Zoom sur : Girondins de Bordeaux

En France, on considère souvent que les grands clubs sont l’OM, le PSG, l’OL ou l’ASSE, voire l’ASM. Et puis il y a un peu en dessous les Girondins de Bordeaux, un des rares clubs à ne pas avoir d’acronyme digne de ce nom. On peut éventuellement parler des GdB ou des GB mais force est de constater que ça ne le fait pas trop. Cette semaine c’est l’outsider le moins hype de France qui passe à la loupe et franchement ça ne nous a pas fait spécialement rêver.

L’histoire complètement bidon du club :

L’histoire des Girondins de Bordeaux est bien évidemment à relier à l’essor de l’industrie de la vinasse, assez populaire dans les environs. A la fin du 19e siècle, à Bordeaux on invente un nouveau concept : faire du sport complètement bourré. Une conception du sport bien particulière qui remplace le thé à la mi-temps par une dégustation de vins du cru et l’ajout d’une quatrième mi-temps intervenant bien entendu après la fameuse troisième mi-temps. Malheureusement, la campagne anti-alcool menée dans les milieux du sport à la fin des années 80 a mis un terme à cette tradition, et les Girondins ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes depuis. On est navré pour l’histoire toute pourrie, mais on n’a pas trouvé mieux.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Une grande confusion règne à l’évocation des couleurs des Girondins. Sont-ils marines et blancs ? Sont-ils bordeaux et blancs ? Sont-ils violets et blancs ? Franchement, on a bien essayé de le déterminer mais cela s’avère mission impossible. De plus, ces dernières années, le club de Gironde a accumulé les tenues souvent hideuses portées en Coupe d’Europe (le fameux 3e maillot) répondant à des critères soi-disant marketing et à juste titre décrié par les supporters. On a donc eu droit au magnifique maillot rose et rouge, à celui vert kaki et bleu marine ou encore à celui rose et bleu marine. Alors officiellement Bordeaux joue en marine et blanc, certes, mais ce qui les caractérise  avant tout c’est le scapulaire. Qu’est-ce qu’un scapulaire me direz-vous ? C’est cette sorte de forme triangulaire que l’on retrouve au niveau du torse et des épaules (d’où son nom) qui fait que tu vas reconnaître les Girondins lorsqu’ils jouent même en gris loutre et vert menthalo. Il s’agit de la seule équipe d’Europe avec Brescia en Italie à arborer un tel motif (il y a aussi par exemple Airdrieonians en Ecosse mais là on glisse dans le football de talus). Conclusion de tout cela, le symbole des Girondins est une sorte de forme géométrique et non pas un animal. Rien d’étonnant dans un football français qui manque parfois un peu de symboles qui ont de la gueule et de surnoms accrocheurs. Franchement les meilleurs surnoms c’est quoi ? Les Merlus à Lorient ? Les Canaris nantais ? Les Chamois niortais ? Wouh ça inspire la terreur !

Stade et supporters :

Il est vrai que l’ancien Parc Lescure devenu Stade Jacques Chaban Delmas était assez peu accueillant. C’est donc en toute logique que l’ancien antre des Girondins a été remplacé en vue de l’Euro 2016, même si du coup le tunnel menant au vestiaire le plus long d’Europe ne se trouve plus à Bordeaux. Depuis quelques semaines, les Girondins possèdent donc une arène flambant neuve qui peut accueillir un peu plus de 40’000 personnes. A l’image de beaucoup de clubs en France parmi lesquels l’OM, le LOSC, l’OGC Nice ou le Téfécé, Bordeaux dispose dorénavant d’un stade ultramoderne qui pourrait insuffler un nouvel élan à la Ligue 1. Un championnat qui pourrait donc gagner en attraction grâce à l’organisation de ce nouvel Euro à 24. Maintenant de là à dire que Platoche a voulu favoriser la France en attribuant l’Euro 2016 impliquant nouveaux stades et en adjugeant l’Euro suivant aux grandes villes disposant déjà de stades aux normes, il n’y a qu’un pas. Et oui on est clairement un peu mauvaise langue aussi. En matière de supporters, les Girondins n’ont pas à rougir devant les plus grands clubs de France. Club pouvant se vanter d’une certaine tradition, Bordeaux possède de nombreux fans à travers l’Hexagone. Une certaine passion c’est certain, mais rien de véritablement transcendant non plus. On est quand même loin de la ferveur de Marseille, St-Etienne ou Lens et la relative popularité du rugby dans la région n’y est peut-être pas pour rien. Un rapide coup d’œil aux affluences du Stade Chaban Delmas suffit à rendre compte de la légère diminution de popularité du club au scapulaire ces dernières saisons.

