Quand on ne veut pas gagner, on perd… (proverbe)

L’âge venant, la tentation est forte de vous parler des derbies d’antan, les trois jours qui précèdent, la fièvre d’avant-match, la foule aux guichets, l’excitation si particulière qui nimbe ces matches dont on ressent qu’ils ne sont pas tout à fait comme les autres. Enfant, j’ai connu ça et je pourrais vous en parler des heures durant…

Stop, coupez ! Ce film-là appartient aux archives en noir et blanc de la Cinémathèque. Les derbies d’aujourd’hui se passent en Ligue B et ça se voit. Ils sont devenus des matches comme les autres et peut-être même pire que les autres puisque les footeux d’aujourd’hui confondent l’excitation et la brutalité. Voilà ce qu’on retiendra de ce énième Servette – Lausanne, match pourri, sans passion, sans risque, sans envergure. Lausanne avait habitué ses supporters à des débuts de match tonitruants. On a vite déchanté : le club vaudois alignait un 4-5-1 désespérant contre un Servette impressionné comme un enfant avant sa première rencontre avec le Père Noël. On s’est donc emmerdé ferme pendant 45 minutes. Lausanne n’a pas vraiment de numéro 10 qui fasse le jeu et confie alternativement ce rôle à Ming Yang ou au hasard, ce qui est à peu près la même chose. Le malheureux jeune homme, étouffé par le pressing genevois et abandonné par les siens, a fait sûrement le pire match de sa courte vie, ratant tout, mais vraiment tout (je pense qu’il a trébuché aussi en remontant dans le car qui le ramenait à Lausanne).

Le responsable de ce début de naufrage, c’est d’abord Francesco Gabriele. L’entraîneur de Lausanne, sorte de Tino Rossi gominé, a fait ses classes à Thoune et à Bellinzone, paraît-il. Pas la peine d’insister, on sait que ce n’est pas dans ces clubs-là qu’on apprend la beauté et l’harmonie. Gabriele n’attaque pas, il attend, comme dans le Désert des Tartares. Il ne veut pas gagner, il a peur de perdre… Et pour attendre, il a sa muraille de briques : Meite, Veloso, Hochstrasser, des solides gaillards, du roc quand ça défend mais hélas, pas du twist quand ça attaque. Si on ajoute Dessarzin – dont j’avais écrit qu’il était un poulet sans tête mais qui cette fois était une tête sans jambes – qui n’a jamais passé son défenseur… Restait Ianu qui a marqué un but lunaire : une frappe de 30 mètres dont la trajectoire improbable devrait foutre la migraine au matheux qui voudrait la calculer. Mais tout ça est un peu ric-rac. En passant, plutôt que de s’en réjouir, Gabriele devrait s’inquiéter que le Roumain soit à une exception près le seul marqueur de son équipe (7 buts sur 8). Ça veut dire qu’en attaque il y a Ianu et rien d’autre.
La seconde mi-temps fut à peu près de la même eau tiède. Gabriele n’a rien changé à ses mauvais choix tactiques en laissant Yang finir son pensum et en ne lançant un deuxième attaquant qu’à 10 minutes de la fin… à la place de Ianu.
A Servette, l’entraîneur est gallois et les Genevois jouent à l’anglaise : on passe par les ailes, on centre, on passe par les ailes, on centre etc. A force, c’est un peu lassant mais finalement assez efficace. Surtout que comme ça on obtient des coups-francs. Et comme chez les Anglais un coup-franc – à quelque distance que ce soit – c’est une occasion, Servette a eu des occasions. Dont un penalty – justifié – envoyé au milieu des supporters genevois dont l’état de santé mentale, je rassure leurs médecins, a peu évolué depuis l’an dernier. Servette a donc marqué deux buts sur coup-franc dans 10 dernières minutes qui furent les meilleures d’un match techniquement pathétique. Le deuxième par Jocelyn Roux entré à un quart d’heure de la fin. Le Nyonnais n’a rien perdu de ce qui le rendait attachant à Lausanne : il gueule, il gesticule, il enrage et il marque. Sauf qu’à Lausanne, il ne finissait pas toujours la phrase.

