Mourir un peu plus…

«Stade de merde, terrain de merde et deux équipes de merde !» La quintessence de toutes les synthèses entendues dans les escaliers tristes d’une Pontaise funèbre vaut mieux qu’une image. Lausanne-Sport est mort un peu plus samedi. Un samedi noir.

Il faut dire que tout avait mal commencé. Ton serviteur et un ami ont eu la très mauvaise idée de s’arrêter au stand à saucisses. J’en ai bouffé des merdes dans ma vie. J’ai même failli craquer deux jours avant le match au milieu de la Chine pour des langues de canard brunâtres, à l’odeur ragoutante. L’haleine des locaux m’a convaincu qu’il ne fallait pas faire le pas. Mais il faut reconnaître que les saucisses de la Pontaise sont un appel au crime. Un attentat à une gastronomie pourtant pas trop compliquée. Jusqu’au pain et à la moutarde, tout est dégueulasse sur ce bout de carton à 7 francs. De quoi te mettre de bien bonne humeur avant d’attaquer un match qui aurait pourtant pu donner du rêve, au moins un peu… Si Lausanne s’est petit à petit installé en première mi-temps au milieu du terrain, pardon d’un champ de mines, il n’y aura pourtant rien eu à se mettre sous la dent pendant les 45 premières minutes. Juste le temps de constater que nous ne sommes pas venus voir le Barça. De réaliser aussi que si les joueurs ont peut-être un zeste de foot dans le sang, ils ont le sang qui doit très mal circuler… Qu’à coups de passes ratées, de contrôles approximatifs et d’erreurs de placement, les deux équipes n’ont ni l’ambition ni l’envie, ni même les moyens de faire mieux.

Il y aura bien l’arbitre qui tentera de s’illustrer sur un ou deux cartons pointilleux. Le reste n’est que misère. Bonne nouvelle tout du moins, Facchinetti commence gentiment à régler la mire. Ses centres ne vont plus se perdre dans les tribunes, ils touchent aujourd’hui un troisième poteau déserté et des panneaux publicitaires en mal de visibilité (3’050 spectateurs… ). Ce n’est pas encore l’Amérique, mais on y croit ! Ce dernier a néanmoins le temps. Il faut admettre en effet qu’au vu de la qualité du jeu de tête des tours lausannoises, mieux centrer ne servirait à rien. Ou tout juste à agacer les derniers aficionados de la Tribune Nord.  A croire que les Banana et autres Plessis jouent avec des minerves les yeux bandés…

Engagez-vous qu’ils disaient…

A l’image de toute une équipe à la rue, Facchinetti continuera en deuxième mi-temps à nous gâter de ses approximations, à ne pas profiter des espaces et à trotter gentiment dans sa zone de confort. Celle qui n’apporte aucun danger pour l’adversaire, celle qui lui permet de ne pas trop courir, de ne pas s’engager, de ne prendre aucun risque. Témoin d’une jouerie stérile dont il n’aurait pas fallu beaucoup samedi pour qu’elle soit efficace. Mais l’engagement et la volonté sont un vocabulaire que Lausanne a sciemment ou pas négligé samedi. Qu’on le veuille ou non, c’est incompréhensible quand on connaît la situation du club, les bonnes impressions récentes et la victoire de Sion mercredi.
Preuve de ce relâchement coupable, une seconde période où il aura fallu 30 minutes pour voir les résidents des hauts de Lausanne revenir du vestiaire. Le temps pour un Aarau, pourtant aussi difficile à contenir qu’une hystérique de 16 ans bourrée dans les travées du Mica, de trouver l’ouverture. Désespérément seul dans les 16 mètres, un contrôle ajusté, un sombrero façon Bellerive et une demi-volée efficace auront permis à Andrist de trouver l’ouverture. Triste, dommage et rageant. Où était la défense vaudoise, le marquage ? Aux vestiaires tout simplement. Le seuil de tolérance du public lausannois n’est pas très élevé. Mais il a ses limites. Et de tels manquements sont à la limite du supportable, ils mériteraient des gifles, des centaines de gifles.

