Un char de carnaval pour le grand Zico !

Zico, le Pelé blanc, a 61 ans depuis dimanche et tout Rio est en liesse. Le légendaire footballeur de Flamengo est en effet la vedette du Carnaval 2014, Coupe du Monde de football oblige. Voici le Zicoval. Dans la dernière nuit du Carnaval sur le fameux sambodrome, l’ancien numéro 10 de l’équipe du Brésil a en effet défilé sur le char de l’école de samba Imperatriz.

L’an passé, la ville carioca avait commémoré en grande pompe les 60 ans du plus grand joueur de tous les temps du CR Flamengo. Tous les artistes de Rio avaient enregistré une version de l’hymne de Flamengo adaptée à l’événement, et tout le gratin carioca célébrait son héros.

Une statue pour un monument

Sa statue avait été érigée dans les locaux du club. Zico, ce monument du football mondial et un des meilleurs joueurs brésiliens de tous les temps avec Pelé, Garrincha, Rivelino, Socrates, Romário et Ronaldo.
 
Ses statistiques sont éloquentes : en 88 sélections (amicales et officielles), il a marqué 66 buts en dix ans, de 1976 à 1986. En club, Zico affole aussi les compteurs. Il a disputé 765 matches et marqué 568 buts pour Flamengo, 79 matches et 57 buts pour Udinese, 88 matches et 54 buts pour Kashima Antlers.
Cependant, avec Michel Platini, Alfredo Di Stéfano, Johan Cruyff et, pour le moment, Lionel Messi, il reste un des meilleurs footballeurs de l’histoire à n’avoir jamais gagné la Coupe du Monde.
Arthur Antunes Coimbra est né à Rio le 3 mars 1953. Il est le cadet d’une fratrie de six (cinq garçons et une fille). Avant lui, son grand frère Edu fut un des piliers de l’America, grande institution carioca. Edu a aussi porté les couleurs du Brésil. Son autre frère, Antunes a, pour sa part, joué à Fluminense.
Autant dire que chez les Coimbra, les fils faisaient la fierté de leur famille et surtout du papa, Tondela José Antunes Coimbra, immigré portugais et membre fondateur du mythique club de la Gavea. Mais c’est le petit dernier qui allait porter encore plus haut le nom de la famille, en devenant le meilleur joueur de tous les temps de Flamengo.
Zico a franchi toutes les étapes avec une grande facilité, en suivant tout simplement les pas de ses grands frères : «Ils ont ouvert le chemin, et j’avais le bon exemple. Quand j’ai été moi-même confronté aux mêmes situations, j’avais toujours quelqu’un de bon conseil à mes côtés», se plaît à relever Zico.

Flamengo dans le sang

Zico se souvient de son enfance bercée par les chants du club rouge et noir : «Un drapeau du club était accroché au mur dans presque toutes les pièces de la maison. Notre chien s’appelait Mengo (surnom du club) et nous avions même un oiseau rouge et noir dans une cage : cela donne une idée de notre fanatisme…»
A 14 ans, le jeune Artur, O galinho de Quintino de son surnom, fait des prouesses dans les cours de récréation. Ses grands frères, qui ont rapidement décelé son immense talent, le poussent à embrasser la carrière professionnelle. Il fourbit ses armes sous les couleurs d’America. Un jour, Flamengo appelle à la maison : «J’ai passé quelques tests et j’ai pu choisir entre les deux clubs. Le cœur a dicté mon choix.»
A 16 ans, Zico dispute son premier championnat dans l’équipe espoirs. Il est d’une stature fluette et se frotte d’emblée à des joueurs plus âgés au physique imposant. Cela lui forge le caractère et affûte aussi son jeu, tout en finesse et en rapidité.
Avant Lionel Messi qui a été soumis à des injections d’hormones de croissance pour gagner 20 centimètres, Zico se voit prescrire un traitement, révolutionnaire à l’époque, pour renforcer sa musculature.
Son premier match en équipe fanion se déroule en 1971. Zico fait la passe décisive et Flamengo s’impose devant Vasco De Gama. Sur la pelouse de Maracaña, Zico est sûr de lui et fait la différence grâce à des coups francs d’anthologie, le sens de la finition, une vitesse d’exécution remarquable, une technique hors du commun et une vision de jeu exceptionnelle. Des qualités rares pour un si jeune joueur.
Les titres s’enchaînent avec la régularité d’un métronome : sept championnats d’État, trois championnats du Brésil, une Copa União en 1987, la Coupe Libertadores et la Coupe Intercontinentale en 1981.

Football Samba

Zico explique ce succès par un savant mélange générationnel et surtout un amour indéfectible pour les couleurs rouge et noir ; des Flamengitas purs et durs, des clubistes qui formaient une équipe soudée, solidaire et qui avait du plaisir à jouer.
L’envie était là et le potentiel, énorme. Ces galactiques brillaient au firmament de Rio et de tout le continent. En quelques saisons, l’armoire des trophées du club a doublé de volume. Le succès souriait aux audacieux. Chaque derby réunissait plus de 100’000 spectateurs à Maracaña.
Zico se souvient de cette époque avec beaucoup de joie: «J’aurais bien aimé être supporter du club à cette époque, pour vibrer dans les tribunes et fêter tous ces titres !»
Après avoir tout gagné avec Flamengo, Zico répond à l’appel des sirènes européennes et pose ses valises à Udine en 1983-84 et 1984-85. Sous son impulsion, le modeste club du Frioul devient un ténor du Calcio. Le Brésilien permet à son équipe de se battre pour le titre et pour les places européennes, mais une vilaine blessure au genou met un frein à ses ambitions.
Zico croise le fer avec Maradona et Platini. «Tous les meilleurs joueurs du monde étaient là. C’était une grande année et ça m’a permis de confirmer ma valeur dans un autre pays.»

