Zoom sur : Rapid Vienne

On l’a fait ! On a osé ! Ecrire un article sur un club autrichien ! Franchement, après ça on peut tranquillement tirer sa révérence. Etant donné qu’on n’a quand même pas voulu prendre trop de risques, c’est le club le plus prestigieux de chez nos voisins de l’Est qui s’y colle cette semaine… Attention, le meilleur club autrichien a tout de même été champion d’Allemagne dans son histoire et ça c’est très très fort.

L’histoire complètement bidon du club :

Fondé au tournant du XIXe siècle, le Rapid Vienne est à la base un projet complètement loufoque. Le but était clairement de réunir des joueurs courant très vite dans le but de concurrencer le Langsam Vienne, club composé de gros mangeurs de saucisses, certes très doués techniquement, mais par conséquent extrêmement lents. C’est par une sorte de théorie de l’évolution darwinienne que l’on peut donc expliquer la disparition du Langsam et l’avènement du Rapid. Car pour jouer au football, c’est quand même mieux de courir vite, constatation simple mais criante de vérité qui n’était pas dans l’esprit de tous dans les années 1900. Fidèle à ses valeurs d’antan, le club viennois le plus titré de l’histoire aurait récemment tenté d’approcher des joueurs comme Gareth Bale, Arjen Robben ou Usain Bolt. On aurait même parlé de Sebastian Vettel un temps…

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Le Rapid se démarque avant tout par ses couleurs bien spécifiques (en Autriche en tout cas) vertes et blanches. A plusieurs reprises de son histoire, le club a même arboré un maillot du genre Celtic avant tout pour cacher son jeu, car les lignes horizontales grossissent, c’est bien connu. Au niveau symbole, c’est un peu le néant absolu. Alors le blason du Rapid est constitué d’une espèce de gerbe de blé, d’un écusson plutôt vilain et d’une grosse inscription Rapid en orange sur fond bleu. On se rend tout de suite compte que la vente de produits dérivés ne repose pas sur un logo sympa et tape-à-l’œil  mais vise plutôt le fan traditionnel. Inutile de dire qu’aucun graphiste n’est passé par là depuis un bout de temps. Même la mascotte est un ballon de foot vivant nommé Speedie…  Pour ce qui est des surnoms, là aussi on fait dans l’originalité : les Verts-Blancs (Grün-Weissen). Tu t’en doutais sûrement, en Autriche on déconne peut-être avec la Schlagerparade mais pas avec ce genre de choses. Ja wohl !

Stade et supporters :

Gros changements en perspective. Depuis plus d’un quart de siècle le Rapid jouait la majorité de ses rencontres au sympathique stade Gerhard Hanappi, situé à l’extrême ouest de la ville dans un quartier aux allures de grand village : Hütteldorf. Une petite enceinte de même pas 20’000 places qui assurait une certaine ambiance, surtout lors des derbys. Mais face à la relative vétusté de cette arène, un projet de nouveau stade a vu le jour. Il s’agit de l’Allianz Stadion, une sorte de mini Allianz Arena qui sera logiquement illuminée en vert et qui pourra accueillir un peu moins de 30’000 spectateurs. La destruction de l’ancien stade a donc débuté en 2014 et le nouveau stade pointera son nez à l’été 2016. En attendant, le Rapid évolue au Prater, au Ernst-Happel Stadion, entre autres théâtre des horribles finales de Ligue des Champions 1995 et de l’Euro 2008. Il est vrai qu’occasionnellement, lors de grands matchs européens ou lors de derbys, le Rapid avait déjà eu l’occasion d’y évoluer. Au rayon supporters, le Rapid est non seulement le club le plus populaire de la ville de Vienne mais aussi d’Autriche. Club traditionnellement plutôt ouvrier et de gauche (si cela existe encore aujourd’hui), il est fameux pour le traditionnel « Rapidviertelstunde » qui est célébré par les fans lors de chaque rencontre. Cette pratique consiste essentiellement à taper dans ses mains durant le dernier quart d’heure, peu importe le résultat. Une tradition qui se perpétue à chaque match depuis plus d’un siècle quand même.