Coaching perdant

Témoin de cette sieste générale, Marco Simone lui-même. La sortie de Feindouno pour Feltscher aura fini de convaincre le public que cette soirée puait la mort. Incompréhensible, cette erreur grave de coaching n’aura eu aucun effet. A part celui de semer encore un peu plus le trouble dans un milieu de terrain qui n’en avait pourtant pas besoin. Feltscher a même été tellement nul que sa prestation prête à sourire. Un poulet sans tête n’aurait pas fait tache à côté de ses courses et gesticulations inutiles.
L’entrée de Ming aura eu la même absence d’effet. Le pauvre a rendu une performance de haut rang digne de son prédécesseur Khelifi. 14 passes sur 15 ratées (ou plus ou moins), aucun impact et toujours aussi peu de kilos sur la balance. Il est des changements dont on se serait bien passé. On ne lui en voudra pas, mais si la formation du Lausanne-Sport n’a rien d’autre à fournir que des nains de 32 kilos, il faut tout de suite arrêter les frais. C’est certes dans la droite ligne d’une direction sportive qui n’engage que des renfaibles… Quant à Coly, on retiendra juste la prononciation ridicule de son nom par le speaker de la Pontaise, à qui on devrait quand même expliquer que Coly n’a pas quatre accents circonflexes sur le «o»…
Le pire dans tout ça, c’est qu’Aarau n’avait pourtant rien d’une citadelle imprenable. Loin de là. Mais ce Aarau a pris 6 points à la Pontaise cette saison, ça fait beaucoup. Pour ceux qui ne le savaient pas, ça pue toujours un peu plus la mort à la Pontaise. Et ce n’est pas nous faire rire, bien au contraire.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Lausanne-Sport – FC Aarau 0-1 (0-0)

Pontaise, 3’050 spectateurs.
But : 50e Andrist (0-1).
Arbitres : Graf ; Sangiovanni, Kurnazca ; Fähndrich.
LS : Antonio ; Banana, Mevlja, De Pierro ; Tafer, Plessis, Ekeng (65e Ming), Feindouno (55e Feltscher), Facchinetti (78e Coly); Ravet, Vukusic.
Aarau : Unnerstall ; Nganga, Bultvitis, Garat, Jaggy ; Burki, Ionita, Andrist (75e Gygax), Luescher (91e Jackle), Radice ; Hallenius (46e Senger).
Cartons jaunes : 16e Luescher, 61e Garat, 72e Vukusic, 85e Coly, 90e Banana.

Écrit par Vince McStein

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4 Commentaires

  1. Tout est vrai, tout est juste, rien à ajouter..
    Reste un mystère: comment une équipe fringante il y a 8 jours devient un ramassis de fantômes en une semaine?
    Autre chose: l’état lamentable du terrain. Lausanne n’a donc plus de jardiniers ou ils se sont tous convertis en gratteurs de glace à Malley?

    L’avantage de la Ligue B c’est que tu peux tout recommencer à zéro, l’avantage de ne pas rester en Ligue A c’est s’éviter les voyages à Vaduz… on se console comme on peut

  2. Papier qui résume bien la situation, aller voir un match à la Pontaise c’est aussi excitant qu’une soirée TV avec Alain Morisod.
    Comment voulez-vous que des joueurs se transcendent dans un ambiance aussi mortelle ? Quant on voit comment les supporters arrivent à motiver leur équipe à St-Gall, Lucerne ou même Thoune et bien on se dit que cela ne sert à rien d’insister et que le LS n’a vraiment pas sa place en Super Ligue.
    Rien ne sera possible à Lausanne tant qu’il n’y aura pas une nouvelle enceinte moderne qui provoquerait inévitablement une nouvelle dynamique autour du club. Mais comme il semblerait étonnant que cela arrive un jour, l’avis mortuaire n’est plus très loin.

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