Lausanne n’a à peu près plus joué dès la 70ème minute, laissant Servette revenir dans un match qu’il a largement mérité de gagner, parce qu’il le voulait un peu et même carrément beaucoup plus. Lausanne revient dans le rang à une place qui correspond mieux à sa valeur actuelle. S’agissant d’ascension ni l’une ni l’autre équipe n’ont donné l’impression d’avoir vraiment le calibre mais, le temps passant et sur un malentendu, sait-on jamais.
Un dernier mot sur l’arbitrage, piteux, irritant, exécuté par un certain Jaccottet. Une grande bringue dégingandée qui n’avait pas l’air de voir le même match que tout le monde. Outre quelques décisions absurdes, ce mec a inventé la règle du double carton jaune. Exemple : un certain Markovic – ex-gardien de camp en Serbie – fauche Hochstrasser. Astuce : le bourreau reste au sol, comme la victime. Fichtre, se dit l’homme en jaune, que faire ? Il a trouvé le Jaccottet : carton jaune aux deux. La douleur, c’est suspect, n’est-ce pas ? Bingo et félicitation pour cette trouvaille conceptuelle que je propose de dénommer désormais un Jaccottet.
Me voilà au bout de ce pensum. On ne fait pas un bon compte-rendu avec un mauvais match mais rassurons-nous, il y en aura d’autres. Des bons matches, donc…

Servette – Lausanne 2-1 (0-1)

Stade de Genève, 6’090 spectateurs (record de la saison en Challenge League).
Arbitre : M. Jaccottet (mauvais).
Buts : 28e Ianu 0-1. 54e Doumbia 1-1. 93e Roux 2-1.
Servette : Müller; Sauthier, Mfuyi, Dams, Markovic; Hasanovic, Doumbia, Pasche; Bua, Vonlanthen (69e Roux), Avanzini (80e Gazzetta).
Lausanne : Castella; Chakhsi, Krasniqi, Rippert, Marazzi; Hochstrasser (68e Mveng), Meite; Veloso, Ming (78e Lavanchy), Dessarzin; Ianu (85e Savic).
Cartons jaunes : 17e Ianu, 56e Markovic, 57e Hochstrasser, 59e Ming, 89e Meite, 89e Pasche, 92e Müller.
Notes : le LS sans Katz (suspendu), De Pierro, Delclos, Dupuis (blessés).

Écrit par Michel Zendali

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18 Commentaires

  1. De la mauvaise foi vaudoise comme on l’aime… Jacottet a été terriblement mauvais, as usual, mais il n’a pas réellement avantagé le plus grand club romand de l’Histoire. Sauf sur le but de la rouquine, tu me dira… et tu auras raison! faute imaginaire, but de l’homme détesté par les genevois ayant de la mémoire, et victoire des Grenat.

    Quant au but de Ianu… frappe lunaire mon cul, gardien pourri plutôt! Müller est une arnaque, une chèvre, je ne comprend pas ce qu’il fait encore à Genève.

  2. Article insultant pour les personnes qui s’efforcent de redresser le LS. Mr Zendali pour notre bien et surtout le vôtren abstenez-vous désormais de tels articles qui n’apportent vraiment rien au football et au club. Merci d’avance.

  3. Quel plaisir ce match ! Quelle joie, quelles émotions, merci Servette.

    Non, vraiment, je me réjouissais de lire l’article d’un Lausannois en mode pleurnicheur (comme d’habitude) sur CR.

    Quelle mauvaise foi tout de même. Certes, l’arbitre n’a pas été excellent, mais les cartons jaunes donnés à ces jeunes lausannois la gueule tout le temps ouverte (à croire qu’ils étaient des Genevois) étaient mérités ! Hochstrasser a tout simplement insulté l’arbitre, c’est la raison du carton et non l’explication sans queue ni tête de M. Zendali.

    Cette victoire, que j’avais annoncé l’année dernière, n’a pas de prix et replace le meilleur club romand à sa juste place.

    Servette n’a pas été excellent et la volonté de gagner a fait la différence dans ce match pauvre techniquement et tactiquement. Je ne pensais pas Servette gagné après la 1ère mi-temps, mais il me faut chaleureusement remercier les Lausannois qui se sont tiré une bonne balle dans le pied à force de reculer, de rouspéter et de ne pas savoir défendre sur les coups de pieds arrêtés…

    Quel pied tout de même !

  4. C’est mignon les insultes aux relents douteux. Après le gardien de camp en Serbie, à quand une blague douteuse sur Mfuyi et sa machette (au Congo, ils maitrisent bien) ?

    Sinon, c’est ballot, mais Kevin Cooper est anglais. pas gallois.

