La qualité de l’offre RTS encore récompensée !

Principale pourvoyeuse de Pigeons, la RTS ne pouvait décidément pas passer à côté d’une année 2014 riche en grands événements sportifs. A tout seigneur tout honneur, le grand manitou du Département des sports en personne vient d’obtenir haut la main sa qualification pour le tour final !

Mon premier souvenir de Massimo Lorenzi remonte à une quinzaine d’années lorsque, étudiant au collège, j’assistai à une conférence qu’il était gracieusement venu donner dans le cadre d’un programme d’«ouverture» de mon établissement scolaire. A l’époque, j’avais encore les yeux qui brillaient quand Jean-François Rossé parlait de hockey. Ce jeune moi d’alors ne rêvait secrètement que d’une chose : devenir journaliste à ce qui s’appelait encore la TSR. Voilà qui ne servira pas les intérêts de ceux qui pensent que les gamins de 16 ans sont assez mûrs pour voter mais passons.Alors que, quelques heures avant LE rendez-vous de la journée, Benoît Aymon avait gratifié une audience clairsemée mais conquise d’un magnifique témoignage de sa profession, la star Lorenzi s’apprêtait elle à évoluer à guichets fermés dans la petite salle de classe qui devait l’accueillir. Encore dans mes nuages malgré une heure de monologue insipide sur le journalisme «pourquoi comment et quand», j’osai enfin lever ma main tremblante et posai une question au Federer du 19h30: «Est-ce que votre métier vous permet de parcourir le monde pour rencontrer les gens ?» «Vous savez, des gens intéressants il y en a plein à coté de chez vous.», persifla Massimo du tac au tac. Avant de reprendre son laïus du haut de sa tour d’ivoire.
Ah, Massimo ! Quelle belle-mère n’a pas versé sa petite larme lorsque le play-boy de la RTS a quitté le traitement de l’information sérieuse pour ramener son sourire de gendre idéal dans un Département des sports en perdition ? Et pourtant le bonhomme ne fait pas dans l’esbroufe. Que l’on ne s’y trompe pas : nous parlons là d’un journaliste compétent et intelligent, qui fait partie des rares dans son métier à penser que le sport mérite d’être analysé au-delà d’une médaille d’or ou d’une victoire 2-1. Alors pourquoi Lorenzi fait-il l’objet du présent article ? Car si Massimo peut avoir raison sur le fond, la forme est immanquablement antipathique, hautaine, condescendante. Un ton exaspérant de donneur de leçons qui ne s’est jamais aussi bien exprimé que durant les derniers JO de Sotchi par l’entremise de son compte Twitter (https://twitter.com/Mass_Lorenzi).

Médiocrité 2.0

Le journalisme a beau vivre des moments difficiles, le service public parvient encore et toujours à présenter ses meilleurs candidats à des concours reconnus. Avec la mort annoncée de la presse papier, l’éditorialiste doit s’adapter ou mourir. C’est donc avec soulagement que l’on a accueilli l’arrivée du chef des sports de la télévision romande sur les réseaux sociaux, prêt à dignement représenter le label qualité RTS version 2.0.
Au début, Massimo a dû apprendre comment ça marchait. Par exemple, ne pas mettre un point d’honneur à répondre à tous les messages sans exception. Car le personnage n’est pas insensible aux critiques. Oh que non, il y est même hypersensible, car elles l’énervent au plus haut point. Malgré l’habituelle déclaration de façade «j’accepte les critiques lorsqu’elles sont constructives», il s’avère que, pour Massimo, ces deux termes sont antinomiques. Résultat des courses : tout semblant d’avis contraire est systématiquement démonté dans un style adolescent boutonneux digne de Cécile Duflot aux Guignols.
Du coup, lorsque des personnes largement reconnues dans le paysage médiatique romand comme des connaisseurs du hockey sur glace tentent de lui faire remarquer que le sport no 1 en Suisse mérite mieux que des duplex Sotchi-Genève assurés par des types surfant sur Planètehockey.com une fois par semaine pour se tenir au courant du nom du dernier vainqueur de la Coupe Stanley, Massimo voit rouge. A coup de petites piques aussi lamentables qu’au-dessous de la ceinture, le chef a envoyé paître nombre de contribuables dont les impôts paient une partie de son salaire. Avec panache, le chef du Département des sports a ensuite pris soin d’effacer ces messages quand même un peu compromettants. Ouf ! L’image lisse et immaculée du personnage est sauve.

