Le néant

Pour la septième fois en huit matchs cette saison, le Lausanne-Sport est resté désespérément muet. Pire, les Lausannois ne se sont pas créé la moindre véritable occasion de but contre Grasshopper. Le spectre de voir l’automne 2012 ressembler comme deux gouttes d’eau à l’automne 2011 plane de plus en plus sur la Pontaise.

Ce match contre Grasshopper était l’occasion de découvrir la nouvelle configuration de la Pontaise avec le déplacement du kop lausannois en Tribune Sud. Le résultat n’est pas très brillant avec un bloc minuscule, grillagé et délesté de ses sièges casé dans un coin de la tribune. Il est clair que ce n’est pas évident pour les dirigeants lausannois coincés entre la mauvaise volonté des autorités communales et les règlements débiles édictés par des fonctionnaires qui n’ont jamais mis les pieds dans un stade mais la Pontaise devient de moins en moins accueillante et de plus en plus sinistre.

La Pontaise pour toujours…

Pourtant, il semble bien qu’il va falloir s’y faire quelques années de plus car, d’ici peu, la supercherie que constitue depuis le début le projet Métamorphose devrait être révélée. L’idée absurde d’un stade d’athlétisme à la Tuilière (auquel personne n’a jamais cru, c’était juste une promesse destinée à gagner la votation populaire de septembre 2009) devrait bientôt être enterrée pour en revenir au projet initial, soit un bricolage du stade de Coubertin qui signifiera à terme la fin d’Athletissima. Le sort du stade de foot projeté à Vidy n’est guère plus enviable, l’abandon ou le report du projet est dans l’air, on mettra la faute sur les méchants investisseurs privés qui n’ont pas voulu financer le complexe, alors que l’on savait d’emblée que le site retenu était trop mal situé pour développer des activités commerciales. Le seul but de l’opération, cela n’a jamais été que le bétonnage du plateau de la Blécherette et des Plaines-du-Loup pour vendre des droits de superficie à des promoteurs afin de remplir des caisses municipales vidées par vingt ans de gestion irresponsable des finances publiques. Du coup, c’est tout l’avenir du LS qui s’inscrit en pointillé car il va être difficile de développer quoique ce soit autour du club avec une telle incertitude autour des infrastructures ; alors que ton site préféré n’en était qu’à ses premiers balbutiements, je dénonçais déjà l’absurdité du projet ; près de six ans plus tard, rien ou presque n’a bougé, sinon que le seul atout du projet d’Epuration Stadion, une réalisation rapide, n’est plus qu’une vue de l’esprit.

Quel boycott ?

En attendant, le prochain bricolage prévu à la Pontaise, ce sera la couverture du secteur visiteurs. Les supporters de GC n’en ont pas profité et se sont coltinés la pluie glaciale des Plaines-des-Loups, cela ne les a pas empêché de chanter durant 90 minutes, c’était autrement plus puissant que les pâles supporters servettiens et sédunois vus il y a quelques semaines dans le même bloc. Il paraîtrait que les fans les plus acharnés des Sauterelles boycottent les matchs à domicile, joués dans l’antre du rival FC Zurich, et ne font que les rencontres à l’extérieur. A priori, c’est un boycott un peu plus sérieux que celui du BWFK qui, quelques jours après avoir annoncé en grandes pompes la suspension de ses activités, affichait fièrement sa banderole dans le nouveau bunker de la Tribune Sud «par respect pour le travail des joueurs». Autant on partage les critiques émises sur le comportement imbécile de la sécurité lors du LS – GC de mai dernier, autant là on a de la peine à comprendre la lisibilité du message envoyé.

