Laurent Roussey n’a pas digéré

Viré du Lausanne-Sport puis du FC Sion, l’entraîneur français a vécu six derniers mois cauchemardesques, le tout couronné par un triomphe au Pigeon d’Or de janvier. Toujours avide d’entretiens exclusifs, CartonRouge.ch a retrouvé la trace de celui qu’on a nommé «l’imposteur» et, comme on n’est pas rancuniers et lui non plus, nous lui offrons cette tribune libre où tous les coups sont permis…

Laurent Roussey, comment allez-vous depuis que vous avez été successivement licencié de Lausanne puis de Sion ?Honnêtement, tout va pour le mieux et personne, ni à Sion et encore moins à Lausanne, ne me manque. Et j’aimerais juste vous rappeler que je n’ai pas été viré de Lausanne, mais promu à Sion. C’est un peu comme quand vous bossez chez Nestlé et que votre chef vous demande de quitter Mousline pour aller bosser pour Nespresso… En gros, j’ai eu une promotion avant d’être licencié. Mais que tout le monde se rassure, je suis toujours payé et plutôt bien.
Mousline contre Nespresso : vu sous cet angle effectivement, c’est une promotion. Les Lausannois apprécieront…
Ecoutez les gars, je me suis déjà exprimé sur le sujet. Je me sens plus proche des Valaisans que des Vaudois : leurs montagnes sont plus belles, leurs vins sont meilleurs, et leurs femmes sont moins connes. Le symbole du Valais est le Cervin, celui du canton de Vaud est la Dent de Jamon, il n’y a pas photo. Comparez le charisme d’Oskar Freysinger par rapport à celui de Philippe Leuba… Bref, dans tous les domaines, les Valaisans sont supérieurs. Pas besoin d’en dire plus.
Pourtant, votre histoire d’amour avec le Valais s’est mal terminée…
C’est vrai, j’ai été viré comme une merde (sic). Mais que voulez-vous, je suis arrivé dans une équipe au fond du bac : des joueurs de 15 nationalités différentes, des supporters fâchés et un président aussi crédible que Jean-Marc Ayrault au poste de premier ministre. De toute façon je m’en fous, que ce soit à Lausanne ou à Sion, j’ai été trahi par le mou et le queutard et jamais, ô grand jamais, je ne leur pardonnerai !

