Zoom sur : Villarreal

Il y a une quinzaine d’années, la Liga a vu débarquer un petit nouveau, un club qui n’avait a priori rien à faire à un tel niveau. Un club qu’on pourrait volontiers comparer à l’En-Avant Guingamp ou à Hoffenheim. Mais seulement, le club valencien a lui failli connaître le succès jusque sur la scène européenne. Pour ce nouveau numéro c’est cet accident du football espagnol qui passe à la loupe.

L’histoire complètement bidon du club :

C’est un jour de mars 1923 que le club de foot de Villarreal voit le jour. Son créateur n’est autre que José Antonio Amarillo Fernandez y Fernandez, une simple personne presque comme vous et moi. Un gars qui exerçait la profession d’importateur de citrons et de bananes. Un mec qui ne mangeait que le jaune de ses œufs car le blanc c’est dégueulasse ; qui avait arrêté le judo alors qu’il n’était que ceinture jaune parce que ce sport est sympa mais que tous ses camarades se foutaient de sa gueule ; qui avait comme animal un canari domestique nommé Pichichi ; qui avait miraculeusement guéri de la fièvre jaune dans son enfance, contractée lors d’un voyage en Colombie ; et qui soutenait en cachette un club suisse : les Young Boys de Berne (des vidéos VHS compromettantes seront retrouvées à son domicile peu après sa mort). En ce jour de mars de l’an 1923, le club de foot de Villarreal naît et prend pour couleurs le blanc et le noir. Ce n’est que bien des années plus tard que le club adoptera la couleur jaune pour qu’il se distingue du FC Valence, le grand club de la région. Comme quoi il n’y a pas de hasard dans la vie.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Les couleurs du club sont le jaune, le jaune et un peu le jaune. Au moins c’est clair on ne peut pas se tromper. Exploitant sans doute le fait que plus de la moitié des équipes espagnoles arborent des tenues à rayures blanches, rouges ou bleues, la tunique jaune contribue sans doute à la popularité du petit club de la région de Valence. C’est donc la couleur avant tout qui est la marque de fabrique de Villarreal et pas son symbole. Une couleur qui se retrouve dans le surnom du club devenu officiel : le sous-marin jaune. Bien évidemment avec une telle référence, on est en droit de se demander ce que ce surnom totalement improbable vient faire ici ? Et bien à la base la chanson des Beatles aurait été chantée par quelques supporters jusqu’à devenir le véritable hymne du club. Mais plus que cela, le sous-marin est même devenu le symbole complètement saugrenu du club. Au point qu’une mascotte mi-homme à tête de sous-marin appelée Groguet a été créé depuis quelques années. Franchement, le Transformer Ultra-Boot aurait parfaitement pu faire affaire s’il avait pris l’espagnol à la place de l’allemand en deuxième langue. Enfin pour finir, l’écusson ne se démarque pas par son originalité, puisque comme la moitié des clubs espagnols (en général ceux pro-roi qui s’appellent Real quelque chose), Villarreal arbore une couronne sur son logo. Oui des couronnes partout et des maillots tout le temps rayés, l’Espagne n’a pas le championnat le plus original d’Europe.

Stade et supporters :

Le stade dans lequel évolue le sous-marin jaune semble avoir été importé directement d’Amérique du Sud, tout comme l’ensemble de ce club d’ailleurs. Stade aux tribunes peu couvertes, El Madrigal dégage à première vue une atmosphère d’Argentine, même si l’ambiance y est quand même un peu moins chaude et qu’il n’y a pas régulièrement des mecs qui se font descendre dans les tribunes. Il est surtout hallucinant de constater que ce stade fort sympathique peut accueillir près de 25’000 personnes, ce qui est énorme étant donné que la population de la ville de Villarreal (ou Vila-Real en valencien) dépasse à peine les 50’000 âmes. Bon après, il y a Castellon de la Plana juste à côté qui en compte presque 200’000, mais tout de même…

Les grands rivaux du club :

