Toujours pas de belle gigue…

Sept changements par rapport à l’équipe de base, Willie n’a pas fait dans le détail. Il refuse toutefois d’entendre parler d’équipe B. «Chez moi, il n’y a que des titulaires en puissance. Équipe B, ça ne fait pas partie de mon vocabulaire». Déjà que son vocabulaire est restreint et que je suis prêt à parier ma chemise qu’il parle mieux allemand «que sa langue maternelle»… Et pourtant, la Belgique, une fois encore sans briller, l’a emporté. Et sans que ça soit du vol, même si ce fut loin d’être diabloglorieux.

1. Le résumé.Il faut s’y faire. La Belgique ne séduit pas. Mais elle gagne en respectant toujours le même schéma depuis le début du tournoi: 10-15 premières minutes relativement plaisantes dans le camp adverse – histoire de voir si on ne marque pas – et si ça ne marche pas, on se montre patient, même à 10 contre 11, la défense verrouille et on place une frappe chirurgicale dans les 20 dernières minutes. Pour le reste, rideau. C’est chiant pour le spectateur neutre, mais le technicien du foot apprécie à sa juste valeur.
Enfin, non, pas précisément rideau: 13ème match consécutif sans défaite pour Wilmots (record national), aucune défaite avec Courtois dans les buts en 20 sélections et le même Courtois qui garde pour la 101ème fois ses filets inviolés en à peine plus du double de matches professionnels, excusez du peu, 26/30 en tour préliminaire, 9/9 en phase de poules, on ne fera pas la fine bouche.

2. L’homme du match.
La Belgique du football a toujours préféré mettre le collectif en avant. Depuis le début du tournoi, la défense des Diables est souveraine et dégage une rare sérénité. Je mettrai quand même deux gars en avant :
1. Daniel Van Buyten, qui est absolument sou-ve-rain depuis le début de cette Coupe du monde. Le vieux n’a commis aucun faux pas, il assure et rassure.
2. Anthony Vanden Borre, voilà un gusse qui a été le 2ème plus jeune diable de l’histoire (il faut remonter à 1911 pour trouver trace d’un plus jeune sélectionné). Apres une jeunesse dure dans les quartiers difficiles de Bruxelles tout d’un coup rendue trop facile par les premiers salaires généreux passés à faire la fiesta avec les gonzesses, il s’est fourvoyé dans une multitude de clubs. Après sa formation à Anderlecht, il a ciré le banc à la Fiorentina, à la Genoa, à Portsmouth et à Genk. Il est revenu la queue entre les jambes à Anderlecht en demandant humblement la permission de s’entraîner avec le noyau B. Six mois plus tard, on lui refaisait un contrat et le voilà à la Coupe du monde. Respect.
3. La buse du match.
Mon pourtant chéri Steven Defour. Il a mis l’équipe – et, à plus longue échéance, le groupe – en difficulté.

4. Le tournant du match.
Les montées au jeu de Chadli et Origi, dont la vitesse et le volume de course ont fait basculer la rencontre
5. Le geste technique du match.
Le centre-tir de Son sur la transversale, même si je pense qu’il s’agissait d’une fausse queue.
6. Les gestes pourris du match.
Steven Defour: un tacle que si le Coréen n’avait pas eu de protège-tibias, on aurait eu droit à une scène de Games of Thrones, les effets spéciaux en moins. Inexplicable. Carton rouge amplement justifié.
Mention spéciale au Coréen auteur d’un tacle tout aussi vicieux sur Vanden Borre dans les arrêts de jeu.
7. Ce match m’a fait penser à…
Une manif de très, très intermittents du spectacle au milieu d’un festival organisé par les frères Dardenne en hommage à Jean-Luc Godard.
8. L’anecdote.
Avant-match sur le plateau de la RTBF (notre chaîne publique)…
Benjamin Deceuninck (présentateur): «On critique l’équipe belge. Certains ont même parlé d’équipe coupée en deux».
Philippe Albert (consultant): «Ouais, mais c’est Ménès. Ménès, il faut tout le temps qu’il critique. Et comme la France ne joue pas trop mal, il se rabat sur Wilmots et la Belgique. Mais il a jamais joué foot, jamais touché un ballon. Sauf peut-être en-dessous de sa chemise».
9. Le tweet à la con.
#CDM2014 inspirez, expirez, soupirez…@dalailama
10. La rétrospective du prochain match.
La Belgique franchit brillamment l’écueil américain. Furieux, Obama retire les troupes de l’OTAN du pays, ce dont profite Poutine, furieux lui aussi, pour annexer la Belgique en envoyant des Mig stationnés depuis quelques jours à Alger. Le traité de Lisbonne est suspendu avec l’aide de Barroso, déçu de ne plus être reconduit à la tête de la Commission européenne; l’Union s’effondre en quelques minutes, je perds mon job et je demande l’asile politique en suisse, ne serait-ce que pour être une voix de plus contre Blocher et sa clique, eux-mêmes cramoisis de colère après la victoire belge contre la Suisse.

A propos Xavier Lizin 39 Articles
...

Commentaires Facebook

4 Commentaires

  1. Errata: veuillez lire
    1. « que sa langue maternelle… »
    2. « Enfin, non, pas précisément rideau »; et
    3. « et le même Courtois qui garde pour la 101ème fois ses filets inviolés en à peine plus du double de matches professionnels ».

    Scusez, j’ai pissé ma copie vers 1h. du matin.

  2. Bel article. La Belgique devra mettre la 2ème si elle ne veut pas rendre les clés de la chambre et s’annoncer au Check out…
    Gros potentiel mais on attend encore dans un groupe qui ne faisait pas rêver.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.