Les grands rivaux du club :

Loin de développer des rivalités dignes de PSG – OM ou de Lyon – St-Etienne, Bordeaux a quand même quelques rivalités qui méritent d’être soulignées. Tout d’abord, il y a le derby de l’Atlantique opposant les Girondins aux Canaris nantais. Un derby qui tenait en haleine une bonne partie de la France dans les années 80 mais qui a perdu de sa saveur ces dernières années. Rien de surprenant étant donné que le FC Nantes a passé une bonne partie de ces dernières années à bourlinguer en Ligue 2.  Ensuite, il y a le derby de la Garonne disputé face à Toulouse, mais pour être honnête, on est dans une rivalité régionale qui ne casse pas de briques non plus. Là c’est un peu le drame et on se demande pourquoi on a choisi de te parler des Girondins. Il faut se rendre compte à l’évidence qu’en fait ce club est peut-être sympathique, mais pas très intéressant.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Alors qu’on pensait te sortir un bon vieux Lilian Laslandes, ce qui nous faisait secrètement beaucoup rire, on est obligé d’avouer que le joueur qui mérite sa statue à Bordeaux c’est le petit Alain Giresse tout droit sorti des années 80. Environ 15 ans passés aux Girondins, 2 titres de champion de France, plus de 500 matchs disputés sous les couleurs bordelaises, de quoi en faire un sacré mythe. Un monument vivant qui aurait pu descendre de son piédestal en allant par exemple entraîner le rival toulousain, mais non même pas. Preuve que ce derby est vraiment du pipeau. La concurrence est pourtant rude car il faut bien dire qu’à une époque la plupart des grands talents du foot français passent par Bordeaux. Tu veux une liste ? Vise-moi ça : Zidane, Dugarry, Lizarazu, Papin, Wiltord et même Cantona et Deschamps sont passés plus ou moins longuement par les Girondins. Sinon il y a eu Ulrich Ramé, Marouane Chamakh, Pauleta qui sont restés mythiques… oh mais quelle horreur ce club quand on y pense !

