Zoom sur : Shakhtar Donetsk

Ah ! L’Ukraine, magnifique pays, pas du tout en guerre qui sent bon le charbon et la centrale nucléaire. Au niveau du football, on connaît historiquement surtout le Dynamo Kiev, club de légende déjà à l’époque soviétique. Depuis quelques années maintenant, il y a le Shakhtar Donetsk qui s’est fait un nom tout d’abord en Union Soviétique, puis en Ukraine et maintenant même sur la scène européenne. C’est cette fourrière à Brésiliens pleins de talent qui passe sous la loupe cette semaine.

L’histoire complètement bidon du club :

Fondé dans les années 30, le Shakhtar Donetsk est une équipe de mineurs avant tout. A ses débuts, le club du Donbass évolue à 46 mètres sous terre durant plusieurs saisons. Après la guerre et entre deux coups de grisou, le club de Donetsk participe même à la seule édition de la Coupe d’Europe des Clubs de Mines de 1952 mais échoue en demi-finale face aux Gallois de Cardiff Coalers, non sans avoir brillamment éliminé le Racing Pioche Béthune au tour précédent. De cette belle époque où le Shakhtar représentait les belles valeurs du communisme, il ne reste plus grand-chose aujourd’hui, il est vrai.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Fait unique parmi les pseudos grands clubs européens, le Shakhtar arbore des couleurs orange et noir. Ces couleurs originales, présentes depuis les années 60, rappellent celles du monde minier. D’ailleurs le nom de Shakhtar signifie en ukrainien mineur pour tout vous dire. Inutile donc de préciser que les divers surnoms et symboles liés au club sont tous issus de ce merveilleux monde qu’est la mine de charbon, véritable institution dans la région. Les mineurs et les taupes sont les principaux surnoms du club du Donbass. On devrait même bientôt avoir le droit à une mascotte de taupe à chaque match du Shakhtar. Franchement balaise ! N’en déplaise à mon collègue Robin Chessex, la taupe est quand même un animal un peu bizarre pour en faire une mascotte d’équipe de foot. Pourquoi pas un ver de terre tant qu’on y est, ou une sauterelle, chose que personne n’a quand même osé ! Depuis quelques années, l’ancien symbole datant de l’époque communiste a fait son retour sur l’écusson du club : le marteau et la pioche. Bref, au niveau symbole le Shakhtar pourrait encore passer pour un club communiste. Pas étonnant lorsque l’on sait que le club se situe dans la partie du pays où l’on regrette en partie l’époque soviétique.

Stade et supporters :

En ce qui concerne le stade, on est bien entendu tenté de dire qu’il y a un léger problème en ce moment. Avec la guerre qui s’est déclarée depuis plus d’une année dans l’Est de l’Ukraine, le Shakhtar a obligatoirement dû migrer à l’autre bout du pays à Lviv. Dommage ! Seulement quelques années après avoir inauguré ce beau bijou qu’est la Donbass Arena, le Shakhtar se retrouve forcé d’abandonner sa belle enceinte ultra-moderne et sophistiquée qui avait été construite pour l’Euro 2012. Qui plus est, celle-ci a été abîmée par des tirs d’artillerie il y a quelques mois…  Pour ce qui est des supporters, on signalera que le Shakhtar est très populaire dans l’ensemble de la région du Donbass qui est dans une certaine mesure majoritairement pro-russe. Le milliardaire propriétaire (accessoirement plus grande fortune du pays) Rinat Akhmetov (un tatare) était, jusqu’à il y a peu, un pro-russe convaincu. Il semble depuis être pour un rapprochement avec l’Europe et une unité du pays… Même constat pour une partie des plus fervents supporters du Shakhtar. En même temps tu m’étonnes, ils n’ont peut-être juste pas envie de se taper 1’000 bornes pour aller soutenir leur équipe lorsqu’elle évolue à domicile.

