Zoom sur : Bayer Leverkusen

Il est presque impossible de devenir un grand en Allemagne. En effet, la Bundesliga est certes un championnat fort intéressant, mais force est de constater qu’une seule équipe domine toutes les autres : le Bayern Munich. Vainqueur d’à peu près un championnat sur deux ces 50 dernières années, les Bavarois ne laissent que des miettes aux moineaux que représentent les outsiders du pays. Parmi ces volatiles de seconde zone, l’un d’eux paraît spécialement insignifiant : le Bayer Leverkusen.

L’histoire complètement bidon du club :

On pense toujours que cette équipe de la banlieue de Cologne a été créée sous l’impulsion du géant pharmaceutique allemand qui permet de rendre vos gueules de bois moins pénible le dimanche après-midi, or il n’en est rien. Non, en réalité l’origine du club de cette charmante banlieue qu’est Leverkusen est à chercher du côté du Bayern Munich lui-même. En 1904, les dirigeants du plus grand club allemand, qui n’est pas encore à son apogée, cherchent à fonder un club ferme. Une sorte de franchise pouvant servir de tremplin pour des jeunes joueurs destinés au Rekordmeister. Baptisé dans les premiers balbutiements de son existence Bayern Leverkusen, les responsables bavarois décident habilement de masquer la chose en enlevant le « n » de Bayern afin de créer une confusion et de semer le doute quant à l’origine réelle du club. Bien joué les gars, on s’est aperçu de rien, mais un rapide regard aux transferts effectués par Leverkusen ces dernières saisons trahit la vérité : la plupart des meilleurs joueurs étrangers de Leverkusen finissent toujours au Bayern. Les autres joueurs, les moins bons, se contentent d’autres moineaux comme Dortmund, Schalke ou pire, Hambourg.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Reprenant les couleurs de la firme Bayer, le club de Leverkusen arbore le rouge (surtout) et un peu le noir. Pas super original soit. Pour surenchérir ce manque d’originalité flagrant, Leverkusen a pour symbole un lion très discret il est vrai. Un lion quoi ! Comme c’est original ! Exactement comme Munich 1860, l’équipe d’Angleterre ou le LHC. Le lion doit être le symbole le plus souvent utilisé dans le monde du sport en général. Tiens, on pourrait même s’amuser à compter pour vérifier (bon non, on  préfère pondre un autre article plutôt que de faire ça). Jouer en rouge, avoir un lion comme symbole, autant d’éléments qui n’aident pas le Bayer à marquer des points dans la catégorie du charisme, c’est certain. Heureusement pour eux, l’ensemble des supporters allemands s’est chargé de trouver un surnom bien approprié à l’ancien club de Barnetta : Neverkusen ou Vizekusen. Ce petit quolibet, fort sympathique, se charge de rappeler que le club qui n’a jamais gagné le moindre titre finit toujours au mieux deuxième, quoi qu’il arrive.

Stade et supporters :

Leverkusen s’est doté d’un nouveau stade il y a peu, l’ancienne hideuse BayArena a été entièrement remodelée et a fait place à la nouvelle BayArena en 1999. Alors oui, le stade se situe toujours dans une cité dortoir un peu glauque au bord de l’autoroute, mais cette arène a quand même plus de gueule qu’auparavant. Club peu suivi en Allemagne, le Bayer est un de ces fameux clubs qui laisse la plupart des gens indifférents. Ses supporters ne font donc pas le poids face aux clubs les plus populaires allemands, à se demander parfois ce que le club fait à un tel niveau. Sans l’entreprise pharmaceutique Bayer et son club de foot, nul doute que Leverkusen ne serait qu’une banlieue inconnue de plus en Allemagne, dont personne n’aurait jamais entendu parler. Ses supporters sont donc essentiellement des mecs travaillant dans les usines pharmaceutiques du coin, à l’image d’un FC Sochaux en France mais avec vachement plus de succès. Dans les tribunes et gradins de la BayArena on retrouve un public plutôt familial et bon enfant.