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

D’accord ce mec se ferait balancer des tomates à la gueule dans à peu près tous les clubs où il est passé. A la base grand espoir du football français et véritable talent, Stéphane Dalmat est passé par une bonne dizaine de clubs en même pas quinze ans de carrière. Une grosse blague du football professionnel. Après des débuts prometteurs au RC Lens, il se fourvoie petit à petit à Marseille, puis passe au PSG (faut le faire quand même) et tente de rebondir à l’Inter. S’en suivent des tentatives à Tottenham, Toulouse et Santander toutes aussi infructueuses les unes que les autres. Il s’échouera finalement à Bordeaux en 2006 où il sera tout simplement au sommet de sa nullité, malgré un magnifique but feu de paille en Ligue des Champions face au PSV (le seul qu’il ait inscrit pour Bordeaux). Il poursuivra sa carrière à Sochaux où après une ou deux saisons correctes, il finira devant la justice et partira du côté de Rennes. Puis il se perd, se fait écarter de l’effectif et met un terme à sa brillante carrière en 2012. Bon, il nous fait presque de la peine Dalmat alors nommons plutôt Paulo Gralak.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Malgré sa relative médiocrité actuelle, il y a quelques saisons encore, le club au scapulaire obtenait un sixième titre de champion de France et réalisait des exploits en Champions. Il sortait la Juve des poules, battait le Bayern et atteignait quand même les quarts de Ligue des Champions en 2010. Une jolie surprise pour un club de seconde zone sur le plan européen. Un club qui a finalement parfois su briller en Europe. On aurait pu citer ce demi-exploit de la demi-finale de 1985 où les Girondins avaient failli remonter un 3-0 à l’aller face à la grande Juve de Platini. En même temps ça n’était pas forcément un cadeau d’aller disputer une finale au Heysel contre Liverpool… Mais finalement le match dont on aime se souvenir sur les rives de la Garonne c’est une rencontre d’anthologie face au Milan AC en quarts de finale de la Coupe UEFA de 1996. Vaincus 2-0 à San Siro, les Girondins étaient parvenus à renverser la vapeur en en plantant trois au retour à la défense de fer de Mister Capello. Une formation de Bordeaux floquée d’une pub Alain Afflelou qui comptait, certes, un certain nombre de futures stars comme Bixente Lizarazu ou un certain Zinedine Zidane si ça vous dit quelque chose. Mais également Gaëtan Huard, Geoffray Toyes, Jakob Friis-Hansen ou François Grenet, pas forcément des terreurs quoi. L’homme du match en tout cas ce fut bien Christophe Dugarry qui y ira de son doublé et s’offrira ainsi une saison en rab’ chez les rossoneri (qui ne donnera rien). Pour la petite histoire c’est un certain Didier Tholot qui avait été le premier à ouvrir la marque pour les Girondins. Malheureusement pour eux, les Bordelais se feront sèchement battre par le Bayern en finale 2-0 puis 3-1 au retour. Dommage, Daniel Dutuel ne remportera jamais le moindre trophée dans sa carrière.

Bon ok, et actuellement :

On l’a déjà dit, les Girondins ne sont actuellement plus aussi fringuant qu’ils ont pu l’être par le passé. Ils font même preuve d’une certaine régularité puisqu’ils ont réussi l’exploit de finir 5 fois de suite entre la 5e et la 7e place en championnat. Avec l’avènement d’un ou deux clubs à gros budget en France (nous ne pensons bien sûr pas au PSG), il sera sans doute difficile pour Bordeaux de recréer des sensations comme cela a été le cas par le passé. Mais attention, les nouveaux stades de l’Euro 2016 pourraient par exemple insuffler un nouvel élan à la Ligue 1 dont Bordeaux pourrait être un des bénéficiaires. On ne sait jamais.

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1 Commentaire

  1. Alors autant les autres « zoom sur » étaient bons, celui-ci manque de ferveur…
    Peut-être aurait-il fallu discuter avec un Bordelais pour les références historiques…
    Années 80, la rivalité nantaise était ridicule comparé aux matchs contre Marseille, les 2 grosses équipes françaises de cette période… Pas un mot non plus sur Claude Bez, pas même un jeu de mot ! Dommage…
    Et enfin, Dalmat n’est pas le pire… Il n’avait rien coûté ! Par contre, mentionner des joueurs comme Edixon Perea ou Miranda, et là, tout bon Bordelais tu énerveras ! 🙂
    …Et le nom des Girondins vient de la fusion de deux clubs bordelais dans les années 30.
    … Et Bordeaux a le cinquième palmarès de France aussi…
    … Et en 2010, en Ligue des Champions, on est injustement sorti par Lyon en quarts, match qui reste dans nos esprits comme la plus grosse arnaque de ces dernières années !
    Voilà,
    Sinon j’adore ce que vous faites tous sur ce site !
    Un fan bordelais exilé,
    Cordialement,
    BarTelbY

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