Rien à signaler

Si je débute par une aussi longue digression, c’est qu’il ne s’est pas passé grand-chose sur le terrain. Pourtant, c’est bien parti avec d’entrée un coup franc de Marazzi dévié par Roux que Bürki est tout content de capter mais ce fut tout pour la première période. Sinon, le LS a montré une absence totale de fond de jeu, il n’y avait pas de mouvement, pas d’idées et des lacunes techniques affligeantes avec un nombre invraisemblable de passes et d’amortis faciles ratés. On peine également à comprendre certains choix de Laurent Roussey ; dans l’axe central, Sonnerat nous fait peur à chaque intervention, pourquoi ne pas remettre Katz à sa meilleure place et bénéficier de l’apport offensif d’un Chakhsi à droite ? Surtout qu’à mi-terrain, il ne faut pas compter sur le duo Marazzi-Rodrigo pour donner une quelconque impulsion au jeu, alors que sur les côtés Sanogo et Malonga se sont contentés de balancer des centres dans le paquet qui ont fait le régal de Vilotic et Grichting. Enfin, en attaque, Moussilou et Roux, comme souvent dans ce genre de match, ont couru dans le vide.

En face, GC, bien que restant sur une belle série, n’était guère plus fringant dans son très seyant ensemble maillot rose-short rose. Toutefois, sous l’impulsion d’un très bon Steven Zuber, les Sauterelles étaient un peu mieux en place, sans que cela ne débouche sur quelque chose de plus croustillant que quelques centres facilement captés par le gardien Debonnaire. Comme l’arbitre s’est mis au niveau du match, c’est-à-dire nullissime, avec une distribution grotesque de cartons jaunes (dix, dans un match très correct), on s’est ennuyé à la Pontaise.

Sur une jambe

Avec l’entrée en jeu de Khelifi et un tir au-dessus de Sanogo, on a cru le LS revenu du thé avec des meilleures intentions. Mais non, GC a ouvert la marque sur un corner repris de la tête par Milan Vilotic au milieu d’une défense figée. On a l’impression que le LS est actuellement tellement inoffensif offensivement (désolé…) que ses adversaires se contentent de jouer sur une jambe en se disant qu’ils ne risquent rien et qu’ils finiront bien par marquer sur une balle arrêtée ou une erreur adverse. Car, à part un tir lointain de Jocelyn Roux passé juste à côté, les Vaudois ne montreront pas le moindre signe de révolte. A aucun moment, on a senti une quelconque envie de compenser les lacunes techniques et tactiques criardes par une envie et une rage de vaincre supérieures, le LS n’a fait que subir les événements. GC en a logiquement profité pour doubler la mise. Il y a eu une première alerte avec une frappe de Ben Khalifa (par ailleurs transparent) sur la latte après un mauvais envoi de Matthieu Debonnaire mais c’est finalement Amir Abrashi qui trouvera la faille avec une frappe sur laquelle le portier lausannois n’a non plus pas bonne mine.

De mauvais souvenirs

On avait cru déceler quelques signes encourageants en début de saison qui laissaient à penser que cet automne serait un poil plus joyeux que le précédent à la Pontaise. Mais après ce non-match contre GC, on se croirait revenu douze mois en arrière : un entraîneur qui tâtonne et change de système de jeu à chaque match, un onze de base sans cesse remanié, un fond de jeu inexistant, une équipe sans confiance ni envie, un effectif qui devient pléthorique sans qu’aucun des nouveaux arrivés ne démontre qu’il puisse constituer un réel renfort…  Lorsqu’au moins les occasions de but sont présentes, on peut toujours se dire qu’un déclic pourrait suffire à relancer la machine. Mais quand l’équipe se montre impuissante à porter le danger devant le but adverse, comme cela a été le cas contre GC, l’inquiétude est de mise. Incapable de marquer le moindre but lors de sept de ses huit premiers matchs de championnat, le LS devra absolument profiter de la trêve dévolue aux équipes nationales puis du 1er tour de la Coupe de Suisse à Hochdorf pour se refaire une santé et retrouver le chemin des filets. Seule consolation : Servette paraît encore plus faible, mais c’est bien maigre.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Grasshopper 0-2 (0-0)

