LHC : c’est l’heure du bilan

Après un retour dans l’élite parsemé de succès, il est l’heure de faire le bilan de la saison pour le Lausanne HC avant de partir en vacances et de préparer la saison prochaine avec prudence. Retour sur une saison qui a surpris de nombreux docteurs du hockey suisse.

L’avant-saison vue par les docteurs

Du côté des savants et journalistes professionnels tels que le latinophobe Klaus Zaugg, on annonçait ce LHC solidement ancré  à la 12e et dernière place avec 0.06 points pendant qu’on titrait déjà que l’Ours bernois allait conserver son titre. L’effectif du LHC en début de saison (le club est arrivé tard sur le marché des transferts, rappelons-le) promettait du spectacle dans son enceinte réputée bouillonnante avec comme atout ses quatre mercenaires étrangers. Par contre, on prédisait une défense «ultra-light» avec des joueurs de seconds rôles qui ne tiendraient pas le choc et un entraîneur qui ne passerait par l’hiver… Force est de constater que sur la glace, le scénario n’a pas tout à fait été le même. Sur une échelle de 1 à 6, retour sur 57 matchs intenses des Lions lausannois en débutant par les aspects dits extérieurs.

Le public : 4 (sur 6)

Ce fameux public de Malley – le meilleur de notre galaxie –, c’est 6’528 personnes de moyenne et 8’000 en play-off. Un score revu à la baisse dû au remaniement de la patinoire qui a suscité de nombreuses polémiques, mais cela ne suffit pas à justifier une assistance en mode diesel lourd. A l’ère du «hockey business», le public de Malley avait mal commencé l’année par une scission entre son kop historique, la direction du club, et l’arrivée en force des VIP derrière les buts pour chauffer les fesses des générateurs de flux financiers, ressources indispensables pour la survie d’un club en LNA. Pire, les incidents contre Kloten en tout début de saison mèneront le club à construire une cage à lions dans l’enceinte du CIGM.

 

Heureusement, l’hallucinante saison sportive permit à certains déçus de mettre de côté leur amertume afin de refaire du bruit. Dans les réjouissances, on soulignera le comportement exemplaire en play-off, notamment lors du naufrage de l’acte IV contre les autres Lions (défaite 1-7) avec une patinoire debout et une magnifique ovation. Le public – âme et fierté du LHC – a su galvaniser l’équipe quand il le fallait, avec par exemple cette ambiance de feu lors de la victoire contre ce même adversaire durant l’acte VI. Cela dit, le LHC avait largement rempli son objectif sportif et n’avait strictement rien à perdre. En plus d’un début de saison où l’ambiance a souvent été plate, la grosse désillusion se situe également au niveau du nombre moyen de spectateurs, pardon de billets vendus, en terminant derrière Fribourg et surtout Genève (Winter Classic excepté). Et ça, ça la fout sacrément mal. On pourra toujours mettre la faute sur Teleclub, toujours est-il que la saison de la promotion a délibérément été snobée par une frange du public.

La direction technique : 2½

Tout a été dit et redit au sujet de la gestion des problèmes et de la communication absolument calamiteuse de la cellule dirigeante qui, perchée dans sa tour d’ivoire, a réussi l’exploit de pourrir ses relations avec le public de base, la populace gueuse enivrée qui reste collée aux buvettes tels des parasites qu’il faut éradiquer par tous les moyens. Une fois le nettoyage commencé, le contrôle de l’information a permis d’étouffer toute forme de critique hostile au régime du Sarko du LHC et de ses disciples. Incapables de comprendre la mentalité et le fonctionnement d’un club qui possède ses propres spécificités, les dirigeants ont été, pour l’heure, épargnés qu’en raison du parcours formidable de l’équipe. La cacophonie résultant des raisons qui ont mené à l’installation des fauves adverses à l’ouest sous couvert de faux prétextes impliquant des ordres de la police aura été le clou d’un spectacle consternant.  En cas de coup dur, ils devront être prêts car la révolte pourrait être impitoyable.
Question budget et situation financière, le bilan est déjà plus reluisant, ce qui n’est pas bien compliqué au vu du reste. Sous ses faux airs du grand chef Alain Ducasse, Patrick de Preux,  ancien député PLR et président de l’Association des notaires vaudois avait pour mission de maintenir le projet du club en LNA au niveau des finances. Pas d’excès donc. Rarement aux avant-postes, il a su équilibrer le bilan de l’entreprise et acquis le respect des autres cylindrées du hockey suisse. Il devra encore faire un effort, lui aussi, au niveau de la communication car ce n’est pas en persistant dans l’arrogance et l’autocongratulation que les affaires vont s’arranger. C’est donc bien au niveau de la communication que le directoire du club vaudois a échoué sur toute la ligne. L’engagement de Maïque Pérez, dont on se demande toujours sa réelle utilité dans l’organigramme du LHC, était donc pleinement justifié.

La direction sportive : 5½

On ne peut que féliciter Jan Alston pour son flair des bons transferts réalisés pour créer l’équipe qu’est le Lausanne HC aujourd’hui. Néophyte à ce niveau, le part était loin d’être gagné. Maintenant, un défi autrement plus important attend le Québécois : confirmer sur cette lancée et éviter au club une évolution biennoise.