Le mou et le queutard ?
Le mou, c’est le surnom d’Alain Joseph. Un homme très gentil mais qui se fait marcher dessus par ses joueurs, sa femme et son jardinier ! Quand je bossais au LS, j’aurais pu lui faire avaler des couleuvres sans qu’il ne bronche. Quant au queutard, c’est bien évidemment Christian Constantin. Lui, il ne pense qu’au fric, à son égo et aux gonzesses ! Heureusement que ma femme est fidèle, sinon elle aurait elle aussi goûté au plaisir de la partie de jambes en l’air sur le sol d’un chantier.
C’est-à-dire ?
C’est la technique préférée du queutard : il invite sa cible au restaurant avant de lui proposer d’aller visiter un de ses chantiers. Arrivés sur place, il est comme Sion en finale de Coupe : il ne rate pas l’objectif et soulève sa coupe à lui, la meuf. Plus qu’architecte, Constantin aurait dû être peintre en bâtiment : son pinceau n’est jamais sec !
Et il fait ça régulièrement ? 
Bien sûr. Et avec les femmes des joueurs qui plus est ! La moitié du vestiaire est cocu, pas étonnant qu’ils ne donnent pas tout sur le terrain. La seule grande qu’il n’ose pas toucher, c’est celle de Frédéric Chassot, mais à la limite je le comprends… Un vieux de la vieille m’a prévenu à l’époque : «T’as connu Barberis à Monaco… Mais tu ne l’as pas connu entraîneur au LS. Ils avaient tout pour être champions… Mais Barberis tenait aussi bien son pied de vigne qu’une hyène en rut. Et à force de l’imaginer se faire huiler la branche par la moitié du stade, les joueurs ont pété les plombs… » Pareil à Tourbillon où l’ambiance est malsaine et où ça sent l’adultère dans tous les recoins du stade. Même dans le dernier des placards à balais tu risques de tomber sur CC.
Revenons au terrain Laurent. Votre Lausanne-Sport faisait pitié : une équipe qui ne tient pas 60 minutes de jeu sur le terrain, qui n’a aucune jouerie, aucune ambition, aucune structure, c’était vraiment pathétique non ? On aurait dirait la France de Raymond Domenech…
Oui, je suis un disciple de Domenech, ça vous pose un problème ? (Silence) Je crois au collectif, à la création d’un groupe par le groupe. C’est aux joueurs de créer sur le terrain, pas à l’entraîneur… Je ne suis là que pour faire des choix. Mais après, chacun ses responsabilités. Vous savez, mon école du foot, elle date. Et à cette époque, on n’avait pas à nous prendre la main pour péter la baraque. Si les joueurs sont des têtes pleines d’eau sans envie, ce n’est pas de ma faute.
Vous les avez quand même choisis ces joueurs, non ? Et honnêtement, le foot de Jean-Michel Larqué, il n’y a que sur les radios que ça marche… Même à la télé, ils n’en veulent plus !
Et avec quel budget ? A Lausanne, la politique c’était «on n’a pas de thune, on n’a pas d’idée, alors démerde-toi». Je ne pouvais rien faire avec l’enveloppe à disposition. La direction refusait même de me payer l’essence pour aller voir un match à l’étranger. Du coup j’ai fait avec les moyens du bord et franchement, dans deux mois, peut-être que vous me remercierez d’avoir fait signer Tafer, Ravet et Feindouno…
Certes, mais quand vous étiez sur le banc, il y avait autant de rêve sur le terrain que dans un goulag.
C’est vrai qu’en tribune le spectacle est formidable. En gros, je suis le Kadusi du banc. A Lausanne, il n’y a rien. Pas de public, pas de stade, c’est tout juste si on a des ballons pour s’entraîner. Même le terrain est dégueulasse. Ça donne de l’envie ça ? Et moi sur mon banc, avec trois francs six sous, je devrais monter une équipe prête à jouer l’Europe, tout ça en marquant quatre goals par match, devant un public qu’il faudrait commencer par trouver pour fêter les buts. Sérieux, j’en ai connu des clubs de merde en France. Mais à Lausanne, on touche le fond. Alors, vous avez le droit de penser que tout est de ma faute, moi je me vois plutôt comme une victime. Victime de Lausanne, de l’équipe, des dirigeants et du public.
Arrêtez Laurent, dans 30 secondes vous demandez votre femme en mariage !
Comme Domenech c’est ça ? Et ben oui j’aime Domenech, c’est lui que je vais demander en mariage !

Sérieusement, vous remplacez Jocelyn Roux par un cul de jatte, vous remplacez Anthony Favre par un manchot empereur qui n’a joué que 45 minutes de Super League. Alors on ne veut pas vous fâcher, mais honnêtement, votre responsabilité est énorme. A croire que ces rumeurs sur les commissions sont vraies ?
Quelles commissions, vous rigolez parce que je vais chez Aldi ? Je viens d’une région pauvre, je sais la valeur d’un franc. Et si je peux avoir un poulet polonais pour 9 francs le kilo, je ne vois pas pourquoi j’achèterais du Suisse à 25 francs…
On avait tout entendu sur vous, mais Aldi c’est un scoop ! Vous savez qu’en Suisse on a Denner ?
Voilà, vous rapportez tout à la Suisse. Comme si la Suisse était meilleure que tout. Vous avez déjà été champion du monde ? Non ! Vous avez inventé le Cognac et le camembert ? Non plus ! Et jusqu’à preuve du contraire, vous parlez le français et non le suisse ? A part deux-trois montagnes, il n’y a rien d’intéressant en Suisse et Denner n’a rien à voir avec Aldi.
Bon, nous n’allons pas être plus d’accord sur les courses que sur le foot… Mais à 700’000 francs par année pour un entraîneur et son staff, on attend un peu plus que du Aldi. On attend autre chose que des caissières payées au lance-pierre devant des étalages de palettes remplies de produits de seconde zone empaquetés dans des emballages dégueulasses.
Quoi, vous n’aimez pas les maillots ? Vous pensez que c’est moi qui les ai choisis ?
Arrêtez de tourner autour du pot. On vous parle de l’équipe, de votre équipe… De cette équipe qui n’a fait que 4 points en 6 mois. Bref, on parle de vous et de votre responsabilité.
Mais pour être responsable, il faudrait se sentir concerné ! Moi je ne l’étais pas. Parce qu’avec Constantin nous avions fait un pacte.
Un pacte, carrément ?
On a réglé ça sur un coin de table dans un vieux carnotzet. Il m’a dit «écoute Lolo, mon équipe est merdique et mon entraîneur est à chier. Le seul moyen que j’ai de me sortir de ce guêpier, c’est que tu coules Lausanne. Je te donne 6 mois. Ensuite tu reviens à Sion. Nous de toute façon, on ne va pas faire de points et faudra que je vire mon entraîneur… Ah, et puis je te refourgue Fickentscher, ça pourra toujours aider.» Alors je suis venu à Lausanne et j’ai fait le boulot !
C’est la théorie la plus crasse des cafés du commerce du canton de Vaud, vous n’allez pas nous dire que c’est vrai ?
Bien sûr que c’est vrai ! On en rigole encore avec CC…
Bon sérieusement, vous venez de vivre les pires moments de votre carrière, à Lausanne comme à Sion, où vous avez été viré pour manque de résultat. Une remise en question peut-être ?
Je le reconnais, à Lausanne je n’ai pas été bon. J’ai fait des mauvais choix et nous n’étions pas prêts. J’ai pris des risques, ils n’ont pas payé. J’aurais aimé être viré après 8 matches, mais ils ont préféré que je reste. Honnêtement, j’aurais pu partir avant. Tous les matins devant la glace, je voyais bien que je me mentais et que je mentais au public. Durant l’été on n’a pas travaillé. La faute à mon taré de préparateur physique qui a voulu tenté une nouvelle méthode. J’aurais dû me douter que ça partait en couilles quand il me parlait d’un chaman en Valais… Résultat des courses, on était à la rue. J’ai joué la défense et rien n’allait. Rien, absolument rien n’a fonctionné. C’est comme ça et de toute façon, ce n’est pas les 36 supporters et demi du LS qui vont me tirer la gueule…

