Plûviose et Messi dort

Arena de Sao Paulo. Ypleu, comme le sorcier de Oumh-pa-pah. L’Argentine tine et la Hollande lande. Les Pays-Bas sont au-dessous du niveau de l’amer, digue-digue-don et les Sud-Américains à raz la pampa. Dans un match dont Yves Débonnaire (l’aimable professeur qui siège au côté du Docteur Develey) dit qu’il est, peut-être, de nature à intéresser les entraîneurs, les Bataves et les Pampistes nous livrent une partie de dzim-dzim géant aux vertus léthargiques. Et, de fait, et bien qu’il répugne à user d’un vocabulaire trivial, votre serviteur s’est emmerdé ferme ! D’où un article où c’est qu’on va sentir qu’il n’a pas menti quant à son ennui profond.

1. Le résumé du match.90 minutes de bâillements + 30 minutes d’ennui = 120 minutes de foot somnifère. Au moins, parfois, dans le sommeil, on trouve des rêves. Là, que dalle, nada ! Bien sûr qu’ils sont tous très affûtés techniquement. Bien sûr qu’ils sont bien élevés et qu’ils se disent pardon quand ils se bousculent. Bien sûr que Robben. Bien sûr que Messi. Bien sûr que tous les autres. Mais franchement, s’épuiser la voûte plantaire à courir 120 minutes pour ça, se bousiller la poumonnerie en jouant à chat et souris pour concocter le spectacle le plus non-footballistique que j’ai jamais vu !
Bref, ce résumé aurait pu être : « 0,00 » et ce n’eut point été exagéré. À la fin, les Argentins ont gagné. C’est tout ce qu’il y a à retenir.
2. L’homme du match.
Bon ! Ce n’est pas parce que le match était SNAC que certains n’ont pas tiré leur épingle du jeu : Vlaar, superbe match, Mascherano, intransigeant et incroyablement combattif (ces deux-là m’ont vraiment séduit (vous voyez que je ne suis pas QUE négatif et, enfin, Romero : il a quand même sorti deux tab !
3. La buse du match.
Cillessen, le gardien batave, pour son attitude pendant les tirs au but : vouloir imiter un collègue, ça vous a un petit côté touchant mais faut pas se gourer. Au lieu de l’attitude, faut prendre le talent. Et un Messi tellement aux abonnés absents que Sabella aurait pu le sortir sans qu’on voit la moindre différence dans le jeu argentin. Au contraire de la sortie de Van Persie, à la cheville duquel Huntelaar n’arrive pas.
4. Le tournant du match.
Le dernier péno argentin de Maxi Rodriguez car c’est au contour de ce tournant que sur les museaux hollandais on vit rage.
5. Le geste technique du match.
Peut-être la superbe accélération de Messi, sur l’aile droite, en toute fin de seconde prolongation, deux dribbles, deux coups de rein, un superbe centre. Et le crochet de Cillessen sur Aguerro : fallait oser ! À part cela, franchement, même si le match a été chiant comme rarement, il faut admettre sa haute tenue technique et de la part des deux formations.

6. Le geste pourri du match.
Peut-être le tacle par-derrière de Huntellar sur Messi. Inutile et dangereux. Mais, franchement, pour une demi-finale de CDM, pas grand-chose à dire. Même la faute de Kuyt sur Zabatella (incident de jeu) ne mérite pas le pilori.
7. Ce match m’a fait penser à…
…. Un film de Bergman, scénarisé par Buñuel et Godard, avec l’apport de Bondartschuk,  joué par des comédiens islandais, dialogué en finnois et passant en VO, à deux heures du mat’ sur ARTE : le genre de truc que si tu l’as loupé, tu t’en veux pas vraiment, quoi !
8. L’anecdote.
Comme certains le savent, je ne suis que le pur produit du football des talus que chantait naguère Raymond Pittet, journaliste sportif auquel on doit, notamment, le village de Bottoflens. Pur produit des talus, certes mais invaincu sur le plan intercontinental. Il ne m’est arrivé qu’une seule fois, dans ma longue carrière de bras-cassé, de jouer un vrai match à enjeu : un barrage contre la relégation. Nous avions joué sur le terrain du Châtaigner, au Mont sur Lausanne. Un jour, en fin d’après-midi. Et comme hier soir, nous sommes allés jusqu’aux prolongations : 2-2 à la fin du temps réglementaire. Et à, on a tout fait comme les grands : massage du molgo fatigué, détente de la nuque, branlage de la cuisse, Isostar en cascade, des embrocations en veux-tu en voilà que ça sentait tellement  l’eucalyptus qu’on aurait pu voir un koala. Nos adversaires nous regardaient goguenards jouer les vedettes, assis sur un talus, d’aucun fumant une clope, notamment. Et nous avons gagné 4-2 : deux buts en seconde prolongation, à la nuit tombante ou au crépuscule naissant, selon qu’on est wagnérien ou pas. Nous avions décidé, avec l’équipe adverse que, quel que soit le résultat, nous irions manger ensemble parce que, franchement, passer de 4ème en 5ème ligue ne justifiait ni que l’on se fâchât  ni qu’on oubliât les bonnes manières. Et c’est ce que nous avons fait. C’était à la Carillère, à Vers-chez-les-Blancs. J’espère que Hollandais et Argentins ont pu faire la même chose parce que c’était grand, ce moment-là.
9. Le tweet à la con.
#CDM2014 : « je crois que la nullité est liée au nom : Hollande ! »nicolas.S@plulélisée.zou
#CDM2014 : « argent blanchi, passe encore mais argent teint, quand même » CaserneOhoma@MB.us
10. La rétrospective du prochain match.
Faisant illusion quatorze minutes, l’Argentine se prend la Mannschaft dans les dents et encaisse deux goals en dix minutes. On n’aura pas besoin de Brehme pour désigner un vainqueur sur pénalty. Les Germains sont champions du monde en dominant des Sud-Américains dont la rigueur tactique aura explosé sous les coups de boutoirs de la meilleure équipe du monde. De l’autre côté, la Hollande se paie le Brésil. Et franchement, par les temps qui courent : c’est pas très cher.