Les grands rivaux du club :

En Ukraine deux équipes survolent totalement le championnat : le Dynamo et le Shakhtar. Dès lors, vous l’avez deviné, le Dynamo Kiev fait figure de rival principal des mineurs de Donetsk. Déjà avant l’éclatement de la guerre il y a peu, la rivalité entre ces deux équipes dépassait le cadre du football puisque l’Est du pays et le pouvoir central ukrainien ne sont pas très potes à ce qu’il paraît. On désigne d’ailleurs ce match au sommet comme étant le derby d’Ukraine. Ce derby, également nommé le Classico ukrainien, n’est cependant pas très ancien. A l’époque soviétique, le Shakhtar n’était qu’un club de seconde zone et le Dynamo avait pour rival les grands clubs soviétiques comme le Spartak Moscou ou le Dynamo Moscou, ça n’est que depuis les années 2000 que l’on parle de derby. Enfin, le Shakhtar a bien un rival plus proche de lui, puisqu’une deuxième équipe, le Metallurg Dontesk, évolue également en première division. Les métaleux de Donetsk (qui ont donc tous les cheveux longs) ne sont toutefois pas en mesure de rivaliser, puisque jamais (mais vraiment jamais !) le Metallurg n’est parvenu à battre son rival en championnat. Le derby de Donetsk est donc toujours un match à sens unique.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Depuis quelques années, le Shakhtar est devenu un vrai tremplin à Brésiliens. Willian, Fernandinho, Elano, Brandão et encore d’autres sont passés par le Shakhtar. Depuis peu, ils restent même volontiers en Ukraine (pas sûr que ça continue avec la guerre), il n’y a qu’à voir les 14 Brésiliens qui sont inclus dans l’effectif actuel du Shakhtar ! Dans ces conditions, pas trop difficile de devenir une légende dans le « nouveau » club qu’est le Shakhtar. La légende du club est une légende vivante en la personne du capitaine Darijo Srna. L’excellent latéral croate, recordman de sélection en équipe nationale, est au club depuis plus de 10 ans maintenant. Par loyauté au club, il a refusé des offres des plus grands comme Chelsea ou le Bayern, il n’en fallait pas plus pour rendre le Croate absolument mythique du côté de Donetsk. Un choix de carrière qui ne l’a probablement pas mis sous le feu des projecteurs européens. Cependant, Darijo n’en est pas moins un des meilleurs tireurs de coup-franc au monde et un des meilleurs latéraux au monde, peu reconnu à sa juste valeur. Ben oui un mec qui refuse Chelsea ou le Bayern est forcément un gros loser de première.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Il a sans doute marqué l’histoire du club puisque c’est à Donetsk qu’il a percé. Mais franchement qui peut blairer Brandão ? Non c’est sûr, il se ferait clairement accueillir avec des lancers de tomates ou des tirs de mortiers si vous préférez…

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Les titres de champion d’Ukraine s’étant accumulés ces dernières années, il faut chercher au niveau européen pour trouver le match référence du club et là, de toute évidence, il s’agit de ce succès en finale d’Europa League face au Werder Brême en 2009. Lors de la finale d’Istanbul (l’autre, la moins balaise), le Shakhtar avait dominé les Allemands 2-1 après prolongations. Une formation absolument typique de ce qu’est le Shakhtar de nos jours était sur le terrain ce jour-là. C’est-à-dire, des joueurs d’Europe de l’Est pour le secteur défensif et des joueurs brésiliens pour animer l’offensif. Un mélange de rigueur défensive avec une fantaisie offensive perpétuant les grands clichés du football tels que : « les joueurs d’Europe de l’Est ont appris la rigueur et la sobriété avec le communisme » et « les joueurs brésiliens sont de fantastiques joueurs de ballon mais ne savent pas se concentrer pour défendre ». Thierry Roland si tu nous entends… Toujours est-il que ce titre demeure à ce jour le seul glané par une équipe ukrainienne en Europe depuis la chute de l’Union Soviétique. Un succès qui marque le soi-disant renouveau du football outre-Danube depuis la chute du communisme.

Bon ok, et actuellement :

L’actualité du club et l’avenir du club sont bien entendu intimement liés à la guerre. Cette guerre jusqu’alors latente a éclaté de manière assez soudaine (rappelons qu’il y a un peu plus de deux ans Donetsk accueillait un Espagne – Portugal en demi-finale de l’Euro) et a pris de revers la plupart des instances dirigeantes du club. Une guerre qui constitue une sacrée épine dans le pied et qui ne permet, bien sûr, pas de voir une once de rose dans l’avenir du club. D’autant plus que la grande partie de l’effectif est composé de Brésiliens probablement prêts à se tirer à la moindre occasion (et on les comprend).

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