Le staff d’entraîneurs : 5½

Fraîchement démis de ses fonctions au SC Langenthal, Heinz Ehlers avait signé avant l’heure pendant que Zeno devenait une légende du club. Vous l’aurez compris, ce n’est pas avec les faveurs de la cote que le bon Heinz fit son entame dans le bercail lausannois, d’autant plus que le style froid et défensif du Danois ne colle pas vraiment avec l’atmosphère du LHC. Tous les témoins étaient donc au rouge à son arrivée. Et pourtant, quelques mois et des miracles plus tard, les supporters scandaient encore son nom une heure après le dernier match des play-off. Un jeu peu chatoyant, un spectacle offensif aux abonnés absents, des victoires parfois dégueulasses ; c’était l’unique recette pour tirer le 100% de l’effectif lausannois et de leur permettre d’accrocher le train des play-off. Le Ralph Krüger des Lions a fait tout juste, Bravo Monsieur Ehlers.

Mais serait aussi Ehlers sans le caribou au crâne lisse John Fust ? Déjà créateur d’exploits en qualifiant les Langnau Tigers trois ans plus tôt pour les play-off, John Fust a surtout honoré son contrat au Lausanne HC plutôt que de céder aux dollars du CP Berne. Très apprécié des joueurs, le Canadien est un grand artisan de la saison réussie du LHC. Comme dirait la pub bien connue, «Fust et ça fonctionne».
Finissons avec Mike McNamara. Cet homme a quasiment 50 ans de hockey derrière lui et porte la moustache depuis 45 ans. Respect. Sa science du hockey a certainement permis au duo d’entraîneur d’interroger le vieux sage dans certains moments.

Les étrangers : 5

Juha-Pekka Hytönen : 5½
Meilleur compteur lausannois de la saison régulière, Hytönen s’est vite imposé comme la bonne surprise du début de saison. Le casque d’or a été quasiment dans tous les bons coups et a été le moteur de cette excellente première. Seul bémol : son pénalty raté contre Zurich durant l’acte II et sa fameuse canne cassée contre Genève-Servette alors que le but était vide. 100% de victoires contre le rival genevois aurait été digne d’un titre de champion suisse pour l’équipe lausannoise !
Daniel Bång : 5½
Le grand suédois a eu un peu de peine à s’habituer au hockey suisse en début de saison mais n’a cessé de monter en puissance pour finir le pion essentiel dans le jeu lausannois. L’un des meilleurs joueurs du championnat dans les bandes et en zone neutre, il est clairement une carte d’atout du système Ehlers/Fust. Il a pour mission de ramener des copains suédois comme lui.
Oliver Setzinger : 5
Le Gretzky des Alpes a alterné entre un début de saison compliqué et des coups de génie. Cependant, il ne s’est jamais réellement imposé dans le système de jeu du LHC cette saison. C’est peut-être le point faible d’un joueur lorsqu’il a trop de facilité. Dommage. Nous avons adoré ce joueur, mais il ne fera hélas plus partie du contingent lausannois.
Colby Genoway : 3
42 matchs joués et pas un but à 5 contre 5. Bon pion en power-play, bonne vision mais éternellement trop léger pour la LNA. Une sorte de Jérémy Gailland canadien. On soulignera quand même que c’est le seul joueur du LHC qui sait tirer les pénaltys, mais cela n’est pas suffisant pour sauver une saison ratée.
Damien Fleury : pas noté
Pas vraiment le finisseur qu’on attendait, mais il faut dire que le niveau est plus élevé que de l’autre côté de la frontière.

Les gardiens : 5½

Cristobal Huet : 6
Pas besoin d’aller à Lourdes pour croire en Dieu. Il est là ! La seule note maximale de la rédaction est attribuée à Cristo, impeccable sur la glace comme dans le vestiaire et même au fitness. Cristo, merci !
Christophe Bays : 5
380 minutes de jeu et un taux d’efficacité de 91% dont un match digne d’un tout grand dans l’antre du CP Berne. Celui qui est appelé à être le Poulidor des gardiens lausannois est promis à un bel avenir. Ce n’est qu’une question d’opportunité et de patience.

Les défenseurs : 5

John Gobbi : 5½
L’homme qui a été appelé comme patron de la défense lausannoise a effectué sa mission avec succès. 123 shots, un lancé de casque d’or (Roman Wick) en tribune et un pénalty marqué façon Gelson Fernandes contre l’Espagne, Gobbi semble avoir retrouvé de sa superbe et a réalisé l’une des meilleures saisons de sa carrière.