Les grands rivaux du club :

Tout le monde l’ignore mais un des plus grands derbys d’Europe, c’est celui de Vienne entre le Rapid et l’Austria. Il arriverait juste après l’Old Firm écossais, ayant été disputé plus de 300 fois. Absolument logique donc que le seul vrai rival du Rapid soit l’Austria, ces mecs qui jouent en violet. Si traditionnellement le Rapid est plutôt ouvrier, l’Austria représente la classe moyenne, voire bourgeoise de Vienne. Enfin, ça c’était il y a une sacrée paye et de nos jours tout le monde a un smartphone et supporte plus un club ou un autre pour faire comme sa famille ou ses amis, se construire une identité et avoir l’impression de faire partie d’un groupe. Cela n’empêche pas que ces deux clubs se détestent profondément et que quelques incidents ont même parfois lieu lors de ces derbys, dans un pays où crier un peu trop fort dans la rue après 22 heures est considéré comme un crime grave, un peu comme en Suisse. Depuis peu, il y a également une rivalité avec le Red Bull Salzburg, club qu’un peu près tout le monde déteste en Autriche de toute façon.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Alors évidemment on parle du Rapid Vienne et, à moins d’être autrichien ou d’être féru de football autrichien (ce qui serait quand même un peu bizarre), les anciennes gloires ne doivent pas évoquer monts et merveilles pour la plupart d’entre nous. Jamais facile de sortir un nom, mais on va tenter Peter Schöttel, joueur phare du Rapid dans les années 90. Un gars qui est de Vienne qui a fait ses juniors au Rapid et qui y a joué toute sa carrière. Il en fut même l’entraîneur récemment sans grand succès, il est vrai. Bref, il y a fort à parier que cet ancien pilier de l’équipe nationale mange ses Smacks le matin dans un bol aux couleurs du Rapid. Sinon, il y a eu le gardien Michael Konsel, le moustachu Hans Krankl et l’actuel capitaine allemand Steffen Hoffmann qui est une véritable icône pour une partie de la ville, celle qui ne supporte pas l’Austria et qui ne jure pas que par le saut à ski. Bon, tu ne t’attendais tout de même pas à ce que l’on évoque Maradona ou Zidane ?

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

A Vienne on passe assez facilement d’un rival à un autre en réalité, même si c’est rarement directement. Il y a cependant le cas du loup bulgare, Trifon Ivanov qui a fait pas mal discuter à l’époque. Joueur avant tout connu pour sa sale gueule et son mauvais caractère, Trifon devient rapidement une idole lors de sa première saison au Rapid. Auteur d’une saison fantastique, il contribue grandement au titre de champion et à l’incroyable parcours européen du Rapid durant la saison 1995-1996. Puis l’année suivante il devient très nul et indiscipliné, se fait expulser inutilement lors du dernier match décisif de championnat qui voit le Rapid perdre le titre au profit de l’Austria Salzbourg. Viré de l’équipe, il signe alors dans la foulée chez le voisin, à l’Austria Vienne… Autant dire que ça n’a pas dû passer. Mais Ivanov a tellement une gueule qui fait peur que personne n’oserait lui balancer quoi que ce soit. Non, le joueur qui se ferait (et a bien failli se faire) balancer des trucs à la gueule c’est Andreas Ivanschitz. Considéré comme un véritable prodige et coqueluche des fans dans la première moitié des années 2000, Ivanschitz déclare être à jamais lié au Rapid. Pourtant en 2006, il se tire au Red Bull Salzburg, ce gros club plein de fric que tout le monde déteste. Lors du déplacement des taureaux rouges à Hütteldorf, Andreas n’assume pas son choix et déclare être légèrement blessé, justifiant ainsi son absence sur le terrain. N’osant sans doute pas affronter l’hostilité des fans qui l’accueillent avec des insultes et des banderoles peu amicales, Ivanschitz devient alors le traître pour les fans du Rapid. Tout ça pour quitter Salzbourg au bout de 6 mois à peine ! Il est depuis régulièrement sifflé en équipe nationale par une petite partie du public.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

