Bundesliga 2008-2009 : bilan, partie II

La deuxième partie des bilans de cette Bundesliga 2008-2009 se poursuit avec ce qu’on pourrait considérer comme le ventre mou du classement, qui a été le lot cette saison de noms illustres du foot allemand comme le Werder Brême ou le Bayer Leverkusen.

Eintracht Francfort (13e, 33 points)

Mon pronostic : 12e
En début de saison, les dirigeants francfortois ambitionnaient une place en Coupe d’Europe. Vu la «qualité» de l’effectif, c’était complètement utopique. L’Eintracht a même squatté la dernière place du classement en début de saison, avant de sortir la tête de l’eau grâce à un succès miraculeux contre Karlsruhe qui a sauvé la tête de l’entraîneur Friedhelm Funkel. Mais le mentor de SGE est resté contesté tout au long d’une saison où l’Eintracht n’a jamais décollé, se contentant de rester juste devant la voiture balais. Finalement, le maintien a été obtenu sans trop trembler mais sans grande marge non plus. Avec une infirmerie qui n’a que rarement désempli, l’Eintracht peut déjà s’estimer heureux de s’être sauvé. Une page va se tourner à Francfort avec le départ de l’entraîneur Funkel qui aura réussi à remonter l’Eintracht en Bundesliga en 2005, puis à le stabiliser dans l’élite. Il reviendra à son successeur Michael Skibbe d’installer le club dans de plus hautes sphères au classement mais pour cela il faudra un contingent autrement plus étoffé.
Top-Spieler : Martin Fenin
Arrivé à la Commerzbank-Arena en hiver 2008, le jeune Tchèque avait connu des débuts tonitruants en Bundesliga. La confirmation a été plus difficile. Certes, avec la longue absence du capitaine Amanatidis, Martin Fenin a été le principal atout offensif francfortois mais il a fait preuve d’une certaine irrégularité. Laquelle n’est pas étrangère aux résultats en dents de scie de SGE. A 22 ans, la marge de progression du Tchèque reste importante et il demeure le joueur sur lequel compte l’Eintracht pour progresser vers les sommets.
Flop-Spieler : Caio
Arrivé en même temps que Fenin, Caio était présenté comme le nouveau Rai et constituait l’autre prodige qui devait amener Francfort en Coupe d’Europe. Mais il a connu les mêmes avatars que beaucoup de jeunes Brésiliens débarquant en Europe : indolence, fréquentation assidue des boîtes de nuit, vacances prolongées au Brésil, kilos superflus… Ce jeune homme a du talent, à témoin son but d’anthologie à Karlsruhe, mais pour l’instant il ne l’a mis au service de SGE qu’avec une extrême parcimonie.
La révélation : Markus Steinhöfer
Cet ancien espoir du Bayern et du foot allemand était allé s’enterrer à Salzbourg dans le si peu relevé championnat d’Autriche. Son retour en terre allemande était passé un peu inaperçu mais il s’est rapidement imposé comme un titulaire indiscutable au poste de milieu de couloir. Avec 3 buts et 10 assists, il finit 2e meilleur compteur de l’Eintracht derrière Fenin, c’est l’une des rares bonnes surprises de la saison à Francfort.