Au nom de la qualité

Quand une critique vient remettre en question la qualité d’un commentaire sportif, la réponse de Massimo Lorenzi est automatique : l’offre sportive de la chaîne publique est incomparable avec celle des pays environnants. La belle affaire ! La notion d’appel d’offres pour une retransmission sportive en Suisse se limite à un combat au bar du Café de la Radio entre représentants de la RTS et de Teleclub, sous fond de redevance obligatoire scandaleusement haute. En quoi la pluralité de l’offre est-elle corrélée à la qualité d’un commentaire ? Dans l’art de noyer le poisson, Lorenzi est passé maître.
Vu le montant ponctionné par Billag, il est tout à fait normal que le contribuable exige un minimum de qualité en contrepartie. De quelle légitimité Lorenzi peut-il se targuer en vantant à tour de bras le soi-disant incroyable travail réalisé par son équipe ? Est-ce qu’un employé du McDo va demander un pourboire à chaque fois qu’il vous vend un Coca sans en reverser la moitié sur le plateau ? Plutôt que se s’offusquer dès qu’un téléspectateur émet un avis déplaisant, Massimo Lorenzi serait bien avisé de réfléchir à comment augmenter la qualité de l’offre de son service. Un séjour en Allemagne pour les envoyés spéciaux aux matches du FC Bâle ou un manuel des règles du hockey sur gazon à lire avant de passer à l’antenne pour Pierre Poullier constitueraient sans nul doute quelques investissements bien placés.
Quand la plus grande sanction jamais prise au sein du service a été d’envoyer Pierre-Alain Dupuis faire le zouave au 19h30, il va sans dire que ce n’est pas tout à fait demain que l’on vivra un nouveau Maïdan du côté du quai Ernest-Ansermet. Pour la plus grande joie de notre site internet, mais également et surtout pour le plus grand désespoir des fans de sport romands.
J’ai donc, au nom des lecteurs de CartonRouge.ch, de l’ensemble de la rédaction et également un tout petit peu à titre personnel, l’honneur de remettre le

Pigeon d’Or des JO de Sotchi

à notre Massimo Lorenzi national.
Plébiscité par près de 40% de notre lectorat, le rédacteur en chef du Département des sports de la RTS se place d’ores et déjà en position d’outsider pour la grande finale de fin d’année. Nul doute que la Coupe du Monde au Brésil devrait servir ses intérêts et lui permettre de faire grimper sa cote auprès de tous les bons bookmakers.
Classement final :
1. Massimo Lorenzi : 233 votes – 38.5 %
2. Thomas Bach : 94 votes – 15.5 %
3. Patrick Montel : 92 votes – 15.2 %
4. Philippe Candeloro : 66 votes – 10.9 %
5. Damien Brunner : 38 votes – 6.3 %
6. Shaun White : 30 votes – 5 %
7. Sven Michel : 28 votes – 4.6 %
8. Alexander Ovechkin : 24 votes – 4 % 
Nombre de votes : 605

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7 Commentaires

  1. Il peut avoir raison sur le fond, mais avec une forme hautaine et condescendante ? Mais qu’est ce que vous attendez pour l’engager comme rédacteur pour CartonRouge ?

  2. Je trouve que ça fait un peu « esprit de clocher » et « préférence nationale » d’avoir élu Lorenzi, aussi insupportable soit-il, alors que des ténors comme le maléfique Thomas Bach étaient en course. Bach qui ferait passer Sepp Blatter pour un modèle de vertu, de gestion saine et de collaboration fructueuse avec les populations locales. L’un détruit l’Olympisme et l’autre fait des Tweet mal réfléchis? hmmmm

  3. Et voilà le vote-sanction, le vote par principe contre la RTS à l’instar du vote contre Pascale Blattner il y a quelques mois. L’article est rempli de généralités répétées chaque semaine sur CR, sans aucun fait précis à reprocher réellement à « l’ami » Lorenzi, aussi imbuvable soit-il. Sans aucun doute, il aura le Pigeon d’Or 2014, étant donné que même des types comme Pistorius n’arrivent pas à la cheville de nos commentateurs au niveau du nombre de votes.
    En attendant le vote annuel qui s’annonce aussi serré qu’un vote nord-coréen, j’espère que les prochaines sélections mensuelles seront intéressantes, et que cette-fois il y aura des faits réels à juger.

