Un truc de fou

Samedi soir, on a quitté la Pontaise heureux. Heureux de la victoire du Lausanne-Sport, heureux de voir tous ces Vaudois sur le terrain et heureux d’avoir assisté à un incroyable retournement de situation. Un truc de fou qui lance de la plus belle des manières cette saison ô combien prometteuse !

On avait quitté une bien triste Pontaise en fin de saison dernière. Le LS venait de boucler une «saison pour rien», avait changé trois fois d’entraîneur en six mois et stagnait dans le ventre mou du classement. Pire, il avait réussi à perdre quatre fois contre son meilleur ennemi genevois. Et même contre le FC Fruits et Légumes… Une saison à oublier où les émotions furent aussi nombreuses que les victoires sous la pathétique ère Marco Simone…C’est ainsi qu’on se réjouissait d’attaquer cette nouvelle saison, ce d’autant que le mercato estival avait de quoi ravir le plus aigri des supporters de la Tribune Nord. Avec notamment le retour de Roux et Pasche, deux des héros de la promotion de 2011, l’engagement des expérimentés Margairaz, Bühler et du très attendu Walter Pandiani (malheureusement blessé en ce début de saison), avec tous ces jeunes de talent formés au club et un entraîneur ambitieux à la barre, ce LS à l’accent vaudois a clairement de la gueule. Sur le papier tout de moins.

Domination stérile

Ces impressions positives vont se confirmer sur le terrain en première mi-temps. L’équipe de Fabio Celestini est joueuse, le ballon circule bien et, sans quelques maladresses en attaque (quel raté de Quentin – mot compte triple – Rushenguziminega), aurait mérité de regagner les vestiaires avec un voire deux buts d’avance. Vu la bonne copie affichée par les coéquipiers de Custodio, on s’attend à assister à une victoire tranquille des bleus et blancs. «Facile, 1-0 ou 2-0 et c’est réglé» se dit-on naïvement à la buvette…
Mais, on le sait, le football a le don pour nous offrir des surprises et scénarii en tout genre… Et c’est bien pour ça qu’on l’aime tant. C’est alors que ce match de reprise qu’on pensait anodin va entrer dans une autre dimension. Celle des matches de légende, ni plus ni moins. Et pour cela, il faut deux équipes. La première, le FC Bienne, va d’abord nous offrir 20 minutes dantesques, entre la 55ème et la 75ème. En feu et en pleine bourre, les visiteurs vont tout réussir, tout ! Avec en point d’orgue un coup-franc en pleine lucarne et un slalom «à la Messi» de Marchesano dans une défense médusée et apathique. 4 actions, 4 buts : les hommes en jaune fluo dansent sur le ventre du Lausanne-Sport, lequel a juste eu le temps de réagir par le biais d’un coup de chef d’Alex Pasche.

La seconde équipe, le LS, va signer l’un des plus beaux retours de son histoire. Si ce n’est le plus beau, même si l’importance de cette partie n’est pas celle d’une finale de Coupe (remember LS – St-Gall 98). On ne sait pas trop comment, mais ces Vaudois vont trouver les ressources et le mental pour revenir. Et vont laisser leur cœur sur la pelouse, bien aidé aussi par un FC Bienne complètement à la rue sur les corners. Du 2-4 à la 79ème au 5-4 à la 89ème, ce match va dépasser l’entendement et toucher au mythique. Dessarzin, Gétaz, Pasche et Bühler vont profiter d’une défense fébrile et offrir un quadruple orgasme au public. La Tribune Nord est en transe, le Club des 30 aussi ! Alors qu’on discutait de nos vacances, évoquait notre prochaine semaine au Paléo et se disait «qu’à défaut d’émotions, on est contents de monter au stade pour se revoir», on va vivre un truc de malade que seul le sport peut nous offrir. On a fini par se sauter dessus, s’embrasser et organiser, beaux motivés, le déplacement de lundi prochain à la Maladière. Passion, quand tu nous tiens…

Opération reconquête

Les quatre buteurs auront marqué la rencontre de leur empreinte, en particulier le très remuant Dessarzin et le double buteur Pasche, l’homme du match dont le retour est assurément le plus beau coup réalisé par la direction du LS cet été. A noter aussi la bonne entrée de Xavier Margairaz, dont la non-titularisation nous a surpris, et celle du très jeune et très prometteur Zeqiri. Cette équipe a d’ores et déjà conquis les 3050 spectateurs présents et ne demande qu’à progresser, séduire et à être encouragée. Comme l’a dit Celestini, on peut espérer 4000, 5000, 6000 spectateurs au fil des journées et des bons résultats, si bons résultats il y a bien sûr…  La jouerie, l’esprit d’équipe, l’identification au club sont là : tout est réuni pour vivre – enfin – une belle saison du côté des Plaines-du-Loup. Bref, l’opération reconquête est parfaitement lancée !
«Celle-là, on s’en souviendra toute notre vie», «jamais vu un match pareil» ou autre «putain, mon abonnement est déjà rentabilisé grâce à cette victoire». Trois parmi tant de joyeuses théories qu’on pouvait entendre samedi soir à la Pontaise. Cela faisait longtemps, peut-être depuis ce fameux 29 mai 2013 et le 3-0 contre Servette, que le vénérable Stade Olympique n’avait pas autant vibré. La soirée se poursuivra en dehors du stade où les spectateurs sont restés longtemps, jusqu’à 21h30 pour certains d’entre eux et 1h du mat’ pour ton serviteur, tandis que les DJ de So Pink Mafia faisaient chauffer leurs platines… Des buts, des émotions, du spectacle, de la bonne musique, des bons types et du soleil : cette première sortie du LS promet des lendemains qui chantent !
Photo Pascal Muller

Lausanne – Bienne 5-4 (0-0)

Pontaise, 3050 spectateurs.
Arbitre : M. Superczynski.
Buts : 55e Pak 0-1, 61e Kololli 0-2, 62e Marchesano 0-3, 65e Pasche 1-3, 75e Hayoz 1-4, 79e Dessarzin 2-4, 81e Gétaz 3-4, 84e Pasche 4-4, 89e Bühler 5-4.
Lausanne : Martin; Lavanchy, Monteiro, Gétaz, Bühler; Sessolo (56e Ming), Custodio, Dessarzin, Pasche; Rushenguziminega (77e Zeqiri), Roux (65e Margairaz).
Bienne : Frick; Bigler, Manière, Hebib, Fekete; Popara (50e Kamber), Ljubicic; Kololli (83e Schulz), Marchesano, Brunner (71e Hayoz); Pak.
Cartons jaunes : 50e Marchesano, 65e Margairaz, 90e Custodio.
Notes : LS sans Castella, Pandiani (blessés), Feuillassier (pas qualifié), Paulis ni Carvalho (pas convoqués).