1. FC Köln (12e, 39 points)

Mon pronostic : 13e
On était un peu en souci pour le 1. FC Köln mais, sur la lancée de leur promotion, les Geissböcke ont réussi à assurer leur maintien sans trop de souci. Si l’effectif était assez limité, l’entraîneur Christoph Daum a pu s’appuyer sur une très solide colonne vertébrale avec le Colombien Mondragon au but, le Brésilien Geromel en défense, le Portugais Petit en demi défensif et le Slovène Novakovic en attaque. Entraînant dans leur sillage des joueurs qu’on ne voyait pas évoluer à ce niveau, à l’image de l’ancien Français d’Aarau Fabrice Ehret, auteur d’une très bonne saison. A Noël, Cologne avait déjà fait une bonne partie du chemin vers le maintien. Le 21 février, en plein carnaval, le FC remporte un succès historique à Munich contre le Bayern, fêté comme un titre de champion du monde. La gueule de bois a été assez sévère, avec une longue série d’insuccès, notamment à domicile, qui a amené les Geissböcke au bord de la crise ; mais finalement une victoire contre Brême a permis d’assurer définitivement le maintien, pour le plus grand plaisir du fantastique public du RheinEnergieStadion. Lequel nourrissait les rêves les plus fous pour la saison prochaine avec le retour de l’enfant prodige Lukas Podolski mais le départ de l’entraîneur emblématique Christoph Daum, qui a abandonné le club de son cœur pour les millions du Fenerbahce, vient jeter un froid au terme d’une saison globalement réussie.
Top-Spieler : Milivoje Novakovic
Meilleur buteur de Zweite Liga l’an dernier, Milivoje Novakovic ne semblait pas offrir toutes les garanties pour s’imposer en Bundesliga avec ses airs de grand pin dégingandé à la Marco Streller. Et pourtant, le Slovène s’est affirmé parmi les plus fines gâchettes de la ligue. Avant tout comme vrai chasseur de but, notamment de la tête, mais aussi en démontrant d’inattendues qualités balle au pied. Promu capitaine après la retraite pour raisons de santé d’Umit Özat, Milivoje Novakovic a été l’un des moteurs de la bonne saison des Domstädter.
Flop-Spieler : Manasseh Ishiaku
Brillant l’an dernier avec Duisburg, malgré la relégation, Manasseh Ishiaku constituait le transfert vedette de l’été 08 à Cologne. Mais, blessé en début de saison, l’attaquant  nigérian a ensuite eu de la peine à trouver sa place dans le système de Daum avec le seul Novakovic en pointe. Et lorsqu’il a eu sa chance, il ne l’a pas saisie, faisant preuve d’une désolante maladresse devant le but. A une seule exception près, un goal capital à Bochum en fin de 1er tour, j’en connais un qui en rêve encore la nuit. Néanmoins, avec le retour de Prinz Poldi, l’avenir d’Ishiaku à Cologne paraît plutôt bouché.
La révélation : Pedro Geromel
Elu meilleur joueur du championnat portugais en 2007-2008 avec Guimaraes, qu’il a amené de la D2 aux qualifs de la Ligue des Champions, Pedro Geromel a justifié sa flatteuse réputation. Précis à la relance, impeccable au placement, jouant avec l’assurance d’un vieux briscard à seulement 23 ans, le Brésilien a stabilisé la peu fiable défense de Cologne. Après un 1er tour énorme, on en faisait le successeur de Lucio au Bayern. Un 2e tour un peu plus délicat a permis au 1. FC Köln de prolonger son contrat jusqu’en 2014. Une affaire en or.

Hannover 96 (11e, 40 points)

Mon pronostic : 7e
Très ambitieux en début de saison avec les arrivées d’Eggimann, Forsell et Schlaudraff, Hanovre constitue l’une des grandes déceptions de la saison. 96 a même flirté un temps avec la relégation. La qualité de l’effectif lui a permis de s’en sortir assez aisément mais bien loin des ambitions annoncées. Avec un Eggimann qui a mis plus d’un tour pour s’imposer, la défense a été de loin la plus perméable de la Bundesliga, occasionnant des résultats catastrophiques à l’extérieur. C’est presque un miracle de finir 11e en ayant encaissé plus de 2 buts par match. Surtout que le secteur offensif a lui aussi connu quelques problèmes : les deux stars de la saison dernière ont déçu, puisque Hanke est retombé dans ses travers et Huszti est parti en Russie, alors que les nouveaux venus Forsell et surtout Schlaudraff ont peiné à s’intégrer. L’entraîneur Dieter Hecking n’a jamais trouvé la bonne formule et fait figure de miraculé en finissant la saison alors qu’il est en sursis depuis le mois d’août. Heureusement pour lui, Hanovre est toujours resté performant à domicile et quelques tauliers comme le gardien Enke, le Hollandais Bruggink ou le Tchèque Stajner ont assuré l’essentiel.
Top-Spieler : Robert Enke
Paradoxalement, le meilleur gardien d’Allemagne se trouve derrière la pire arrière-garde du pays. Robert Enke a eu maintes fois l’occasion de se mettre en évidence derrière sa défense passoire et ne peut pas grand chose sur les 69 buts encaissés par 96 cette saison. On n’ose même pas imaginer combien les Bas-Saxons en auraient pris avec un gardien juste normal. Inquiété à l’automne par René Adler, Robert Enke semble avoir désormais conquis ses galons de titulaire en équipe d’Allemagne.
Flop-Spieler : Jan Schlaudraff
L’ancien international allemand espérait rebondir après une saison presque sans jouer au Bayern mais il n’a jamais trouvé ses marques du côté de l’AWD-Arena. Certes, il a montré en quelques trop rares occasions que son immense talent était intact, en étant capable de décider d’un match sur un coup de génie. Mais son inconstance lui a souvent valu d’être relégué sur le banc. Son entraîneur Dieter Hecking ne lui a pas vraiment rendu service en persistant à l’aligner comme attaquant de pointe, alors qu’il est plus à l’aise en électron libre.
La révélation : Arnold Bruggink
On avait déjà aperçu le talent du Hollandais en Ligue des Champions avec Eindhoven mais il ne l’avait guère exprimé depuis son arrivée à Hanovre en 2006. Jusqu’à ce printemps où il a littéralement explosé. S’étant enfin départi de sa nonchalance, il est devenu le maître à jouer de 96, tant dans le jeu que sur balles arrêtées. Avec 13 assists, il termine 3e passeur de la ligue, derrière l’extra-terrestre Misimovic et le prometteur Özil mais devant Ribéry. Même si sur Téléfoot, tu as vu 0 assist de Bruggink et 72 de Ribéry (les 12 qu’il a fait remontrés 6 fois chacun).

