Une bien belle journée sur le Tour de Romandie

Samedi, CartonRouge.ch était invité par la… RTS à suivre l’étape reine du Tour de Romandie. C’est dans une voiture VIP pilotée par l’ex-cycliste Aurélien Clerc que nous avons eu la chance d’admirer de très très près les exploits des courageux participants à l’étape entre Marly et Les Diablerets. Malgré les envolées lyriques de mes divers compères, je n’ai pas été victime d’un guet-apens, ni regretté le déplacement. Reportage au cœur du peloton !

Premier constat : à la RTS, on n’est pas rancuniers ! Malgré les pigeonisations de nombreux journalistes du service des sports et l’actuel triomphe de Pascale Blattner dans notre élection en cours, les rapports sont bons, voire même très bons, entre l’équipe de Massimo Lorenzi et la rédac de CartonRouge.ch. C’est ainsi que nous avons répondu positivement à l’invitation de l’excellent David Labouré, responsable des relations en ligne à la RTS, et passé une journée inoubliable que nous sommes heureux de te narrer ici, ami lecteur. 0815 : Fidèle au rendez-vous sur le quai 1 de la gare de Lausanne avec les cinq minutes de retard réglementaires, l’aventure commence bien. Au programme : suivre l’étape reine de la boucle romande dans une voiture pour les gens riches. D’entrée, notre hôte David nous offre la tournée de croissants. Comme Billag nous coûte un peu plus de 1 franc par jour, on est déjà à égalité pour la journée.
0820 : Départ de l’Intercity à destination de Fribourg. Mes compagnons de route se nomment Ludovic Péron, ingénieur thermicien et créateur de contenu web ; Pascal Schluechter, responsable marketing à la BCN et créateur du site SportWebCafe.com ; Robin Carrel, ancien glorieux rédacteur de ton site préféré qui a désormais un vrai travail qui fait gagner de l’argent, ainsi que David et ma pomme.
0822 : On n’a pas passé la gare de Lutry que les grandes théories sur la vie et le sport en particulier ne manquent pas de fuser. Robin joue parfaitement son rôle de monomaniaque du sport et nous parle de la scandaleuse étape du Tour de Turquie qu’il a regardée hier, du 3-3 entre Lille et Sochaux, du prix de la bière à Stockholm, du temps canon réalisé par Daniel Atienza au marathon de Zurich et des différentes distances possibles sur le triathlon. Ça part fort.
0925 : Petit café dans un bistrot à côté de la gare de Fribourg en attendant Aurélien Clerc, notre chauffeur du jour. Après s’être moqués des pages du Blick ainsi que du Matin, on refait le monde une deuxième fois. Heureusement pour le 20 Minutes qu’il n’est pas distribué le samedi.
0930 : Derrière nous, un alcoolique local nous demande si on est des journalistes français et commence à nous expliquer pourquoi l’Europe n’est pas une bonne chose pour nous. Dans la foulée, il nous fait un exposé comme quoi Radio Fribourg c’est de la merde et que c’est une antenne beaucoup trop partisane. Il enchaîne sur une diatribe sur le monde des médias, nous expliquant qu’il est nécessaire d’être impartial pour bosser dans ce milieu. Nous décidons de quitter les lieux avant d’en venir aux mains, d’autant plus que ce monsieur portait des tongs et des pantacourts par +5,5 degrés. Un grand malade.
0950 : Arrivée à Marly, point de départ de cette 4ème étape du Tour de Romandie. On se demande encore pourquoi Aurélien Clerc nous a donné rendez-vous si tôt, puisque nous devons patienter de longues minutes sous la pluie avant que l’espace VIP que nous avons largement mérité daigne ouvrir ses portes. En attendant, nous tentons de négocier un parapluie au stand de La Vaudoise. Ces gros radins, non contents d’augmenter leurs primes tous les ans, refusent de nous offrir un parapluie, mais nous proposent une vilaine pèlerine verte claire. Notons que c’est toujours moins cher qu’un sac poubelle de 70 litres acheté à la Migros, mais ça donne quand même un look digne d’un mendiant rom.
1010 : Malgré la météo exécrable, nous mettons le cap sur le parking des bus des équipes. Au compte-gouttes, en sortent des coureurs au visage aussi tiré qu’une femme de chambre d’un Sofitel new-yorkais. Les Jaguar de l’équipe Sky nous font particulièrement rêver. L’accent des soigneurs de l’équipe Europcar beaucoup moins. «Oh Bébère, t’as rempli les bidong’ ? Putaing’».

1035 : Nous pénétrons dans la halle VIP du village de départ. Le manger gratuit est servi. Certains n’hésitent pas à se ruer sur le gratin et les brochettes. D’autres optent de manière tactique pour une tarte au citron. Les plus fervents, comme moi, partent directement entamer une bouteille de blanc. Comme ça, au saut du lit. On en profite pour parler tactique avec le sympathique Pierre Poullier. Le Belge de la RTS est en passe de réussir un Grand Chelem des plus magnifiques. Il a arboré sa cinquième casquette de sponsors différents en autant de journées sur l’épreuve. Un geste qui mérite d’être salué à sa juste valeur.

1138 : Il est l’heure de quitter le chaud cocon de l’espace VIP pour aller se poster au bord de la chaussée. Les forçats de la route embarquent dans cinq petites minutes pour un périple de près de 180 kilomètres. Cela devait être 188, mais ces lopettes n’en feront que 184 à cause de la neige et de la température (-1 degré) annoncées au sommet du Col de la Croix lors de leur second passage. Avec le dopage, c’était quand même mieux avant…
1144 : A peine les cyclistes partis, nous sautons dans un van VW pour les devancer et espérer qu’une échappée se crée afin de leur filer le train.

