Le terminus des prétentieux

Après un dernier défilé de crêtes, de demi-barbes et de godasses fluorescentes, les ostentatoires portugais rendent leurs chambres et s’annoncent pour le check-out. Ils seront de retour dans leurs foyers pour juillet et pourront y soigner leurs petites gueules de rockers devant la télé.

1. Résumé.

On a cru durant quelques minutes que tout allait changer pour le Portugal et le Ghana. Que ça allait être un match fou, rempli d’occasions pour deux équipes qui pouvaient rêver de qualification dans le cas probable d’une défaite étasunienne face à l’Allemagne. Et puis non. Les Portugais ont repris leur foot décevant, monomaniaques du débordement et du centre raté. Dévoués à leur capitaine qui les ignore et multiplie les mimiques condescendantes, ils vendangent des dizaines de passes en tentant d’atteindre sa Sainteté, en vain. 
Les Ghanéens avaient exclu deux de leurs joueurs à quelques heures du coup d’envoi, Boateng et Muntari, pour avoir astiqué des officiels de l’équipe. Ils faisaient correcte figure, mais juste après leur égalisation, on eut dit que personne ne les avisa qu’un but de plus les qualifierait pour les huitièmes. Sans monter le volume, ils pétouillaient encore et prenaient le 2 à 1 à la huitantième par Cristiano Ronaldo, pour le baroud d’honneur du Ballon d’Or.
2. L’homme du match.
Icare. La chute de Cristiano Ronaldo, perdant sublime, était mythologique. Coiffé comme jamais, érigé, tout en soin de soi, le héros affrontait l’échec sans se décomposer, dressé sur le pré. La multiplication de gros plans sur son visage défait, mélange d’orgueil bafoué et de mépris pour ses coéquipiers en ont fait une figure historique. 
3. La buse du match. 
John Boye, le joueur de Rennes qui cherche un nouveau club en appliquant le principe de «peu importe que ce soit en bien ou en mal, pourvu qu’on parle de moi». Après avoir pété le nez de Dempsey d’un coup de talon et la pommette de Thomas Muller d’un coup de clavicule, il se signale en ouvrant le score d’un dégagement raté type «bicyclette de piscine» sous la latte de son propre but. Cet homme a poussé la maladresse au rang d’art majeur. 
4. Le tournant du match.
L’égalisation ghanéenne à la 56ème minute mettait le Ghana à un but de la qualification. Mais probablement que les calculs étaient jusqu’ici confiés à Kevin-Prince Boateng. Celui-ci ayant été renvoyé chez lui à deux heures du match, personne ne s’en est rendu compte, le Ghana n’a pas touché au faux rythme de la partie et s’est laissé mettre la cueille de CR7 sans gémir. 

5. Le geste technique du match.
La Rockabilly-Skin de Cristiano pour son dernier match de la saison. En taillant au Christ Rédempteur (CR7) une nouvelle fantaisie sur le crémol pour qu’il ait de l’allure sur les compte-rendus du triplé qu’il pensait peut-être mettre au Ghana, le coiffeur du Ballon d’Or a fait son match, rien à dire. 
6. Le geste pourri du match.
La révélation du problème d’humilité du Portugal à la dix-huitième minute. Ronaldo met un coup de casque aux six mètres, le goal habituel. Fâché avec la réussite, il la met malheureusement dans les mains de Dauda, le gardien ghanéen qui repousse avec un peu de chance. L’action continue mais les défenseurs adverses sont montés. La balle est portugaise et une nouvelle action se construit. Mais elle avorte parce que sa Sainteté, tout à sa contrition n’a pas daigné revenir après son but manqué. Moche. 
7. Ce match m’a fait penser à… 
L’équipe de Suisse. Je regardais ces joueurs-étoiles portugais qui s’étaient tellement soigné l’allure. Crêtes, brosses, barbes, grolles improbables. Qui sortent du bus, regardent les photographes et se tiennent sur le pré comme s’ils étaient tous des rock-stars qu’on vénère. Ils toisent, défient, daignent, haranguent. A l’opposé des équipes plus modestes du tournoi qui vivent davantage en groupe et – pour certaines d’entre elles – continuent l’aventure. 
8. L’anecdote.
La débandade ghanéenne est totale et c’en est franchement triste. Depuis plusieurs semaines, une affaire de paris sportifs cochonne l’ambiance dans l’équipe et son encadrement. Mardi soir, Boateng et Muntari se battent avec l’entraîneur et un représentant du Ministère des sports. Ils sont renvoyés chez eux. Réclamant leurs primes depuis le début du tournoi, les joueurs obtiennent finalement qu’un avion chargé de 3 millions de dollars (sic!) relie Accra à Rio mercredi soir et reçoivent leur argent en cash. Au bout de la foirade, il montent sur le pré et passent à un goal de la qualification. Probablement sans même s’en rendre compte. 
9. Le Tweet.
@CristianoRonaldo: Putain, j’aurais mieux fait d’être Suisse #BandedeBurnes 
10. Rétrospective du prochain match.
Sans. 

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