Joël Genazzi : 5
Cantonné au rôle de défenseur malgré lui, l’ex-Viégois a bien rempli la mission qui lui a été confié. Sa polyvalence a permis de boucher les trous et blessures tout au long de la saison et même d’être parfois employé en situation spéciale.
Larri Leeger : 5
Le Zuricho-finlandais a déjà connu le Graal avec le ZSC Lions très tôt dans sa carrière. Auteur d’un bon début de saison, Leeger a simplement conservé le niveau de jeu qui lui a permis de tenir sa place toute la saison.
Federico Lardi : 5
Bonne saison du revenant Lardi dans l’équipe lausannoise. Il a su tenir sa place dans l’élite et n’hésite pas à aller là où ça fait mal.
Ralph Stalder : 4½
Un peu frêle pour de la LNA, Stalder a fait le job qu’on lui demandait sans paniquer. A voir s’il évoluera toujours sous le maillot lausannois l’an prochain.
Philippe Seydoux : 5½
Le multi-commotionné et revenant Seydoux est apparu en cours de saison. Quelques matchs pour se mettre dans le rythme et une fin de saison en fanfare avec une expérience précieuse dans les matchs plus relevés.
Daniel Eigenmann : 3
10 petits matchs et retour en LNB. D’abord frustré de ne pas avoir pu s’imposer dans l’élite, Eigenmann semble devoir encore butiner un moment chez les Abeilles avant de revenir chez les grands.
Johann Morant : 4½
Le serial killer du hockey suisse avait émis le souhait de revenir en Suisse romande. Bonne saison, bonne vitesse et bon boxeur. Un pion qui était devenu important dans l’équipe lausannoise. Hélas, les dollars zougois semblent avoir eu raison de lui. On l’aurait bien vu une saison de plus au LHC.
Jannik Fischer : 5½
Le bûcheron de la glace était prédit pour être le défenseur le plus faible de l’équipe. A force de travail, il a été la meilleure progression de la saison. Malgré ses 3 ou 4 autogoals, Jannik Fischer a défendu la zone du gardien corps et âme.
Alain Reist : 4½
On mettra un 4½ pour Alain pour l’ensemble de sa carrière et son corps dévoué pour l’équipe. Une bagarre contre Vandermeer en début de saison, quelques vidéos dignes d’un ultra sur le net et une saison réussie pour finir sa carrière par la grande porte.

Les attaquants : 4

Etienne Froidevaux : 5
Meilleur compteur suisse derrière… Gobbi, Froidevaux a démontré avec sa ligne de parade, tout ce que le public lausannois aime bien. De l’abnégation, un bon sens du but et surtout un maillot trempe. Bon transfert.
Thomas Déruns : 4½
Annoncé comme le cadre de cette équipe lausannoise, Déruns a tout d’abord commencé la saison sur les chapeaux de roues avec cette lucarne en prolongation contre Berne en début de saison. Puis, un Déruns en version marmotte avec une série de 28 matchs sans marquer. L’homme était devenu lent, inefficace et on craignait «Burkhalter II, le retour» du côté de Malley. Heureusement, Déruns s’est réveillé tel le phénix pour inscrire plusieurs «game-winning goals». On regrettera juste cette horrible charge sur Bärtschi à 3 secondes de ses vacances d’été.

Caryl Neuenschwander : 5
Mêmes remarques que pour Froidevaux, le genre de joueur qui joue avec ses qualités et qui s’est bien fondu dans le groupe.
Benjamin Antonietti : 5
Un début de saison timide, un poids plume qui sait se faire respecter et un doublé en play-off. Le Benjamin des frères Antonietti (sont-ils vraiment frères ?) a montré qu’il faut compter sur lui lorsqu’il est bien entouré.
Florian Conz : 3
La grosse déception (avec Savary) de cette équipe lausannoise cette saison. Utilisé dans plusieurs triplettes, le grand frère des Conz a réussi un seul coup de maître cette saison: le pénalty inscrit à son frère en saison régulière. Il va falloir se réveiller l’an prochain.
Simon Fischer : 4
Pas une grande technique et parfois limité, le grand Simon a quand même été un pion important devant le but pour gêner le gardien. C’est un peu le seul qui sait faire ça avec Bång. A vérifier s’il sera encore lausannois l’an prochain.
Paul Savary : 3½
L’autre déception de la formation lausannoise. On lui attribuera la note de 3½ car malgré lui, il a été mal utilisé. Seule véritable erreur de coaching cette saison, il aurait dû faire les 25 matchs de Tim Ulmann en première ligne en début de saison.
Codey Bürki : 3
Auteur d’une bonne saison l’an passé, Codey Bürki est passé à côté de sa saison. Aurait-il trop privilégié les sorties au Darling plutôt qu’aux entraînements ?
Tim Ulmann : 3
25 matchs en première ligne avec des étrangers et pas un but. Il aurait peut-être fallu des buts de football pour tester son efficacité mais pour cette saison, c’est franchement raté.
Josh Primeau : inclassable
On vous voit tous venir sur vos grands sabots ! Josh Primeau n’est pas une tête de turc, ce sont les Turcs qui ont une tête de Josh Primeau.
Non notés : Jérémy Gailland et Gaétan Augsburger, éternels blessés.

Écrit par Sylvain Pelletier et Alexandre Krimine

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3 Commentaires

  1. On peut jouer défensif et présenter du spectacle. Perso, ce LHC là ne m’a jamais ennuyé à Malley et même lorsqu’il n’a pas marqué plus d’un goal, il y avait plus de 30 tirs par match. Donc le système Ehlers n’est pas critiquable à mes yeux.

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