Les grands rivaux du club :

Relativement anonyme en Allemagne, le Bayer ne suscite pas de grand émoi parmi le supporter moyen allemand (celui qui porte un gilet en jeans à franges avec des écussons brodés et au possible une boucle d’oreille, une moustache et un mulet, une sorte de Valaisan finalement). En fait on pourrait carrément dire que personne n’en a rien à foutre de ce club. Les quelques détracteurs du Bayer reprochent souvent à ce club de banlieue de ne dépendre que de la firme multinationale. Vous l’aurez compris, le Bayer n’est pas un de ces fameux Traditionsverein et ne suscite ni de haine viscérale, ni de sympathie de la part des supporters d’autres clubs. Tout au plus le 1. FC Köln ou le Fortuna Düsseldorf considèrent en second lieu le Bayer comme un rival potentiel de par leur proximité géographique. Il en va de même pour les supporters des Löwen qui sont de toute manière trop gentils pour détester et brûler l’effigie d’un quelconque club adverse. Il y aurait à la limite le FC Bâle pour un éventuel Pillenderby (derby des pilules) mais les deux équipes ne s’étant encore jamais affrontées, ça semble compliqué.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Si une des légendes locales reste Thomas Hörster tout droit sorti des années 80, plus proche de nous un nom a spécialement marqué l’histoire du club : Eren Derdiyok. Non je déconne, c’est l’ancien buteur international allemand Ulf Kirsten. Auteur de près de 200 buts avec le FC Alka-Seltzer, Ulf est resté intimement lié au club. Il faut dire que dans les années 90, les banlieusards de Leverkusen ont misé gros sur les joueurs issus de l’ancienne Allemagne de l’Est dont font partie Ulf Kirsten, Bernd Schnieder ou même Michael Ballack. Meilleur buteur de l’histoire du club, le petit (par la taille) Ulf en est devenu l’icône. Adoptant à la fois un style typiquement allemand mêlant opportunisme et buts dégueulasses et un style peu germanique évoluant plus dans le domaine de la finesse que de la puissance, Kirsten demeure à ce jour le cinquième meilleur buteur de l’histoire de la Bundesliga. Pas mal pour un mec qui n’a jamais porté les couleurs du Bayern. Plus récemment, on citera Bernd Schneider, Carsten Ramelow ou Stefan Kiessling qui sont demeurés (ou sont actuellement) de vraies légendes.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Difficile de trouver un joueur spécialement haï par la gentille et clairsemée faune de la BayArena. Vous l’aurez deviné, en tant que club sans grand engouement et sans grand rival, difficile de trouver des mecs capables de balancer des tomates. On se rabattra donc par défaut sur Dimitri Bulykin, éternel espoir du football russe qui a complètement grillé sa carrière lorsqu’il est passé au Bayer. Auteur de deux buts seulement lors de sa seule saison au Bayer, il détient néanmoins un record, celui du mec le plus rapidement averti dans une rencontre de Bundesliga (12 secondes). Ah et pour rajouter un peu d’huile sur le feu, on signalera que le Russe a osé porter les couleurs d’un autre club de la région potentiellement peu aimé par les fans du Bayer, celui du Fortuna Düsseldorf. Mouais c’est léger mais on n’a pas trouvé mieux.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Terminant souvent à la deuxième place, le Bayer n’a jamais accroché à son maigre palmarès un titre de champion d’Allemagne. Néanmoins en 2002, le club de la banlieue de Cologne a failli réussir le coup du siècle, celui d’être champion d’Europe sans jamais avoir été champion dans son propre pays. Bref, une sacrée blague quand même. Une finale perdue 2-1 face au grand Real Madrid qui fait office de véritable match référence. Plus que ce match de Glasgow perdu sur l’incroyable demi-volée de Zizou, c’est l’ensemble de la compétition qui fait office de référence. Des victoires face à Liverpool et Manchester United qui restent dans l’histoire du club. Une équipe alors à la fois composée des futures stars mondiales du football comme Michael Ballack, Lucio ou Zé Roberto et de vieux tauliers comme Carsten Ramelow, Jens Nowotny ou Thomas Brdaric qui avait créé la sensation et rendu cette édition 2001-2002 particulièrement sympathique.

Bon ok, et actuellement :

Actuellement bon club de Bundesliga, le Bayer est condamné à collectionner les places d’honneur sur le podium en Allemagne et à refourguer ses talents au Bayern ou à l’étranger, voire au pire à Hambourg ou Schalke. Sur le plan européen, on se contente de viser les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Il n’empêche que sur un malentendu le Bayer pourrait toujours réaliser un exploit comme en 2002 mais cela ne viendra en aucun cas rendre Leverkusen populaire. En Suisse, le club bénéficie d’une certaine sympathie étant donné que bon nombre de talents suisses y sont passés (ou y sont actuellement), mais la réalité est que la plupart des supporters moyens se foutent de ce club, ce qui constitue peut-être l’insulte suprême.

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2 Commentaires

  1. À propos de ligue des champions et de titres en championnat national : Nottingham Forest a remporté 2 coupe d’Europe des clubs champions, mais un seul titre de champion d’Angleterre. Comme quoi, c’est pas nouveau …

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