La Colombie sur de bons rails

Au terme d’un match qui leur a permis d’étaler leurs qualités techniques et physiques, les Colombiens atteignent les huitièmes de finale du Mondial pour la deuxième fois de leur histoire. Les vaillants Japonais n’ont pas démérité, mais ils ont parfois été brouillon et n’ont pas su concrétiser leur domination. Les Cafeteros s’affirment comme de sérieux adversaires pour la suite de la compétition.

1. Le résumé.Accrochés à leur espoir de se qualifier, les Japonais ont mis du rythme d’entrée, incitant les Colombiens à durcir le jeu pour imposer leur supériorité physique. Après un premier quart d’heure, somme toute plaisant, une intervention de Konno est sanctionnée par un penalty. Sévère ? Juste ? On ne sait plus trop que penser durant cette Copa del Mundo. Et on ne va pas refaire l’action avec Thiago Silva à la place de Konno. Cuadrado connaît sa géométrie par cœur et prend à contre-pied Kawashima. Son tir relègue ceux de Paul Breitner au rang de pétard mouillé et ne laisse aucune chance au malheureux portier. Son regard déterminé n’était d’ailleurs pas sans rappeler celui de Marco Streller lors du match Suisse-Ukraine en 2006… ou pas. En fin de mi-temps, Okazaki redonne espoir aux siens en égalisant de manière acrobatique de la tête.
Il y a fort à parier que, durant la pause, Zaccheroni ait incité ses joueurs à plus de rudesse pour répondre au défi physique lancé par les Cafeteros. Les premières minutes de la deuxième mi-temps sont en effet marquées par quelques interventions fautives des joueurs japonais, bien décidés à marquer leur territoire. Emportés par leur élan, ils laissent beaucoup d’espaces à des joueurs colombiens à l’affût et James, entré à la mi-temps, marque la seconde période de son empreinte en délivrant deux passes décisives et en inscrivant un goal à la dernière minute du temps réglementaire.
Les Japonais ont beaucoup tenté mais peu conclu. Ils ont, malgré tout, une coche de plus que Jean-Claude Dusse, de quoi rentrer avec l’espoir de faire mieux la prochaine fois.
2. L’homme du match.
Faryd Mondragon, qui bat le record de Roger Milla en devenant le plus vieux joueur aligné en Coupe du Monde. Quarante-trois piges ! Comme il a joué à Metz, il s’est fait un devoir de jouer jusqu’à l’âge de la retraite chez nos voisins. Pas sûr qu’il s’arrête-là d’ailleurs, puisque la Colombie poursuit l’aventure et que sa dernière intervention montre qu’il peut encore aller au charbon.
Il venge ainsi, un peu, René Higuita qui avant d’inventer le coup du scorpion s’était fendu, d’un coup du capion devant Roger Milla, envoyant celui-ci vers le poteau de corner pour une danse devenue depuis légendaire. Mondragon devenait professionnel la saison suivante. Pour situer, il pouvait dire à ce moment-là, « YB n’a pas gagné de titres depuis 3 ans ». C’est Faryd Mathusalem.
3. La buse du match.
Okubo qui s’est pris pour Fred à la 66ème minute. Fred dans ce qu’il fait de mieux, le plongeon. C’était bien fait, le bon timing, la bonne mimique, mais pas le bon juge. D’ailleurs, pour l’encourager l’arbitre ne lui a pas donné pas le jaune réservé aux simulations. Il existe encore au fait ? J’ai un doute. Il fera mieux la prochaine fois, enfin la prochaine fois c’est en Russie, peut-être au Qatar, c’est quand même en Asie. En plus, il va donner des regrets à Marion Cotillard, si elle avait vu ça avant de jouer dans Batman…
4. Le tournant du match.
L’entrée de James Rodriguez, un véritable joyau ce joueur, pas étonnant qu’il ait été se planquer à Monaco. Pas sûr qu’il y reste longtemps non plus… Bondissant, omniprésent, créatif, le bon James a éclaboussé la deuxième mi-temps de sa classe, sur le 2-1 il élimine en une passe trois joueurs adverses avant de décaler Martinez, sur le 3-1 il délivre une passe au même Martinez qui n’est pas sans rappeler la passe de Maradona pour Burruchaga en finale de la Coupe du Monde 86. Et il signe son chef d’œuvre par un but que les manuels de football suisse ont depuis longtemps oublié. Voilà ce que ça donne un joueur qui s’amuse en même temps qu’il invente, un joueur tout simplement. Il a bien mérité de fêter en dansant.

5. Le geste technique du match.
Il y a eu beaucoup de beaux gestes durant ce match, et certains ont déjà été soulignés. C’est pour ça et parce que je l’ai traité de buse que j’ai choisi la tentative de retourné acrobatique d’Okubo à la 36ème minute. Une tentative hybride entre une papinade et un dégagement d’Alain Geiger. Sans le cri de joie de Papin ni le bras levé en signe d’excuse d’Alain Geiger.
6. Le geste pourri du match.
Le coup de coude de Balanta à la 60ème qui a fait des fragments d’Okazaki, enfin de son nez plus précisément. Un geste à ne pas répliquer.
7. Ce match m’a fait penser à…
A un vrai match de Coupe du Monde. Du football comme on l’aime, du rythme, de l’ambiance, des équipes que l’on voit peu, l’émergence de nouveaux talents, rafraichissants, pas blasés et pour qui le football est encore un jeu. Ça ne dure pas très longtemps, profitons.
8. L’anecdote.
Le 12 avril de cette année la Colombie 1994 a joué un match de gala contre la France 1994 à Chambéry. Les Colombiens ont fait appel à Emil Kostadinov pour renforcer leur équipe et parce qu’on est entre gentleman Trifon Ivanov s’est proposé pour venir mettre quelques tacles carotidiens. Tout s’est bien passé jusqu’à la 94ème minute, quand ce brave Emil s’est senti obligé de rééditer son exploit d’il y a 21 ans. Heureusement, Carlos Valderrama en tournant rapidement la tête pour ne rien rater, a créé un courant d’air suffisant pour détourner le ballon de sa trajectoire et l’envoyer dans les tribunes. Gérard Houiller s’est alors exclamé : « Eurêka ! ». Il venait de comprendre que le véritable point faible des Français à cette époque c’était la coupe de cheveux. Il s’est empressé de le dire à Didier Deschamps, parce que cette année, c’est pas gagné non plus.
9. Le tweet à la con.
Bon admettons-le, ce fut un match nippon, ni mauvais. #lesinconnus
10. La rétrospective du prochain match.
Après leur premier tour convaincant, les Colombiens ne font qu’une bouchée des Uruguayens, ce qui a le don d’énerver Luis Suarez qui a plutôt l’habitude de croquer que d’être croqué. Pour tous les Colombiens, Falcao redevient un joueur brésilien et Soner Ertek peut ressortir de chez lui.

Écrit par Maxence Antonin

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