri (59e Feuillassier).
Chiasso : Pelloni; Felitti, Golemic, Rouiller, Monighetti; Ciarrocchi, Hanachi, Maccoppi, Dragan Mihajlovic, Regazzoni (91e Muharemi); Stefan Mihajlovic (69e Cortelezzi).
Notes : Lausanne sans Pasche (suspendu), Gétaz (malade), Pak (blessé). Chiasso sans Guatelli, Laner, Madero, Lüchingeer, Guarino (blessés).

A propos Marco Reymond 470 Articles
Un p'tit shot ?

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.