Pontaise, 5800 spectateurs.
Arbitres : M. Bieri, assisté de MM. Bühlmann et Heiniger.
Buts : 49e Vilotic (0-1), 94e Abrashi (0-2).
Lausanne : Debonnaire; Katz, Tall, Sonnerat, Facchinetti; Sanogo (76e Gabri), Marazzi (58e Guié Guié), Rodrigo, Malonga; Roux, Moussilou (46e Khelifi).
GC : Bürki; M. Lang, Vilotic, Grichting, Pavlovic; Hajrovic (86e Feltscher), Toko, Salatic, T. Xhaka (80e Abrashi), Zuber; Ben Khalifa (89e Paiva).
Cartons jaunes : 13e Katz, 18e Sanogo, 33e Zuber, 39e Roux, 65e Toko, 72e Salatic, 84e Sonnerat, 84e Hajrovic, 93e Grichting, 94e Abrashi.
Notes : Lausanne sans Favre, Meoli, Tafer, Avanzini ni Signori (blessés), GC privé de Gashi, Hossmann et Coulibaly (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. Déchaîné le Mouquin… et il t’emballe une analyse politique en même temps que le compte rendu du match…ça devait donc être particulièrement ennuyeux..
    Que Vidy ne soit pas le meilleur site (mais alors où?), ça peut se discuter. Un avantage que tu négliges, c’est l’altitude. La Pontaise, c’est pas loin de 700 mètres d’où cette impression qu’il n’y fait jamais chaud..On en reparlera quand les choses deviendront plus concrètes..

  2. Katz au centre et Chaksi à droite est une telle évidence qu’on se revoit (là aussi) une année en arrière quand Rueda insistait bêtement avec Page. (soupir)

  3. Le néant, couplé à des transferts calamiteux, on doit arriver à une douzaine de flops depuis 12 mois, fait qu’on se demande encore ce qu’on va faire à cette Pontaise.

  4. Il est temps que les joueurs de la ligne médiale du LS lâche les chevaux… en sont-ils capables ? Les jeunes nouveaux engagés sur ce point nous laissent un espoir…. plus de vivacité, plus de perforation des défenses adverses, plus de culot et plus de technique !

  5. L’emplecament logique pour un stade a Lausanne serait les terrains de Chavannes. Le metro y va deja, depuis la gare de Renens et depuis la ville, Le parking pourrait etre combine avec celui de la nouvelle salle de conference de l’EPFL la sortie d’autoroute est a 2 pas et la creation d’un grande centre commercial dans la region ne ferait pas de mal. Mais pour cela, il faudrait un peu de vision de la part de nos politiciens…

    Quand au musee des beaux arts, lol quoi! J’ai jamais mis les pieds dans un musee ou un theatre et je subventionne (avec mes concitoyens) chaque annee a hauteur de 30 millions la culture Lausannoise.. Et la pas de probleme pour remettre 300 millions pour le musee. Avec de telles subventions meme Collet pourrait gagner le titre dans les 5 ans….

  6. L’argent est tellement difficile à trouver maintenant pour toute sorte de projets, que l’idée de construire deux stades à Lausanne est absurde. En plus je pense que l’endroit choisi, Vidy est particulièrement inadapté pour y construire un stade. L’Unil et l’ Epfl ayant déjà pris beaucoup trop de place près du lac.
    A Lausanne comme à Zürich nous avons toujours eu un stade avec une piste d’athlétisme autour du terrain de foot. C’est ce qui nous distingue de certain autres clubs, moi cela ne me gène pas, j’y suis habitué et c’est très bien car Athletissima est une manifestation importante pour l’image de Lausanne.
    Je peine à comprendre pourquoi les responsables du foot, de l’athlétisme et du sport en général, tout comme les politiques de la région ne nous concoctent pas enfin un vrai beau projet commun pour un seul grand stade fonctionnel pour le foot, l’athlétisme, et les spectacles. Un projet remarquable, qui pourrait faire la fierté de plusieurs générations de Vaudois.
    Amis sportifs, remettez de la pression sur ces dirigeants, ces politiciens afin de trouver des synergies positives pour un vrai beau projet. Lausanne, pas seulement le club de foot, pourrai ainsi redevenir une ville importante pour le sport Suisse, et surtout enfin être consacrée comme, Lausanne capitale olympique.

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