  4. Ah je pensais que le vote contre Pascale Blattner était un vote des vilains susceptibles lausannois…

    CR a ses coutumes aussi étranges soient-elles mais faut dire que la RTS a quand même des gens pas mal susceptibles en son sein. Ce n’est pas qu’en Suisse que la télévision publique est critiquée en matière de sport mais apparemment ils continuent de jouer les Calimero. Pour m’être amusé à switcher entre FranceTV et la RTS pendant les JO et on est pas forcément mal lotis. Après avec le prix de la redevance je comprends l’argument mais bon… Les commentaires de Montel sur FranceTV atteignent des sommets que la RTS n’atteindre je l’espère jamais. On ne parle pas du hockey sur glace (bon okay c’est pas le sport national en France et on imagine bien qu’un Pascal Droz qui commente du Handball ça serait pas non plus une leçon de journalisme). En revanche, d’autres trouvent le moyen d’être mauvais journalistiquement mais de captiver l’auditeur. Nelson Monfort par exemple avec ses monologues interminables qui parlent de tout sauf du patinage de vitesse. Au moins on sait qu’on va rigoler en l’écoutant et je pense pas qu’il a cette prétention de détenir la vérité absolue impossible à remettre en question.

    En revanche je pense que la RTS manque d’humour quand il s’agit de l’autocritique en effet. A part pour faire des blagues pourries sur le plateau de Sport Dernière ceux-ci n’apprécient apparemment pas trop d’être remis en question et sortent à chaque fois le « si vous êtes pas contents regardez ailleurs ». Ca ressemble à pu près à de la logique Nord-Coréenne non ?

    J’exagère un peu mais sur ce point je suis d’accord avec le Pigeon d’Or. En revanche ça me ferait littéralement chier que Teleclub commence à grappiller tous les programmes sportifs de la RTS. Pas envie d’être une vache à lait non plus.

    Etant étudiant en Lettres (ouais ça se voit pas je sais) je suis bien au courant de la difficulté qu’ont des amis à trouver des façons de rentrer dans le monde du journalisme. J’ai aussi abandonné ce rêve de gamin y’a un moment. La RTS y est pour quelque chose mais heureusement que des médias un peu différents existent grâce à Internet. Attention toutefois à pas faire une overdose de la guerre CR/RTS. Y’a du juste comme je l’ai dit mais aussi des propos à nuancer parfois…

  5. Franchement quand on a connu Eric Willemin ou PAD, c’est un peu dur… Après avoir maté pendant plus de 25 ans du sport à la TSR, c’est de très loin pas le pire. Alors sinon c’est pour les pigeons attribués à notre légendaire service des sports, c’est peut-être juste saisonnier.

  6. En lisant certains commentaires, on a parfois l’impression que leurs auteurs pensent que Sieur Massimo Lorenzi, ou chaque pigeon mensuel, d’ailleurs, aurait été élu par la rédaction de CartonRouge ! Eh, les gars, je vous rappelle que c’est les lecteurs du site qui élisent leur Pigeon du mois ! Il est élu DEMOCRATIQUEMENT par la majorité ! A l’image de l’initiative de l’UDC le 9 février dernier, c’est la majorité des votants qui scelle un résultat, vous voyez ? C’est vous, c’est nous qui DECIDONS !

  7. Ce qui était quand même assez drôle, c’est qu’en voulant donner des leçons d’orthographe à un tweet qui constatait simplement que « le journaliste de la SF a toute suite vu que la cage était déplacée, contrairement au commentateur de la RTS », notre vénérable Massimo a répondu que « à tout de suite vu » s’écrivait avec un accent et que « décidément vous faites aussi beaucoup d’erreurs ». Suite à de nombreux commentaires moqueurs de ses suiveurs, il a effacé son tweet et a bloqué le compte de l’interlocuteur en question.

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