Une soirée de Gala (mais on parle plutôt du fromage)

Il faut avoir une sacrée obstination pour continuer à suivre un match comme celui d’hier soir. Un ennui terrible qui a failli s’achever sur une déception calamiteuse. Maintenant qu’on sait que tout s’est bien terminé, il est facile de repartir content. Mais la vérité est que ce fut bien compliqué pendant une heure et vingt minutes.

Pour les joueurs et les spectateurs, ce fut exactement le même combat : se faire violence pour accomplir sa mission (jouer/regarder ce match). Les joueurs de la Nati semblaient ressentir la même extase que lorsqu’un apéro du mardi soir a mal tourné et qu’il faut assumer d’aller montrer sa tronche au boulot le lendemain. Pour le spectateur, l’impression est encore accentuée par le fait de devoir suivre ce match un dimanche, entre les aspirines et les tisanes. Certes, pour l’équipe de Petkovic, c’était un contexte compliqué. Aller faire ce match primordial à cette période de l’année dans un stade de 5’000 personnes, sur un terrain synthétique et contre des adversaires qu’il n’est absolument pas envisageable de ne pas battre, ce n’est pas une formalité. Ça serait plus proche d’un repas chez votre belle famille qui viendrait d’apprendre que vous avez trompé votre conjoint/e avec prostituée (en bref chaque Noël de Dodo Strauss-Kahn). Des excuses pour la Suisse, il y en a une foultitude que l’on peut trouver. Il n’empêche que ce sont davantage les constats qui font mal. Celui notamment d’un Inler qui n’est plus présent dans le jeu pour faire le poids. Un joueur devenu inutile offensivement et plus du tout rassurant à l’arrière. Sans doute prisonnier du statut de capitaine du futur ex-joueur de Napoli, Petkovic ne peut s’empêcher de le titulariser en permanence. Mais finalement, un sélectionneur n’est-il pas là pour oser certains choix ? On ne comprend toujours pas vraiment pourquoi l’ère Hitzfeld aura laissé pour héritage de garder Xhaka à un poste inadéquat et Dzemaili toujours sur le banc malgré ses éternelles bonnes prestations sous le maillot rouge.

Que dire d’un Djourou, complètement à côté sur les deux seuls moments où il fut sollicité ? Il va falloir se dépêcher de trouver un autre Fabian Schär, car cette défense centrale ne pourra pas tenir jusqu’à un éventuel Euro l’année prochaine. De manière générale, tous les éléments de la Nati furent insuffisants et sans doute quelques peu hautains face à l’adversaire. Cela eut été flagrant si le désastre de la défaite qui se profilait fut confirmé. Heureusement, le réveil sonna vers le dernier quart du match, permettant de quand même s’imposer face à une équipe pas loin des plus faibles d’Europe au vu de ce match. Une fois de plus, il faut remercier Shaqiri, pour lequel on espère un avenir plus clément du côté de Milan. Le jeune gnome sauve cependant beaucoup trop souvent les miches de ses camarades pour amener une sérénité générale.
Certes, certains se sont dit, peut-être, avec la victoire de Stan il y a une semaine (outre qu’ils allaient acheter son short pour être original et l’accorder avec leur casquette Alinghi) que tout était possible dans le sport et que la Suisse pourrait bien être championne du monde un jour en fait. Mais avant cela il faudra déjà aller à l’Euro et trouver de nouveaux joueurs pour cette équipe.
Dans le rôle de la jeune pousse qui promet pour sa première cape (mais qu’on attend potentiellement ne pas confirmer plus tard lorsqu’il se sera enchaîné au banc d’un club trop prestigieux pour lui), Embolo fit une très belle entrée. Un impact physique qui promet quand on le compare à sa tête de gamin. Mehmedi apporta aussi un petit plus mais on a le droit de s’inquiéter aussi de sa carrière à Leverkusen. Mais comment pouvoir tirer des enseignements de ce match de juin ? C’est bien cela le principal problème. Cette victoire n’apporte aucune solution pour l’avenir et ne pose aucune question que l’on se rappellera d’essayer de régler en septembre. Ce ne sont donc que les trois points qui comptent.
Vous me direz que quand on imagine ce que peuvent ressentir les Grecs qui se sont fait taper par les Féringiens, on n’est pas mal payé. Mais si toute cette histoire se finissait par une vieille sortie en barrage face aux Pays-Bas, on ne serait pas plus avancé que les anciens champions d’Europe…

Lituanie – Suisse 1-2 (0-0)

LFF-Stadion, 4’600 spectateurs.
Arbitre : Thomson (Eco).
Buts : 64e Cernych 1-0. 69e Drmic 1-1. 84e Shaqiri 1-2.
Lituanie : Zubas; Vaitkunas, Mikuckis, Klimavicius, Andriuskevicius; Cesnauskis (86e Luksa), Panka, Zulpa (62e Chevduka), Cernych; Slivka (76e Vicius); Matulevicius.
Suisse : Sommer; Lichtsteiner, Schär, Djourou, Rodriguez; Behrami, Inler (58e Dzemaili), Xhaka; Shaqiri; Seferovic (58e Mehmedi), Drmic (81e Embolo).
Notes : la Lituanie sans Arlauskis (blessé à l’échauffement), la Suisse sans Bürki (blessé).
Cartons jaunes : 44e Panka. 44e Xhaka. 83e Cesnauskis. 92e Klimavicius.

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