    Servette impressionné ? C’est peut-être bêtement le style de jeu actuel de l’équipe. Mais bon, pour ça, il faut un minimum se renseigner avant, au lieu d’être imprécis comme un article du Matin.

    Quant à Jacottet, il est nul. Rien de neuf.

  5. excellent article (carton rouge pour ceux qui n’ont pas compris c’ est pas le 24 heures…….c’est un peu différent,direct,second degré et objectif ) ,rien a redire et quel plaisir ce goal de Roux ,suis vraiment très heureux pour lui!! quand au LS désolé mais ça redresse plutôt contre le bas….et c’est dommage d’ailleurs

  6. Du second, voire troisième degré digne de la pauvreté présente sur la pelouse. Bien vu Michel !

    Heureusement que les partisans du SFC aiment à se faire mal en nous rappelant sans cesse qu’il fut un temps où la teinte grenat planait au-dessus de notre championnat….
    Une période qui nous rappelle le cinéma muet.

    Et dire que la mégapole lacustre affrontait celle des pêcheurs, le tout devant les yeux ébaubis de 6000 pelés.
    Une affluence que Savièse ou Boncourt n’auraient pas reniée.

  7. Très bon papier de l’excellent Zendali!

    Mauvais match dans l’ensemble entre deux équipes impuissantes.

    LS = naïveté !
    SFC = pauvreté !

    Mais les Genevois, au moins, n’ont rien lâché et sont allés chercher cette victoire. Le LS doit IMPÉRATIVEMENT muscler son jeu et, surtout, son mental.

    Et puis les Loz, arrêtez d’avoir la gueule constamment ouverte et de choper des cartons à la con !

  8. Article aussi nul que jaccottet ! On dirait qu’on regrette les Plessis, Kadusi et Banana de la saison dernière ! Je préfère mille fois des jeunes qui mouillent le maillot et qui font des erreurs plutôt que des mecs qui s’en tapent du maillot et qui jouent pour le salaire à la fin du mois comme la saison passée ! Cette saison j’ai du plaisir à aller voir le LS et ces jeunes suisses/vaudois chaque week end !

    Et perso, et je ne suis pas le seul, le derby me tend plusieurs jours avant…

  9. Monsieur Zendali a été malhonnête durant tout le match avec un vocabulaire qui sied bien à sa tronche boutonneuse Tino Rossi était, lui soigné, intelligent, tout le contraire de vous

  10. @ fred, on aura compris, rassurez-vous…Cependant, l’écriture au 2ème ou au 3ème degré demande de la part de l’auteur une intelligence et une finesse que M. Zendali n’a pas. Il fait dans la provoc et l’insulte gratuites, le tout adressé à des mômes de 20 ans qui pour la plupart ont réalisé leur rêve à savoir jouer pour le LS. M. Zendali ne doit plus avoir de rêves depuis bien longtemps…

  11. Mômes ou pas la prestation générale du LS, particulièrement en 2ème mi-temps, n’a pas été à la hauteur des attentes de certains supporters pour un derby.
    Il est vrai, et c’est ce que révèle M. Zendali, la faute en revient grandement à la tactique frileuse et le peu de soutien au milieu donné à « ying yong yang », ainsi qu’au coaching de l’entraîneur/staff lausannois. Seul Marrazzi est sorti du lot, avec Ianu, notamment en 1ère mi-temps avant de s’éteindre gentiment.

    Mental fragile dû au jeune âge de l’équipe, et la tolérance qui devrait l’accompagner, ne m’enlèvera pas le goût amère de la deuxième mi-temps à sans cesse reculer (comme chaque match du début du championnat). Il manque probablement un leader sur le terrain et pour l’instant sur le banc (avec du poids). A lui de corriger le tir avec ce « match référence » qui devrait lui donner de la matière à discuter avec les jeunes lausannois.
    Quelle indiscipline ! Et même si l’arbitre est mauvais, seul le capitaine devrait parler à l’arbitre. C’est pas ce dernier qui a fait perdre le LS mais bien les décisions de son coach et le comportement sur le terrain de sa jeune garde (sortie du match à force de rouspéter).

  12. On parle de coaching, mais qu’aurait fait le « beau » Zendali avec le peu de joueurs sur le banc? Il ne restait que des jeunes qui n’ont jamais joué avec la première

  13. Très bon article! Tout à fait d’accord avec Michel, ils ont beau être inexpérimenté et jeune, quand on est pas au niveau on joue pas! Il y a d’autres jeunes qui n’attendent que d’avoir leur chance en équipe première

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