Parce qu’Anthony Favre le vaut bien…

Dimanche sur le coup des 11 heures, un car rempli de 70 personnes, conduit par l’excellent Jean-Jacques et floqué aux couleurs du LHC est parti d’Echallens pour rejoindre la plus grande ville de Suisse. But de l’opération : soutenir Anthony Favre et ses coéquipiers du FC Zurich pour la finale de la Coupe. J’y étais et te raconte.

Après une petite nuit et un réveil plus que difficile, c’est tout de même avec un grand plaisir que je rejoignais le parking des Trois-Sapins pour monter dans ce car à deux étages et participer à ce déplacement organisé par la famille Favre. L’ambiance est joyeuse et festive, ce d’autant que les premières canettes de bière ne mettent pas longtemps à exploser. Les bons types sont présents en masse et les tournées de saucisson et fromage, préparés par Julien Bocion et deux joueurs du FC Assens, arrivent aussi vite que nos verres se vident. Comme toujours, les théories vont bon train : «sortira-t-on vivant du stade si Lugano remporte cette finale ?», «avec Zurich, Aarau, Servette, Xamax et l’ambitieux FC Wil, la Challenge League aura de la gueule la saison prochaine», «Zidane est béni des dieux» ou autre «elle est quand même bonne Alicia Keys».
Plusieurs verres, une petite sieste et quelques gags un peu lourds plus tard, nous voilà arrivés à l’heure pour cette finale entre les deux cancres de Super League. Le FC Lugano, longtemps dernier et parfois pathétique cette saison, a sauvé sa peau in extremis, grâce notamment à une victoire 4-0 face au FCZ lors de la 33ème journée et un dernier succès 3-0 à la maison face à un St-Gall en roue libre et très content de reléguer son voisin zurichois. De son côté, le grand FC Zurich a donc chuté en Challenge League après 26 saisons consécutives dans l’élite. Malgré une petite embellie avec l’arrivée d’Uli Forte à trois journées de la fin, le quatrième club le plus titré du pays ne s’est pas remis d’un second tour aussi mauvais que le premier, et peut s’en vouloir d’avoir maintenu Sami Hyypia aussi longtemps sur le banc. Le Finlandais, vilain croisement entre Séverin Lüthi pour le charisme et Stéphane Henchoz pour les talents d’entraîneur, peut sans autre changer de vocation. Ou faire ses preuves dans le championnat de Finlande où il croisera plein de gens drôles comme lui…

C’est pas la Pontaise

Malgré la pluie et sa récente relégation, laquelle a engendré quelques scènes d’émeute et des milliers de dégâts en ville mercredi soir, le FC Zurich peut compter sur un nombreux public. Nos places sont d’ailleurs à quelques mètres de l’impressionnante Südkürve où pétards et fumigènes n’en finissent plus de péter, le tout orchestré par des ultras cagoulés qui font presque aussi peur que Loana sur un plateau télé. «Putain, c’est pas la Pontaise» se dit-on à maintes reprises. La tension est palpable et on sent bien que la relégation a été vécue comme un véritable traumatisme par les supporters. La bannière déployée par les ultras vaut mieux qu’un long discours: «Gagnez la finale, rentrez chez vous et continuez à avoir honte !» Le message est clair de la part du kop zurichois qui n’encouragera pas ses joueurs durant toute la rencontre. Bonjour l’ambiance.
Autant le dire tout de suite, ce ne fut pas du football champagne et les occasions de s’enflammer furent aussi rares que les victoires zurichoises sous l’ère Hyypia. Il faudra attendre la 33ème minute et ce pénalty magnifiquement détourné par Anthony Favre pour connaître un premier frisson et assister au tournant du match. Si Bottani avait réussi son essai, nul doute que la finale aurait épousé un tout autre scénario. Car en face, le FCZ semblait tout sauf serein, ce qui est normal au vu des événements de la semaine dernière. Alors qu’on se dirigeait vers un 0-0 des familles, Sangoné Sarr inscrivit l’unique but de la finale à la 41ème à la suite d’un mauvais renvoi de Salvi. Un score somme toute logique pour un FCZ emprunté mais légèrement dominateur.

Du remplissage

La seconde mi-temps s’apparentera à du remplissage avec d’un côté un Lugano impuissant et maladroit, et de l’autre un Zurich qui se contentera de jouer en contre et de repousser sans trop de difficultés les timides assauts tessinois. Tout juste notera-t-on la 62ème minute lorsque Favre – encore lui ! – détourna sur le poteau un tir de Donis. Cette période provoquera d’ailleurs un gros coup de barre de mon voisin, lequel trouvera les bras de Morphée pour une quinzaine de minutes sous l’œil amusé des spectateurs assis autour de nous. Sur ce match, le FC Zurich a semblé largement supérieur à ce pâle Lugano, sans idées ni venin, ravivant à coup sûr les regrets du côté des hommes de Forte.
Relégation oblige, la fête ne sera pas totale pour les Zurichois qui célébreront ce titre avec retenue. Les vainqueurs de la Coupe éviteront de s’approcher trop près de la Südkürve où les applaudissements furent très modestes et les jets de projectiles très fournis. Alain Nef et Gilles Yapi tenteront bien une approche avec le trophée mais recevront un accueil aussi chaleureux qu’un rabbin débarquant à la bande de Gaza. Une ambiance on ne peut plus bizarre, donc, pour conclure cette saison 2015-2016 du football suisse. Ce qui sera également bizarre, c’est le calendrier des Zurichois la saison prochaine, eux qui iront défier par exemple Le Mont à Baulmes (on se réjouit de voir les 1’000 ultras zurichois envahir le stade Sous-Ville…) avant d’aller écumer les pelouses européennes. Mais un titre reste un titre et on était très heureux de voir Anthony Favre, l’enfant de Saint-Barthélemy, soulever ce trophée auquel il aura grandement participé. Bravo Antho !

Le retour en car, lui, ressemblera fortement à l’aller avec lourdeurs (désolé…), planchettes à gogo et vin blanc à profusion. C’était très sympa de partager ce moment avec la famille Favre, sa fiancée, quelques habitants de St-Barth’ et les potes, en attendant d’en partager un autre, encore plus symbolique, ce samedi dans le Gros-de-Vaud. A n’en pas douter, la fête sera superbe et les accolades au rendez-vous !

Lugano – Zurich 0-1 (0-1)

Letzigrund, 21’500 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
But : 41e Sarr 0-1.
Lugano : Salvi; Veseli, Datkovic, Urbano, Jozinovic; Sabbatini (60e Crnigoj), Rey, Piccinocchi; Alioski (56e Tosetti), Donis (70e Rossi), Bottani.
Zurich : Favre; Nef, Kecojevic, Kukeli (20e Grgic); Koch, Yapi (52e Cabral), Sarr, Vinicius; Buff (75e Chiumiento), Kerzhakov, Bua.
Notes : Lugano sans Culina, Padalino (blessés) ni Djuric (suspendu), Zurich sans Brecher, Alesevic, Schönbächler, Kleiber, Etoundi, Sanchez ni Brunner (blessés).
Cartons jaunes : 16e Sarr. 31e Favre. 42e Sabbatini. 71e Buff. 73e Rossi. 82e Veseli. 92e Vinicius et Rey.

A propos Marco Reymond 470 Articles
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3 Commentaires

  1. Une autre ambiance que Sion en finale… Mais bon, personne ne peut rivaliser avec nous !

    Bravo quand même au FCZ et à Anthony Favre qui aura été le grand bonhomme de cette «  » »finale » » ».

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