A l’image des clubs suisses, aucun club autrichien n’a jamais obtenu le moindre titre européen. En revanche, les clubs autrichiens sont eux parvenus quatre fois à se hisser en finale d’une compétition européenne ! Parmi ces finales disputées, le Rapid a joué deux finales de la défunte Coupe des Coupes, cette espèce de compétition vintage qui a un nom qui ne veut rien dire (un peu comme si on appelait la Ligue des Champions la Ligue des Ligues). La dernière en date remonte tout de même à la saison 95-96 et une finale perdue face au PSG sur un vieux coup-franc dévié de Bruno N’Gotty. Un peu la honte de perdre contre Patrick Colleter et Francis Llacer… Mais ce que l’on retient surtout de cette épopée viennoise, c’est le formidable retournement de situation face au Sporting Lisbonne en huitièmes ou encore la raclée passée au Feyenoord Rotterdam en demies. La grande équipe du Rapid comprenait alors dans ses rangs Peter Schöttel (bien sûr), Trifon Ivanov, Peter Stöger, Dietmar Kühbauer, Michael Konsel ou encore Carsten Jancker (toujours dans le staff du Rapid). En ce soir du 8 mai 1996 à Bruxelles, il ne s’en était vraiment pas fallu de beaucoup pour qu’un club autrichien ne remporte son premier trophée européen. Certainement une des plus grandes équipes du Rapid de l’histoire qui a également fêté un titre national la même année. Une occasion gâchée car on a bel et bien l’impression que cela ne se reproduira sans doute plus jamais.

Bon ok, et actuellement :

Si du point de vue du palmarès le Rapid Vienne demeure encore largement le club phare d’Autriche devant son rival l’Austria, ces dernières années se sont avérées plus compliquées. L’irruption du Red Bull Salzburg, ce club magique qui fait rêver, dans le football autrichien est venu changer la donne. Vainqueur de six championnats sur les dix dernières éditions (dont le dernier exercice en date), les taureaux rouges sont clairement devenus les hommes à battre dans la contrée de Fritz Strobl. Du coup, le Rapid fait un peu office de prétendant au titre mais rarement de grand favori. A moins qu’une marque d’Apfel Schörrle ne vienne racheter le club viennois, il sera probablement difficile d’inverser la tendance insufflée par le club à la boisson qui excite les ados. Qualifié pour les préliminaires de Champions League, le Rapid a néanmoins réussi l’exploit d’éliminer l’Ajax alors que le Red Bull Salzburg s’est fait sortir par Malmö après une victoire 2-0 à l’aller. Malgré cette jolie performance, le Rapid s’est fait éliminer de justesse au tour suivant par le Shakhtar et n’est pas passé loin de participer à la Ligue des Champions (poteau à la dernière minute), ce qui arrive rarement. Car oui les faits sont là, les clubs suisses (le FC Bâle en fait) participent plus souvent à la plus grande compétition européenne que les clubs autrichiens qui se contentent de bien figurer en Europa League et de disputer un bon championnat. Un championnat où on a des pubs même sur les shorts et les chaussettes …

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4 Commentaires

  1. Trifon Ivanov, le même qui a joué à Xamax dans les années 90? Avec Petar Aleksandrov ils faisaient un sacré duo!!

    Sinon j’aurais bien aimé des précisions sur le fait que le Rapid a été champion d’Allemagne? C’était pendant l’anschluss ?

  2. Je confirme que la finale de l’Euro 2012 était horrible, j’y étais, mais, malgré toutes les bières descendues avant sur la Maidan pour affronter cette affiche minable, il me semble bien que c’était à l’Olympiyskiy de Kiev et non au Prater.
    A part ça, bel article sur un club qui a récemment fait vibrer en remontant deux buts à 10 contre 11 contre l’Ajax.

  3. Pour une fois je réponds!

    Alors autant pour moi, je pensais bien sûr à la finale de l’Euro 2008 (le dégueu Allemagne-Espagne 0-1 but caca de Torres). Cela dit celle de 2012 était pas mieux même avec pleins de bières. C’est une erreur de déconcentration.

    Et oui bien vu c’était pendant l’Anschluss en 1941. L’Autriche faisait alors partie du Reich…

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