1237 : ll faut trois bons quarts d’heure pour que la course se décante. Ce laps de temps est agrémenté de bonnes blagues de Jacky Durand, chauffeur VIP pour le compte d’une assurance locale proche de ses sous, sur le canal interne aux voitures de stars telles que nous.
«- Jacky, c’est quoi le numéro de ta voiture?»
«- Pastis.»
«- …»
Trois minutes plus tard.
«- Les gars, on organise une fondue en haut du col.»
«- …»
Un quart d’heure plus tard.
«- Les gars, on organise des grillades en haut du prochain col.»
«- …»

1312 : Nous nous arrêtons à une intersection pour voir les échappés et le peloton passer. Juste avant, notre chauffeur Aurélien Clerc nous avait annoncé qu’il faudrait ensuite se dépêcher. Nous allons passer par un raccourci pour tenter de dépasser les fuyards quelques kilomètres plus loin. Nous comprenons seulement après huit secondes pourquoi il nous a fortement conseillés de mettre la ceinture… Sur une route que même les vaches de haut standing refuseraient d’emprunter, il fait virevolter son véhicule entre les virages. Sébastien Loeb a bien fait de prendre sa retraite.

1335 : On s’arrête dans un virage dans la montée vers le Col des Mosses pour apprécier les efforts des coureurs. L’équipe Sky, celle du leader Chris Froome, dicte le rythme afin de ne pas laisser trop de liberté aux quatre échappés qui affichent tout de même plus de 4 minutes d’avance.

1405 : Après avoir bien dribblé tout le monde, coureurs, commissaires et voitures suiveuses, nous nous postons en embuscade près du sommet du seul passage au Col de la Croix. Cette montée, comme du reste la quasi intégralité du parcours, est recouverte de drapeaux valaisans à la gloire de Steve Morabito. Le coureur BMC n’en a cure et termine tout juste dans les trente premiers à plus de deux minutes.

1407 : La RTS a mis les petits plats dans les grands pour nous accueillir (décidément, la facture Billag paraîtra moins chère cette année) : Aurélien ouvre son coffre et nous sort des sandwichs, des mignardises et une bouteille de rosé pendant que d’autres triment dans une pente frisant les 10%. Il aurait juste dû nous prévenir de ce qui nous attendait pour la suite…

1415 : Passage des échappés – qui ne sont plus que trois – sous une pluie fine, un froid perçant et un brouillard aussi épais que les dettes du HC Ambri-Piotta et du Servette FC réunis. Un décor apocalyptique.

1425 : On passe le col de la Croix (1’752 mètres) derrière le peloton. Les murs de neige sont impressionnants. Le brouillard s’épaissit, on ne voit pas à 2 mètres. On comprend pourquoi les organisateurs ont décidé d’annuler le second passage sur ce col. C’est pas la Patrouille des Glaciers, hein.

1432 : Afin de passer devant les échappés, Aurélien reprend un raccourci dont il a le secret et se remet en mode Sébastien Loeb. «Tranquille les gars, je connais bien la route», nous dit-il pour la cinquième fois de la journée. Nous voilà rassurés.
1445 : On descend sur la plaine en passant par Villars. «C’est par là que j’ai failli poser une plaque au dernier Nouvel-An», nous raconte Robin. Assis à l’arrière du van, je suis dans le même état que lui. Force est de constater que l’équation rosé + mousse au chocolat + virages serrés + brouillard a de quoi retourner un bide. Les quelques Jägermeister ingurgités la veille n’aident pas non plus, soyons clair.

1515 : Aurélien me pose à la gare d’Aigle où j’embarque dans un train pour Lausanne. Bamee Bar oblige, je ne pourrai malheureusement pas suivre la fin de l’étape, la dernière montée sur Les Diablerets et, surtout, boire des coups à l’espace VIP. Dommage, j’aurais été content de revoir Romain Glassey, serrer la pince de Richard Chassot et féliciter Jacky Durant pour ses bonnes vannes.
1703 : Au final, l’étape du jour sera remportée par le Slovène Simon Spilak, suivi par le leader Chris Froome et le Portugais Rui Costa. Sur les 157 coureurs au départ, on dénombrera au total 38 abandons (!) sur cette étape ô combien difficile.
1704 : Froome fait la bonne affaire du jour, s’assurera la victoire finale lors du contre-la-montre de dimanche et s’adjuge cette édition 2013 du Tour de Romandie. De bon augure pour le Tour de France ? On peut le croire si l’on se réfère aux victoires ici de Cadel Evans et Bradley Wiggins, dont les succès en 2011 et 2012 avaient annoncé leur triomphe sur la Grande Boucle.
Rideau sur cette journée unique et palpitante, dans le cœur d’une course cycliste. Autant ce sport m’avait dégoûté avec toutes ces histoires de dopage, autant j’ai adoré suivre cette étape de l’intérieur, avec tout le charme d’un direct qu’on ne retrouve pas derrière sa télé. Un grand merci à David, Aurélien et au reste de l’équipage !  

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2 Commentaires

  1. Avec du retard, je tiens à remercier Marco pour cet article.
    Ce fut un grand plaisir de partager cette journée avec toi et l’ensemble de l’équipage de la voiture.
    Une bien belle journée malgré la météo.
    Mon seul regret est que cet article s’arrête à 17h04 car il s’est passé encore de belles choses une fois arrivés aux Diablerets.
    Nous avons pu, par exemple, nous rendre dans la petite cabine des commentateurs pour assister au live durant quelques minutes. Merci à Romain Glassey et Daniel Atienza pour leur accueil.

    A très bientôt et cordiales salutations
    David Labouré
    RTS

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