Pénalty raté contre la France

Avec l’équipe du Brésil, Zico dispute trois Coupes du Monde, en Argentine 1978, en Espagne 1982 et au Mexique 1986.
A cette époque, la Seleçao produisait le football le plus chatoyant de toute son histoire : la balle circulait, les gestes techniques faisaient exulter les spectateurs, les commentateurs s’étranglaient au micro, en transe, tandis que les filles dansaient la samba dans les travées. Hélas, le réalisme froid et calculateur des adversaires eut à chaque fois raison du beau jeu.
En 1978, le Brésil termine troisième. En 1982, en Espagne, au sommet de son art et malgré le soutien de Junior, Cerezo, Falcao ou Socrates, Zico connaît l’élimination au deuxième tour par l’Italie. En 1986, il est le joker de l’équipe nationale, qui échoue en quart de finale face à la France, ce qui constitue sans doute le pire souvenir de sa carrière. Alors que le score était de 1-1, Zico rate l’exécution d’un penalty qui aurait permis la qualification  en demi-finale. Aux tirs au but, ce fut au tour de Socrates d’échouer et de contribuer ainsi à cet échec cuisant. Ce jour-là, même Platini manqua son tir.
Avec les années, Zico est très philosophe et manie aussi le sens de l’humour : «Le plus important, pour un professionnel, ce sont les titres. Je suis ravi d’avoir pu jouer dans une telle équipe, qui a marqué durablement le jeu. Mais je serais encore plus content si on avait gagné…»
Lorsque la carrière de Zico a pris fin en 1989 pour ce qui est de la Seleçao et en 1990 avec le club de Flamengo, il devint ministre des sports pendant une année, sous la présidence de Fernando Affonso Collor de Mello. Cette reconversion politique démontre toute la confiance et l’admiration dont il jouit au Brésil.
 
En 1991, sa mission au Japon fut encore plus importante puisqu’il prit en charge l’implantation du football professionnel au Pays du Soleil Levant, en tant que directeur technique, entraîneur et joueur. À partir de 1991, il guida l’équipe des Kashima Antlers vers la J-League.
Sa carrière de joueur terminée en 1994, il devint directeur technique des Kashima Antlers puis entraineur en 1999. A cette époque, le Japon attirait de nombreuses stars : Basile Boli, Laudrup ou le Suisse Thomas Bickel qui fêta la promotion avec Vissel Kobé en 1995. En parallèle, Zico créa un club de football au Brésil : Clube de Futebol Zico.
 
En juillet 2002, Zico est devenu sélectionneur de l’équipe du Japon qui remporta la Coupe d’Asie en 2000 avant de se qualifier pour la Coupe du Monde 2006 en Allemagne. Au Pays du Soleil Levant, le Roi Arthur est hissé au rang de dieu vivant, de héros de la nation. 

Mais tout a une fin

Zico se relance sur le Vieux Continent et signe un contrat de deux ans avec Fenerbahce. Il ne prolonge pas à l’issue de la saison 2007-2008. En 2008, il est engagé par le club ouzbèke de Bunjodkor Tachkent puis reprend en main le CSKA Moscou. Il ne fait que 8 mois en Russie et s’en va à l’Olympiakos Le Pirée. En place depuis août 2011 à la tête de la sélection d’Irak, Zico jette l’éponge en novembre 2012, estimant que sa fédération ne respectait pas les accords contractuels.

Rio, la famille et le Carnaval

Il y a un an, la décision de quitter ses fonctions en Irak a également été motivée par le souhait de passer plus de temps avec ses petits enfants. Zico est un passionné et un habitué du Carnaval de Rio. En compagnie de toute sa famille et de ses meilleurs amis, il assiste chaque année à tous les défilés au Sambodrome de Rio ; un événement qu’il ne manquerait pour rien au monde.
Champion du monde de Beach Soccer. Sur les mythiques plages Rio, Zico peut envisager une retraite dorée et heureuse et se rappeler au bon souvenir de ses supporters. En 1995, sur le sable de Copacabana, il remporta avec Junior le championnat du monde de beach soccer. Il fut désigné meilleur joueur du tournoi avec 12 buts, à égalité avec l’Italien Altobelli.
 
S’il n’est pas certain de reprendre la carrière d’entraîneur, il souhaite mettre plus d’énergie dans son école de football et passer beaucoup de temps avec ses petits fils : «J’ai cinq petits enfants et je veux les voir plus souvent et faire avec eux ce que je n’avais pas pu faire avec mes enfants». Une chose est certaine, le sympathique et volubile Zico répondra présent à la grande bastringue du football que le Brésil prépare pour le monde entier !

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2 Commentaires

  1. Zico Socrates Falcao Junior Eder…le Brésil en 1982 était magnifique à voir jouer, une équipe légendaire qui n’a hélas pas pu gagner le titre.

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