On est en Espagne, donc les vraies rivalités se cantonnent finalement presque toujours à une histoire de duel entre Real Madrid et Barcelone. En gros tout le monde soutient indirectement soit l’un soit l’autre ou, tout du moins, déteste moins l’un que l’autre. Et ça c’est un peu ce qui arrive quand un championnat est dominé à ce point par deux équipes. Pour le reste on dira qu’une certaine rivalité s’est développée avec Valence par proximité géographique, un derby qui n’en est pas vraiment un puisqu’à Valence le vrai derby c’est contre Levante qu’il a lieu. Sinon comme toute équipe d’Espagne, il y a toujours un sentiment de rivalité face aux deux mastodontes du football espagnol et mondial. Car oui ça ramène clairement plus de fierté de taper le Barça ou le Real que le Sporting Gijon ou la Sociedad, même si ça ne rapporte pas plus de points.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Villarreal est un club professionnellement jeune. Pourtant depuis quelques saisons, de grands joueurs ont vêtu le maillot jaune. Tiens, Juan Roman Riquelme, probablement le meilleur joueur de l’histoire si l’on n’avait pas le droit de courir au foot, a par exemple marqué le club. Il n’est d’ailleurs pas le seul grand nom sud-américain à avoir régalé du côté du Madrigal. Dans cette catégorie, on peut également citer Diego Forlan, Juan Pablo Sorín ou encore Diego Godín. Mais si on doit retenir un nom, un mec qui a marqué le club et qui ne s’est pas tiré à la première occasion chez un plus gros, on a envie de dire Marcos Senna. Faisant partie de l’équipe championne d’Europe en 2008, le Brésilien naturalisé espagnol a porté pendant 10 ans les couleurs du club. Probablement largement sous-évalué, l’ancien black de service de la Roja était même un pilier lors du titre de 2008. Fidèle au club, même lorsque le sous-marin jaune connaîtra un bref passage par la case deuxième division en 2012, Senna demeure le joueur le plus capé de l’histoire du club qui mérite sans autre sa statue.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Martin Palermo est resté célèbre dans l’histoire. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il est une véritable icône, que dis-je un saint, pour le club le plus à la mode d’Amérique du Sud, Boca Juniors. Ce club que tout le monde adore parce que c’est les pauvres (alors que River Plate tout le monde déteste parce que c’est des riches). Avec plus de 200 buts inscrits pour ce club mythique, il est le meilleur buteur de l’histoire du côté de la Bombonera. Ensuite, il est un des seuls joueurs à avoir réussi l’exploit de rater trois pénaltys dans le même match. Une sorte de coup du chapeau à l’envers, balaise ! En Europe, il est nettement moins célèbre… Son principal fait d’arme malheureux est d’avoir eu la poisse de se casser assez gravement la jambe lorsqu’il portait les couleurs de Villarreal. Lors d’une rencontre-derby de Liga entre Levante et Villarreal, l’attaquant argentin a réussi l’exploit de se fracturer la jambe alors qu’il manifestait sa joie après un de ses rares buts. Pas de bol, Martin est allé manifester sa joie sous une petite tribune qui s’est écroulée…  Après plusieurs mois d’arrêt, l’Argentin au nom de mafieux ne retrouvera jamais son niveau et disparaîtra des écrans pour retourner chez lui en Argentine. Un recrutement qui n’a de loin pas tenu ses promesses. Bon, après de là à lui balancer des tomates…

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Lorsqu’un petit club comme Villarreal dispute une demi-finale de Ligue des Champions, il n’y a pas besoin d’aller chercher plus loin. Sans doute une des plus grosses occasions d’avoir une vraie surprise en finale de Ligue des Champions ces vingt dernières années, car ça n’arrive presque jamais. C’était lors de la saison 2005-2006 qui avait vu ô surprise le Barça s’imposer. Villarreal avait déjà créé la sensation et éliminé l’Inter en quarts lors d’une double confrontation tendue qui s’était terminée par l’arcade en sang de Sorín. Materazzi encore lui. En demies, le sous-marin jaune se retrouve dans une double confrontation face aux Arsène boys d’Arsenal (époque du duo suisse sur le banc). Après avoir perdu 1-0 à Highbury sur un but de Kolo Touré, Villarreal reçoit au retour et est franchement pas très loin de renverser la tendance. Les hommes de Pellegrini dominent assez nettement ce match retour fermé, et à la dernière minute tout le monde croit que les locaux vont arracher une prolongation méritée puisqu’ils bénéficient d’un pénalty. Hélas pour eux, le tir de Riquelme stressé comme jamais est repoussé par Jens Lehmann. Les joueurs de Villarreal quittent la pelouse en larmes en étant pas passé très loin d’un immense exploit. C’était il y a exactement 10 ans… Pour la petite histoire Arsenal se fera battre en finale et Lehmann expulsé…

Bon ok, et actuellement :

Dans les années 2000, Villarreal est devenu sans conteste un des cinq ou six plus gros clubs espagnols, ce qui n’a toutefois pas suffi pour remporter le moindre titre. Le sous-marin jaune a néanmoins terminé à la seconde place de la Liga (2007-2008) avant de connaître une relégation un peu inattendue en 2012. On pensait que Villarreal ne reviendrait pas à son niveau originel et pourtant après à peine une année à l’échelon inférieur, Villarreal est de retour et se porte très bien. Plusieurs fois demi-finaliste en Europe, Villarreal pourrait enfin disputer sa première finale européenne cette année s’il parvient à se défaire de Liverpool. Une quatrième place (provisoire) en championnat permettrait également à ce club à la véritable success story de renouer avec la Ligue des Champions l’année prochaine… Histoire de prouver que le sous-marin jaune n’est pas un phénomène éphémère. Bien mieux qu’Hoffenheim ou Guingamp finalement.

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1 Commentaire

  1. Article pas mal mais la pseudo pique sur la domination du Barça et du Real fait un peu tâche : Bayern 4 fois champion de suite , Juventus 5 , Psg 4 , Bale 7 etc

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