Werder Brême (10e, 45 points, Europa League)

Mon  pronostic : 4e
Le Werder Brême mérite sans doute le titre d’équipe la plus inconstante d’Europe. Les Brêmois ont réussi une longue série d’exploits spectaculaires cette saison : passer 5 buts aux 3 premiers du classement lors du 1er tour (5-4 contre Hoffenheim, 5-2 à Munich, 5-1 contre Berlin), gagner à San Siro contre l’Inter en C1, se qualifier contre l’AC Milan, toujours à San Siro, en UEFA, après avoir été menés 0-2, démonstration 4-0 contre Stuttgart, victoires en Coupe d’Allemagne à Dortmund et Wolfsburg, deux équipe restées invaincues à domicile en championnat cette saison, se qualifier en ½ finales des Coupes d’Allemagne et UEFA à Hambourg. Mais à côté de cela, le Werder a été incapable de battre Anorthosis Famagouste, a été défait par Cottbus, Mönchengladbach, Cologne, Karlsruhe, n’a pris qu’un point contre Bielefeld… Ces résultats en dents de scie ont conduit au plus mauvais classement brêmois depuis un 13e rang en 1998/1999 qui avait provoqué le remplacement de l’entraîneur Felix Magath par le désormais inamovible Thomas Schaaf.
Le côté folklorique de la défense ne peut à lui tout seul expliquer cette inconstance car c’est une vieille tradition locale, qui n’a pas empêché des résultats brillants par le passé. Mais, à force de régulièrement laisser partir ses meilleurs éléments, le Werder a perdu de sa substance et est devenu très dépendant de quelques stars (en particulier Diego, Frings et Pizarro) dont la motivation a semblé à géométrie très variable. Les attaquants brêmois ont également souffert de problèmes de concrétisation, en particulier Almeida et Rosenberg. Dès lors, une équipe aussi irrégulière ne pouvait qu’être plus à l’aise en Coupes, avec deux finales. La première, celle de l’UEFA contre Donetsk, a été perdue aux prolongations, la seconde, celle de la Coupe d’Allemagne, gagnée contre Leverkusen, permettant au Werder de sauver sa saison et d’être européen l’an  prochain.
Top-Spieler : Diego
Diego est l’un des rares joueurs de classe mondiale à évoluer en Bundesliga, même si sa 3e saison à Brême a été la moins aboutie qu’il a disputé sous le maillot vert. Le Brésilien a souvent donné l’impression de s’ennuyer sur les bords de la Weser et de choisir les matchs qu’il a daigné illuminer de son formidable talent. Vu sa prépondérance dans le jeu brêmois, cela explique en partie l’inconstance des résultats du Werder. Il peut partir la tête haute après le succès en Coupe d’Allemagne mais son départ à la Juventus va laisser un grand vide.
Flop-Spieler : Markus Rosenberg
Le Suédois avait parfaitement pallié le départ de Miroslav Klose l’an passé, grâce à ses qualités techniques et son habilité devant le but. Mais il n’a pas confirmé cette saison, multipliant les échecs devant le goal. Il a rapidement perdu sa place de titulaire en attaque au côté de Pizarro au profit du vendangeur Hugo Almeida. La suspension du Portugais lui a permis de jouer la finale de la Coupe UEFA mais l’ancien joueur de l’Ajax est passé complètement à côté de son match, à l’image de sa saison.
La révélation : Mesut Özil
Natif de Gelsenkichen, Mesut Özil n’a pas eu la patience d’attendre qu’on lui donne vraiment sa chance à Schalke et est parti au Werder en espérant y jouer davantage. Cette saison, il a conquis sa place de titulaire dans le couloir gauche. Son talent a définitivement éclaté au grand jour en septembre, un mois avant son 20e anniversaire, en réussissant un match hallucinant lors de la victoire 5-2 à Munich. Il n’a pas toujours été très régulier, passant notamment à côté de la finale de la Coupe UEFA, où il devait remplacer Diego (suspendu), un avant-goût de ce qui l’attend la saison prochaine. Il s’est racheté en étant l’unique buteur de la finale de la Coupe d’Allemagne. C’est incontestablement l’un des futurs grands talents de l’équipe d’Allemagne qu’il a eu la bonne idée de préférer, après une longue hésitation, à celle de Turquie.

