Les Celtics cherchent toujours le trèfle à quatre feuilles

A l’image de la petite plongée dans le monde du foot américain sur ses terres, voici une brève étude comparative socio-anthropologique entre les versions NBA et universitaire du ballon orange…

Les deux équipes représentant la Nouvelle-Angleterre, qui évoluent au Gillette Stadium, à 20 miles de Boston, ont fait fort récemment : les Patriots vont disputer le Super Bowl dans quelques jours, alors que les Revolution ont crevé au poteau en finale de la MLS. Mais pour les franchises purement bostoniennes basées au TD Garden, c’est le ventre mou du classement à l’heure actuelle… et même le bas du ventre pour les Celtics, dans la lignée de la saison précédente.La venue des Brooklyn Nets peu après Noël n’a que confirmé leur déveine actuelle. On ne sait pas si les petits hommes verts existent ; on sait par contre que les grands hommes verts sont parfois transparents, à l’image du dernier quart temps, pourtant entamé avec sept points d’avance. Les Celtics semblaient avoir le «momentum» (copyright RTS) face à leur ancien et vieillissant coéquipier Kevin Garnett (38 ans), mais leur taux de réussite au shoot a plongé en même temps qu’eux. Ils ont alors crevé au cerceau (109-107), un dernier lancer sur la sirène pour arracher l’égalisation choisissant de ne pas rentrer. Quand on pense que le meilleur pointeur de la soirée, Jeff Green, est parti quelques jours plus tard aux Memphis Grizzlies, les affaires bostoniennes risquent de ne pas s’améliorer…

Les fans des Celtics, du moins les plus patients, pourront peut-être se consoler d’une autre manière en 2024, Boston venant d’être désignée comme ville candidate américaine pour l’accueil des JO d’été cette année-là ; le TD Garden en serait alors l’un des principaux lieux. Mais en réalité, les verts et blanc ne sont pas tout à fait chez eux, l’arène appartenant aux Bruins, ce qui explique ses sièges jaune et noir. Presque offensant pour la franchise la plus titrée de la NBA (17 championnats, certes un seul dans le dernier quart de siècle) et la seule du Massachusetts ! C’est que l’Etat est le berceau du ballon orange, tout comme du volleyball d’ailleurs (enfantements certes compensés par ceux autrement moins prestigieux de Dunkin’ Donuts ou encore George Bush senior). 
Mais en parlant des fiertés régionales, Harvard n’est pas en reste. Et après des décennies de discrétion basketballistique, les performances récentes se rapprochent enfin de celles académiques. Pourtant, le basket ne semble pas y susciter la même ferveur que dans d’autres universités, même si, depuis 2011, Harvard manie mieux le ballon orange que quiconque dans l’Ivy League, le fameux «club» semi-officiel des plus prestigieuses universités du nord-est américain  Il faut admettre qu’affronter Saint Rose n’était pas le blockbuster de l’année, comme la partie l’a confirmé. 1’033 spectateurs bien comptés pour un récital propre en ordre : 85-38, ça rappelle un peu les défaites non honorables de l’équipe de Suisse de la pire époque (reconnaissons en effet le léger récent mieux). L’atmosphère du jour rappelait également quelque peu la ligue A helvétique : feutrée, avec des spectateurs bien sages et proprets ; bref, c’était un peu «Polie Académie», quoique l’efficacité des Crimson aux abords des paniers s’est avérée largement supérieure à celle des sergents Tackleberry, Mahoney et consorts et consœurs… 

Le sport universitaire américain ne se laisse par ailleurs pas facilement apprivoiser. Avec 23 sportsm dont le bowling, à l’organisation encore plus déconcertante que celle du football helvétique (et ses deux «1ère ligue» et deux «2ème ligue»…), la NCAA exige du non-Yankee une période d’acclimatation prompte à la cogitation. Ainsi, pour le basket, pas moins de 32 conférences aux noms pas toujours franchement évocateurs (Big Sky, Colonial Athletic, Atlantic Sun, …) et, si l’on a bien suivi, des matches occasionnellement contre des adversaires évoluant dans une autre division (à l’image de Saint Rose, produit de la Division II). Dans la division I, l’une des conférences est celle de l’Ivy League, ce qui laisse un peu la curieuse impression d’être sur deux fronts à la fois. Le championnat global représente la consécration ultime, mais les parties contre d’autres équipes de l’Ivy League revêtent un intérêt sortant parfois du cadre purement sportif. Le championnat, c’est la notoriété grand public, alors que l’Ivy League représente le prestige face aux concurrents directs du point de vue académique.
Enfin, si la saison de NBA est démentielle, celle de NCAA est bien remplie également. Et pour prendre l’exemple des Crimson (le «pourpre» étant associé à Harvard dans tous les sports), c’est deux matches presque chaque week-end. On doute ainsi une nouvelle fois de la possibilité de faire preuve d’assiduité tant sur les parquets que dans les auditoires quand, de Boston, il s’agit d’aller passer le week-end en Arizona puis au Grand Canyon pour y affronter des équipes qui n’attendent que de bouffer leur prestigieux adversaire… 
Cet article constitue le troisième volet d’une mini-série sur les sports US qui s’étendra sporadiquement jusqu’à l’été 2015, CartonRouge étant représenté jusque-là outre-Gouille. 
Tome 1 : Gillette s’en sort excel(lemment bien) (Football / Soccer)
Tome 2 : Les petits soldats de l’autre ballon ovale (Football américain)

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