Donc en gros, vous vous en tapez comme de l’an 40 de ce LS…
Comme je vous l’ai dit, mon club de cœur a toujours été le FC Sion et ça le restera. Autant mon licenciement à Lausanne m’a fait plaisir, autant me faire virer de Sion m’a fait mal. D’un autre côté, je vois le positif de la chose : plus besoin de répondre aux 45 téléphones du gros malade de la Porte d’Octodure, plus besoin de gérer une équipe de semi-dépressifs et finies les théories sur le football avec Frédéric Chassot. La seule chose que je veux garder chez vous, c’est mon compte au Crédit Suisse. Le reste, tant que le salaire tombe à la fin du mois, je m’en contrefiche.
Du coup, que faites-vous de vos journées actuellement ?
Je me lève à 9 heures, j’embrasse ma femme et la remercie de n’avoir pas succombé aux avances du queutard, je prends le petit-déjeuner en lisant L’Equipe et, sur le coup des 11 heures, je regarde l’état de mon compte en banque sur internet et je rigole. Il y a pire non ?
En effet… Quels sont vos projets futurs ?
Reprendre le LS en Challenge League et le faire couler en 1ère ligue ! (Rire) Sérieusement, je suis désormais de retour en France et j’y suis bien. Quelle chance d’être né français et non suisse. Votre pays d’incultes ne me manque pas du tout. Quant à mes projets futurs, j’aimerais bien trouver un autre club, pourquoi pas dans un grand pays de foot comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Il paraît que ça paie bien… Ne vous en faites pas pour moi, mon bras est aussi long que ma gueule est grande. 
On dirait que vous prenez du plaisir à être arrogant…
Pourquoi être sympa avec des cons ?
On vous renvoie le compliment…
Allez les jeunes, je vous laisse payer les cafés et je me tire !
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

A propos Marco Reymond 470 Articles
Un p'tit shot ?

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9 Commentaires

  1. Il n’a pas dit combien il se marre de voir celui qui scie et fait virer tous les entraîneurs auprès de CC, c’est-à-dire chassot, maintenant qu’il peut montrer comment faire avec ce fc Sion que tous les entraîneurs avant lui n’y connaissaient rien et surtout son « ami » Fournier…dixit, comment il faut s’y prendre pour couler un club.

  2. Bonne idée d’utiliser le 1er avril pour faire une parodie, Roussey est parfait pour cela mais… c’est en fait pas drôle et plutôt raté.

  3. perso cette parodie ne me fait pas rire c’est trop vulgaire … mettez vous à la place de celui qui se fait questionner….. je trouve ça même malhonnête… si ça fait rire certains moi pas je ne suis même pas arrivé à la fin…. humour de m…..

  4. Un type comme Roussey ne peut être que l’entraîneur du LS et de Sion. Dommage qu’il n’y a pas 2 relégués cette saison…

    Interview à l’image du personnage: bête et vulgaire.

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