Bayer 04 Leverkusen (9e, 49 points)

Mon pronostic : 9e
Il y a eu deux Leverkusen cette saison : celui du 1er tour était brillant, dynamique, enthousiaste, offensif, spectaculaire et a même occupé la tête du classement au soir des 12e et 13e journées. Celui du 2e tour était fébrile, stérile, maladroit, lymphatique, inconstant et s’est rapidement laissé glisser vers le ventre mou du classement. Comment expliquer pareille dégringolade ? Bien sûr, au 2e tour, à cause des travaux d’agrandissement de la BayArena, Werkself a dû s’exiler à Düsseldorf pour jouer ses matchs à domicile mais cela n’explique pas tout. C’est sans doute davantage la jeunesse de l’équipe qui est en cause. Avec un Bernd Schneider absent presque toute la saison et un entraîneur inexpérimenté, Bruno Labbadia, il a sans doute manqué un patron dans l’équipe pour recadrer les choses lorsque cela a commencé a mal tourné. Rolfes ou Barnetta sont encore un peu tendres pour jouer ce rôle-là. Et puis, après quelques revers en championnat, les Rheinländer ont décidé de tout miser sur la Coupe d’Allemagne. Sans succès, puisqu’ils ont perdu la finale contre Brême, ce qui les privera d’Europe pour la 2e année consécutive.
Top-Spieler : Patrick Helmes
Héros de la promotion du 1. FC Köln l’an dernier, Patrick Helmes avait consterné les supporters des Geissböcke en signant ensuite pour le club rival de la banlieue grisâtre. Il était attendu au contour cette saison, il n’a pas déçu. Aligné en véritable centre-avant, il a très régulièrement trouvé le chemin des filets, figurant longtemps au 2e rang du classement des buteurs derrière Ibisevic. A l’instar de son équipe, son second tour a été moins convaincant, avec notamment une énorme occasion ratée en finale de Coupe d’Allemagne, mais il a quand même prouvé qu’il avait sa place parmi les meilleurs attaquants allemands.
Flop-Spieler : René Adler
Comme son équipe, il y a eu le René Adler du 1er tour et celui du 2e. Impérial avant Noël, il semblait même être parti pour un long bail dans la cage de l’équipe d’Allemagne après deux matchs parfaits contre la Russie et le Pays de Galles. Mais au printemps, il a multiplié les bourdes et les sorties hasardeuses, faisant preuve d’une grande fébrilité contrastant avec l’assurance affichée à l’automne. Il ponctuera ce 2e tour raté par une bévue en finale de Coupe d’Allemagne qui coûtera la victoire à con club. Ceci dit, à 24 ans, il peut encore rebondir et pourrait même revenir plus fort après cette mauvaise passe.
La révélation : Michal Kadlec
Arrivé en catimini l’été dernier du Sparta Prague, Michal Kadlec était surtout connu pour être le fils de Miroslav, ex-joueur de Kaiserslautern et ancien international tchèque, auteur du penalty qui nous avait débarrassé de la France à l’Euro 96. Il s’est fait un prénom à Leverkusen en s’imposant comme titulaire au poste de latéral pour former un redoutable duo avec Barnetta sur le flanc gauche. La qualité de son pied gauche est un atout offensif important, tant dans le jeu que sur balles arrêtées, et il est l’un des rares joueurs du Bayer à être resté constant sur la saison.

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. En effet dur pour Adler… mais le compte-rendu ci-dessus retranscrit la réalité.

    Et pendant ce temps, la Mannschaft se cherche toujours un « Stammspieler » devant ses bois, poste qui a souvent été une de ses forces…

    LG

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